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Psychose infantile et autisme : apport de la psychanalyse anglo-saxonne

Dans le document tel-00730760, version 1 - 11 Sep 2012 (Page 31-47)

Les   doctrines   anglo­saxonnes,   celles   psychogéniques,   qui   ont   une   approche  phénoménologique des stades de développement et des mécanismes de défense, sont controversées,  de par leur aspect imaginaire, leur propension à vouloir expliquer et donner du sens. Cependant 

modalités thérapeutiques. Paris : 121-111131, 2003.

49VOLKMAR, Fred­R. et COHEN, David­J. Comorbid association of autisme and schizophrenia. Am J.Psychiatry, 148­12, 1991, p.1705­1707.  

50 MOURIDSEN, Svend Erik. & al. Psychiatric morbidity in disintegrative psychosis and infantile autism : a long term follow-up study.

Psychopathology, 32-4, 1999, p.177-183.

51 KONSTENTERAS, MM. & HEWITT, T. Autistic disorder and schizophrenia : diagnostic overlaps. J.Autism Dev. Disorder, op.cit.

52 JANSEN, LMC. & al. Unresponsiveness to psychosocial stress in a sub-group of autistic-like children. Multiple Complex Developmental Disorder.

Psychoneuroendocrinology, 25, p.753-764.

53 THOMAS, Grégory. L'enfance des schizophrènes. Thèse de Médecine, Université de Bretagne Occidentale, Brest, 2007.

54 QUIMBERT, Charles. La personne face à sa préhistoire: l'asomasie ou le concept de soma à l'épreuve de l'autisme et des psychoses infantiles.

Université Rennes II, Thèse de Doctorat de psychologie, 2 tomes. 1998.

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elles en apprennent beaucoup sur la logique autistique. Aussi, de par la richesse clinique qu’elles  apportent, je parlerai conjointement des théories et observations de M.Klein, de M.Malher, puis des  théories des post­kleiniens, avec les descriptions de D.Meltzer qui parle de  démantèlement  et  de  conflit esthétique, de F.Tustin qui parle de  carapace, ou de  mise en capsule.  J'évoquerai aussi  E.Bick avec son concept de  contenant­peau, D.Anzieu avec celui d’enveloppe,  de  moi­peau,  les  travaux de D.Winnicott, R­A.Spitz et W­R.Bion. Pour finir, j'aborderai les théories génétiques et  psychodynamiques  de B.Bettelheim.  Leurs travaux  interrogent  les successions de traumatismes  survenant à une période de construction du Moi. L’explication de la pathologie bascule souvent du  côté de l’environnement et des événements, interprétée alors comme un blocage ou un arrêt du  développement psychique. 

On   peut   résumer   leurs   travaux   schématiquement   sur   deux   axes :  le   fonctionnement  psychique  primitif  de l’enfant  et le développement  du self,  c'est à dire d’un espace psychique  différencié (que l’on retrouve chez S.Freud dans l’abord de l’auto­érotisme, les processus primaires  servant de pare­excitations (filtre psychique qui s’étaye sur les premiers échanges  entre corps et  autrui) à une réalité dont la rencontre serait autrement bien trop brutale, et  l’accès au stade de  narcissisme primaire) et ensuite  la relation précoce mère­enfant et ses ratages  qui conduisent à  recourir à des mécanismes particuliers. 

1.1.4.1.Mélanie Klein

La première observation clinique connue d’un enfant autiste a été réalisée par M.Klein, en  1930, même si l’enfant en question n’est pas désigné sous le terme « autiste ». D’abord, précisons  que pour M.Klein, la vie fantasmatique de l’enfant est intense et précoce. Elle se déploie autour du  corps de l’enfant et de celui de sa mère, selon une problématique sadique, le sadisme agissant sur  toutes les sources du plaisir libidinal au début de la vie psychique. Pour M.Klein, il y a deux points  de signification importants : le sadisme et le corps de la mère. Ce corps maternel est vécu comme  portant en son sein tout ce qui intéresse la vie fantasmatique de l’enfant : « le pénis du père, des  excréments, des enfants »55. Pour elle,  les objets sont clivés entre  le  bon  et le  mauvais,  selon  comment ils sont imaginarisés par les  tendances du sujet. Les objets sont ainsi soumis à ce que  M.Klein nomme le sadisme de l’enfant, qui est pour elle constitutionnel et qui se manifeste selon la  prédominance pulsionnelle du moment. Les objets, et en particulier le sein maternel sont perçus  comme « bons » par l’enfant quand ils sont présents, quand ils le satisfont et comme « mauvais »  quand ils sont absents, quand ils le frustrent56

Dans   son   œuvre,   M.Klein   met   à   l’étude   deux   mécanismes   psychiques   fondamentaux :  l’introjection (terme introduit par S.Ferenczi57) et la projection. Le moi de l’enfant se constitue par  l’introjection des bons objets. Si seuls de mauvais objets sont introjectés, le moi aura du mal à se  construire, et le psychisme demeurera chaotique. C’est donc dans le lien au corps maternel, et la  fantasmatique qui y est rattachée, que se construit la réalité mentale de l’enfant, pour cet auteur. La  matrice du monde de l’enfant se construira donc en faisant des équivalences symboliques entre les  objets contenus dans le ventre maternel et les objets de l’environnement. La pathologie va découler  de la manière qu’aura l’enfant, et aussi l’adulte, de symboliser cette relation. Le jeu des enfants  n’est alors qu’une manière de représenter ces deux pôles de signification, le sadisme et ses avatars  (l’angoisse   et   la   culpabilité)   et   le   corps   de   la   mère   (plein,   vide,   détruit,   séparé…).   Dans   sa  conception de l'œdipe précoce, elle parle du surmoi précoce, en tant que complexe maternel interne,  et notifie sa sévérité. 

55 KLEIN, Mélanie. La psychanalyse des enfants (1932). Paris, Presses Universitaire de France, coll. Quadrige, 1959, p.263.

56 Notons que pour Lacan, la dialectique des bons et mauvais objets se traduit dans le langage du désir, il la relie au discours inconscient ; ainsi le mauvais objet se situerait à une certaine place dans l’imaginaire, entre les deux chaînes du discours manifeste et refoulé.

57 FERENCZI, Sàndor. Œuvres complètes. Psychanalyse (1914). Paris, Payot, 1970.

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Elle   analyse   le   cas   de   Dick,   un   enfant   de   quatre   ans,   et   considère   qu’il   s’agit   d’une  schizophrénie infantile, mais qui apparaît atypique puisqu’elle se présente comme primaire, comme  une inhibition exceptionnelle du développement du moi, et non, comme c’est le cas habituellement,  une régression survenant secondairement58. Son monde est réduit à de petits trains, gares et stations,  poignées de porte et ouverture comme la fermeture de celles­ci ; ce qui signe pour elle la loi du  symbolisme,  soit « la pénétration du pénis dans le corps de la mère ». Les portes et serrures  représentant les entrées et sorties du corps de la mère, tandis que les poignées représentent le pénis  du père et le sien propre. Pour M.Klein, c’est donc la peur de ce qu’il aurait à subir, surtout de la  part du père, après avoir pénétré dans le corps de sa mère qui aurait arrêté Dick dans la formation  symbolique ; l’enfant restant figé à ses premières équivalences, qu’il répète sans cesse. Elle décrit,  dans une perspective développementaliste, comment, par injection de signifiant à partir de l’Autre,  la  fixation   vient   à  céder59.  Son  interprétation  (porte/fenêtre,  train/gare  mis   en  relation  avec  le  signifié « relations sexuelles des parents ») eut pour effet de faire surgir l’angoisse60 et Dick courut  derrière une commode et appela l’analyste près de lui, pour la première fois. Plus tard, il s’enferma  dans un placard et dit « noir » ; sur ce M.Klein lui répondit que Dick est dans le noir de maman. De  là, il a pu adresser un appel à sa nurse pour la première fois. En entrant dans la voie de l’angoisse  par le transfert, il manifestera un premier attachement aux personnes, et lèvera une inhibition quant  à son intérêt  pour les choses et leur nomination,  en laissant  parfois transparaître  une certaine  agressivité envers des objets.

Dick est alors devenu quelqu’un qui appelle l’autre, qui parle, qui désire, qui s’anime de  libido, à partir du moment où elle a forcé l'appel. M.Klein lui a apporté la verbalisation et a  symbolisé une relation effective. Elle soutient qu’elle a agi sur l’inertie du moi, en apportant les  symbolisations œdipiennes. En effet, elle a plaqué la symbolique du mythe œdipien sachant que,  comme le dit J.Lacan, le complexe d’Œdipe n’est rien d’autre que l’introduction du signifiant. Elle  énonce en quelque sorte comment la défaillance symbolique chez l’enfant serait une défense vis­à­

vis du sadisme du sujet lui­même et aussi de celui de l’objet. Elle situe cette défense comme  antérieure   au   processus   de   refoulement   et   laissant   l’enfant   démuni  symboliquement.   Dans   sa  théorie,   elle   reprend   toute   la   question   du   sadisme,   auparavant   développé   par   son   maître  K.Abraham61.   Elle   pense   que   Dick,   ne   pouvant   projeter   son   sadisme,   n’existerait   pas   de   fait,  manquerait d’affect (notamment d’angoisse) et serait indifférent à la présence ou à l’absence de sa  mère ou de sa nurse, bref au monde des humains. 

« La   défense   devant   les   tendances   sadiques   dirigées   contre   le   corps   maternel   et   ses   contenus,   tendances   liées   au   fantasme   de   coït,   avait   abouti   à   la   suppression   de   l’activité  fantasmatique et à l’arrêt de la formation symbolique. Le développement ultérieur de Dick avait 

58 Ainsi elle établit que le moi de Dick présentait une incapacité totale et constitutionnelle à supporter l’angoisse. Dick est isolé, il ne joue pas et pour tout langage, il se contente d’émettre des sons dépourvus de significations et des bruits qu’il répète sans répit ; il n’a pas le désir de se faire comprendre. Sa mère perçoit chez lui une attitude parfaitement négative, lorsqu’il fait précisément le contraire de ce que l’on attend de lui. Par ailleurs, il fait preuve d’une grande insensibilité à la douleur et ne fait rien pour obtenir une consolation ou un apaisement, de plus il est très maladroit.

Il s’agit pour Klein, non pas d’une régression, mais d’un arrêt, d’une inhibition du développement.

59 Elle prit un grand train qu’elle plaça à côté d’un plus petit et dit « train papa, et l’autre « train Dick » ; il prit « train Dick et le fit rouler jusqu’à la fenêtre et dit « gare » ; elle lui expliqua alors que la gare c’est la maman et que Dick entre dans sa maman.

60 E. Laurent dans un texte intitulé De quelques problèmes de surface dans la psychose et l’autisme reprend ce qu’a déduit Lacan dans Le Séminaire, livre I : Les Écrits techniques de Freud (1953-1954) du cas de Dick. Lacan en tire deux types d’images, les images réelles et celles imaginaires, entendant que les problèmes viennent du recollement des deux. Il introduit le fait que dans la réalité, une partie est imaginaire et l’autre réelle, et inversement. Pour J.Lacan la séparation entre ce qui est le réel de l’imaginaire et l’imaginaire de l’imaginaire, se manifeste par un signal, l’angoisse, signal que l’objet est bien là. A partir de là, l’enfant va pouvoir se repérer dans le corps de l’Autre : il y a alors introduction de l’image i’(a) dans le miroir. L’appel à l’analyste est situé, selon Lacan, dans la relation du sujet avec l’image du corps, non pas en tant qu’elle est réelle, mais en tant qu’elle est située dans le plan imaginaire. C’est ce qui fait qu’à partir de cet appel à l’autre, l’enfant déploiera l’agressivité (LAURENT, Éric. De quelques problèmes de surface dans la psychose et l’autisme. Quarto, 1981, No 2, p.32)

61 Dans son dernier article Esquisse d’une histoire du développement de la libido (1924), K.Abraham donne à chaque phase freudienne une composante sadique. Le sadisme fonctionne alors comme opérateur marqué ou non marqué. Klein n’en fait pas un opérateur logique, mais une phase à part entière, chronologiquement antérieure aux stades, dont elle y réfère le qualificatif maximum ou minimum.

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mal tourné parce que l’enfant n’avait pu exprimer dans des fantasmes sa relation sadique au corps   maternel »62

Pour M.Klein, le sujet se défendrait du sadisme par  l’expulsion, cette phase impliquant la  destruction par rapport à l’objet. Elle remarque que lors de la phase d’apogée du sadisme, les  attaques du sujet se dirigent, en premier lieu, vers un objet construit sur l’équivalence sein = pénis  et qui porte ailleurs le nom de parent combiné (en effet lorsque Dick porte à sa bouche une poupée  et dit  « ti  papa » voulant  dire  « manger  papa », elle  conclut  « l’introjection  du pénis paternel  éveillait une double crainte : celle du pénis comme d’un surmoi primitif et malfaisant et celle de la   mère le punissant de l’avoir dépouillée »). Pour M.Klein, cet objet n’en est pas un, mais résulte  plutôt d’une assimilation qui s’avère symbolique, en tant qu’elle produit un fantasme. Ainsi, manger  le pénis constitue non seulement la dimension imaginaire de l’introjection, mais surtout la première  identification à la mère, qui précède, selon elle, celle au père. Cependant, M.Klein remarque que la  génitalité est apparue sur une défaillance de l’oralité, c'est à dire que le pénis a pris la place du 

« mauvais sein ». Ce qui entraîne, d’une part une identification prématurée avec la mère, rendue  responsable du fantasme du corps maternel vide et noir ; d’autre part, elle note que Dick devait se  débarrasser de son propre pénis, organe de son sadisme et de ses propres excréments. Il devait les  nier parce qu’ils étaient dangereux et agressifs. Ceci conduira Dick à l’apogée du sadisme, en tant  que le premier objet qu’il parvient à prélever sur cette mère dans la cure est le pénis et non pas le  sein.   Ici,   M.Klein   l’accompagne   en   produisant   les   objets   qu’il   doit   détruire,   rétablissant   ainsi  comme elle l’écrit « la relation symbolique aux choses et aux objets représentant les contenus du   corps maternel ». Toute sa thèse étant qu’après une destruction obligatoire, il faut à l’analysant,  psychotique ou pas, en passer par la réparation imaginaire. Ainsi, le cas de Dick lui permet de  vérifier la validité de sa théorie sur la symbolisation : c’est bien, pour elle, l’appropriation sadique  des contenus du corps maternel, qui met en route le processus de symbolisation.

Le   langage   ne   s'est   pas   accolé   à   son   système   imaginaire,   aussi   cet   enfant   est   dans  l'indifférencié. Son identification primaire, c'est le vide, le noir, l'intérieur du corps de la mère. Il n'y  a pas eu de Bejahung. Dans Le Séminaire I, J.Lacan illustre le point où se joue la schizophrénie par  l’interprétation de cette analyse de Dick, où s’institue le point de jonction entre réel et imaginaire,  où, lorsqu’il énonce « gare » et reçoit l’interprétation de M.Klein, se met en place l’angoisse et  l’agressivité. La cure mobilise une angoisse latente  qui lui permit de développer des défenses  fantasmatiques et des relations d'objets qui installe un transfert durable. Pour J.Lacan, c’est dans  l’articulation de l’espace du miroir que se produit l’effet (angoisse et agressivité), en tant que c’est  un effet de la mise au premier plan des différentes facettes du narcissisme, du rapport au corps  propre et au corps de l’autre. 

E.Laurent dans De quelques problèmes de surface dans la psychose et l’autisme note qu’il  s’agit de distinguer avec J.Lacan dans la phénoménologie kleinienne, les fantasmes paranoïdes qui  se produisent lors de la constitution de l’objet en i(a) et les fantasmes de la position dépressive qui  marque le rapport avec i’(a) lorsqu’il y a reconnaissance de la position symbolique de la mère réelle  (lorsque l’opération de l’absence de la mère s’effectue c'est à dire que le vase est vide, le vide qui  est le cadre que produit l’absence de la mère). La clinique du petit Dick fait saisir que c’est à partir  du trou noir qu’il va constituer ce vase, ce contenant maternel ; de même la petite Gabrielle de D­

W.Winnicott vise, par sa peur du noir, la mère, en tant qu’elle forme le cadre de ces objets qui  défilent. Cet auteur pose que la clinique kleinienne est une clinique de l’équivalence des objets dans  le contenant maternel, donc qu’elle est une clinique de la métonymie. 

Si cette clinique montre le point où s'institue la jonction entre réel et imaginaire, c’est  l’analyse de Robert (R.Lefort), « l’enfant au loup », qui montre le point où le symbolique et le réel  se séparent. Cette clinique permet d’éclairer le point de jonction entre symbolique et imaginaire :  lorsque le loup disparaît, il peut venir à se nommer.

62 KLEIN, Mélanie. La psychanalyse des enfants (1932), op.cit.

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La psychose, comme  l’autisme,  est trop définie  par les kleiniens  comme  une  virtualité  inhérente à tout être humain. Puis, ils entretiennent la confusion de l’onirisme et de la psychose,  prétendant qu’avoir un épisode psychotique équivaut à un épisode onirique63. A la différence de la  théorie kleinienne qui suppose la présence d’un   « noyau psychotique » au  fondement du sujet,  l’hypothèse structurale considère non seulement le rapport du sujet au  réel, mais aussi que « ne  devient pas fou qui veut ». C’est en 1935 que M.Klein radicalise sa position, qui n'est pas sans lien  avec ce qu'elle vit : elle fait de la première année de la vie, une période séparée en deux phases :

• La position schizo­paranoïde (jusqu’à 4 mois environ), caractérisée par la constitution  d’un noyau psychotique dans le moi : sadisme oral vis­à­vis des objets et anxiété à caractère  persécutif qui en résulte. 

Ici,   les   objets   sont   partiels,   la   mère   n’est   pas   reconnue   en   tant   que   telle,   mais   les   objets   sont   construits  imaginairement à partir de morceaux de corps. Pour M.Klein, la schizophrénie est une fixation à la position schizo­

paranoïde, l’identification projective y prend un caractère pathologique du fait du vidage par projection des bons et  mauvais objets, qui provoque un appauvrissement extrême du moi. Le sujet, dans une forme plus grave, peut passer  à la position dépressive et se retirer dans le mutisme : il y aura là pulvérisation du moi. Pour la paranoïa, elle est  aussi fixée à la position schizo­paranoïde. La précocité du surmoi fait que quand il est projeté, il reste au­dehors, de  sorte que ni les scissions, ni les identifications ne se produisent ; la paranoïa maintient un moi mieux armé que la  schizophrénie. Le point de fixation est l’expulsion, l’anal.

• La position dépressive, caractérisée par des sentiments de culpabilité vis­à­vis de l’objet  qui est devenu total, la mère est reconnue en tant que telle. L’enfant vit son sadisme non plus sur  le mode d’une angoisse persécutive, mais sur celui de la culpabilité de vouloir détruire la mère  et sur la peur de la perdre, ce qui l’introduit au sentiment de tristesse.

Il est parfois difficile de distinguer les positions psychiques infantiles classiques des états  psychotiques avec cette théorie, qui reste, somme toute, très interprétative.

1.1.4.2.Margaret Malher

Suite au repérage de M.Klein, sur l’existence de positions et de mécanismes psychotiques au  cours du développement précoce normal, M.Malher et F.Tustin64 conçoivent l'existence d'un stade  d’autisme normal. Mais si M.Malher, élève de A.Freud, reste dans une conception psychogénétique,  elle pose l’autisme pathologique, en terme d’anomalie du développement psychique à partir de la  relation   entre   la   mère   et   l’enfant.   En   1968,   M.Malher,  dans   son   ouvrage  Psychose   infantile,  introduit   une   distinction :   elle   observe   une   différence   dynamique   entre   « l’autisme  comme  syndrome » et le « retrait de type autistique comme défense temporaire ». F.Tustin, elle, considère  que la notion de « dépression psychotique » constitue un état pathologique de perte d’une partie du  sujet, qui survient lorsqu’une expérience de séparation mère­bébé a lieu à un moment où l’enfant ne  pouvait encore faire face, de par l’insuffisance de son équipement affectif. 

M.Malher s'appuie sur une extrême rigueur conceptuelle, bien qu’elle ne privilégie que l’axe  de   la   fixation,   de   la   défense   et   de   la   régression,   causées   par   un   traumatisme   quelconque   se  produisant lors de la phase autistique normale du développement (cette phase normale a été remise  en question, notamment par F.Tustin). Pour cet auteur, il existe deux ordres de mécanismes pour  l’enfant psychotique : les uns autistiques, avec « perte de la dimension animée, indifférenciation,  dévitalisation » ; les autres  symbiotiques, avec « fusion et défusion ». Elle ajoute qu’on ne peut 

M.Malher s'appuie sur une extrême rigueur conceptuelle, bien qu’elle ne privilégie que l’axe  de   la   fixation,   de   la   défense   et   de   la   régression,   causées   par   un   traumatisme   quelconque   se  produisant lors de la phase autistique normale du développement (cette phase normale a été remise  en question, notamment par F.Tustin). Pour cet auteur, il existe deux ordres de mécanismes pour  l’enfant psychotique : les uns autistiques, avec « perte de la dimension animée, indifférenciation,  dévitalisation » ; les autres  symbiotiques, avec « fusion et défusion ». Elle ajoute qu’on ne peut 

Dans le document tel-00730760, version 1 - 11 Sep 2012 (Page 31-47)