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La remise en cause des mécanismes de reconnaissance au travail

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 177-180)

Chapitre1 : La force de travail dans les banques Tunisiennes et Allemandes

Chapitre 2 : Le système de formation bancaire en Tunisie et en Allemagne Tunisie et en Allemagne

2.7 Obsolescence des connaissances des seniors en rapport avec la politique de formation interne politique de formation interne

2.7.4 La remise en cause des mécanismes de reconnaissance au travail

Au sein de la « BMTP », la remise en cause des mécanismes de reconnaissance au travail (comme l’ancienneté) rend beaucoup plus complexe l’adoption des nouveaux mécanismes inhérents à l’intégration et à la socialisation.

C’est ici le cas d’un chef de division d’une structure au sein des crédits qui se trouve être le plus ancien de cette division.

Il a beaucoup travaillé à la direction de l’inspection avant d’occuper le poste de chef de division à la direction de l’audit avant d’être affecté dernièrement à cette division au sein du département des crédits.

La décision de son affectation à cette division par la direction générale a été vécue par ce dernier comme une dégradation, car il perd des avantages financiers et qu’il a déjà travaillé dans cette structure par le passé.

156Uhalde Marc, ibid.

157Crozier Michel, Friedberg Erhard, « L’acteur et le système », Paris, Le Seuil, 1976, 500 p.

158Lagadec Patrick, « La gestion des crises », Paris, Ediscience, 1994, 326 p.

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En effet, à la direction de l’audit il disposait en tant que chef de division outre de sa prime de responsabilité d’une assurance tous risques, étant donné qu’il pouvait être souvent amené à se déplacer.

Cette assurance lui a été retirée à son arrivée à la nouvelle division, mais le plus important c’est aussi qu’il ne dispose plus de la même liberté d’aller et venir, car il est astreint lui aussi à respecter l’horaire et la tension du siège.

Il doit être constamment en veille, ou encore se tenir à la disposition des supérieurs hiérarchiques, étant donné qu’ il faudra répondre à toute demande de leur part, d’une quelconque information et ce, dans l’urgence et le stress, car ces demandes ne sont pas prévisibles à l’avance. Cela peut aller d’une note ou une communication sur un secteur donné que le Directeur Général Adjoint (DGA) devra présenter à un séminaire ou une étude sur la faisabilité d’une entreprise dans le sud tunisien par exemple, ou encore toute demande d’information sur les PME qui serait demandé par le ministère des finances ou une autre autorité étatique. Il est isolé dans son bureau, car avec son statut de responsable et titulaire de la fonction chef de division, il ne doit pas être trop familier avec les cadres de la direction , parce que selon eux cela pourrait nuire aux rapports de subordination et de hiérarchie.

De plus, il ne s’entend pas beaucoup avec le chef de département et n’est même pas informé de ses déplacements ou des réunions auxquelles ce dernier assiste.

Il est en fait tenu à l’écart comme un simple exécutant, même à son niveau qui est pourtant un poste à responsabilité (même s’il ne s’agit que du premier niveau de responsabilité) et reste financièrement limité au juste nécessaire, étant donné qu’il a des crédits à rembourser et s’informe sur les possibilités de crédit accordés et les modalités de remboursement, aussi bien pour acquisition de véhicule que pour bénéficier d’une avance sur prime.

Il a la peur au ventre et ne signe aucune note sans l’avoir préalablement refaite, et n’accorde de confiance à personne, il aurait selon un des jeunes du département « peur de son ombre », car avec la nouvelle conjoncture, il y a de plus en plus de licenciement et chacun des responsables a davantage peur pour sa place, étant donné que rien n’est plus acquis.

Par ailleurs, au sein de la division, sa situation est difficile, car il a même indiqué à la DGRH qu’il disposait d’un cadre de direction sous ses ordres qui ne faisait strictement rien (ce qui est assimilable à un emploi fictif) et a peur que cela lui soit reproché, raison pour laquelle il a même fait signer une note par le chef de département, où il a été fait mention de cet élément, mais cette note est demeurée sans suite.

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Ce cadre de direction qui est comptabilisé en tant qu’effectif appartenant à la division, a fait un accident de la circulation et aurait fait une victime, c’est pour cette raison dit on qu’on ne veut pas l’inquiéter, car il serait dépressif.

Il aurait même eu des déboires avec la direction générale, et s’est même proposé en tant que syndicaliste sur une liste individuelle lors des élections syndicales, mais c’est beaucoup plus en raison de sa qualité de rédacteur d’un journal externe à la banque qu’il n’est pas inquiété.

En effet, les responsables de la banque craignent pour leur image, en témoigne un des cadres qui indique que ce dernier avait même écrit une fois à propos des agissements de quelques chefs de département et que cela avait été vite étouffé.

D’où l’existence d’une négociation implicite entre lui et les décideurs de la banque (comme si son silence est acheté).

De plus et en accord avec ce qu’il a été dit plus en haut, il y a eu récemment la nomination d’une nouvelle directrice au sein de la direction dont il fait partie.

Cette nomination n’a pas plu au chef de division en place, mais de plus il y a eu un grand malaise à son niveau car il s’est rendu compte que le travail qui lui avait été demandé il y a une dizaine de jours par l’ancien directeur sous couvert de la cour des comptes était en fait à l’intention de la nouvelle directrice et que celui-ci ne se doutait de rien.

En fait le directeur en place lui avait alors prétexté que la cour des comptes voulait un état détaillé des dossiers le plus rapidement possible.

Il s’était alors empressé de veiller à ce que ce travail soit effectué le mieux possible et dans les meilleurs délais et ce n’est qu’après coup qu’il s’est rendu compte que cela était en fait destiné à la nouvelle directrice qui était en fait au préalable comme lui chef de division dans une autre direction et que cela constituait pour elle une promotion, alors que pour lui le sort n’était pas aussi bon.

De plus, cette nouvelle directrice ne disposait pas, ni de son expérience ni de son ancienneté, donc cela a très mal été vécu par ce chef de division qui a été touché, car il estime qu’il méritait ce poste.

Ce dernier, en sa qualité de senior, affirme même que « dans cette banque ce n’est pas le mérite qui compte mais beaucoup plus le copinage et les réseaux constitués, moi je ne suis pas un ancien du département crédit. J’ai travaillé dans d’autres départements comme l’audit, l’inspection, les agences, donc je ne suis pas des leurs, c’est comme cela, on ne me donnera rien ici dans ce département. Elle, elle est resté au niveau de la direction centrale des crédits depuis son intégration et n’en est jamais sorti, donc je comprends, elle a leur confiance ».

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Ainsi, si l’on résume, dans cette direction qui compte deux divisions, l’ancien directeur a fait muté un de ses deux chef de division sans un motif confirmé, étant donné que le bruit circule qu’il n’aurait pas assuré lors d’un intérim.

Il s’est ensuite fait lui-même remplacer en obtenant une promotion en tant que directeur central dans une autre direction centrale, celle de la trésorerie et ce en permettant une promotion à la nouvelle directrice qui était alors chef de division.

Mais, cela a ainsi contribué à léser également son deuxième chef de division par cette promotion, alors qu’il aurait peut être pu en dire un mot positif auprès des décideurs pour faire en sorte qu’on le choisisse plutôt qu’elle.

Ce chef de division a craqué et a pris une semaine de maladie, car il a été touché en terme d’amour propre et de dignité.

Il a d’ailleurs indiqué par rapport à la venue de cette nouvelle directrice, « j’appréhende mal sa venue ici et je sens que l’on va se disputer, car elle n’y connaît rien, et vraiment je trouve que la direction générale nomme n’importe qui et n’importe où sans que l’on vérifie le bagage et les compétences en rapport ».

Un des jeunes cadres de la division m’a alors affirmé « cela va se répercuter sur la qualité des relations mais aussi sur le travail lui-même et les rapports au niveau de la division et de la direction vont être encore plus tendus ».

C’est ici une consécration du phénomène voulu par les décideurs et d’un mouvement assez généralisé qui consiste à vouloir éradiquer les acquis, comme l’un des plus importants, à savoir l’ancienneté.

Cette dernière n’est autre que le reflet de l’intégration par l’expérience au travail, elle est issue d’un long apprentissage et/ou transmission intergénérationnelle des connaissances au sein de la banque.

2.8 Une nouvelle expérience identitaire avec remise en question des

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