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Une discipline au service de la prise de conscience interculturelle

Représentations disciplinaires du FLE chez les étudiants après et pendant leurs études universitaires

4.1 Le FLE : une discipline à quadruple vocation

4.1.3 Une discipline au service de la prise de conscience interculturelle

Dans nos entretiens avec les étudiants, beaucoup ont relevé une particularité propre aux langues : « nous devons poser qu’il y a langue dès que la communication s’établit [...] » (Martinet, 1967 : 147), et ont ainsi « découvert » le rôle spécifique de la discipline FLE à la promotion de communications internationales.

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Notons au passage que la fonction communicative des langues est largement acceptée par les étudiants interviewés, et qu’ils voulaient bien s’efforcer de développer avant tout les « compétences communicatives langagières » au cours de leurs études disciplinaires de français (cf. 4.1.1 et 4.1.2).

Une discipline des LE est différente des autres disciplines car elle a pour fonction la communication culturelle. Donc, les spécialistes de français joueraient un rôle d’intermédiaire entre la Chine et la France, dans tous les domaines. (E7)

Ce qui attire notre attention dans cet extrait, c’est que l’étudiante 7 a voulu rappeler que le FLE n’a pas pour simple mission de transmettre des connaissances linguistiques, mais aussi et encore de promouvoir la communication internationale.

Cette prise de conscience culturelle et interculturelle a été renforcée par l’étudiante 18 qui s’exprime comme suit :

Après avoir appris le français et avoir été en contact avec la culture française et les cultures francophones, j’ai trouvé que ce que font et pensent les Français sont très différents, pourquoi existe-il ces différents modes de pensée ? On doit comprendre au moins ce qu’ils pensent et puis communiquer avec eux sur cette base. Les études de notre discipline permettent aux étudiants de connaître l’existence de ces différentes modes de pensée, puis de réfléchir à la manière des autres si c’est possible, et enfin de promouvoir la compréhension mutuelle des peuples chinois et francophone. (E18)

L’idée de l’étudiante 18 est représentative, car d’autres étudiants interviewés ont exprimé des opinions semblables : la connaissance, la compréhension des ressemblances et des différences entre « le monde où l’on est » et « le monde de la communauté cible » et la prise de conscience de la diversité sociale font partie prenante de l’E/A supérieur du FLE. L’étudiante 1 a même défini « la compétence interculturelle » comme les compétences requises des spécialistes du FLE en précisant le moyen d’acquisition de cette compétence propre aux spécialistes du FLE :

En tant que Chinois, nous disposons d’une culture maternelle. Nous apprenons la langue française et prenons contact avec la culture française. Nous pouvons ensuite comparer les deux cultures afin de communiquer avec les étrangers (francophones).

(E1)

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Selon l’étudiante 1, les études universitaires de FLE lui permettent de prendre conscience de son identité nationale et culturelle, mais aussi de s’apercevoir des différences entre la communauté dont on dépend et la communauté qui nous est étrangère.

D’ailleurs, les expériences détaillées par des interviewés, qu’elles soient positives ou négatives, ont confirmé l’impact du FLE sur le développement des capacités interculturelles des étudiants au cours des études universitaires.

J’ai l’impression d’avoir une vision du monde plus ouverte que mes camarades du lycée : Ce qu’ils pensent se limite aux affaires intérieures chinoises ou à celles de leur propre spécialité tandis que je sais associer un sujet à ce qui se passe en France.

(E4)

L’année où nous avons fait un échange d’études à Paris, nous avons eu l’occasion de bavarder avec les étudiants étrangers. Nous nous sommes aperçues que nous n’avions pas beaucoup à dire avec eux sans connaître la culture ou la littérature françaises. Il paraissait que nous ne comprenions rien. C’est-à-dire que si tu maîtrises les connaissances linguistiques, tu n’as qu’un outil de communication fondamental à la main, mais pour se perfectionner en qualités disciplinaires, il faut lire beaucoup de livres sur la culture, l’histoire de France, etc. (E2)

Les deux interviewés ont également justifié que le développement de la conscience interculturelle est le rôle particulier de la discipline FLE. Grâce à la conscience interculturelle, les spécialistes de FLE se distinguent des étudiants d’autres disciplines. Le FLE permet aux étudiants de prendre conscience de différences interculturelles, de découvrir de nouvelles cultures et pensées. L’étudiante 4 s’est aperçue qu’elle ne partageait plus la même vision du monde avec ses camarades du lycée après avoir appris le FLE, alors que l’étudiante 2 était consciente que l’échec de la communication est principalement dû au savoir culturel insuffisant. Elle aboutit à la conclusion que l’E/A du FLE devrait se concentrer sur les cultures pour que les spécialistes de français augmentent les chances de réussite dans la communication internationale.

Au cours des études universitaires du FLE, les étudiants se sont rendu compte de la diversité des cultures francophones, ils ont cherché à les comprendre, à les adapter

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et à les intégrer dans leur propre cadre culturel.

Je crois que la situation idéale est de former une personne identique à un(e) Français(e), c’est-à-dire qui s’exprime impeccablement en français, qui soit excellente en compétences linguistiques, et qui pense à la française, juste comme les Français. (E5)

L’étudiante 5 nous a surpris avec sa compréhension la formation interculturelle en mettant en évidence l’évolution possible des habitudes culturelles et des manières de pensée après l’E/A du FLE : elle ne se contente pas de l’acquisition des compétences linguistiques, ni de la prise de conscience interculturelle, elle s’est imaginée que la formation du FLE aboutirait à l’intégration totale des spécialistes dans la culture française.

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