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Rapport de l'autisme à la psychose et à la schizophrénie pour les lacaniens

Dans le document tel-00730760, version 1 - 11 Sep 2012 (Page 68-79)

1.3. Autisme : schizophrénie, psychose originale, entité à part ou plaque tournante: débat

1.3.2. Rapport de l'autisme à la psychose et à la schizophrénie pour les lacaniens

Les angles d’approches semblent se dessiner autour du sujet ou de l’Autre, du langage, du  signifiant ou de la jouissance. Mais le débat autour de la structure ne se noue vraiment qu'à partir de  l’évolution du sujet dans la cure, et des interprétations que les auteurs font du bougé du sujet: 

psychotisation du sujet ou évolution de la forme autistique ?

Je vais maintenant passer en revue les différentes positions de la psychanalyse pour tenter  d'extraire ce qui vient constituer mon hypothèse: l'a­structuration et l'a­subjectivité de l'autiste, à  partir de l'idée de J.Lacan qui définit la subjectivité comme la figure que prend ce qu’il appelle « la  passion du signifiant »165 . Dans  Le Séminaire II,  il conçoit la subjectivité comme « un système  organisé de symboles, prétendant à couvrir la totalité d’une expérience, à l’animer, à lui donner   son sens »166. Ainsi, si la question du sujet névrosé est celle de la signification de son histoire,  méconnue, il en trouve la matrice dans sa parole. Mais la question du psychotique ne semble pas  avoir la même teneur. Il n’apparaît pas d'historicité dans la schizophrénie, comme le montre J.Oury  car il y a dissociation. Par contre, dans l'autisme, on verra que l'histoire se construit bout à bout,  même si c'est par des biais, jusqu'à aboutir au témoignage.

165 LACAN, Jacques. La signification du phallus (1958). In : Écrits, op.cit., p.688.

166 LACAN, Jacques. Le Séminaire, livre II : Le moi dans la théorie de S.Freud et dans la technique de psychanalyse (1954-1955). Paris : Le Seuil, 1978. p.56.

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1.3.2.1. Jacques Lacan

J.Lacan énonce que «  Le sujet donc, on ne lui parle pas; ça parle de lui et c'est là qu'il  s'appréhende, et ce, d'autant plus forcément qu'avant que du seul fait que ça s'adresse à lui, il  disparaisse comme sujet sous le signifiant qu'il devient, il n'était absolument rien. Mais ce rien se  soutient   de   son   avènement,   maintenant   produit   par   l'appel   fait   dans   l'Autre   au   deuxième   signifiant »167. Pour lui l'identification primordiale est supportée par un S1 venant de l'Autre, trait  d'inscription à la base de tout processus d'identification. Il ne s'agit pas d'une représentation, mais  plutôt de l'effacement, de la disparition du sujet. J.Lacan explique ce paradoxe logique, par le fait  que dans le temps où le sujet devient le signifiant, il est effacé, et disparaît comme être168. Ce qui  donne une double valeur à ce S1, car pendant qu'il crée le sujet du signifiant, il l'efface, le barre169.  Aussi, tout porte à croire que l'autiste et le schizophrène, sujet non né selon P.Bruno, ne se résout  pas à cet effacement de son être de jouissance. Pourtant la symbolisation de cette perte d’être, c’est  le  sujet, la part du sujet irréductible à l’Autre. Ce trait, cette inscription impliquent que le sujet,  écoute déjà l'autre.

Les références de J.Lacan sur l’autisme sont brèves et allusives : il en parle pour évoquer la  résonance de la parole sur le sujet et le rapproche de la schizophrénie dans le rapport à l'Autre du  langage.   Pour   Dick,  il   note   qu'il   a   déjà   une   certaine   appréhension   des  vocables,   mais   de   ces  vocables il n'a pas fait la  Bejahung  – il ne les assume pas. Il semble  assimiler l'autisme à la  schizophrénie, notamment en 1975 lors de sa Conférence à Genève sur le symptôme, où en réponse  à la question d’un auditeur autour de la relation particulière de l’enfant autiste avec le langage,  J.Lacan énonce : « Il s’agit de savoir pourquoi il y a quelque chose chez l’autiste, ou chez celui   qu’on appelle schizophrène, qui se gèle, si on peut dire. Mais vous ne pouvez dire qu’il ne parle   pas. Que vous ayez de la peine à entendre, à donner sa portée à ce qu’ils disent, n’empêche que ce   sont   des   personnages   finalement   plutôt   verbeux ».   Mais   ce   gel   procède­t­il   d’un   refus   de   la  subjectivation   ou   d’un   déterminant   de   la  structure ?   La   question   qui   se   pose   alors   pour   le  schizophrène serait celle de la possibilité d’un dégel, d’un délogement du sujet de cette place de  signifié, d’une remise en mouvement vers une représentation, amorce d’un procès de subjectivation. 

Et pour l'autiste ?

Dans Le Séminaire sur La logique du fantasme il dit précisément que la défense est ce qui  ménage la place d’un « je ne suis pas » . Chez l’autiste, E.Solano­Suarez repère   l'impossibilité  d’accéder à ce « je ne suis pas » : il n’a pas de possibilité d’élision, sauf comme le remarque  E.Laurent, par le moyen de la crise d’épilepsie170. Est­ce que cet arrêté au bord, ce gel, y est fixé ou  n'est­il qu'attente d'un premier pas, le pas du sujet, encore possible? Le décalage, le « bougé » de la  position   autiste,   trouve   ses   conditions,   pour   certains,   dans   un   consentement,   une   résignation,  consécutif à une déperdition de la jouissance. Pour d’autres, la question du choix ne se pose pas, le  sujet étant inéluctablement déterminé à l’intérieur de la structure. 

Avec   le  Séminaire  Encore,   J.Lacan   ouvre   davantage   le   champ   clinique   et   donne   la  prééminence, non plus à l'imaginaire ou au symbolique, mais au réel pour les homogénéiser ensuite  avec la clinique des noeuds borroméens. Il fait des signifiants la cause de la jouissance, et de leur  corporéisation  l'inverse de la  significantisation  (prendre tout ou partie du corps pour l'élever au  signifiant : imago, phallus... c'est le meurtre de la chose par le mot, manœuvre de la formation 

167 LACAN, Jacques. Position de l'inconscient (1960-1964). In : Écrits. Paris : Le seuil, 1966. p.835.

168 MILLER, Jacques-Alain. Ce qui fait insigne. Cours des 21 et 28 janvier 1987. In : LACADEE, Philippe. Le corps et l’événement pubertaire sans le secours d’un discours établi. In MALEVAL, Jean-Claude. L'autiste, son double et ses objets. Rennes : Presses Universitaires de Rennes, coll.

Clinique Psychanalytique et Psychopathologie, 2009.

169 LACADEE, Philippe. Le corps et l’événement pubertaire sans le secours d’un discours établi. In: MALEVAL, Jean-Claude. L'autiste, son double et ses objets. Rennes : Presses Universitaires de Rennes, coll. Clinique Psychanalytique et Psychopathologie, 2009. p.253-268.

170 SOLANO-SUAREZ, Esthela. Discussion. Séries de la Découverte freudienne, L’Autisme et la Psychanalyse, 1992, N°8. Toulouse : Presses Universitaires du Mirail. p.206.

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métaphorique des symptômes). Dans la  corporéisation,  il s'agit du signifiant en tant qu'il affecte  l'être parlant. Elle répond à une marque, une lettre  qui s'inscrit sur le corps et selon la structure  psychique reprise dans un symptôme, voire faire sinthome ou se manifester comme phénomène  psychosomatique. Ici, le savoir passe donc dans le corps et affecte celui­ci. C'est ce que J­A.Miller  souligne comme événement de corps : « le savoir dans le corps, son effet propre, c'est ce que   J.Lacan appelle affect, en un sens sans doute, généralisé. Il appelle affect à partir du Séminaire   XX, l'effet corporel du signifiant c'est à dire non pas son effet sémantique qu'est le signifié, non pas   son effet de sujet supposé mais ses effets de jouissance »171. J­A.Miller rapproche cette fonction de  corporisation à du savoir qui entre dans le corps, ou à des phénomènes de mutilations, mais aussi de  piercing, tatouages...

Alors que dans l'enseignement de J.Lacan, le signifiant vide le corps de la jouissance, là au  contraire,   le   signifiant   vient   introduire   de   la   jouissance   dans   le   corps.   Cet   enseignement   me  permettra d'identifier les problèmes de l'autiste avec les orifices de son corps et la fonction des  organes, mais aussi avec la délimitation d'un espace interne, qu'il traduit souvent dans la réalité par  des conduites de recherches ou de constructions de bords.  Je décrirai aussi son rapport au vivant,  qu'implique un corps affectivé. En somme, je parlerai de ce qui fait le rapport à la jouissance du  sujet,   qu'elle  soit  de  l'objet  autistique,  du  corps  et  de  sa pulsionnalité   (orale,  anale,  scopique,  invoquante).

1.3.2.2. Marie-Jean Sauret, Pierre Bruno, Michel Lapeyre et Éric Laurent

Les principales thèses psychanalytiques maintiennent l’autisme dans le champ structurel des  psychoses. Cependant, certains insistent dans les années 90 pour suspendre un peu le débat. En  effet, dans le recueil de 1992, M­J.Sauret invite à s’interroger, en référant l’autisme à la psychose et  à la question de la forclusion du Nom­Du­Père. Il se demande pourquoi la forclusion produit  immédiatement cet effet que l’on appelle autisme, alors que précisément  certaines psychoses se  déclenchent très tardivement. On ne peut pas parler de déclenchement dans l’autisme, étant donné  qu’il   n’y   a   pas   d’appel   au   S2,   comme   pour   la   psychose  paranoïaque,   schizophrénique   ou  mélancolique.   La   différence   essentielle   se   situerait   donc   dans   la   possibilité   d’évolution   du  positionnement du sujet au sein de la structure psychotique. M­J.Sauret montre que l’autisme n’est  pas l’équivalent pour la psychose, de ce que la névrose infantile est pour la psychose en s’appuyant  sur ce que M.Lapeyre et C.Terrisse ont appelé « plaque tournante » de l’autisme. Cet auteur se  demande si l’autisme n’est pas quelque chose de suspendu, à l’inverse de la névrose infantile qu’il  explique comme temps d’exploration de la structure, évoluant vers le déclin du complexe d’œdipe  ou vers le choix de la névrose. Pour lui, c’est en ce sens­là, qu’on ne peut pas parler de psychose  infantile, en tant qu'exploration du rapport du sujet à l’Autre172. L’autisme n’est donc pas à la  psychose ce que la névrose infantile est à la névrose173.

Dans un colloque de 1987, plusieurs psychanalystes tentent alors de distinguer paranoïa,  schizophrénie et autisme à partir du point où se manifeste le rejet de l'Autre : nom­du­Père dans la  paranoïa, Idéal du Moi dans la schizophrénie, symbolisation primordiale dans l'autisme. M­J.Sauret  ne voit pas l'intérêt à sortir l'autisme du champ de la psychose, que ce soit parce qu'il se situe en  deçà du champ de l'aliénation ou a sa particularité pour se raccorder à la voie signifiante et se loger  dans l'Autre du langage. Il tend à penser que « ce qui distingue l'autisme de la schizophrénie c'est 

171 MILLER, Jacques-Alain. Biologie lacanienne. Revue de la Cause Freudienne, 2000, No 44. Paris : Navarin-Le Seuil. p.44.

172 SAURET, Marie-Jean. Discussion. Séries de la Découverte freudienne, L’Autisme et la Psychanalyse, 1992, N°8. Toulouse : Presses Universitaires du Mirail. p.151.

173 Ibid, p.152.

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d'abord le moment précoce du déclenchement : le sujet recule devant une identification ouverte, du   fait  de l'absence du désir de  l'Autre maternel,  quelqu'en soit  la raison,  à tous les signifiants   possibles, sous la dispersion desquels il se perdrait. Dans la schizophrénie, le sujet trouve sans  doute une possibilité d'identification au désir d ela mère susceptible de soutenir la stabilité de son   fonctionnement   psychique,   tant   qu'il   ne   se   heurte   pas   à   la   nécessité,   de   faire   avaliser   cette   identification par le père (…). Reste qu'un autiste d'Asperger ne ressemble pas à un schizophrène  déclenché   tardivement,   parce   que   le   premier   est   entré   avant   le   second   dans   le   travail   de   construction de l'Autre de synthèse »174. L'objectif pour cet auteur dans le travail avec les autistes est  de prêter son corps, fournir de l'imaginaire, proposer du sens, investir sa libido, son désir...Cet  étayage par l'autre à différentes fonction : branchement  libidinal,  stabilisation  imaginaire,  traits  identificatoires...et c'est seulement à partir de la création d'un minimum de relation que celle ci peut  se construire  et se déployer, jusqu'à permettre  à l'autiste de traverser l'épreuve du manque de  l'Autre. Cette révélation est en général très mal supportée par les autistes, parce que selon M­

J.Sauret ils n'arrivent pas à le tamponner par le moyen d'aucun substitut de fantasme. Le sujet a des  difficultés à interroger ce que l'Autre lui veut par exemple, ce qui inscrirait un manque du côté de  l'Autre.   Il   note   l'intérêt   du   travail   avec   les   parents   pour  remobiliser   l'Autre   de   la   première  expérience : rendre l'enfant précieux afin de contribuer à sa décomplétion. Rendre l'enfant précieux  et enseignant.

Dans un article récent M­J.Sauret montre que l'inconscient doit se fabriquer dans l'autisme. 

Il pense aussi avec d'autres que beaucoup de psychoses aujourd'hui sont réduites à l'autisme ou aux  TED, figurant alors un déni du réel de la psychose. Son hypothèse est que ce déni de la psychose  gomme la spécificité  de l'autisme.  Pour cet  auteur la spécificité  de l'autisme  apparaît  dans ce  moment de l'entre­deux structural et pas seulement temporel de la naissance : celle biologique et  celle subjective, celle du corps (deuxième naissance). 

Selon les premiers travaux sur la question de P.Bruno, l'autisme se détache difficilement du  cadre d'une schizophrénie primitive. P.Bruno  indique que J.Lacan reste dans le cadre de la thèse  freudienne, selon laquelle la schizophrénie renverrait à une fixation de la libido à l’auto­érotisme,  soit, avant le narcissisme, la prévalence des représentations de mots sur les représentations de  choses ; tandis que la paranoïa serait déterminée par une fixation au choix d’objet narcissique de  type   homosexuel175.   Toujours   dans   son   article  Autisme   et   schizophrénie,   il   décrit   combien   le  psychotique est un malade de la libido, car le langage, cause du sujet, agit aussi dans le corps. Ainsi,  l’autisme, qu'il ne distingue pas de la schizophrénie, serait une « forme dégradée de libido. La  libido est centrée sur le corps fragmenté en deçà de l’unité spéculaire ce qui met en relief la   fragmentation schizophrénique (…) L’autiste est un sujet qui n’est pas arrivé à se constituer en tant   qu’ego, dans le sens qu’il n’a pas acquis conscience de soi­même en tant que corps. On peut donc   dire qu’il est un sujet sans altérité »176... et on verra la nécessité pour ce sujet de se construire une  altérité   extérieure   dans   le   même.   P.Bruno   fait   état   d’un   élément   symbolique   manquant   pour  expliquer que l’autiste s’entende lui­même. Par conséquent, le sujet ne pourrait pas être introduit 

« dans une symbolisation primordiale qui ne soit pas labile, autrement dit menacée à tout instant  de destruction ». J.Lacan, en évoquant « la subjectivation de a comme pur réel » opposable alors à  une subjectivation par le fantasme, précise que nous sommes dans « un moment d’avant la surgence  de i(a) », donc de l’image spéculaire en tant que moule du narcissisme, et qu’elle est commandée  par le point I.  P.Bruno ajoute que la paranoïa est déterminée par la forclusion du Nom­Du­Père, à  cause de la relation du père à la loi Il précise que la schizophrénie et l’autisme sont déterminés par 

174SAURET, Marie-Jean. L'autisme en débat. In CAUSSE, Jean-Daniel & REY-FLAUD, Henri. Les paradoxes de l'autisme. Toulouse : Erès, 2011,  pp.39­60, p.54­55.

175 BRUNO, Pierre. Autisme et schizophrénie. Séries de la Découverte Freudienne, op.cit.

176 Ibid.

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un défaut de I, à cause de la non­fonction du désir de l’Autre177. Je montrerai que le défaut dans  l'autisme semble être bien plus en amont que le défaut de I dans la schizophrénie. Il se demande  ensuite, en pensant à L.Wolfson, comment concilier  le caractère intrusif réel du désir maternel et la  non­fonction de ce désir ? Est­ce que l’exigence du sujet n’est pas de pouvoir trouver d’où il  entend ? Cet auteur conclut son article en réfléchissant sur l'opportunité de considérer l’autisme  comme une forme extrême de la schizophrénie et se demande : est­ce que I n’aurait pas été introduit  faute que ça ne s’adresse à lui ? Ou est­ce que I aurait été introduit dès le ça parle de lui ? Il pose  ensuite le fait d’arriver à élucider ce qu’il faut entendre par s’adresser à lui, notamment « sur ce que  serait l’effet d’un « s’adresser à lui », porteur d’un Idéal désarrimé de la loi »178.  En effet, faut­il  d'abord que le sujet se décide à écouter l'autre et à s'appareiller de la machine signifiante ?

De même, E.Laurent ne juge pas intéressant de détacher l’autisme de la schizophrénie, en  tant que la schizophrénie est une tentative de rajouter un organe à son propre corps, distincte en cela  de la paranoïa, qui assigne à l’Autre le retour de jouissance. Pourtant, lorsqu'il  mentionne que le  schizophrène témoigne d'un mode de retour de la jouissance dans le corps, et l’autiste d’un certain  mode de retour de la jouissance qu'il localise comme une jouissance dans le bord, une jouissance de  bord, il élucide à mon sens un point différentiel essentiel. J'argumenterai plus loin pourquoi le corps  n'est pas habité de la même manière dans l'autisme et la schizophrénie, et combien la fonction de  l'objet, si elle peut paraître  identique,  ne l'est que dans la fixation  et non dans la fonction et  l'évolution.  

En 1992, dans le recueil L'autisme et la psychanalyse, M.Lapeyre explique que par ce refus  pour ce qui constitue le sujet se pose la question d'une limite du sujet. Même s'il y a toujours une  part radicale du sujet qui ne parle pas, le langage est l'habitat du sujet humain et l'autiste témoigne  plus que tout autre de cette situation incommode d'être homme. Je soulignerai avec lui que le refus  ou l'impossibilité n'empêchent pas le rapport. De plus, on ne peut affirmer que l'autiste soit hors des  effets du langage179, bien au contraire : l'autiste témoigne tout autant du poids du discours de l'autre  que de sa nécessité, lorsqu'il ne s'y fait plus sourd. Le problème semble surtout résider, pour M­

J.Sauret, dans l'appropriation par le sujet du langage, qui produirait le rapport au signifiant et une  réponse au réel. 

Lors d'un des séminaires tenus sur l'autisme à l'APJL, à Toulouse, P.Macary déclare combien  l'autiste est confronté à un réel inattrapable, intraitable par le signifiant, et que tout se passe comme  si la perte précédait l'accès au signifiant, au point de l'empêcher – à l'envers du psychotique lequel a  l'objet (en poche) et en est même encombré. Dans l'autisme, la perte est emportée avec l'objet,  demeurant par conséquent non symbolisable. Pour M­J.Sauret, l'autiste ne passe pas au « Deux »,  du  battement   signifiant   à l'articulation  signifiante.  En  conséquence,  le  Un lui­même   n'est  pas  établi : du fait que l'espace entre l'Un et le Deux, entre le S1 et le S2 est éprouvé comme un trou réel  dont pourrait surgir « l'étranger indicible », envahissant,   alors que c'est la place où doit venir se  loger  le   sujet   dans  la  séparation.  Pour  cet   auteur,     l'autisme   témoigne  d'un  sujet  du  refus  du  signifiant. L'adoption de cette position se joue entre l'incorporation du symbolique, la rencontre du  langage, et la symbolisation primordiale, laquelle est comme suspendue180. M­J.Sauret précise que  l'enfant autiste reste fixé à une identification sans adresse, et ne se retrouve pas dans la position  d'être le phallus : ce qui contribue à le distinguer de ce que présentent des sujets psychotiques. 

Selon l'indication de J.Lacan, c'est au niveau du père que commence à se constituer tout ce qui sera  par la suite surmoi. M­J Sauret propose donc que l'on puisse distinguer l'autisme de la schizophrénie  selon comment le sujet consent à l'identification Idéale ou non (ce qui livre le sujet au Surmoi de la 

177 Ibid, p.294.

178 Ibid, p.294-295.

179 LAPEYRE, Michel. L'autisme et la psychanalyse. Bulletin du Groupe Petite Enfance, 1995, N°10, p.162-166.

180 SAURET, Marie­Jean. Le rêve impossible de l'autiste : la métaphore paternelle. La découverte du savoir psychanalytique à l’épreuve de l’autisme 

­ La preuve par la clinique psychanalytique. Assemblée de Toulouse : 18 juin 2011.

tel-00730760, version 1 - 11 Sep 2012

schizophrénie), ou demeure fixé au battement de la symbolisation primordiale. La forclusion se 

schizophrénie), ou demeure fixé au battement de la symbolisation primordiale. La forclusion se 

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