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Presse imprimée et ordiphone : documents, données et relations 1 Lecture/écriture à la fois sélective et continue

Conclusion : presse imprimée & ordiphone

CHAPITRE 2. DES DOCUMENTS ANALOGIQUES A LA DOCUMENTARISATION ELECTRONIQUE

3. Presse imprimée et ordiphone : documents, données et relations 1 Lecture/écriture à la fois sélective et continue

Comme nous l’avons vu, la presse imprimée est un document dont l’organisation des unités d’informations est tabulaire, permettant à l’individu de choisir ce qu’il souhaite lire. L’information est imprimée sur une surface dont la lecture s’effectue en deux dimensions. Mettre en œuvre un dispositif de communication optique à partir d’un ordiphone vers un titre de presse imprimée, c’est s’engager dans un dispositif de lecture sélective et continue dont les niveaux d’organisation s’articulent entre le contenu imprimé et des contenus numériques accédés à partir du terminal électronique, et dont l’affichage des informations suit ou non le mouvement du terminal (à droite), pointé vers le journal ou le magazine (à gauche), et autour de soi (partie blanche).

La tabularité de l’information ne se rapporte plus seulement aux deux dimensions d’un seul support, imprimé ou électronique, mais également à la coordination du mouvement entre le support imprimé et le support électronique, ou du mouvement imposé au support électronique sans plus faire attention au journal.

L’exemple le plus représentatif de l’alignement d’information en temps réel entre le journal imprimé et des informations affichées à l’écran de l’ordiphone est celui des dispositifs dits de

« réalité augmentée ». Le mouvement de l’ordiphone pointé vers le journal influe sur les informations affichées à l’écran du terminal. La notion de tabularité de l’information entre le journal imprimé et l’ordiphone ne se réfère pas à la linéarité ou la tabularité d’une information représentée sur une surface plane mais dans le mouvement entre la superposition de deux surfaces, l’une imprimée, dont l’information est fixe, l’autre électronique dont l’information est contextuellement interactive. Voir par exemple l’annexe AL 16 :

Il s’agirait donc de prendre en compte la dimension informationnelle du contexte dans lequel

baigne le lecteur d’un journal, dimension informationnelle dont l’ordiphone est l’indicateur,

le révélateur, l’instigateur, le déclencheur, suivant l’intérêt, l’objectif, l’utilité ou non de ce pour quoi aura été programmé le service.

Autrement dit, et nous verrons plus en détail le type de contenu vers lequel un individu accède dans la quatrième partie de cette étude, ce nouveau rapport à l’information n’est plus uniquement celui de la diffusion d’une information prototypée partant d’un point A vers des lecteurs, mais la construction d’information à la volée émanant d’un point A vers des lecteurs dont la situation et le contexte portent en eux une dimension informationnelle sur laquelle une entreprise médiatique pourrait s’appuyer pour délivrer un message, un contenu, un service, une mise en relation, etc.

L’une des évolutions majeures entre l’organisation des relations entre les hommes à travers des documents matériels et la « réorganisation » des relations entres les hommes à travers l’immatérialité de ces mêmes relations est de provoquer par effet numérique un mixage des effets de lecture et d’écriture : lire un document numérique, c’est déjà écrire des métadonnées, générées par des machines (quel document, quand, où, provenant de quelle page

etc.) ; écrire un document numérique, c’est d’abord se faire lire par des machines (auteur quel contenu, quand, où etc.)

2. « Retour presse imprimée » et statistiques numériques

Une fois les titres de presse imprimée vendus ou distribués, l’éditeur n’a aucune idée de la manière dont le lectorat s’en empare ni ce qu’il en fait puisque le système de communication est avant tout unidirectionnel.

Ce sera l’objet des « études sur la communication » : par exemple, l’analyse de l’audience de la presse consistera à fournir un certain nombre d’indicateurs micro et macro, sociaux et économiques aux éditeurs de presse et parfois à leurs annonceurs : nombre et types de lecteurs, catégorie socioprofessionnelle, niveau d’étude, revenu, temps et lieu de lecture, etc. mais dont le « vertige des métriques177 » ne donne plus vraiment de représentation réaliste des

pratiques de lecture ; par exemple, le 21ème observatoire de la presse publié par l’Office de

Justification de la Diffusion (OJD) présente sur une même page cette phrase : « la presse

payante française, c’est 4 220 125 538 exemplaires contrôlés par l’OJD en 2010 avec 876 titres contrôlés soit une évolution de -2,2% par rapport à 2009 mais aussi 4 901 354 626 visites Internet avec 117 sites de presse contrôlés par l’OJD en 2010 soit une évolution de 22,6% par rapport à 2009 à périmètre constant ».

L’analyse des métriques se veut objectivement descriptive alors qu’elle ne décrit que subjectivement la situation qu’elle énonce. Ces métriques ne sont que des « images

logiques », et comme le dit Wittgenstein, « l’image a en commun avec le représenté la forme logique de représentation178 ».

Le principal indicateur permettant aux entreprises de presse de mesurer l’intérêt du public envers les contenus qu’elles distribuent reste l’acte d’achat pour la presse imprimée payante

177 GUILLAUD Hubert. Le vertige des métriques. Internetactu.com, 28 juillet 2011 www.internetactu.com 178 WITTGENSTEIN Ludwig. Tractatus Logico Philosophicus. 1921. Gallimard, trad. Fr. p. 40, 2.19 et 2.2,

ou la prise en main pour la presse imprimée gratuite, et selon le modèle de presse179, l’intérêt des annonceurs.

Quant à la presse en ligne, l’éditeur dispose des traces numériques laissées par les internautes lui permettant de comptabiliser et d’analyser de manière relativement fine les parcours de navigation, et parfois paramétrer des logiciels d’analyse comportementale à des fins publicitaires selon l’offre qui leur est proposée par le marché de la publicité en ligne. Si l’on se place du point de vue de l’individu, ces traces numériques disséminées sans s’en apercevoir peuvent se lire ainsi : lire un article de presse, à partir d’un terminal électronique, c’est déjà écrire des métadonnées décrivant la situation, et l’éventuel rapprochement direct ou indirect à un profil publicitaire.

Comme nous le verrons, c’est une profonde évolution du rapport éditorial et publicitaire entre un éditeur de presse et son lectorat. Les spécificités de la combinaison matérielle entre un document imprimé et un document électronique tiennent pour une large part à la dimension

logicielle (partie 3) et la dimension des contenus (partie 4) auquel le « système » aboutit.

Commençons par expliquer le fonctionnement de la couche logicielle des systèmes de communication optique réunissant l’ordiphone et un titre de presse imprimée.

179 Voir par exemple la revue XXI http://www.revue21.fr/ en France, dont le projet repose sur une revue

trimestrielle sans publicité, vendue 15 € « un grand format, une maquette alternant image forte et texte, un reportage BD, des auteurs de qualité, une diffusion en librairie ».

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