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Les regroupements religieux sous l’Eglise orthodoxe d’Amérique et de l’Eglise « hors frontière »

Première partie : Les immigrants russes au Québec et l’Union soviétique (1970-1991)

2. Les regroupements religieux sous l’Eglise orthodoxe d’Amérique et de l’Eglise « hors frontière »

Bien que créée par l’Eglise orthodoxe du patriarcat de Moscou et de toutes les Russies, l’Eglise orthodoxe d’Amérique a conservé une véritable indépendance. Elle ne demeure pas l’unique Eglise au Québec, toutefois, elle conserve une influence non négligeable. Cette même Eglise existe depuis le début de la présence russe en Alaska, et le début des activités des missionnaires en 1794. La révolution éclate en 1917 et a tendance à offrir plus d’autonomie à l’E.O.A. Son statut d’autocéphalie lui offrant son indépendance, est confirmé en 197077. De cette Eglise, est apparu l’Archidiocèse du Canada en 190378.

A cette Eglise orthodoxe en Amérique, on doit ajouter l’Eglise orthodoxe russe hors frontière. Cette dernière est une création datant de 1920, période où le clergé orthodoxe choisit ou non de se détacher du Patriarcat de Moscou et de toutes les Russies alors sous influence bolchevique. En conséquence, elle refuse toute relation avec le mouvement œcuménique et les autres Eglises orthodoxes, n’ayant de lien qu’avec les quatre premiers conciles. Elle recherche en effet le véritable message du Christ79. Depuis 2007, sa réunion avec le patriarcat de Moscou est effective, nonobstant quelques réticences.

75 Tamara F. Jeletzky, Chapitre 5, Russian immigration to Canada after World War II, dans « Russians

canadians, their past and present », Borealis press, Ottawa, 1983, p. 74.

76 Statistique Canada, Tableau 33-1, Population selon le lieu de naissance, Canada, 1921-1971, 1971. 77 Site internet, Orthodox Church in America http://oca.org/statute

78

Site internet, Archidiocèse du Canada, http://www.archdiocese.ca/fr/histoire/chronologie

79 Vladimir I. Grebenschikov, chapitre 10, The eastern-orthodox church and the russian communities in

2.1. Les paroisses de Montréal

Montréal est une des plus anciennes villes abritant la diaspora russe. Cette dernière se trouve en effet particulièrement enracinée. Réunies par des valeurs et des pratiques communes, les églises orthodoxes russes ont émergé relativement tôt. C’est le cas de la Cathédrale Saint Pierre et Paul considérée comme la « doyenne des églises orthodoxes de la ville » construite en 190780. Autour de cette Eglise se crée une communauté en 1934 afin de venir en aide aux différents immigrants russes qui arrivent.

L’Eglise russe « hors frontière » n’est jamais loin surtout à Montréal où elle se met elle aussi à la construction d’une cathédrale qui est celle de Saint-Nicolas en 1920.

2.2. La communauté orthodoxe de Québec

S’il existe trois Eglises orthodoxes à Québec (roumaine, grecque et russe), la capitale de la « Belle province » n’a jamais bénéficié d’une très grande attention de la part de la communauté russe. La première communauté religieuse orthodoxe russe est créée en 195281, puis devient officiellement la « Communauté russe orthodoxe de la communauté de Québec » le 3 mars 1959 et se transforme en association. Trois personnages, tous des « Russes blancs » vivant auparavant en Europe, sont les fondateurs de cette chapelle. Il s’agit des personnages de Paul Voevodine, Alexandre Woinowski-Krieger et Cyrille Maikapar82. Cette communauté assure réellement son service pendant les années 1960 et a pu « fournir à ses membres des services religieux de toute nature »83.

80

Site internet de la cathédrale de l’E.O.A. Saint Pierre et Paul,

http://peterpaul.sobor.ca/fr/?page_id=678

81 Hélène Trudel, entretien du 24 septembre 2013. 82

Canada, Province de Québec, Lettres patentes constituant en corporation « Communauté russe

orthodoxe de la Sainte-Trinité de Québec », Enregistrées le 3 mars 1959 (le document indique la date du

31 mars 1959, mais nous avons eu la confirmation orale de la détentrice du document que le chiffre 1 de la date est une rature et est donc superflu)

83 Communauté russe orthodoxe de la Sainte-Trinité de Québec, Charte de la paroisse orthodoxe, 16 juin

2.3.La cellule de Rawdon

Dans l’expansion de l’Eglise orthodoxe d’Amérique placée à Montréal, on assiste à la construction d’une petite paroisse en 1956 sur le terrain familial d’un certain Oleg Bolireff, prêtre orthodoxe à Montréal84. Dans le cadre d’une amélioration des infrastructures orthodoxes de la ville, l’église de Saint-Séraphin-de-Sarov est construite et bénie en 196685. Elle est suivie en 1963 par la construction de l’Eglise russe « hors frontière » et de l’église de la Sainte-Vierge-de-Kazan86. Ces deux églises possèdent des caractéristiques architecturales communes aux églises orthodoxes traditionnelles et disposent d’une iconostase à l’intérieur. Elles sont alors construites dans un lieu situé dans le nord de Montréal et qui ne manque pas d’être un endroit multiculturel. Il s’agit de la ville de Rawdon, un lieu de villégiature pour les immigrants russes du Québec. En plus de deux églises, un cimetière orthodoxe a été ajouté en 1962. De nombreuses familles russes sont enclines à venir s’installer pour leur retraite87. Les années 1960- 1970 marquent l’apogée de cette église avec au moins une centaine de pratiquants chaque dimanche et près de 300 personnes les jours de fête88. Il convient de préciser que ces individus n’étaient pas précisément russes, mais étaient russophones.

Quand on voit la situation géographique de ce lieu et sa marginalisation par rapport aux activités économiques majeures de la province, on peut se poser des questions concernant l’emplacement d’une telle cellule religieuse dans cette province. Le paysage, comme le dit Daniela Moisa, rappelle le « topos slave qui se définit par la présence de forêts de conifères, de rivières et de collines douces et verdoyantes. »89. A cela, il faut ajouter la forêt qui a une importance non-négligeable dans la culture slave90.

84 Site internet de l’Archidiocèse du Canada, http://www.archdiocese.ca/fr/community/%C3%A9glise- de-saint-s%C3%A9raphim-de-sarov-rawdon-qc

85 Daniel Moisa, « « Être un vrai orthodoxe », L’identité religieuse au carrefour des registres

d’authenticité, » dans Diversité urbaine, vol.11, n°2, 2011. p. 52.

86

Site internet de la cathédrale russe orthodoxe Saint- Nicolas,http://fr.stnicholasmontreal.com/rawdon.html

87 Daniel Moisa, op. cit., p. 46. 88

Ibid. p.52.

89 Ibid. p.54. 90 Ibid.

3.

La troisième vague d’émigration russe vers le Québec (1971-1985) :

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