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Conclusion : une évolution spécifique de l'autisme ?

Dans le document tel-00730760, version 1 - 11 Sep 2012 (Page 79-87)

1.3. Autisme : schizophrénie, psychose originale, entité à part ou plaque tournante: débat

1.3.3. Conclusion : une évolution spécifique de l'autisme ?

A partir de la littérature et des différents témoignages, je vais tenter de synthétiser l'état de la  recherche concernant la clinique de l'autisme et de son spectre. Je soutiendrai pourquoi il semble  que l'enfant autiste type Kanner puisse parvenir à un fonctionnement tel, qu'on le présente à l'âge  adulte autiste de haut niveau. Je commencerai à entrer dans le détail, pour poser l’évolution de  l’autisme, comme allant dans le sens d’une sortie progressive, même  limitée, du retrait, en prenant  appui   sur   un   environnement   structuré   et   structurant   dans   l'espace  et   dans   le   temps,   un  environnement   prévisible,   un  autre   réglé,  et   aussi  un  appui  sur  des  objets   ou  des  doubles,  la  recherche de l'identique étant au principe de l'autisme. 

Dans l'autisme de Kanner,  le  quotidien est parfois invivable pour le sujet et sa famille  tellement ses angoisses l'envahissent. Le premier travail est un travail de mise à distance de l'objet  réel, qui se structure par la construction d'un bord (délimiter un espace, un circuit, des bords,  contrôler une sensation qui donne un corps et délimite les orifices, trouver un objet qui aide à  vivre...) à l'objet pulsionnel. 

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En effet, on observe que plus l'objet est construit, plus l'angoisse se tempère, et si le sujet n'a  pu construire sa défense, il apparaît alors sans ressources. Lorsqu'il a un objet, il le  fait circuler  partout, collé, connecté à cet objet réel, fait de sensations et formes qui apparaissent comme une  solution répondant au  repli de protection. Cet objet, toujours détourné de son utilisation, peut la  plupart du temps être remplacé, dès lors qu'il conserve les mêmes caractéristiques. L'objet peut ainsi  évoluer   comme   régulateur   libidinal   et   pulsionnel.   Le   sujet  se   structure   par   la   conduite   de  branchement/débranchement d'avec cet objet ou le corps de l'autre à défaut d'objet. L'autiste de  Kanner a besoin de trouver un appui, un branchement sur un objet, sorte d'organe supplémentaire tel  que le nomme E.Laurent, mais aussi un double, qui peut être un animal, une photo, un personnage,  un autre.... Ce branchement à un objet ou un double existe pour que le sujet trouve à s'animer, à  exister, et découle souvent d'une première situation particulière où un objet a procuré des émotions  et affects forts chez lui ou un autre, qui peut alors les distinguer mais que le sujet n'a pas pu  élaborer. Cet objet, coloré d'affects, se transmue en un autre objet semblable, mais trouvé et inventé  par le sujet. 

Les   circuits   créés   à   travers   les   objets   ou   parcours   repérables   sont   une   expression   du  symbolique comme réel, selon E.Laurent. Se constituer une barrière protectrice, telle que la décrit  F.Tustin par l'objet autistique, une défense qui permet dans une position passive, de se protéger du  monde extérieur, « de remédier à la désorganisation du monde »198 et de l'observer sans risquer d'y  être sollicité, représente donc le premier travail. Vient ensuite, en parallèle à la structuration du  corps et de l'espace, une appétence pour la réalité matérielle des formes géométriques, des notes de  musique, des lettres et des chiffres, caractéristique de ces enfants. Ainsi, à partir de lettres, mots,  traits se crée une association, voire une série de signifiants isolés, où tout devient alors nom propre. 

Et l'autiste persévère à rassembler des signes qui finiront par se constituer en Autre de synthèse, tel  que le développe P.Bruno dans ses textes sur l'autisme, auquel il se couplera. 

Quand les objets autistiques (ficelles, jouet, papier, cd, crayon...) permettent de traiter une  dynamique pulsionnelle, ce sont les objets autistiques complexes (ordinateurs, machines de Joey,  Temple...)   et   les   doubles   (animal,   frère,   sœur,   père,   mère,   psychologue,   éducateur,   copain,  personnage de bandes dessinées...), construits le sujet, qui lui permettent de faire bord et traiter sa  jouissance pulsionnelle orale, anale, invoquante et scopique.... L'autre n'est utilisé comme double  que pour tenter de lui donner une force, une énergie dont le sujet se sent dépourvu, comme le  développe J­C.Maleval. Mais l'autiste de Kanner ne peut s'en saisir qu'en œuvrant à le manipuler  comme un objet. Il va vérifier qu'il n'est pas dangereux. Alors, il pourra le décompléter, faire du  vide sur lui, vérifier qu'il est bien troué dans un premier temps,  pour ensuite pouvoir se brancher à  son corps, à son image, et l'utiliser comme bord lui donnant accès à une image du corps, à une  réserve de mots et d'objets. L'Autre est donc d'abord un autre de réserve, ce qui lui permet de le  faire porteur d'objets ou de signes, tel que l'a conceptualisé J­C.Maleval.

Le difficile travail de l'autiste semble donc une mise à distance de cet objet trop réel et  l'élaboration du double réel, qui envahit et ordonne au sens d'imposer (ce monstre qui oblige à faire  les insanités dont parle B.Sellin et qu'il sait imaginaire) à un double imaginaire. Celui­ci ordonne les  relations, au sens de permettre de se situer dans le monde (compagnon imaginaire, animal... qui  soutient le sujet), auquel il va pouvoir s'identifier dans un collage à l'image et aux paroles. Prendre  vie et corps à partir de ce double imaginaire n'est pas suffisant dans l'évolution. Il doit pouvoir se  transmuer en un double incarné, humanisé et intériorisé. La distance nécessaire doit être créée et  conservée, de manière à éviter les phénomènes imaginaires d'incarnation ou d'effondrement réel  subjectif, quand l'autre se retire.

C'est souvent à partir de phrases entendues à la télévision, films, dessins animés ou chansons  que l'autiste peut apprendre à parler. D.Williams explique que les mots sont mieux compris quand 

198 MALEVAL, Jean-Claude. Une sorte d’hypertrophie compensatoire : ou la construction d’un Autre de suppléance. Du changement dans l’autisme ? op.cit., p.46.

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ils sont transmis par un livre, un disque, une télévision199. Ainsi, il s'agit souvent pour l'autiste, de  parvenir à se constituer un éventail de paroles toutes faites, faites de signes, de phrases apprises et  répétées, lues ou entendues ailleurs. Mais rien qui ne puisse montrer quelques affects... Après avoir  vérifié   que   l'ordinateur   était   bien   un   objet   désaffectivé,   B.Sellin   s'assure   d'abord   d'écrire   tout  l'alphabet, quelques chiffres, des noms de personnes puis des noms d'objets. Ensuite, il vérifie que  s'il écrit n'importe quoi, ou des mots quelconque,  rien ne se passe. Alors, il peut commencer à lier,  après une douloureuse étape où il ne s'autorise pas. Il écrit : « ne plus écrire... moi arrêter.... avoir   la paix... », des mots, des phrases et des affects : « je suis triste...suis un souillon », et livre peu à  peu son monde chaotique et angoissé.  Il témoigne de son histoire pour faire reconnaître l'enfer  perceptif que vit l'autiste. Il peut écrire, et ne peut pas dire, parce que « parler est trop précieux je  ne mérite pas de pouvoir parler, je ne peux pas l'apprendre parce que je ne dirais que des bêtises ». 

Il ne refuse pas le langage, mais les mots ne sortent pas, par impossibilité et terreur de l'effet des  paroles.  

Des autistes écrivent donc parfois, où doivent être encouragés à le faire, permettant un point  d'arrêt et faisant bord à la jouissance. Au vu de leurs écrits, ils savent que leur perception ou leur  construction est imaginaire. Mais ils la contrôlent, car ils craignent les effets de l'imaginaire, qu'ils  tiennent bridé (cf.B.Sellin qui l'explique). Aussi, seule une imaginarisation à partir de l'objet semble  possible, car elle évite les aléas des relations interpersonnelles. 

L'autiste peut donc trouver un bord dans l'écriture, ce qui lui permet aussi de s'inscrire dans  une temporalité.  Cependant, il lui faut quelqu'un qui le soutienne et l'aide dans sa lutte, le  plus  souvent sa mère, son père, un frère, une sœur, un éducateur. Ainsi, peut­il venir à opérer un travail  de mise en ordre du réel, de catégorisations et d'accumulations de signes, où existe la différence par  le même. Des inventions langagières dans la nomination, associées à un découpage du temps,  architecture et noms de lieu, de personnes, classements, catégories ou mises en ordre diverses,  offrent pour l'autiste à minima un appareillage symbolique pour appréhender l'espace et le monde. 

Aussi, introduire de l'image, du signe, d'autres objets entre lui et son objet réel, traite la jouissance  du sujet, et peut lui permettre de découvrir d'autres objets, d'autres traitements possibles. 

Les obsessions rituelles de sécurité et de protection peuvent donc se matérialiser dans un  objet qui les rassure. Mais l'investissement de l'objet sera autistique : il procédera d'un appareillage  à   un   autre   corps   (de   l'objet   brut   voiture   à   l'objet   construit   qu'est   la   trappe   à   contention   de  T.Grandin...), ou se matérialisera dans un objet qui les terrorise (volcan, aspirateur, phénomènes  météorologiques...), que le sujet tentera alors de maîtriser en l'étudiant sous toutes ses formes. Sa  recherche de sécurité et de protection l'amène ainsi à développer ses recherches dans deux sens :  travailler sur ce qui le terrorise pour réduire le danger et son angoisse, ensuite travailler sur ce qui le  sécurise le plus (musique, calcul, lire...). 

L'objet   autistique   vient   donc   compléter   imaginairement   le   sujet.   De   fait,   pendant   qu'il  démontre sa division, sa fonction essentielle est de sécuriser. Son enjeu est que, par un traitement  imaginaire, il devienne une passerelle vers le monde extérieur, le monde social et professionnel,  comme tendent à le montrer de plus en plus d'autistes. Donald, le cas de L.Kanner est typique200  : il  a obtenu un diplôme, est devenu caissier dans une banque, et n'a aucun désir de promotion. Aussi,  l'autisme évolue, et le sujet peut se faire une place dans le monde professionnel.

De même, lorsque B.Stanford, la nouvelle psychanalyste à laquelle M.Klein adresse Dick, le  rencontre,   elle   déclare   qu'il   n'est   pas   autiste   mais   « un   terrible   bavard »   doté   d'une   mémoire 

199 WILLIAMS, Donna. Si on me touche, je n’existe plus, op.cit, p.299.

200  L'observation rapporte qu'il déambule souriant, en faisant des mouvements stéréotypés des doigts, qu'il croise en l'air. Il secoue la tête de gauche à  droite, en murmurant ou fredonnant le même air sur trois notes. Il fait tourner sur lui­même tout objet, jette les choses par terre et se réjouit du bruit,   range perles ou cubes par groupes de différentes séries de couleur. Il oblige sa mère à répéter une phrase avant de pouvoir manger. Et sa relation aux  autres ne se développe que lorsqu'il a besoin d'eux, ou veut savoir quelque chose. Il manque d'abstraction, veut écrire les mots comme il les entend, et  calcule les parutions du Times... Il collectionne aussi des animaux morts et des insectes, qu'il enterre dans un cimetière, où des tombes sont marquées  (prénom de l'animal, espèce de l'animal, nom du fermier, naissance, mort). Quand il s'est mis à compter les rangs de maïs, il les lui ont fait compter  tout en labourant, lui permettant alors d'élaborer un usage du signifiant moins déréglé.

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extraordinaire. Il lit Dickens et possède une connaissance considérable de la musique. La mémoire  exceptionnelle de ce sujet lui permet de réciter, répéter, travailler et apprendre à partir de ses  obsessions. Un tel Kim Peek peut alors se révéler savant. En effet, en cherchant désespérément ce  que B.Sellin appelle des contre­modèles du chaos (que les systèmes scientifiques par exemple  offrent), le sujet se construit par biais. Cette quête désespérée d'ordre et de régularité n'aboutit  souvent pas, ou n'évolue pas, par manque de rencontres, matériel et possibilités, mais peut aussi  évoluer vers l'autisme de haut­niveau. 

P.Vermeulen explique que le syndrome d'asperger et l'autisme de haut­niveau ne doivent pas  être considérés comme mineurs. Les problèmes internes sont souvent les mêmes. Il considère qu'il  existe des autistes introvertis et des autistes extravertis, souffrant tous d'un manque de compétence  adaptative. Ils compensent leurs difficultés par leurs capacités intellectuelles201. Le diagnostic du  syndrome d'Asperger est établi en général  vers l'âge de 5­6 ans. Les signes apparaissent dans  l'enfance: retard d'apprentissage du langage, puis grande maîtrise ensuite, certains apprennent à  parler par la télévision, problème de sommeil ou d'endormissement, désintérêt pour les liens sociaux  et amitiés. H.Asperger repère combien certains sont pointilleux et désireux d'immuabilité. Ils ont  par   ailleurs   une   extrême   sensibilité   au   bruit,   mais   aussi   sensorielle   (aiment   les   vêtements  confortables,   sur   plusieurs   couches...).   Souvent   triste,   anxieux,   angoissé   et   en   colère,   voire  dépressif,   ce   sujet   aime   ce   qui   est   prévisible   et   certain.   Il   n'aime   pas   les   surprises   ou   les  changements de routine, et il vaut mieux respecter les horaires et les règles annoncées, car sinon le  sujet se sent bafoué, dans le mensonge. La solution pour eux est de les laisser seuls, pour pouvoir se  ressourcer. Il apprend mieux seul, par les livres, la télévision et l'ordinateur. Pour comprendre  l'esprit des autres, il calcule et intellectualise. Et il a ceci de particulier : un développement précis et  riche sur un objet, un savoir, un monde.

Le syndrome  décrit  par Asperger  est similaire  sur de nombreux points   à ce  que décrit  L.Kanner. Le trouble se manifeste très tôt. Le contact à l'autre est perturbé. Il n'accepte rien de  l'autre, et se consacre plutôt à des activités stéréotypées ou répétitives. La solitude est repérée, par  les deux, comme le trouble fondamental. De plus, cette limitation des relations aux autres persiste  toute la vie du sujet, selon Asperger. Aussi, les critères du DSM­IV ne sont pas forcément valables. 

La différence majeure porte certainement sur le fait que ce sont des sujets moins renfermés, et que  les troubles du langage apparaissent beaucoup plus accentués chez les autres autistes. Asperger  apparaît   plus   positif   quant   à   l'évolution   du   sujet,   qu'il   repère   « intact   intellectuellement ».   Un  manque de flexibilité dans sa pensée ou d'originalité peuvent cependant l'empêcher d'avancer. Puis,  il se montre peu réceptif aux conseils.  Seul au monde,  avec ses propres préoccupations, l'autiste  d'Asperger n'en est pas moins très présent et observateur de tout ce qui se passe autour de lui. Il  communique facilement des faits mais  intellectualise toujours tout, même les sentiments... Il dit  toujours la vérité et ne sait pas mentir. Il est indifférent à la mode et a souvent des difficultés  d'hygiène personnelle. Il peut aussi avoir des soucis de dextérité manuelle (faire ses lacets...). 

Comme dans le syndrome d'Asperger, l'autisme de haut­niveau se signale quand le sujet  peut s'appuyer sur un double imaginaire, un compagnon (tel Daniel Tammet, tel Gunilla Gerland et  sa sœur202, Donna Williams et ses doubles Carol et Willie, Joeffrey Bouissac et sa planète de  jeumobile ou tous ces autistes qui se supportent d'un super héros ou de personnages de BD, Cédric,  Oui­Oui... ) qui lui permet d'appréhender le monde et de faire face à différentes situations. Il y a  nécessité, dans l'autisme, de se créer un double, en raison d'un défaut de l'image du corps (cela peut­

être la main, un personnage, un frère, le père, un autre semblable...). L'autre semblable se rencontre  par le biais de supporter la rencontre avec le même, mais dans une rencontre ratée. Le double traite  donc la différence par le même. Il n'est pas du côté de l'altérité, de l'autre ou du semblable, mais du  côté du même, du pareil, qui donne un corps, une façon de réagir et une identité. En même temps 

201VERMEULEN, Peter. Ceci est le titre – Au sujet de la pensée autistique, op.cit.

202 GERLAND, Gunilla. Une personne à part entière. Mougins : Autisme France Diffusion, 2004.

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que l'objet, le double protège, crée un lien vers l'extérieur par leur intermédiaire. Ainsi, quand  l'image du semblable, et donc du corps, n'existe pas, ce qui prévaut c'est le même, le double. Ce  sujet   apprend donc par imitation. Il copie et peut se perdre en l'autre.  L'autiste de haut­niveau  conserve   souvent   ces   objets   protecteurs   ou   doubles   qui   le   sécurisent   (jeux   de   cartes,   ficelles,  playmobil, puzzle, personnages, objets quelconques...). Sans eux, il n'est pas assuré d'une identité. 

La plupart du temps étonnamment bien orienté, l'autiste de haut niveau a besoin de borner  l'espace par des noms, et se passionne pour les cartes routières, les réseaux de bus, de  métro, la  géographie... Ici, il s'agit d'un travail de branchement/débranchement aux signes de l'Autre (relevés  météo, calendriers, dates, annuaires, horaires de trains, n°bus, dessins, calcul, arithmétique, rues,  villes, capitales, circuits pour se balader, classements de toutes sortes…). 

Les autistes de haut niveau apparaissent plus repliés que les Asperger, et surtout n'ont pas un  centre d'intérêt aussi développé. Leurs fixations sont angoissées, et leurs centres d'intérêts liés. Leur  travail s'intéresse à des objets porteurs de signes, de séries, d'images... En somme, un travail du  signe : dessiner, décalquer, copier, rassembler, nommer pour classer, catégoriser, comparer, coller,  décoller, découper, donner des noms, nommer, inventer des modèles regroupant les meilleures  qualités possibles, accumuler des objets... C'est un véritable travail d'écriture, qui permet de traiter  la différence, le changement et l'absence, mais aussi la dimension spatiale et temporelle (dessins  d'objets plus ou moins anciens, passion pour l’Égypte ancienne, le Moyen­Age...). Ce travail du  signe dépend donc du niveau de structuration de la défense.

Le plus difficile pour l'autiste Asperger, est son incapacité à savoir se faire des amis . Il  manque d'envie de partager avec les autres. Il ne sait pas comment situer le genre humain.  Pour lui,  la vie n'est faite que de gens méchants ou bien gentils. Il est toujours prêt à aider les autres, mais ne  le leur propose pas. L'enfant Asperger, à la récréation, s'intéresse à découvrir le monde physique  (insecte, nuages, objets...) mais pas ou peu aux autres enfants, ou à un seul. Il préfère en général les  adultes. Dans un groupe, il se met en retrait dès que deux personnes sont présentes. Le degré de  stress est proportionnel au nombre de personnes.     Souvent traumatisé par les autres enfants, et  parfois aussi par les enseignants, car il a des difficultés à organiser son travail scolaire, il a besoin  de   temps   pour   comprendre   une   question.   Tout   est   analysé   par   intellectualisation,   et   non   par  intuition. L'intensité de ses réactions émotionnelles est toujours puissante. Il absorbe l'atmosphère. 

Il est en difficulté pour appréhender ce qu'un regard peut signifier. Il ne décode pas les signaux du  visage, ou seulement une partie, ni ceux de la voix. Je pense à ce que E.Levinas dans sa philosophie  exprime : c'est le visage de l'autre qui fait effraction dans l'être du sujet et rompt sa tranquillité. De  manière générale, ce sujet a des difficultés à déduire les choses (tel regard, telle parole, telle pensée,  tel comportement, telle présence...) selon leur contexte. On a vu que Peter Vermeulen parle de  cécité contextuelle203

T.Attwood soutient que l'enfant Asperger, soit internalise (dépression, fuite dans le monde  imaginaire (dinosaures, Égypte ancienne, astronomie), difficulté à trouver sa place dans le monde),  soit externalise (arrogance, n'admet pas qu'il fait des erreurs, copie les autres). Il existe toujours une  profonde solitude, et en même temps un certain stoïcisme. Dogmatique et rigide, il a un problème  dans le degré de réciprocité car, dominateur, il s'impose en même temps qu'il peut jouer des heures  seul. Une fois les codes sociaux ou règles de conduites apprises, il respecte à la lettre et devient  intraitable, et corrige alors les autres. Lorsqu'il ne maîtrise pas le domaine, il a toujours très peur de 

T.Attwood soutient que l'enfant Asperger, soit internalise (dépression, fuite dans le monde  imaginaire (dinosaures, Égypte ancienne, astronomie), difficulté à trouver sa place dans le monde),  soit externalise (arrogance, n'admet pas qu'il fait des erreurs, copie les autres). Il existe toujours une  profonde solitude, et en même temps un certain stoïcisme. Dogmatique et rigide, il a un problème  dans le degré de réciprocité car, dominateur, il s'impose en même temps qu'il peut jouer des heures  seul. Une fois les codes sociaux ou règles de conduites apprises, il respecte à la lettre et devient  intraitable, et corrige alors les autres. Lorsqu'il ne maîtrise pas le domaine, il a toujours très peur de 

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