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Contexte et organisation du secteur bancaire allemand

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 55-61)

Chapitre1 : La force de travail dans les banques Tunisiennes et Allemandes

1.3 Contexte et organisation du secteur bancaire allemand

A l’image de la présentation du secteur bancaire tunisien, il convient à présent de présenter le secteur bancaire allemand ou du moins ses principales caractéristiques pour pouvoir établir une comparaison entre les deux systèmes bancaire en termes de formation et d’apprentissage.

1.3.1 Présentation du secteur bancaire allemand

Il existe en Allemagne principalement trois types de banque, à savoir les banques privées, les banques de droit public et des banques coopératives, même si, pour plusieurs auteurs à l’image de Philippe Richert et Théresia Riedmaier50, « le secteur bancaire allemand se caractérise essentiellement par une majorité de caisses d’épargne et de coopératives de crédit ».

Dans l’ensemble, la Tunisie compte beaucoup moins de banques que l’Allemagne, même si au niveau des guichets de banques, toutes banques confondues, il faut compter environ 400 agences bancaires, voire plus actuellement avec la stratégie d’ouverture de point de vente pratiquée par la plupart des établissements.

C’est généralement les banques de dépôt qui constituent la grande majorité des banques tunisiennes, contrairement à l’Allemagne où les banques coopératives sont majoritaires.

A noter qu’en Tunisie les PME/PMI se tournent plus vers les banques commerciales pour obtenir des financements, alors qu’en Allemagne ces mêmes entreprises ont beaucoup plus recours aux services des banques coopératives.

Au sein des banques privées allemandes nous pouvons retrouver (d’après le rapport mensuel de la Deutsche Bundesbank51) de grands établissements comme la Deutsche Bank ou la

50 Richert Philippe & Riedmaier Théresia., « Le système bancaire allemand », Guide pour les entreprises françaises de l’espace PAMINA (Palatinat, Mittlerer Obberrheim et Nord-Alsace), forum de Wissembourg, 1997.

51 Deutsche Bundesbank, « Die Ertragslage der deutschen Kreditinstitute », Rapport mensuel, septembre, 2006.

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Commerzbank. Toujours selon cette même source il apparaît que les établissements de crédit de droit public regroupent environ 500 caisses d’épargne (Sparkasse) et les banques centrales de Land (Landesbank). Pour ce qui est des coopératives de crédit elles comprennent (d’après le même document) environ 1200 banques populaires et de crédit mutuel agricole (Volks- und Raiffeisenbank) ainsi que les deux établissements centraux que sont la DZ Bank et la WGZ-Bank.

Toutefois, la plus grande part du marché revient au secteur bancaire de droit public, avec environ 45%, il est suivi par le secteur bancaire privé, avec 42 % et le secteur des banques coopératives qui n’accapare que 13%.

1.3.2 Répartition bancaire par type d’objet

Concernant l’objet des différentes banques allemandes nous pouvons remarquer que pour les banques privées il s’agit de maximiser le profit alors que pour les banques coopératives l’objet est celui de « favoriser le gain de ses membres ». Les établissements de crédit de droit public sont également chargés de missions publiques.

Alors que les grandes banques privées se consacrent essentiellement aux marchés financiers, les caisses d’épargne et les banques coopératives s’adressent davantage à une clientèle privée.

En dehors des objectifs, il existe aussi des différences pour ce qui est du statut car les banques de droit public jouissent d’une garantie de l’Etat.

Or, sous la pression de la Commission européenne, les garanties publiques pour les caisses d’épargne et Landesbanken ont disparu le 18 juillet 2005. Ces garanties étaient basées sur le principe que les fondateurs d’un établissement bancaire public doivent toujours veiller à doter l’établissement des moyens financiers requis par ses missions. Ainsi, on peut déduire de la disparition de ces garanties la nécessité d’un changement du statut juridique des caisses (et ainsi de leurs structures capitalistiques).

Cette structuration du système bancaire allemand tend à pénaliser la rentabilité globale du secteur mais aussi les clients des banques allemandes par des crédits en moyenne plus chers que dans le reste de l’Europe.

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1.3.3 Une segmentation bancaire par type d’activité

Concernant l’organisation du secteur bancaire allemand par type d’activité et/ou d’opérations effectuées, nous retrouvons au niveau des banques allemandes, comme nous avons pu le noter plus haut pour les banques tunisiennes, une répartition entre banques universelles et banques spécialisées.

Les banques « universelles » ou « multiservices » (Universalbanken), se caractérisent par le fait de pouvoir exercer plusieurs activités bancaires (activité de banque commerciale, de banque d’affaire etc.) et restent soumises à des législations spécifiques, alors que les banques spécialisées (Spezialbanken) se concentrent uniquement sur quelques services bancaires particuliers.

Nous pouvons d’ores et déjà donner un aperçu relatif aux banques qualifiées d’universelles (Universalbanken) avant de nous intéresser dans un deuxième temps aux banques spécialisées (Spezialbanken).

Ainsi, il ressort d’après plusieurs auteurs52, que les banques multiservices (Universalbanken) concernent trois catégories de banque. Nous pouvons compter parmi elles, tout d’abord, les banques commerciales privées (private Geschäftsbanken) qui englobent à leur tour les quatre

« grandes banques » (Bayerische Hypo- und Vereinsbank AG, Commerzbank AG, Deutsche Bank AG, Dresdner Bank AG), ainsi que les banques régionales, les banques d’affaires, les filiales de banques étrangères et d’autres banques de crédit.

Viennent ensuite les coopératives de crédit ou banques coopératives (genossenschaftliche Kreditinstitute), telles que les banques populaires (Volksbanken), banques de crédit mutuel agricoles (Raiffeisenbanken), et caisses centrales de coopératives de crédit, spécialisées dans le crédit à court terme.

Et enfin, les banques de droit public (öffentlich-rechtliche Kreditinstitute), à savoir, les caisses d’épargne (Sparkassen) et les centrales de virement (Gironzentralen ou Landesbanken) qui sont les banques centrales des caisses d’épargne. Ces établissements sont sous le contrôle de l’Etat.

A l’image des banques publiques tunisiennes, les coopératives de crédit et caisses d’épargne n’ont pas pour but principal de faire du profit, mais plutôt de financer l’économie nationale à travers les crédits accordés aux clients.

52 Gabel Markus et Philippe Richert & Théresia Riedmaier, ibid.

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Quant aux banques spécialisées, elles se divisent en deux catégories, à savoir, tout d’abord, les organismes de crédit immobilier qui accordent des crédits à long terme garantis par une hypothèque, à savoir les banques hypothécaires (Realkreditinstitute), les caisses d’épargne-construction (Bausparkassen), les banques de crédit maritime (Schiffsbanken), les banques directes ainsi que les sociétés de placement de capitaux (Kapitalanlagegesellschaften).

Ces établissements spécialisés sont pour la plupart liés par contrat ou par des participations financières aux banques multiservices.

Viennent ensuite les banques spécialisées de droit public comme le crédit foncier Grundkredit) et les centres de chèques postaux (Postscheckämter).

De plus, et à l’image de la banque centrale de Tunisie, la banque centrale allemande (Deutsche Bundesbank) reste considérée comme la banque des banques, elle a la charge de superviser les banques et dispose à cet effet d’un rôle de tutelle au niveau du secteur bancaire allemand.

1.3.4 Particularité des associations de banque

Mise à part cette segmentation bancaire et à la différence du secteur bancaire tunisien, il n’existe pas en Allemagne qu’une association professionnelle de banque (APBT pour toutes les banques tunisiennes confondues) mais une association de banques pour chaque catégorie de banque.

Ces dernières ont pour rôle et mission de conseiller leurs membres en matière économique, juridique, mais également de les former.

Nous pouvons à cet effet énumérer les plus importantes, à savoir :

- la « Bundesverband Öffentlicher Banken Deutschland » (VÖB) pour les établissements de crédit de droit public.

- la « Bundesverband deutscher Banken » (BdB) pour les banques privées,

- la « Deutsche Sparkassen- und Giroverband » (DSGV) pour les caisses d’épargne

- la « Bundesverband der Deutschen Volksbanken und Raiffeisenbanken » (BVR) pour les banques populaires et crédits mutuels agricoles,

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1.3.5 Avènement d’une modernisation du secteur bancaire qui conserve le principe des trois piliers

D’après Markus Gabel53 « le secteur bancaire allemand est sorti de la forte crise du début du millénaire grâce à des restructurations et à des compressions d’effectifs sévères, ainsi qu’à l’embellie générale de l’économie ».

Ainsi, nous pouvons remarquer que les salariés des banques aussi bien tunisiennes qu’allemandes constituent toujours pour les employeurs des deux types de banque une variable d’ajustement structurelle.

Aussi, et après que les banques allemandes ont surmonté la crise, Markus Gabel précise tout de même que « les grandes caractéristiques du secteur sont toujours là : dispersion en trois piliers (public, privé, coopératif) avec une prépondérance des banques publiques et une rentabilité médiocre même si ces dernières conservent le financement des entreprises ».

Cet aspect inhérent aux banques allemandes est à rapprocher des banques publiques tunisiennes où la rentabilité n’est pas la finalité ultime, même si elle demeure somme toute recherchée par les employeurs pour afficher la réussite d’une gestion financière et managériale, toutes deux efficaces, leur permettant ainsi de prétendre à d’autres fonctions encore plus importantes.

Toutefois, pour les banques allemandes, cette rentabilité médiocre est selon Gabel

« étroitement liée à la caractéristique de fond du système bancaire allemand », que nous avons cité plus haut en ce qu’elle repose toujours sur « une structure qui reste basée sur trois piliers : public, privé et coopératif ».

Pour lui « cette structure, où deux acteurs (publics et coopératifs) pratiquent une forme de socialisation des bénéfices (les premiers pour des fins d’intérêt public, les deuxièmes envers leurs membres), est partiellement garantie par la loi, car la législation bancaire n’autorise pas le rachat de banques publiques par des acteurs privés », comme cela est également pratiqué en Tunisie.

Cette « socialisation des bénéfices » est également palpable au niveau des banques tunisiennes où nous pouvons remarquer que ce sont les banques publiques qui accaparent la part du lion, au détriment des banques privées.

53 Gabel Markus, « Modernisation graduelle du secteur bancaire allemand », Regards sur l'économie allemande [En ligne], 79 | décembre, document 3, mis en ligne le 01 décembre 2008, Consulté le 15 mars 2010. URL : http://rea.revues.org/index725.html.

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Par ailleurs, Gabel souligne que « le secteur bancaire allemand a davantage de difficultés à exploiter l’important potentiel d’économies d’échelles de l’industrie bancaire et à réduire le niveau élevé de coûts fixes » et ce, du fait selon lui d’une « dispersion du marché qui ne favorise guère des structures efficaces ».

Nous pouvons pour plus de visibilité reproduire ci après le tableau présenté par l’auteur et relatif à la structure du système bancaire allemand, où il apparaît clairement que ce sont les caisses d’épargne (locales) et les coopératives de crédit qui dominent le secteur bancaire allemand.

Tableau 9 : Structure du système bancaire allemand à la fin 2005

Nombre de banques 3) Nombre de filiales

Caisses d’épargnes (local) 463 22 % (19 %) 14 801 40 %

Landesbanken 12 1 % (1 %) 618 2 %

Coopératives de crédits (local) 1 293 62 % (68 %) 13 357 37 %

Caisses centrales coopératives 2 0 % (0 %) 12 0 %

Grandes banques privées 4 0 % (0 %) 2 454 7 %

Banques privées régionales et étrangères 247 12 % (10 %) 2 421 7 %

Banques hypothécaires 1) 50 2 % (1 %) 2 903 8 %

Banques spéciales 2) 18 1 % (1 %) 27 0 %

Total 2 089 36 593

Source : Deutsche Bundesbank, Rapport mensuel, septembre 2006 ; Gabel (2000). (1) Publiques et privées.

(2) Etablissements à attributions spéciales, dont la Kreditanstalt für Wiederaufbau. (3) Les chiffres entre parenthèses renvoient à la situation en 1999 en milliards d’euros.

La modernisation du secteur bancaire allemand s’est opérée comme le mentionne Markus Gabel d’une manière graduelle même si elle touche selon lui, l’ensemble de l’environnement financier, c'est-à-dire aussi bien le droit financier que les règles de la gouvernance financière.

Les salariés des banques allemandes demeurent toutefois, comme nous l’avons signalé plus haut, une variable d’ajustement structurelle, car comme le souligne Gabel cette modernisation, outre le fait de « participer à resserrer les liens entre les banques et l’industrie nationale », a eu des effets internes comme « la compression des effectifs bancaires (80 000 personnes depuis 2000, essentiellement par licenciement) ».

Ces compressions d’effectifs ont été selon lui motivées par « une rationalisation de l’organisation bancaire (externalisation des activités du back-office) » qui passe inéluctablement par « une réduction des coûts ».

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