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Des immigrants russes au Québec devant la libéralisation de l’URSS et de la Russie (1985-

1999)

Alors que nous sommes en train de descendre lentement le rideau de la période soviétique, de nouveaux éléments apparaissent ou réapparaissent. Nous n’allons pas commencer cette deuxième partie au moment où débute l’histoire de la Russie contemporaine. Nous allons, à l’image de nombreux historiens de la Russie tel que Georges Sokoloff, initier cette partie au moment où est en train de péricliter le système. Sans le savoir parfois, les initiateurs de la Perestroïka réfutent les dogmes d’un État jadis à son apogée. Le crépuscule de l’Union soviétique est marquant pour l’histoire du monde mais également pour l’histoire de l’émigration. Un nouveau chapitre de migration s’écrit et se poursuit en même temps que la Russie moderne s’affranchie de sa tutelle soviétique.

Notre étude reprendra en grande partie la méthode du chapitre précédent. Nous continuerons à nous appuyer sur cette notion de « consommateur » chère à Raymond Breton tout en la liant au concept d’ « habitus » de Pierre Bourdieu afin de décrire les représentations de leur pays d’origine par les migrants. Nous ferons un historique d’abord du pays d’origine puis de l’émigration. Nous nous pencherons par la suite sur la grande majorité des supports de l’information. Nous essaierons de montrer que ces supports sont en grande partie renouvelés et que cela tient à la nature de la quatrième vague d’émigration. Les émigrants issus des vagues précédentes ne sont pas pour autant marginalisés au contraire. Ils développent également de nouveaux rapports avec l’État et la société russe. Сes nouveaux rapports se matérialisent par de nouvelles

organisations d’immigrés. Ces derniers ont poursuivi la création de liens avec leur pays d’origine depuis l’époque soviétique, ils continuent de le faire actuellement.

Et en effet notre étude qui part de l’histoire immédiate tentera de se rapprocher le plus possible de notre temps. L’usage de sources orales et journalistiques est un moyen de se rapprocher le plus possible. Cette tentation du présent sera à prendre avec le plus de précaution. Cela s’explique notamment par l’évolution rapide des événements. Entre les première et deuxième années de la rédaction de ce mémoire, le climat géopolitique et diplomatique s’est réellement modifié. De notre propre expérience, de nos contacts personnels et de nos lectures régulières, nous avons pu nous constituer une opinion sur ce qui fonde la Russie actuelle. Ici l’apprenti historien que nous sommes est un spectateur actif en interaction avec son milieu. L’apprentissage de la langue de Dostoïevski, nécessaire à la réalisation d’une partie de ce mémoire conjugué à un goût personnel, nous a conduit à sortir des sentiers battus des méthodes universitaires de Russe. L’usage massif d’internet et de la conversation instantanée avec des citoyens de la Fédération de Russie a été la clé de cet enseignement. La participation à l’accueil de migrants russes ou arméniens originaires d’Ukraine dans le cadre de la CIMADE de Tarbes a également apporté un autre point de vue sur la situation de la région. Le Québec reste notre terrain d’étude, mais l’apprenti chercheur reste dépendant de son lieu d’étude qui est l’Université de Pau et des Pays de l’Adour.

Cette proximité temporelle avec les événements des années 2014 et 2015 doit être prise en compte afin de pouvoir comprendre certaines allusions subtiles ou certaines omissions de la part de nos protagonistes. La vie même de ces personnages et les témoignages qu'ils ont apportés restent solidaires de ce contexte géopolitique complexe. Les sources employées par les divers intervenants restent influencées en partie par une vision occidentale de la situation notamment à travers les médias. Nous devrons donc nous consacrer à l’influence des télécommunications sur l’ensemble des immigrés rencontrés. Il est évident que dans le cadre de ce travail et du respect des personnes interrogées, nous jetterons le voile sur l’identité de certains intervenants par l’usage de pseudonymes. Cette raison obéit autant à des raisons éthiques qu’à faire éviter aux intervenants des embarras inutiles avec leur entourage. Des règlements de compte ont régulièrement lieu au moyen d’internet pour transformer des vidéos mises en ligne en champ de bataille. Notre mémoire veut s’affranchir ou tenter de s’affranchir

de ces discussions stériles pour placer ce travail vers une compréhension de la situation et non un jugement.

Cet avertissement au sujet de l’histoire immédiate se double d’un autre avertissement au lecteur. Les témoins avec qui nous nous sommes entretenus en grande partie durant l’année 2014 ont eu des difficultés à revenir sur le milieu des années 2000. Cette lacune de notre travail se trouve aussi dans les sources écrites. En effet, la grande majorité des journaux sont des produits propres à la fin de la première décennie du XXIe siècle. Ces années seront donc particulièrement pauvres en sources et souffriront d’une analyse partielle et donc très incomplète. De plus, ce travail porte comme dans la première partie sur un ensemble restreint de personnages de professions, de confessions différentes. Les conclusions qui y seront développées ne permettront pas de soutenir suffisamment l’argumentation de la problématique générale. Nous laisserons donc à d’autres chercheurs le choix de s’intéresser davantage à cette période. Pour les autres périodes, nous rappelons que l’usage d’une méthode essentiellement qualitative interdit toute conclusion holistique sur l’ensemble de la communauté russe immigrée.

Chapitre I

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