• Aucun résultat trouvé

Cas de la littérature

Dans le document tel-00730760, version 1 - 11 Sep 2012 (Page 190-195)

2. Clinique différentielle__________________________________________________________86

2.2. Quelques rencontres et lectures cliniques 98

2.2.9. Cas de la littérature

Beaucoup de personnes atteintes du syndrome d'Asperger bordent l'espace et le temps par  des dessins, ou écrivent. Parmi les plus connues: Gilles Tréhin, Daniel Tammet, L­H.Willey255. Je  vais revenir sur les deux premiers, et sur Albert Einstein aussi, qui pourrait être diagnostiqué autiste  Asperger, selon mes hypothèses sur le temps et l'espace.

Gilles Tréhin

Gilles Tréhin travaille sur l'édification d'une ville imaginaire qu'il nomme Urville. L'histoire,  la géographie, l'économie, la politique, l'architecture, la justice, l'université, l'église, la culture, les  médias....sont   pensés,   nommés   et   élaborés.   Les   dessins   et   plans   de   cette   ville   sont   multiples. 

D'autres autistes témoignent de la création d'un monde imaginaire totalement maîtrisé. O.Sacks  dans Un antropologue sur Mars rapporte aussi une famille d'autistes qui avait inventé des langues,  monnaies,   drapeaux,   lois   et   mœurs   d'un   monde   fictif.   Il   ne   s'agit   pas   encore   une   fois   d'une  construction délirante. Bien qu'elle soit imaginaire, elle permet d'organiser un monde de signes, à 

254 LEDGIN, Norman. Ces autistes qui changent le monde. Paris : Salvator, 2008. p.49-50.

255 HOLLIDAY WILLEY, Liane. Vivre avec le syndrome d'Asperger : un handicap visible au quotidien. Bruxelles : De Boeck, coll. Questions de personne, 2010.

tel-00730760, version 1 - 11 Sep 2012

partir de ce qui est important qu'il existe pour eux. L'autiste sait que ce monde est de l'ordre  imaginaire, réglé et prévisible. C'est ainsi que G.Tréhin parvient de façon remarquable à articuler  son monde autistique avec le monde extérieur, ce qui améliore de fait son rapport aux autres. 

Certains autistes s'essaient   à trouver des causes  à leur mal: la remarquable  théorie des  cauchemars à l'origine de l'autisme de Léon, ou la théorie originale de G.Tréhin, qui sur son site  internet développe l'hypothèse de l'autisme à l'origine de l'art. Il s'attache à comparer l'art figuratif  réaliste du paléolithique avec celui de quelques personnes atteintes d'autisme exceptionnellement  douées en dessin. G.Tréhin veut montrer qu'au­delà des similitudes existent, entre ses deux formes  d'art, des parallèles structurels. Par contre, la certitude n'est pas...

Daniel Tammet : spécificité de l'invention d'une langue

Deux livres256 où Daniel Tammet apprend beaucoup sur la possibilité qu'ont les autistes de  construire leur savoir dans leur façon d'utiliser leur amour des mots et des nombres. D.Tammet a la  particularité   extraordinaire   d'avoir   récité   le   nombre   pi   jusqu'à   22   514   décimales   grâce   à   un  apprentissage par cœur et il a fait sauter la banque au black­jack à Las Vegas. Dans son enfance, les  nombres sont ses seuls amis. E.Laurent note que dans le livre de D.Tammet, « Il n'y a pas de  dialogue, pas d'humour, pas de retour amusé sur soi­même. Il attaque son récit sans fioritures, mû   par le désir ardent de s'expliquer. Il lui arrive parfois de se noyer dans les détails quand il aborde   ses passions, telle la structure du langage. Il est capable de dominer, avec une facilité qui frise   l'osmose, ces domaines qui posent problème à la plupart des gens, les mathématiques et la syntaxe.  

En revanche, il a dû lutter pour acquérir des compétences qui semblent évidentes aux autres : la   communication,   l'empathie,   la   capacité   à avoir   une   vue   d'ensemble   sans   se   perdre   dans   les   détails »257. Il pense la théorie de l'hyperconnectivité comme condition de l'émergence des pensées  de haut niveau et d'idées créatives.

D.Tammet a appris à écrire son premier mot grâce au nom de sa maîtresse qui porte le nom  Lemon, et cela l'a aidé à associer à ce nom la forme et la couleur du fruit. Ensuite, à l'âge de 8 ans, il  se prend d'une passion pour les mots et les lettres, qui l'amène à écrire compulsivement pendant des  heures, sur des rouleaux de papiers à imprimante, des mots minuscules et comprimés les uns aux  autres, d'une écriture illisible. Cela disparaît soudainement, mais lui reste la fascination éternelle  pour les mots et le langage qui, explique­t­il, lui a beaucoup servi. L'achat par sa mère d'un livre de  problèmes mathématiques fut pour lui une révélation qui lui permit de trouver le sens du plaisir et  de la paix. Il explique aussi comment il crée ses propres codes (en signifiant des lettres par des  chiffres). Il se bricole alors une langue. C'est, selon lui, une façon de remédier à la solitude et de  parvenir à trouver des mots pour exprimer ses  émotions,  témoignant  de cette  déconnexion du  signifiant et du corps, qu'il tente de restaurer à l'appui d'une autre langue. 

« J'ai continué de rêver au jour où je parlerais une langue bien à moi, que je ne serais pas  raillé ou repris et que cela exprimerait exactement quelque chose de moi­même »258. Il a ainsi  inventé sa langue: Le Mänti d'après le mot finnois mänty, le pin, pour ce qu'il symbolise. Il explique  que ce qu'il aime le plus avec le fait de jouer avec le langage, c'est la création de nouveaux mots et  de nouvelles idées. Il essaie d'inventer en  Mänti  des mots qui établissent d'autres liens avec les  choses (hamma  pour dent,  hemme  pour insecte qui mord ou  rât  pour fil électrique et  râtio  pour  radio, le retard sera traduit  kellokült, littéralement horloge­dette....). D.Tammet explique que le 

256 TAMMET, Daniel. Je suis né un jour bleu. Paris : Éditions Les arènes, 2006.

TAMMET, Daniel. Embrasser le ciel immense : le cerveau des génies. Paris : Éditions Les arènes, 2008.

257 LAURENT, Éric. Autisme et Psychose: poursuite d'un dialogue avec Rosine et Robert Lefort. La Cause freudienne, op.cit., p.113.

258 TAMMET, Daniel. Embrasser le ciel immense : le cerveau des génies, op.cit, p.180.

tel-00730760, version 1 - 11 Sep 2012

Mänti  existe   telle   une   expression   tangible   et   communicable   de   son   intimité.   Chaque   mot  resplendissant dans sa couleur et sa texture, est pour lui comme une œuvre d'art. Penser ou parler  Mänti, équivaut pour lui à peindre avec des mots, cherchant ainsi  à anéantir  la dimension du  signifiant. Les mots se créent à partir d'analogies et de concepts liés, et s'inspirent de structures  grammaticales et lexicales de langues baltiques et scandinaves. Rouge à lèvre devient peint­lèvre ;  glaçon, os de glace ; toilettes, chaise d'eau (Vantool), abeille devient mouche à miel (Melscïmuni),  être   en   retard   devient   dette   d'horloge   (Kellokült)...   D.Tammet   établit   ses   propres   règles :  généralisation, pluriel...

Il se passionne beaucoup pour l'origine du langage et des mots et s'appuie sur un certain  Professeur Ramachandran, qui pense que les connexions synesthésiques entre la vue et l'ouïe sont  une étape importante dans l'histoire de la création des premiers mots par les hommes. Le langage  naît   d'un   vaste   ensemble   de   connexions   synesthésiques.   C'est   en   se   servant   de   ses   capacités  synesthésiques qu'il fait l'apprentissage rapide et facile d'une dizaine de langues, dont certaines rares  (l'espéranto) ou extrêmement difficiles (l'islandais). 

L'autisme ne va pas sans l'impératif de l'organisation du monde, selon les propres critères du  sujet, à partir de la couleur ou de la forme, puis du genre du livre, film ou chanson (aventure,  histoires, amour, fictions, essais....), ou à partir de l'ordre alphabétique.... Daniel Tammet explique  qu'il fabrique alors des petits cartons et qu'avec tous les livres rangés et hiérarchisés, il tient le rôle  du bibliothécaire à qui l'on vient emprunter un livre, faisant ainsi jouer le manque. 

Il   adore   mémoriser,   depuis   tout   petit,   des   listes   de   données.   Sa   matière   favorite   était  l'Histoire, les faits et figures des événements clés en tentant de saisir les différents rapports entre des  idées et des situations historiques. Il se sent captif du fait qu'un événement unique puisse conduire à  une série d'autres événements, comme des dominos. Aussi la complexité de l'Histoire le fascine. 

A   partir   de   l'âge   de   11   ans,   il   a   commencé   à   inventer   son   propre   monde   de   figures  historiques, de présidents et premiers ministres en imaginant des biographies complètes et détaillées  pour chacun d'entre eux. D.Tammet poursuit aujourd'hui encore ce travail de création de figures  historiques imaginaires. Plus tard, il se prend de passion pour les  échecs, mais la compétition  s'avère impossible par les réactions et attitudes du concurrent, qui ne manque pas de le déstabiliser. 

Daniel Tammet fait partie de ces autistes qui ont connu l'angoisse et l'excitation que produit  le fait de prendre en charge sa vie et son destin, en partant comme professeur d'anglais en Lituanie. 

Cela est rendu possible pour lui lorsque le projet de vie respecte et inscrit des rituels, qui l'aident à  se sentir chez lui dans sa nouvelle vie, comme explique D.Tammet. C'est à dire, en donnant à  chaque journée une forme solide et prévisible qui le rend heureux. Puis il apprécie être dans un pays  qui parle une autre langue, et qui lui permet aussi de se passer de la présence énonciative. En effet,  il explique les bienfaits que lui procure la possibilité de communiquer par internet: « Parler par e­

mail ou par chat ne requiert pas de savoir comment initier une conversation ou à quel moment  sourire, ou les raffinements infinis du langage du corps (...). Il n'y a pas de contact visuel et il est   possible de comprendre tout ce que l'on dit parce que tout est écrit » . Ainsi, il a rencontré son ami  Neil, son âme­sœur, avec qui il partage toujours la vie aujourd'hui, qui conçoit des programmes  informatiques. A eux deux, ils ont créé un site internet éducatif avec des cours en ligne pour les  étudiants en langue, site qu'ils baptisent   Optimnen, en hommage à  Mnémosyne, la muse qui a  inventé les mots, les signes et les langues dans la mythologie grecque259.

Pour l'autiste Asperger, il semble que le double se construise pour les mêmes raisons que  l'autiste   de   Kanner :   ne   pas   être   seul,   et   faire   face   à   sa   solitude   à   laquelle   il   est   aussi,  paradoxalement, tant attaché. Mais cette construction s'opère dans la pensée sans nécessairement le  support d'un corps ou d'une image. Et, c'est par l'effectuation de l'articulation de l'imaginaire au  symbolique, que lui est donnée la possibilité de se raccrocher à ce qui fait signe, image, lettres... 

parfois très précocement. Par la défense, un branchement à un autre, qui pourra venir comme double 

259 Ibid, p.160-161.

tel-00730760, version 1 - 11 Sep 2012

et  à  un Autre  peut  donc  être  permis  pour  l'autiste.  A la  condition  que  cet  autre   minimise   sa  subjectivité et énonciation, tel un autre docile et peu imposant, ou tel aussi un ordinateur. Et lorsque  la jouissance se fixe et se signifie, il s'observe que le corps prend vie. Daniel Tammet explique que  l'autiste Asperger a souvent des difficultés à se faire des amis. Pour compenser ce manque d'amis, il  se crée les siens propres, des doubles imaginaires qui l'accompagnent. Lui, il se souvient qu'il les  faisait   intervenir   autour   des   arbres   dans   la   cour   de   récréation   à   l'école.   Il   s'en   souvient   d'un  particulièrement, une grande femme très âgée, couverte d'un manteau bleu, qui s'appelle Anne. Son  histoire personnelle est complexe. Il insiste sur sa voix douce toujours gentille, bienveillante et  rassurante.   Chaque   récréation   se   passait   en   longues   conversations   réfléchies   avec   Anne260,  conversations philosophiques sur la vie et la mort et tout ce qu'il y a entre les deux... Ce compagnon  imaginaire le rassurait beaucoup. Mais un jour, elle lui annonça qu'elle s'en allait et ne reviendrait  jamais, qu'elle était en train de mourir. Daniel Tammet a pleuré pendant des jour. Et il explique  avec le recul qu'Anne était la personnification de ses sentiments de solitude et d'incertitude: « Elle  était le produit de cette part de moi qui voulait affronter mes limites et m'en libérer. En la laissant   partir, je prenais la pénible décision d'essayer de trouver ma voie dans le vaste monde et d'y   vivre ». Avec la considération de la question de la mort, s'est éveillé pour lui, la conscience de  l'autre par soi. Aussi, le sentiment d'existence et de vie ne naît que de ce qui angoisse en latence  l'autiste : la perte, la séparation et l'absence. Il peut même tenter de trouver la formule de la vie, la  formule magique qui répondrait de tout ou encore celle, malheureuse de A.Einstein.

Albert Einstein

A.Einstein fait partie de ces personnalités qui ont changé le monde de par leurs découvertes. 

L'intérêt d'Albert Einstein pour la science est éveillé à l’âge de cinq ans par une boussole, et le livre  La   Petite   Bible   de   la   géométrie,   à   treize   ans.   Il   a   toujours   eu   d’excellents   résultats   en  mathématiques. Il entre à l’École polytechnique de Zurich en 1896. Il s’y lie d’amitié avec le  mathématicien Marcel Grossmann, qui l’aide plus tard en géométrie non euclidienne. Il y rencontre  aussi Mileva Maric, sa première épouse. Dans son livre, D.Brian rapporte le changement qui s'opéra  en A.Einstein par son admission à l'École polytechnique où il put exceller dans son domaine. De  rêveur anxieux et isolé, il est devenu ce jeune homme aimable, extraverti qui faisait preuve d'un  sens de l'humour acerbe261. Il n'avait rien à faire de son aspect extérieur et a toujours conservé une  grande originalité.  Il obtient  avec  justesse son diplôme  en 1900 s’avouant lui­même dans son  autobiographie, incapable de suivre les cours, de prendre des notes et de les travailler de façon  scolaire. Sa misère et sa précarité préoccupent son père qui tente en vain de lui trouver un poste. 

En 1902, embauché à l’Office des Brevets de Berne, il commence à vivre plus correctement  tout en poursuivant ses travaux. Il publie des articles en 1905 concernant les fondements de la  relativité restreinte, l’hypothèse des quanta de lumière et la théorie du mouvement brownien, et  ouvre de nouvelles voies dans la recherche en physique nucléaire, mécanique céleste, etc. L’article  portant sur le mouvement brownien prend appui sur des travaux que A.Einstein développe plus tard  et qui aboutissent à sa thèse, intitulée  Eine neue  Bestimmung der Moleküldimensionen  (« Une  nouvelle détermination des dimensions moléculaires ») et à son diplôme de doctorat en 1906.

En 1916, il publie un livre présentant sa théorie de la gravitation, connue aujourd’hui sous le  nom de la relativité générale. En 1919, Arthur Eddington réalise la mesure de la déviation que la  lumière d’une étoile subit à proximité du Soleil, cette déviation étant une des prévisions découlant  de   cette   théorie.   Cet   événement   est   médiatisé,   et   A.Einstein   entreprend   à   partir   de   1920   de  nombreux voyages à travers le monde. Lauréat   en 1925 de la médaille Copley, il est nommé  président de la Ligue des Droits de l’homme en 1928. A.Einstein a rencontré un grand nombre de 

260 Ibid, p.88.

261 BRIAN, Denis. Einstein une vie (1966). Paris : Robert Laffont, 1997.

tel-00730760, version 1 - 11 Sep 2012

personnalités majeures de son époque, dans les domaines scientifique, politique et artistique, et il  s’est toujours étonné de sa célébrité et de ses effets.

En 1933, il choisit Sigmund Freud pour publier un échange de lettres intitulé Pourquoi la  guerre ?  puis   dans  son  ouvrage  Comment   je   vois   le   monde  publié   en  1934,   un  an   après   son  installation aux États­Unis, A.Einstein présente sa vision de l’humanité, et pose la question de la  place de la science vis­à­vis de l’humanité. Ces travaux ont pu avoir une certaine influence sur des  philosophes comme M.Heidegger ou J­P.Sartre.

Du côté de ses travaux, quelques précisions: après avoir écrit quelques articles sur la lumière  et la chaleur, il se consacre aux questions d'espace et de temps. La notion d'espace­temps a été  introduite au début des années 1900 et reprise suite à la publication de la théorie de la relativité  restreinte d'A.Einstein, par le mathématicien et physicien H.Minkowski en 1908 dans un exposé  mathématique sur la géométrie de l'espace et du temps. A.Einstein publie sa théorie de la relativité  restreinte en 1905, et une théorie de la gravitation dite relativité générale en 1915. Il interroge les  lois fondamentales de l'électromagnétisme dans son article « Sur l'électrodynamique des corps en  mouvement ».  Il   contribue   largement   au   développement   de   la   mécanique   quantique   et   de   la  cosmologie,   et   reçoit   le   prix   Nobel   de   physique   de   1921   pour   son   explication   de   l’effet  photoélectrique. Son travail est notamment connu par l’équation E=mc2, qui établit une équivalence  entre la matière et l’énergie d’un système.

A.Einstein argumente que l'on vit dans un espace quadridimensionnel (trois coordonnées  d'espace et une de temps), avec des règles qui raccourcissent et des horloges qui ralentissent en  fonction de l'état de mouvement. Tout le problème tourne autour de la relativité de la notion de  mouvement, d'où le nom de théorie de la relativité (sous entendu du mouvement). La relativité  générale est fondée sur des concepts radicalement différents de ceux de la gravitation newtonienne. 

Elle énonce notamment que la gravitation n'est pas une force, mais la manifestation de la courbure  de l'espace (en fait de l'espace­temps), courbure elle­même produite par la distribution de matière. 

Ce qui unifie espace et temps dans une même équation, c'est que la mesure du temps peut être  transformée en mesure de distance (en multipliant t, exprimé en unités de temps, par c), et t peut  donc de ce fait, être associé aux trois autres coordonnées de distance dans une équation où toutes les  mesures sont en unités de distance. En ce sens on pourrait dire que le temps, c'est de l'espace ! (ou  plutôt un mouvement, dans l'espace). Ainsi, A.Einstein avec sa théorie, cherche à faire exister une  formulation du point où l'espace et le temps se rencontrent.

Dans un article intitulé « Topologie de l'autisme », M.Darmon met en évidence que dans la  théorie   de   la   relativité,   contrairement   à   la   physique   newtonienne   où   une   droite   infinie   sépare  l'espace­temps en deux régions, le passé et le futur ( le temps étant supposé s'écouler uniformément  partout ), la physique relativiste considère un cône isotrope, puisque la limite de la vitesse de la  lumière introduit une distinction entre non plus deux, mais trois régions : le passé, le futur et  l'ailleurs. Tout ce qui concerne un point de l'espace­temps doit obligatoirement se situer dans ce  cône. L'ailleurs c'est le hors espace­temps. C'est ce qui n'a proprement, relativement à ce point,  aucune existence262. Cet auteur y voit une analogie avec ce qui se passe pour l'autiste, situé en  dehors du cône symbolique du schéma optique . Il est dans l'ailleurs, hors espace­temps, « hors­je »  dit l'auteur. C'est à dire dans un autre espace topologique, parce que ce qui détermine la place du  sujet dans le cône symbolique, ce qui permet d'exister comme sujet, ce sont toutes les coordonnées  symboliques. Ce qui explique l'importance du signe pour l'autiste, et son traitement particulier de  l'espace, du temps, du corps et du langage, et ce point est pour ma recherche fondamentalement  différenciateur d'une clinique de la schizophrénie, qui elle, a rapport au signifiant. L'autiste illustre  le cheminement subjectif nécessaire pour atteindre la quadridimensionnalité.

262 DARMON, Marc. Topologie de l'autisme. 27 janvier 1993. Disponible sur : http://www.freud-lacan.com/articles/article.php?id_article=00076

tel-00730760, version 1 - 11 Sep 2012

Et ceci est encore confirmé par la photographe Luna The Moon Girl, son pseudo. Cette jeune  femme   autiste   asperger,   fascinée   par   les   reflets,   réalise   des   clichés   de   scènes   réelles   très  intéressants, à partir du reflet de l'objet et non de l'objet réel263.

Glenn Gould

Selon   l'étude   du   psychiatre   américain   Peter   Oswald   reprise   par   S.   Timothy   Maloney,  directeur de la division de la musique de la Bibliothèque nationale du Canada, Glenn Gould aurait  le syndrome d'Asperger. Cet artiste travaillait à la pure signifiance de la musique, annulant alors 

Selon   l'étude   du   psychiatre   américain   Peter   Oswald   reprise   par   S.   Timothy   Maloney,  directeur de la division de la musique de la Bibliothèque nationale du Canada, Glenn Gould aurait  le syndrome d'Asperger. Cet artiste travaillait à la pure signifiance de la musique, annulant alors 

Dans le document tel-00730760, version 1 - 11 Sep 2012 (Page 190-195)