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Conclusion : presse imprimée & ordiphone

CHAPITRE 2. DES SYSTEMES D’IDENTIFICATION AUTOMATIQUE, OPTIQUE ET RADIO

2. De l’encre RFID dans les pages d’un journal ?

La raison pour laquelle nous avons souhaité aborder dans cette étude ce changement de paradigme de l’identification automatique induite par l’identification par onde radio est double. D’une part, les technologies d’identification par fréquence radio (RFID/NFC107) sont

amenées à s’inviter dans les prochaines générations de téléphones portables108 et

d’ordiphones, transformant ce terminal électronique en un instrument de lecture de tag RFID, mais aussi d’écriture, permettant l’émulation de « l’identité numérique109 » de son porteur. Parce la tendance informatique est à la fois celle d’une miniaturisation des composants électroniques et un accroissement de leur puissance de calcul, nous avons donc cherché à savoir si ce type de technologie pouvait être incorporé dans un journal à moyen terme sous la forme d’encre conductrice.

107 NFC : Near Field Communication : La communication en champ proche (Near Field Communication),

habituellement appelée NFC , est une technologie de communication sans-fil à courte portée et haute fréquence, permettant l'échange d'informations entre des périphériques jusqu'à une distance d'environ 10 cm. Cette technologie est une extension de la norme ISO/CEI 14443 standardisant les cartes de proximité utilisant la RFID (Radio Frequency IDentification), qui combinent l'interface d'une carte à puce et un lecteur au sein d'un seul périphérique.

Un périphérique NFC est capable de communiquer autant avec le matériel ISO/CEI 14443 existant qu'avec un autre périphérique NFC, et est tout autant compatible avec les infrastructures sans-contact existantes déjà en utilisation dans les transports en commun et les terminaux de paiement. La NFC est à la base conçue pour un usage dans les téléphones mobiles. (Source : Wikipedia France).

108 Nokia a lancé le premier téléphone portable grand public muni d’un « lecteur de tag RFID » au premier

trimestre 2007.

109 Voir à propos de l’identité numérique qui serait plus un « état d’identité » suivant la nature de ce que l’on en

Le coût de l’émetteur : dessiner un motif ou créer un composant électronique ?

Un tag RFID est un composant électronique comprenant une antenne associée à micro processeur qui lui permet, selon différentes options d’« émettre, recevoir, stocker, traiter » des bits de données. Alors que les tags passifs nécessitent d’approcher un lecteur RFID qui fournit l’énergie nécessaire au tag pour émettre les données dont il est porteur, les tags dits actifs, dotés d’une batterie, sont capables d’émettre des données suivant la programmation informatique dont ils auront fait l’objet.

Depuis une dizaine d’années, la miniaturisation croissante des composants électroniques (nanotechnologie) a conduit des chercheurs à réaliser un certain nombre d’inventions à partir d’une « encre conductrice » utilisée dans des procédés d’impression classique. Quelques 360 brevets mettant en œuvre une « encre conductrice » ont été déposés entre 2001 et 2011110. Cette encre conductrice est soit

une encre métallique, soit une encre polymère, et permet de remplacer ou bien d’ajouter aux pigments composant une encre classique des particules conductrices. Les procédés d’impression à grande vitesse concernent à la fois la sérigraphie, l’impression offset et l’impression à jet d’encre.

Notre question fut alors celle de savoir si ce type d’encre conductrice pouvait être utilisée pour l’impression de journaux ou de magazines. Plutôt que de s’appuyer sur l’impression d’un motif jouant le rôle d’un émetteur local ou d’une image à identifier à distance, à l’instar des expérimentations proposées actuellement par les éditeurs de presse, il s’agirait de s’appuyer sur l’impression d’une encre conductrice permettant à l’individu équipé d’un ordiphone compatible de se connecter à des contenus et services numériques en approchant le terminal électronique du papier pour initier une communication électronique.

Le domaine d’application des encres conductrices est actuellement essentiellement

orienté vers les usages industriels tenant à la traçabilité, les emballages intelligents ou encore l’électronique, comme la fabrication de circuits flexibles111.

Si l’on compare les procédés techniques d’encre RFID d’une part avec les procédés d’impression d’un motif représentant graphiquement le codage binaire d’un message, il fait peu de doute que le coût de l’émetteur sera nul avec l’utilisation d’une encre classique ou tout du moins, toujours plus élevé qu’en utilisant une encre conductrice. Ajoutons à ceci qu’il n’existe quasiment aujourd’hui aucun ordiphone ou téléphone portable NFC alors que la majorité de ces terminaux sont dotés d’une caméra numérique faisant office d’imageur (récepteur). Aujourd’hui, les coûts d’’utilisation d’une telle encre ne permettent déjà pas d’équiper des produits dont la durée de vie est trop éphémère. En effet, la durée de vie des imprimés (le journal d’un jour ou l’annuaire d’une année) est aussi un critère à prendre en compte. Le caractère éphémère d’un titre de presse semble aujourd’hui rendre irréalisable ce type de dispositifs. De plus, ces procédés ne sont pas nécessairement compatibles en l’état avec les machines utilisées par l’industrie graphique pour l’impression de la presse. Parce que l’activité d’une entreprise de presse repose par essence sur des procédés d’impression graphique, les coûts d’impression d’un motif basé sur une encre normale seront toujours inférieurs à l’utilisation d’une encre conductrice dans les pages d’un journal ou d’un magazine.

Cet aparté nous aura également permis de comprendre que l’essor des technologies d’identification automatique par radiofréquence est porté, par l’intérêt des industriels112 et des

militaires113, à progressivement remplacer les dispositifs d’interaction optique par ceux radio

suivant plusieurs avantages : la lecture et l’identification de nature spectrale plutôt qu’optique, permettant de lire simultanément l’identifiant d’objets « en vrac » comme le contenu entier d’un container par exemple ; la possibilité de modifier les données associées à

111 Voir pour une introduction sur le sujet « les encres conductrices », Amandine BOGENEZ et Sophie

LIEBER, mémoire de 2ème année, 2004. Ecole Française de Papeterie et des industries Graphiques.

112 Wal-Mart, entreprise multinationale de nationalité américaine spécialisée dans la grande distribution a

imposé à ses 100 principaux fournisseurs d’inclure des tags RFID sur toutes les palettes et cartons à partir du 1er janvier 2005.

113 Le département de la Défense américaine a imposé à tous ses fournisseurs d’utiliser des tags RFID en

l’objet tout au long de son cycle de vie (par exemple, la possibilité d’enregistrer les températures de conservation de produits surgelés) ; les caractéristiques de robustesse de l’identifiant radio comparé à la dégradation que peut subir un identifiant graphique etc.

L’activité d’une entreprise de presse ne semble pas concernée par l’utilisation de procédés basés sur l’impression de circuits intégrés dans les pages d’un journal ou d’un magazine.

Conclusion : presse imprimée & ordiphone

Soixante ans d’évolution combinée des systèmes d’identification automatique par lecture optique ou radio pourrait se résumer par le graphique suivant :

Figure 8 L’évolution des systèmes d’identification automatique entre 1950 et 2010

A : En 1950, l’identifiant graphique est un code linéaire (code 1D) ; le dispositif de lecture est couteux ; l’unité de stockage appartient au domaine de la mécanographie ; la méthode ne sera jamais vraiment mise en œuvre.

B : En 1970, le développement de l’informatique et du réseau, l’abaissement du coût du laser rendent possibles la démocratisation professionnelle des systèmes d’identification

automatique par lecture optique, dont le domaine de l’industrie alimentaire pour la traçabilité des produits est alors le moteur sous l’impulsion de l’armée américaine.

C : À la fin des années 1980, les codes matriciels (codes 2D) commencent à se répandre dans tous les domaines où traçabilité industrielle nécessite non plus un laser mais un imageur comme dispositif de lecture.

D : À partir des années 2000, l’émetteur graphique, qu’il soit linéaire ou matriciel, est programmé pour être remplacé à long terme par un identifiant radio qui jouerait le rôle non plus d’un simple émetteur mais pourrait disposer de toutes les capacités computationnelles de l’ordinateur (émettre, recevoir, traiter, stocker) des bits de données.

Le laser et l’imageur sont remplacés par un dispositif de lecture par radiofréquence, ou directement par l’identifiant radio qui se connecte de lui-même au réseau Internet. Si les objets marqués d’un code graphique étaient « informant » de 1950 aux années 2000, le nouveau paradigme de l’identification automatique induite par le développement de l’identification automatique par fréquence radio consisterait à les rendre « communicants ». Le sujet de notre étude s’inscrit dans le domaine de l’identification automatique par lecture optique (schéma C) lorsque s’est ajouté à l’imageur professionnel celui détenu par le grand public équipé en téléphonie portable dotée d’une caméra. Les codes graphiques dont l’ordiphone devient l’un des imageurs sont à la fois les identifiants industriels, qu’ils soient linéaires ou matriciels, mais aussi les codes graphiques spécifiquement développés pour être décodés avec une caméra amateur.

Ainsi, nous avons pu voir à travers cette première partie combien l’ordiphone est tout à la fois un calculateur universel programmable au sens de Turing /Von Neumann, un récepteur/émetteur au sens de Shannon/Weaver (communications à distance), un capteur d’effets photoélectriques au sens de Einstein/Smith-Boyle (conversion du rayonnement électromagnétique en signal électrique analogique).

Partie 2. Des médias analogiques aux intermédiations numériques

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