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Le reflet numérique des biens d’information autonomes et de leur contenu

Conclusion : presse imprimée & ordiphone

CHAPITRE 1. DES SYSTEMES DE COMMUNICATION UNIDIRECTIONNELS A LA NATURE INTERACTIVE DES

2. Le reflet numérique des biens d’information autonomes et de leur contenu

Nous entendons par bien d’information autonome, la famille de média qui comprend tous ceux des supports sur lesquels sont inscrits les messages (livre, journaux etc.), y compris ceux dont la lecture nécessite un équipement (DVD, cartouche de jeux vidéo etc.)148.

Le reflet numérique du livre et de son contenu à travers trois exemples consiste à montrer la manière dont un individu peut interagir avec un livre ou son contenu à partir d’un ordiphone selon des applications logicielles qui prennent appui sur la caméra comme interface d’acquisition optique de données.

Le livre est autant une invention de l’imprimerie que l’imprimerie est une invention des formes d’écritures précédents le livre. Notre propos n’est pas là. En Occident, l’apparition du livre moderne correspond au passage du volumen (rouleau) au codex (cahier) et l’essor fulgurant du commerce du livre au XVème siècle est d’abord religieux (impression de la bible,

Réforme), puis littéraire et scientifique dès le milieu du XVIIème siècle puis populaire dès le

milieu du XXème.

À ses débuts, l’histoire du livre est avant tout celle d’un contrôle administratif et d’une censure, par les pouvoirs ecclésiastiques et les autorités politiques, mais aussi celle de leur contournement par des groupes sociaux, plus ou moins bien organisés et plus ou moins isolés. La diffusion des idées sous une forme écrite se renouvelle au rythme des inventions et des techniques de reproduction, lithographie, typographie, gravure, daguerréotype, héliogravure, photogravure, et des techniques de presse, manuelle, mécanique, à cylindre, rotative jusqu’à l’impression offset au début du XXème siècle. Aujourd’hui, la numérisation et Internet permettent à des éditeurs de livres de n’imprimer que ce qui est vendu, au contraire du modèle traditionnel du secteur de l’édition imprimée qui consiste à imprimer un certain nombre de livres pour les vendre. Il n’est produit que ce qui est déjà vendu.

L’effervescence autour de la numérisation des contenus des livres repose sur cette idée que le papier et la confection du livre comme artefact social ne sera plus le seul mode de distribution ou de diffusion des contenus du livre, et renouvelleront les formes à travers lesquelles la diffusion des idées pourrait faire l’objet par son lectorat.

Au XXIème siècle, le livre imprimé, parce qu’il est un bien informationnel au sens de Shapiro et Varian (1998) fait l’objet d’expérimentation et de tests de la part des acteurs du monde numérique. Combiné avec l’ordiphone, ces expériences concernent tout autant le livre dans sa forme matériel que le contenu du livre sous sa forme immatérielle. En voici trois exemples : Voici un premier exemple149 avec le livre « Écrire à Sumer ; l’invention du cunéiforme » de

Jean-Jacques Glassner : ISBN 978-2020385060 :

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Figure 9 : Recherche d’information par l’image avec un ordiphone

1. À partir d’un ordiphone, l’individu sélectionne l’application « Google Shopper » sur son ordiphone, sélectionne le menu « image search »…

2. …pointe la caméra du téléphone vers le livre…

3. …l’image est numérisée, transmise sur les serveurs de Google, identifiée à partir de l’image (reconnaissance d’image) et/ou du titre (reconnaissance de caractère). Le livre est identifié en quelques secondes et le résultat de la requête est renvoyé vers le terminal de l’utilisateur. La couverture est affichée sur l’écran du téléphone, cinq liens sont proposés... 4. …en cliquant sur « détails », la requête textuelle est lancée sur le moteur de recherche Google.

149 Le téléphone utilisé est un Acer Liquid (constructeur) fonctionnant avec l’Operating System Android 2.1 ;

À la question de savoir quelle est l’utilité de ce type d’application logicielle, nous pourrions n’en lister que quelques unes : Enregistrer le titre d’un livre dans une bibliothèque en ligne, conserver le titre d’un livre que l’on apprécie pour s’en rappeler plus tard, acheter un livre, lire des commentaires à son sujet, de la part d’anonymes ou dans ses réseaux sociaux, mais aussi l’identifier pour le vendre en ligne, le recommander à un ami, découvrir d’autres livres que les gens qui ont lu ce livre ont aussi lu, etc…

Un deuxième exemple nous est fourni avec le livre Le sens des choses150 de Jacques Attali :

une série de 84 codes graphiques ont été imprimés parmi les 224 pages du livre. Chaque code graphique donne accès à un contenu multimédia.

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Figure 10 : Code graphique et livre imprimé

Il ne s’agit plus ici du livre en tant qu’objet, dont un individu s’empare pour manipuler la dimension informationnelle du support, mais bien du contenu du livre. Ce dispositif a été mis en place par les auteurs et l’éditeur afin de « prolonger la lecture du texte par des contenus

audiovisuels accédés à partir d’un téléphone portable » compatibles avec le système.

Un troisième exemple nous est fourni avec le livre La Métamorphose des Objets de Fréderic Kaplan ISBN:9782916571270.

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Figure 11 : Livre imprimé et son double numérique

Ce service accessible en ligne permet d'annoter et d'enrichir les pages d’un livre : à chaque page d’un livre, sous sa forme imprimée (2) et traditionnelle, correspond une page html (3) mise à disposition sur le système hypertexte public. Cette page peut contenir des vidéos, des photos, mais aussi des commentaires proposés par l’auteur ou par les lecteurs du livre. Elle peut être consultée à partir d’un navigateur web, que ce soit d’un ordinateur ou d’un ordiphone ou de tout autre terminal électronique sur lequel serait installé un navigateur web. L’objet de cette expérimentation n’est donc plus tant d’élargir le contenu textuel du livre à des contenus audiovisuels, mais organiser des relations entre conversations qui proviendraient de sources différentes à propos du même contenu, au niveau de la page du livre.

Le livre n’est plus considéré seulement comme un média à lire, un objet statique, mais l’histoire qu’il contient, accessible sur le papier, sur un écran d’ordinateur ou sur un écran d’ordiphone s’enrichit des conversations et des documents numériques associés au fur et à mesure des interactions avec le lectorat. Même si les expériences de lecture sont à chaque fois différentes selon le support, ce n’est plus tant le livre, l’écran d’ordinateur, celui de

l’ordiphone ou de tout autre terminal électronique qui compte, mais l’histoire en elle-même selon les conversations que génèrent les lecteurs entre eux et avec ou sans l’auteur.

Ces trois exemples nous auront permis de mettre en évidence que les dimensions informationnelles qui entourent « l’objet livre » se recompose autour de l’indépendance entre la superposition des trois couches du système de communication livre et la superposition des trois couches du système de communication ordiphone, mis en relation.

Le double phénomène de la numérisation et d’Internet semble renouveler la manière dont on peut « utiliser et manipuler » un livre, mais aussi sur les formes mêmes que pourront prendre une œuvre de l’esprit.

Nous étudierons donc l’évolution de la création et de l’indexation de documents analogiques, telles que les sciences de l’information et de la bibliologie se les représentent depuis les années 1930 au phénomène de la documentarisation électronique, dont chacun se fait actuellement une représentation selon le point d’observation adopté.

CHAPITRE 2. DES DOCUMENTS ANALOGIQUES A LA

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