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Relations entre le nord du Brésil et les Guyanes

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 181-200)

RELATIONS ENTRE MIGRATION ET RELIGION : PENTECÔTISME AU BRÉSIL ET CONTACTS AVEC LES GUYANES

2. Relations entre le nord du Brésil et les Guyanes

Historiquement, en plus des territoires du Guyana, du Suriname et de la Guyane française, les Guyanes comprennent aussi l’espace situé entre le delta du fleuve Amazone, au Brésil, et celui du fleuve Orénoque, au Venezuela (figures 1 et 2). Aux débuts de la colonisation, cet espace se trouvait entre les zones d’influence du Portugal d’une part et du royaume de Castille et d’Aragon (Espagne) d’autre part. Par le traité de Tordesillas259, signé en 1494 entre ces deux royaumes, cette zone est passée sous juridiction espagnole ; mais, avec l’Union Ibérique260, des colons portugais ont pu avancer sur le fleuve Amazone et modifier les limites des territoires établis, sans toutefois occuper la plaine guyanaise. La colonisation espagnole, quant à elle, a priorisé des zones d’intérêts économiques spécifiques, correspondant seulement à une partie des Guyanes — le reste devient alors une zone d’influence de l’Angleterre, des Pays-Bas et de la France. Au XIXème siècle, le processus d’Indépendance de l’Amérique Latine a permis au Venezuela de récupérer la Guyane Espagnole261 et au Brésil la Guyane Portugaise262 ; les Guyanes anglaise, néerlandaise et française sont restées dépendantes et aujourd’hui, comme je déjà dit, le terme Guyanes fait référence à ces trois dernières263.

259 Accord entre les royaumes du Portugal d’une part et de Castille et d’Aragon d’autre part, qui partageaient entre eux les îles « découvertes » dans l’Océan Atlantique et les terres du continent américain.

260 Entre 1580 et 1640, les dynasties portugaise et espagnole ont été unifiées dans l’Union Ibérique, ce qui a permis à la colonisation portugaise d’avancer dans le continent américain au-delà des limites du Traité de Tordesillas.

261 Qui correspond aujourd’hui à la région Guyane (comprenant les états de l’Amazonas, du Bolivar et une partie du Delta Amacuro), connue aussi comme la Guyane vénézuélienne.

262 Avec l’Indépendance du Brésil, la Guyane Portugaise a été incorporée à la Province du Grão-Pará (entre 1822 et 1889, les provinces étaient des unités administratives du Brésil). Plus tard, la réorganisation du territoire brésilien a divisé la zone en trois États : Roraima, Pará et Amapá.

263 LÉZY, Emmanuel. Guyane, Guyanes : une géographie « sauvage » de l’Orénoque à l’Amazone. Paris : Belin, 2000.

Figure 1 : Extension originale des Guyanes avant la colonisation de l’Amérique du Sud (Montage réalisé à partir de : NATIONS ON LINE, 2014 ; WIKIPEDIA, 2014.

Figure 2 : Mise en détails de l’extension originale des Guyanes qui, au-delà des territoires du Guyana, du Suriname et de la Guyane française, incluait une partie du Brésil et du Venezuela.

2.1. Des relations d’échanges réciproques

2.1.1. Religion, musique, café…

Lorsque l’on évoque l’immigration de Brésiliens au Suriname, on pense inévitablement à la masse des travailleurs qui sont partis vers ce pays à la recherche d’une activité économique, et qui s’y sont établis, bercés par le rêve d’un retour au Brésil, avec dans leurs mains une nouvelle richesse. Dans de nombreux cas, le temps passé au loin, conjugué au désir du « retour au pays », transforme peu à peu l’image du pays d’origine (le Brésil) qui devient alors un monde paradisiaque, éloigné de la réalité et opposé aux difficultés rencontrées dans le pays d’accueil ; la patrie est embellie à mesure que croît le désir du retour. Pour autant, il existe aussi des Brésiliens qui se déplacent fréquemment entre le Brésil et les Guyanes, et maintiennent ainsi des contacts avec des gens d’ici et de là-bas. Ils alimentent alors le rêve de retour de ceux qui n’ont pas les moyens économiques de « revenir au pays » et d’yrester pour toujours. Entre ceux qui voyagent, ceux qui ont voyagé et ceux qui veulent voyager, nombreux sont les récits qui relatent le passage des frontières, la circulation des marchandises ou encore le trafic entre les Guyanes et le Brésil. En plus des histoires de garimpeiros, on trouve celles de pasteurs, de dirigeants et de prêcheurs d’Églises, qui ont quitté le Brésil, sont passés par le Guyana, la Guyane française, ou même l’Afrique, avant d’arriver finalement au Suriname. On trouve alors des histoires d’Églises qui, dans ce pays, se sont transformées, générant de « nouvelles vieilles » (historiques) dénominations faisant foi de liens symboliques avec les Églises du Brésil et donc d’un héritage brésilien, mais qui sont des productions surinamiennes.

Les grandes religions (notamment le christianisme, l’islam et le bouddhisme) se sont déjà étendues bien au-delà des frontières politiques et culturelles. Ces dernières années, les Églises qui se sont établies au Suriname sont insérées dans la circulation des Brésiliens vers les Guyanes, et de cette région vers d’autres zones plus éloignées, comme l’Europe. Les Églises se trouvent « ici et là-bas », car une partie des migrants, constituant leur public cible, suit la même dynamique : ils circulent dans ces territoires.

Ainsi, le concept de « territoires circulatoires », selon la perspective transnationale,

soutenue par Alain Tarrius264, soutient mon approche de la dynamique de déplacements de migrants et de leurs Églises vers les Guyanes : ce sont les migrants qui établissent des stratégies pour être ici (où ils sont au moment présent, que ce soit dans le pays d’accueil ou d’origine) et là-bas (l’endroit d’où ils sont venus, que ce soit le pays d’accueil ou d’origine), et dans l’entre-deux (le territoire de circulation, c’est-à-dire le chemin, les passages, les contacts ou encore les autres endroits où ils habitent temporairement) :

De temps immémoriaux des hommes apportent leurs savoir-faire, leurs croyances, leurs rêves au-delà des frontières, celles du moment, et en importent tout autant. Départ de la famille, du village ou de la nation le voyage est douloureux lorsqu’il se nomme « exil » et certains préfèrent les tourments de la faim ou du tyran, l’insupportable poids des contraintes familiales, au déracinement sans perspective de retour.

D’autres négocient le voyage avec son retour : ils « prennent la route », la reconnaissent, la modifient, reviennent, repartent parfois en tournées, suivant les rythmes de leurs activités ; ils deviennent familiers de l’ici, du là-bas et de l’entre-deux265.

C’est donc dans cette perspective de construction de stratégies de fixation ou de retour, que j’envisage les contacts et les influences réciproques entre le nord du Brésil et les Guyanes, dans la mesure où ces contacts se sont développés par le biais de la circulation de personnes, d’embarcations et de marchandises — contacts et influences qui existent depuis longtemps, qui ont provoqué et provoquent un échange culturel et qui se sont intensifiés en raison de la facilité de transport.

Cette relation a commencé avec les déplacements successifs de divers groupes amérindiens vers des territoires qui forment aujourd’hui le Venezuela, le Guyana, le Suriname, la Guyane française et le Brésil, entre les bassins des fleuves Orénoque et

264 TARRIUS, Alain. Territoires circulatoires et espaces urbains. Annales de la Recherche Urbaine, n. 59-60, 1996, p. 50-59 ; TARRIUS, Alain. La mondialisation par le bas : les nouveaux nomades de l'économie souterraine, op. cit.

265 TARRIUS, Alain ; MISSAOUI, Lamia ; QACHA, Fatima. Transmigrants et nouveaux étrangers : hospitalités croisées entre jeunes des quartiers enclavés et nouveaux migrants internationaux. Toulouse : Presses Universitaires du Mirail, 2013, p. 17.

Amazone266. Ceux de langue caribe sont partis vers le nord de l’Amérique du Sud, pour occuper les îles de la Mer des Caraïbes, et ceux de langue arawak, originaires de la région de la forêt amazonienne, sont allés s’installer dans diverses parties de l’Amérique du Sud et des îles Caraïbes. Actuellement, ces deux groupes linguistiques sont présents au Brésil, au Suriname et en Guyane française267.

Plus tard, le début de la culture du café au Brésil va constituer un autre exemple de cette relation entre les deux régions. En 1727, à la demande du gouverneur de l’État du Maranhão et Grão-Pará268, le premier plant de café arabica (Coffea arabica L.) est emmené clandestinement dans le pays, par Francisco de Mello Palheta, en provenance de Guyane française. Ce plant de café sera planté à Belém, puis les plantations vont se propager vers le sud du Brésil, pour arriver dans les États de Minas Gerais, São Paulo et Paraná, où le café trouve un climat et une terre qui lui sont plus favorables. Au XIXème siècle, le café devient le principal produit de l’exportation brésilienne et la richesse qu’il génère aura une influence majeure sur la politique et l’industrialisation du pays, attirant alors des immigrants européens 269.

On peut prendre un autre exemple de ces échanges : il s’agit de la musique. Quand j’étais enfant, à Belém, j’avais pour habitude d’écouter à la radio des musiques guyanaises et caribéennes. De même, dans les fêtes il y avait toujours du zouk (chanté en créole du Guyana ou en français avec un accent créole), de la cumbia, du merengue, de la rumba, du mambo, de la salsa, du calypso — des rythmes qui sont toujours très appréciés par les couches populaires de la ville270.

266 ROSTAIN, Stéphen. L'occupation amérindienne ancienne du littoral de Guyane. Thèse de doctorat, 721 p. Paris, Université de Paris I - Panthéon/Sorbonne, 1994.

267 PATTE, Marie-France. La langue Arawak de Guyane : présentation historique et dictionnaires arawak-français et arawak-français-arawak. Marseille : IRD Éditions, 2011.

268 Ancienne unité administrative de l’Amérique portugaise.

269 MARTINS, Ana Lúcia. História do café. São Paulo : Contexto, 2008 ; ASSOCIAÇÃO BRASILEIRA DE INDÚSTRIA DE CAFÉ. O café no Brasil. Disponible sur le site : http://www.abic.com.br/publique/cgi/cgilua.exe/sys/start.htm?sid=38. Consulté le : 3 mai 2013

270 Ces influences musicales, leur évolution, adaptation et modification ont certainement joué un rôle important dans la création des nouveaux rythmes produits à Belém et au Pará à partir des années 1970 : les guitarradas, le brega paraense, la tecnobrega, le mélodi, le tecnomélodi, le batidão, etc.

2.1.2. Voies de communication et circulation de marchandises

Le lien terrestre entre Belém et le centre-sud du pays n’a commencé à se développer qu’en 1960, avec l’inauguration de la route Belém-Brasília. Jusque-là, les seules liaisons relativement fréquentes ne pouvaient se faire qu’avec les autres villes des régions Norte et Nordeste. Du fait de cette absence de voies de communication, il était plus facile de se procurer certaines des nouveautés technologiques dans les Guyanes que dans les autres régions brésiliennes. Par exemple, dans les années 1960-1970, on pouvait y acheter des radios à piles provenant de Paramaribo. À ce moment-là, on rencontrait déjà là-bas des immigrants venus des Guyanes ou des Îles Caraïbes. À la périphérie, ils étaient génériquement appelés « Barbadiens »271 (bien que la plupart des habitants de Belém ignoraient leur pays de provenance) et la majorité d’entre eux était constituée de Noirs, ayant l’anglais pour langue maternelle et parlant le portugais avec un accent prononcé.

Aujourd’hui encore, certains bateaux qui appareillent des villes du littoral du Pará (généralement Belém, Abaetetuba et Vigia), pour pêcher en haute-mer, font escale dans les ports du littoral de l’Amapá ou sur les côtes des Guyanes, principalement du Suriname, afin d’acheter des produits pour la pêche et des vivres pour le retour. Dans le centre de Paramaribo, au port de la rivière Suriname (figure 3) — où sont amarrées des embarcations de faible tonnage (la majorité servent à la pêche en haute-mer, d’autres font la navette d’une berge à l’autre de la rivière et d’autres encore partent vers d’autres régions) — on peut alors voir des bateaux arborant des drapeaux du Brésil et de l’État du Pará. Il s’agit de bateaux de faible tonnage qui ont toujours servi de moyen de transport illégal de personnes et de marchandises du Brésil vers les Guyanes et vice-versa. Bien qu’ils ne soient pas adaptés pour ce type de transport (personnes et marchandises), tout le monde est au courant de ces activités. Dans les années 2000, certains ont été arrêtés au Brésil alors qu’ils transportaient des chargements divers (ail, lunettes de soleil, etc.) en provenance du Suriname.

271 En portugais : barbadianos. À l’origine, le terme faisait probablement référence aux seuls immigrants venus de la Barbade, située dans les Caraïbes.

Comme on l’a vu dans le chapitre précédent (Chapitre 3), il existe à Paramaribo des commerces vendant des produits du quotidien — médicaments, fruits, vêtements, aliments — achetés exclusivement par la communauté brésilienne. Ainsi, par exemple, en 2011, on trouvait, sur la Tourtonelaan (à Belenzinho), une boutique vendant de la Tacacá, un plat culinaire traditionnel du Pará qui, selon le vendeur, était préparé avec des produits venus de cet État. On trouvait aussi des résidences de Brésiliens dans lesquelles étaient vendus des médicaments achetés au Brésil, et les Brésiliens qui vivaient au Suriname venaient les acheter dans ces « pharmacies » parce qu’ils les connaissaient déjà et les indications étaient écrites en portugais. Il y avait également le disque-açaí272 pour commander du jus de ce fruit, livré en une demi-heure, en moto, par le vendeur — un Brésilien. À la différence du podosiri — jus dans lequel l’açaï est préparé avec une pâte de manioc, ce qui donne un jus épais, consommé principalement par les Noirs Marrons273 — ce jus n’était pas mélangé et était livré très frais, prêt à être consommé pendant le repas à la mode du Pará, c’est-à-dire avec de la farine de manioc ou de tapioca. D’après les propos du vendeur, celui-ci a démarré cette activité car, cette année-là, un Brésilien de Belém avait rapporté une machine à préparer l’açaï ; c’est ainsi qu’il a pu commencer à le préparer sans avoir à le mélanger. Par ailleurs, si je n’ai jamais trouvé de farine de manioc ou de tapioca en vente dans la ville, j’en ai rencontré dans différents domiciles de Brésiliens, généralement rapportées d’un voyage au Brésil ou bien reçues en guise de cadeau fait par des amis — mais toujours considérées comme des produits « précieux ». À l’instar d’autres marchandises, ces farines arrivent au pays par des voies irrégulières, en bateau ou en avion, suivant un réseau flexible de communications et de stratégies, et qui alimente le flux de personnes et de marchandises.

272 Service de livraison d’açaï, le fruit d’un palmier (Euterpe oleracea) que l’on retrouve en Amazonie brésilienne et surinamienne.

273 Dans le centre de Paramaribo, il existe un grand marché où des vendeurs Marrons ont l’habitude de proposer du podosiri aux Brésiliens qui passent, parce qu’ils savent que ces derniers consomment aussi ce jus.

Figure 3 : Bateaux de pêche (ci-dessus) et de passagers (ci-dessous) dans le port de Paramaribo.

C’est dans les années 1970, avant l’Indépendance du Suriname, que le transit de personnes et de marchandises entre ce pays et le Brésil a commencé à s’intensifier. Au début, le café était le principal produit que les bateaux brésiliens y apportaient — et ils ne repartaient jamais vides. Selon José Paulo Ribeiro274 :

274 José Paulo Ribeiro (52 ans), garimpeiroentrepreneur, est au Suriname depuis seize ans. Il est vice-président et presbytère de l’Assemblée de Dieu brésilienne, secrétaire du Conseil des Représentants de Brésiliens à l’Étranger, directeur-exécutif de la Fondation Brasur (Fondation du Développement Brésilien au Suriname) et membre du Conseil de Citoyens de l’Ambassade du Brésil à Paramaribo ; en 2011, avec Rafael da Silva Oliveira, il a lancé un dictionnaire Sranantongo -portugais- Sranantongo (OLIVEIRA, Rafael da Silva ; RIBEIRO, José Paulo. Wortubuku Sranantongo para brasileiros. Brasília : Fundação Alexandre de Gusmão, 2011). Des nombreux entretiens qui ont contribué à ce que je reconstitue l’arrivée des premiers garimpeiros de la vague d’immigration brésilienne au Suriname, je

Les premiers Brésiliens y sont arrivés dans les années 1970. Les Brésiliens ont commencé à y circuler en bateau, et étaient conducteurs de café, au temps de la Hollande. Ces informations proviennent des conducteurs de bateau et des personnes de la ville-même. Et tout de suite après le café, mais toujours en même temps, ont commencé à arriver des peaux de bêtes. Dans les années 1970, il y a eu une fièvre de la chasse aux animaux, comme les caïmans et d’autres, des mammifères, et on les amenait ici. Arrivaient alors du café et des peaux, et repartaient du whisky et d’autres marchandises275.

Dans le sens Suriname-Brésil, en plus des boissons alcoolisées, étaient aussi transportés des petits produits comme les radios à piles, mentionnées plus haut. Ainsi, toujours dans les années 1970, outre les Caribéens, arrivaient à Belém des disques et des cassettes de musique issues des Guyanes et des Caraïbes.

Pour revenir aux produits qui partaient du Brésil pour arriver au Suriname, dans les années 1980, le café et les peaux de bêtes ont commencé à perdre de la valeur commerciale et sont alors apparus d’autres produits tels que le poivre, qui a constitué le principal produit apporté au Suriname jusqu’au début des années 2000. À partir de là, du fait de la croissante demande de consommation de la part de la communauté brésilienne établie dans ce pays, les marchandises provenant du Brésil se sont diversifiées. Beaucoup étaient exportées légalement ; d’autres, transportées d’une ville à une autre pour pouvoir quitter les ports brésiliens, passaient par la haute-mer avant d’arriver au Suriname :

souligne ceux que j’ai réalisés avec lui : deux en 2011 et deux en 2012, en plus de nombreuses conversations et du fait d’avoir voyagé ensemble à Antônio do Brinco. José Paulo m’a raconté des choses qui lui étaient arrivées, des histoires qu’il a entendues, certaines en réalité collectées de sa propre initiative auprès des garimpeiros brésiliens établis au Suriname, et connaissait les détails de l’arrivée des garimpeiros pionniers, parmi lesquels se trouvaient quelques membres de l’Assemblée du Dieu (au Brésil). Il a été d’une importance fondamentale pour la reconstitution de l’arrivée des Églises brésiliennes au Suriname (voir Chapitre 5).

275 Version originale : « Os primeiros brasileiros vieram pra cá ainda nos anos 70. Os brasileiros começaram a andar pra cá de barco, e eram condutores de café, ainda no tempo da Holanda. São informações tanto de barqueiros como de pessoas da cidade mesmo. E, depois, na sequência logo do café, mas ainda misturando com o café, vinham peles de animais. Na década de 70 foi uma febre caçar animais, tipo jacarés, e outros animais, mamíferos, e trazer pra cá. Então vinha café e pele, e voltava whisky e outras mercadorias ».

Maintenant on trouve tout type de produits. Les supermarchés sont remplis de produits brésiliens, une grande partie arrive légalement, mais il y en a encore qui arrive comme ça, par bateau, par voilier.

Pourtant, et même si tout peut être légalisé ici, ces marchandises qui arrivent dans les bateaux en bois, toutes sont transportées d’une ville à l’autre du Brésil, sur le littoral, ou sont transportées du Maranhão vers le Ceará, ou du Maranhão vers Belém. Ils prennent la mer et arrivent ici276. (José Paulo)

Quand ils transportent une grande quantité de marchandises, certains bateaux arrivent au Suriname de nuit ; pour ne pas attirer l’attention, ils coupent les moteurs, éteignent les lumières et accostent sur une berge de la rivière où ils attendent d’être déchargés. Ce n’est qu’après qu’ils prennent la direction de Paramaribo.

Signalons par ailleurs que les contacts entre les Guyanes et le littoral du Pará et de l’Amapá entraînent des relations qui vont au-delà des intérêts commerciaux. À ce titre, toujours dans les années 1970 et 1980, certains Brésiliens et Brésiliennes se sont fixés au Suriname, se sont mariés avec des natifs et y habitent encore aujourd’hui277.

2.2. Les liens tissés au travers de l’orpaillage

2.2.1. Les premiers garimpeiros

Dans les années 1990, l’expansion des zones brésiliennes d’orpaillage vers les Guyanes va intensifier les relations qu’elles entretenaient avec le Brésil. L’activité

Dans les années 1990, l’expansion des zones brésiliennes d’orpaillage vers les Guyanes va intensifier les relations qu’elles entretenaient avec le Brésil. L’activité

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