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Cadre théorique et méthodologie de recherche

2.3 Approche qualitative

2.3.2 Entretien semi-directif

Parmi les trois types d’entretien (directif, semi-directif et libre), nous nous rendons compte que l’entretien semi-directif qui « annonce au préalable le thème ou les thèmes et dispose d’un guide d’entretien. » (J.-C. Combessie, 1996 : 25) est la méthode la plus convenable à la découverte des représentations disciplinaires du FLE.

2.3.2.1 Pourquoi faire appel à cet outil méthodologique ?

Notre recherche se focalise sur la relation entre les acteurs concernés et la discipline FLE, ce qui constitue un thème délimité et déterminé, contrairement aux récits de vie pour retracer des trajectoires individuelles et comprendre une position, une situation, ce qui suppose très souvent l’entretien libre comme outil. De plus, à l’opposé de l’entretien libre qui risque d’être trop éloigné du sujet de la recherche, l’entretien directif laisse très peu de place à l’initiative de parole pour l’enquêté, ni de marge de manœuvre pour l’enquêteur, puisque le chercheur se cantonne à lire ses questions dans le guide d’entretien tout prêt, alors que l’informateur se contente de répondre aux questions sans aller plus loin.

Afin de discerner les représentations antérieures au contact de la discipline FLE

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et les représentations postérieurs au contact direct avec le FLE, nous faisons usage d’un guide d’entretien (cf. Annexe III, partie I) composé de questions sur les thèmes suivants : les raisons du choix de la discipline FLE lors de l’inscription universitaire ; le but personnel des études du FLE ; les finalités de cette discipline perçues par les étudiants ; la compatibilité entre le cursus universitaire du FLE, son E/A et les attentes des étudiants, les avantages et les inconvénients des études du FLE dans une université pluridisciplinaire, les projets futurs, etc. Nous abordons ces questions dans un ordre à chaque fois presque identique afin d’éviter que la place du thème dans l’interview n’influence la qualité des réponses, sauf les relances variables d’un interviewé à l’autre, qui ont pour fonction l’encouragement du développement argumentatif plus approfondi chez les enquêtés et pour effet de les inciter à faire un retour réflexif sur ce qu’ils viennent de dire.

Étant donné le nombre limité du corps professoral, les enseignantes du département de français ont pu être interviewés l’une après l’autre, à l’exception d’une enseignante qui venait de rejoindre le groupe. En vue de réaliser une confrontation des représentations disciplinaires du FLE entre le groupe estudiantin et celui des enseignants, les questions réservés aux enseignants (cf. Annexe III, partie II) et celles posées aux étudiants se chevauchent dans les thèmes cités ci-dessus. Ce qui est différent, c’est la partie concernant les représentations professionnelles des enseignants : l’enseignement, la recherche, les perspectives du développement disciplinaire et professionnel, etc.

Les entretiens poussent en effet les étudiants et les enseignants à réfléchir sur l’E/A du FLE et leur propre état d’existence, ce qui constitue un examen subjectif des raisons d’être de la discipline FLE dans une université pluridisciplinaire réputée, des importances significatives de l’E/A du FLE et le statut de cette discipline du point de vue des interviewés. Leurs opinions revêtent un grand intérêt parce qu’elles révèlent plus ou moins l’influence du contexte de l’université pluridisciplinaire sur l’existence, le développement et l’orientation de la discipline FLE, c’est-à-dire qu’il existe un lien direct entre les valeurs des acteurs vivant à l’intérieur de cet environnement et les images disciplinaires du FLE ainsi que son statut.

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Les inconvénients de cette technique résident dans l’authenticité des discours prononcés par les enquêtés à cause des relations enquêteur-enquêté, à savoir professeur-étudiants ou collègue-collègue. Cette relation risque de causer « des gênes, des non-réponses ou des modifications de la vérité » (Grawitz, M., 1990 : 763), surtout chez les étudiants. Nous entreprenons ainsi plusieurs entretiens auprès des étudiants ou des relances auprès des enseignants afin de rectifier les « erreurs éventuelles ».

L’entretien est également pratiqué avec le groupe de directeurs administratifs (cf.

Annexe III, partie III), mais ces derniers ne sont pas toujours disponibles parce qu’ils n’ont pas un emploi du temps régulier. Dans ce cas précis, nous avons procédé à l’observation sur le terrain pour recueillir leurs discours ou lire des documents officiels de l’Université.

2.3.2.2 Détermination d’interviewés

Comme nous l’avons répété à maintes reprises, la question de la représentativité au sens statistique du terme ne se pose pas dans notre recherche dite qualitative. Il importe pourtant de choisir les individus à interroger selon un critère « prenant comme principe de diversifier les personnes interrogées et (en) vérifiant qu’aucune situation importante n’a été oubliée. » (Ruquoy, 1995 : 72) C’est donc le principe de la saturation de l’information qui s’impose dans le choix des sujets : « dans quelle mesure l’analyse d’une interview supplémentaire représente-t-elle un apport significatif d’informations et de connaissance ? » (Bajoit, Franssen, 1995 : 15) Dans notre recherche, en respectant ce principe, nous pratiquons « la méthode de la saturation maximale des informations »(最大差异的信息饱和法) initiée par les sociologues chinois Pan Suiming, Yao Xingliang, Huang Yingying, appliquée dans les recherches sociologiques sur la sexualité.

D’abord, nous catégorisons les étudiants selon les variables obtenues à la suite du questionnaire afin de trouver les informateurs les plus divers possibles après avoir établi un cadre de catégorisation (Cf. Annexe V) :

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1) l’étudiant a postulé sa candidature au département de français de RUC comme premier choix, deuxième choix ou autre ?

2) le facteur de première importance du choix de la discipline : la réputation d’une université, l’intérêt personnel à la discipline FLE, le débouché de la discipline ou autre ;

3) qui a le dernier mot pour la prise de décision du choix de la discipline ? l’étudiant lui-même, ses parents ou d’autres personnes ?

4) l’étudiant a-t-il transféré sa majeure d’une discipline à une autre ?

5) les futurs projets après la licence du FLE : la poursuite des études en master en Chine du FLE ou d’une autre discipline ? Les études dans des écoles de commerce ou de sciences humaines et sociales en France ? Les études dans des pays non-francophones ? Trouver un travail avec ou sans rapport avec le français ?

Nous sommes très attentifs au choix de la discipline FLE et de future profession par les étudiants, parce que nous jugeons que leur choix a une relation avec les représentations disciplinaires du FLE.

Les étudiants une fois regroupés, nous mettons en œuvre « la méthode de maximisation des informations » (Pan Suiming, Yao Xingliang, Huang Yingying, 2010 : 111) nécessitant la sélection exacte du (de la) premie(è)r(e) interviewé(e) permettant la saturation des informations la plus rapide possible. Nous désignons enfin une étudiante qui prend la réputation de RUC comme un facteur principal du choix de la discipline, la spécialité de FLE comme la deuxième préférence, qui prépare le diplôme de mineure d’une autre discipline en souhaitant poursuivre ses études de cette mineure en master, parce que nous estimons qu’elle peut nous donner suffisamment d’informations en termes quantitatifs et qualitatifs.

La méthode de la saturation maximale des informations exige la sélection d’un(e) deuxième interviewé(e) le (la) plus éloigné(e) possible du (de la) premie(è)r(e), c’est-à-dire que la deuxième personne devrait suffisamment se différencier de la première. C’est pourquoi nous interviewons une étudiante ayant transféré sa majeure de la discipline de l’anglais à celle du français et décidé de poursuivre ses études en master en langue et littérature françaises.

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À partir de la troisième personne, nous essayons de trouver un(e) interviewé(e) tout à fait différente de la précédente et ainsi de suite jusqu’à la saturation des informations. Par exemple, le troisième étudiant a réussi à changer de majeure : du FLE à la philosophie. Les interviewés suivants contribuent à de nouvelles informations par rapport aux précédentes.

Pourtant, comment évaluer la saturation des informations qui constitue la clé de réussite de notre recherche ? En effet, la saturation objective des informations n’existe pas dans l’enquête qualitative, car les êtres humains n’ont pas encore trouvé le moyen de mesurer ou calculer les informations premières de la vie quotidienne (Chen Rongxia, 2004). La saturation des informations est, en réalité, à reconstruire par les enquêtés et l’enquêteur. C’est pourquoi, selon PAN, YAO et HUANG (2010 : 111), le jugement de saturation se fait dans les deux perspectives. Les informations sont jugées saturées si les enquêtés ont tout dit ou n’arrivent pas à s’exprimer, mais également si l’enquêteur les tient pour suffisantes à son analyse. Le critère d’évaluation de saturation nous enseigne que la saturation idéale des informations dépend des expériences des chercheurs. Dans notre recherche, les informations issues des étudiants sont estimées saturées après environ 15 entretiens. Nous interrogeons 5 ou 6 étudiants de plus par crainte de l’insuffisance de renseignements retenus.

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