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CHAPITRE 4 CONCLUSION-OUVERTURE « Connais-toi toi-même » : la préservation de

3. Résultats et discussions

3.3. Résultats globaux aux tests psychologiques

3.3.1. Résultats au test du Mindful Attention Awareness Scale (MAAS) : effet sur la capacité de présence attentive

Une moyenne élevée au test MAAS indique une haute prédisposition à la pleine conscience. L’évolution des scores au MAAS du groupe expérimental entre T1 (Pré- test) et T2 (post-test) suggère que le programme ACT permet le développement des compétences émotionnelles. En effet, juste à l’issue du programme ACT, les scores au MAAS pour les participants augmentent globalement pour le groupe expérimental après les sessions, contrairement à ceux du groupe contrôle, qui ne varient pas. Le programme d’intervention a donc augmenté1, a priori, la capacité de la pleine conscience et permis le maintien de cette capacité sur un long terme pour le groupe participant, même s’il fléchit légèrement en phase de suivi, correspondant à la période stressante des examens de fin d’année ; on retrouve également ce fléchissement chez le groupe de contrôle. Plus précisément, ce sont les outils utilisés dans le programme, notamment ceux relatifs à la pratique de la pleine conscience et à la capacité d’être conscient et attentif à ce qui se passe au moment présent, qui semblent être utiles et efficaces pour développer les compétences émotionnelles ad hoc.

Tableau 5.1. Scores au test de la pleine conscience (MAAS) en fonction de la phase et des groupes (échelle de 1 à 6)

MAAS (échelle sur six)

Phase PRÉ-TEST POST-TEST FOLLOW-UP

GP. expérimental 4,1 4,7 4,5

GP. contrôle 3,9 3,9 3,7

3.3.2. Résultats au test d’Acceptation and Action Questionnaire (AAQ2) : effet sur le développement de la flexibilité psychologique

Le test AAQ2 (Acceptance and Action Questionnaire 2) évalue directement les compétences travaillées avec l’approche de l’acceptation et de l’engagement, c’est-à- dire la capacité à développer une flexibilité psychologique en modifiant le rapport habituellement basé sur l’évitement des situations difficiles et en favorisant l’engagement dans les actions permettant la poursuite de ses valeurs. Une moyenne haute au test AAQ2 indique une forte propension à l’évitement et à l’immobilité, contrairement à une moyenne basse, soulignant la capacité d’acceptation et d’engagement dans l’action.

Le programme a semblé permettre un développement des compétences de flexibilité psychologique chez les apprenants aides-soignants du groupe expérimental au regard de leur score moyen, qui évolue à la baisse comparativement à celui du groupe contrôle qui, lui, reste quasi stable entre chaque phase.

Tableau 5.2. Scores au test évaluant l’acceptation et l’engagement (AAQ2) des groupes en fonction de la phase et des groupes (échelle de 1 à 7)

AAQ2 (Acceptance and Action Questionnaire 2) (échelle sur sept)

Phase PRÉ-TEST POST-TEST FOLLOW-UP

GP. expérimental 3,5 3 3,3

GP. contrôle 4,1 4 4,1

En revanche, si l’évolution est favorable à l’issue du programme ACT, les effets sont pérennes mais, dans une moindre mesure, au bout de trois mois, puisque la moyenne des apprenants aides-soignants à l’IFSI du groupe expérimental (M = 3,3) est supérieure à celle obtenue en phase post-test (M = 3), mais reste cependant inférieure au niveau de départ (M = 3,5).

Pour résumer, le programme a été bénéfique pour développer les compétences spécifiques travaillées avec l’approche ACT, c’est-à-dire qu’il a permis aux apprenants d’accéder à une flexibilité psychologique leur permettant de se positionner en tant

qu’acteurs de leur vie, acteurs dans leur façon d’être au monde, dans leur façon de réagir et d’agir sur leur vie en vue de l’améliorer efficacement. Ces compétences sont révélatrices d’un capital émotionnel en développement. Le programme et ces outils visent également un développement des compétences émotionnelles en vue d’un bien- être général touchant différentes sphères de la vie et un large spectre de compétences émotionnelles. Le test de quotient émotionnel (EQ-i de Bar-On) permet de rendre compte de l’évolution des compétences émotionnelles de manière globale et spécifique.

3.3.3. Résultats au Quotient Emotionnel Inventory (EQI-2.0) : effet sur le développement global des compétences émotionnelles

Le test du EQ-i de Bar-On est centré sur une gamme de capacités émotionnelles et sociales, comprenant les capacités à être conscient de soi, se comprendre et s’exprimer, être conscient des autres, les comprendre et entretenir des rapports avec eux, faire face à des émotions fortes, s’adapter au changement et régler des problèmes de nature sociale ou personnelle. Bar-On justifie comme suit son utilisation du terme intelligence émotionnelle : « L’intelligence décrit l’agrégation d’habiletés, de capacités et de compétences [...] qui [...] représente une collection de connaissances utilisées pour faire face à la vie efficacement. L’adjectif émotionnel est employé pour mettre en relief que ce type spécifique d’intelligence diffère de l’intelligence cognitive » (Bar-On, 1997, p. 15). Bar-On pose l’hypothèse que les personnes qui ont un quotient émotionnel (QE) supérieur à la moyenne réussissent en général mieux à faire face aux exigences et aux pressions de l’environnement. Il ajoute qu’une déficience dans l’intelligence émotionnelle peut empêcher le succès et traduire l’existence de problèmes psychologiques. Par exemple, selon lui, des problèmes d’adaptation au milieu sont particulièrement répandus parmi les personnes qui présentent des déficiences sur les sous-échelles d’épreuve de la réalité, de résolution des problèmes, de tolérance au stress et de contrôle des impulsions. En général, Bar-On estime que l’intelligence émotionnelle et l’intelligence cognitive contribuent autant l’une que l’autre à l’intelligence générale d’une personne, qui constitue par conséquent une indication de son potentiel de réussir dans la vie.

Le test du quotient émotionnel va également nous permettre d’appréhender l’impact du programme ACT sur le développement du capital émotionnel, en comparant et analysant les scores aux différentes phases et entre le groupe expérimental et le groupe ne bénéficiant pas du programme. Au départ, le quotient émotionnel de la population d’apprenants est inférieur pour le groupe contrôle (EQ = 89,2) comparativement au groupe expérimental (EQ = 93) : les deux groupes ne partent pas d’un même niveau au départ.

Le tableau 5.3 montre que le quotient émotionnel global du groupe expérimental augmente en post-test ; après la participation au programme de développement des compétences émotionnelles, il passe de 93 à 100. Il augmente encore dans la phase de

follow-up. En ce qui concerne le groupe contrôle, la moyenne du groupe diminue

légèrement en post-test (M = 89) et diminue encore en follow-up.

Tableau 5.3. Scores de quotient émotionnel (EQ-i 2.0) en fonction de la phase et du groupe

Test quotient émotionnel EQ-i 2.0

Phase PRÉ-TEST POST-TEST FOLLOW-UP

GP. expérimental 93 100 107,2

La formation aurait permis au groupe participant d’augmenter ses scores de quotient émotionnel. Ils sont non seulement supérieurs après le programme, mais continuent à progresser à long terme en phase 3. La formation a des effets immédiats, encore pérennes trois mois plus tard, alors que le contexte de la phase 3 est un contexte stressant de période de fin de stage professionnel et d’examen de fin d’année. Ce qui expliquerait les scores du groupe contrôle, qui voit en phase 3 son quotient émotionnel diminuer, alors que le groupe d’expérimentation aurait vu ses compétences émotionnelles mises à profit pour une meilleure régulation du stress.

Ecart et Scores au test EQ

3.3.4. Résultats au Quotient Emotionnel Inventory (EQI-2.0) : Zoom sur le développement des compétences émotionnelles spécifiques

Le score total du quotient émotionnel, en soi, est un indicateur global qui ne rend pas compte des compétences émotionnelles spécifiques, développées précisément par l’intervention en formation. Dans son modèle, Bar-On distingue cinq composantes de l’intelligence émotionnelle : l’intra-personnel, l’inter-personnel, l’adaptabilité, la gestion du stress et l’humeur générale. Selon Bar-On, l’IE se développe avec le temps, et il est possible de l’améliorer par la formation et la pratique du programme.

L’étude par composantes est intéressante et permet de vérifier si l’approche permet le développement de l’ensemble des compétences émotionnelles, ou si elle favorise le développement d’un certain type de compétence. En cela, l’étude de l’évolution des scores pour les cinq composantes de l’inventaire du quotient émotionnel est informative.

Tableau 5.4. Scores EQ-i 2.0 par types de composantes en fonction de la phase et du groupe

Type de compétences émotionnelles EQ-i 2.0

Phase PRÉ-TEST POST-TEST SUIVI

Groupe Gr.expérimental Gr.contrôle Gr.expérimental Gr.contrôle Gr. expériement al GrContrôle Compétences émotionnelles M M M M M M Intrapersonnelle 93,4 93 101,4 89,8 106,2 89,4 Interpersonnelle 93,4 92,2 96,8 92,2 101 94 Adaptabilité 96,8 93 100,4 93,4 103,4 90,2 Gestion du stress 97,8 90,8 101,2 95,9 108,6 92,8 Humeur générale 93,4 90,4 99,2 89,4 106,6 84,8 Effectif 5 5 5 5 5 5

L’échelle intra-personnelle évalue la capacité à reconnaître ses émotions, à les comprendre, les accepter, les affirmer. L’échelle interpersonnelle évalue l’expression et l’utilisation des émotions dans les relations interpersonnelles, ainsi que l’identification des émotions d’autrui. L’échelle d’adaptabilité évalue l’adaptation et la régulation des émotions dans différents contextes. L’échelle gestion du stress évalue le contrôle des impulsions et la résistance à la pression. L’échelle humeur générale évalue la capacité à jouir de la vie et à envisager les choses sous un angle positif.

Le tableau 5.4 montre de manière générale qu’ACT permet de développer l’ensemble des compétences. La moyenne au quotient émotionnel pour les cinq échelles de compétences du groupe expérimental augmente après le post-test, c’est-à-dire après le programme d’intervention, et augmente davantage en suivi sur le long terme. En ce qui concerne le groupe contrôle, qui ne bénéficie pas du programme de développement des compétences émotionnelles, l’évolution du quotient émotionnel à chaque échelle n’est pas aussi régulière. Le quotient émotionnel à l’échelle intra-personnelle et à l’échelle humeur générale baisse en post-test par rapport au pré-test, puis baisse à nouveau en suivi. Ce quotient à l’échelle interpersonnelle est stable jusqu’en post-test, puis augmente en phase de suivi, trois mois après l’intervention. Enfin, le quotient émotionnel augmente entre le pré-test et le post-test puis diminue en suivi pour les échelles adaptabilité et gestion du stress. Le quotient émotionnel pour l’échelle adaptabilité en phase de suivi (M = 90,2) diminue de telle sorte qu’il est inférieur au score de départ en pré-test (M = 93).

Avec le temps, les outils enseignés et travaillés basés sur l’acceptation, l’engagement et la pleine conscience auraient visiblement facilité la régulation de l’anxiété des participants et augmenté leur estime de soi et leur satisfaction personnelle.

En résumé, toutes les compétences intra-personnelles, interpersonnelles, d’adaptabilité et de gestion du stress, qu’il s’agisse de celles relatives à l’humeur et au fait de voir la vie de manière positive, aux compétences vertueuses de gestion de soi et des autres, aux compétences de résolution des problèmes, au bonheur, à la bonne humeur et à l’optimisme, se développent entre chaque phase pour le groupe bénéficiant du programme, contrairement au groupe n’en bénéficiant pas.

Malgré un contexte semblable pour le groupes expérimental et de contrôle , l’évolution entre les phases est totalement différente. Ainsi, à score relativement égal au départ, l’évolution entre les phases est totalement différente entre les groupes. C’est le cas pour le quotient émotionnel à l’échelle intra-personnelle, noté à 93,4 pour le groupe expérimental et à 93 pour le groupe contrôle en phase de pré-test. Ce score est relativement semblable au départ, puis en post-test, bien que les deux groupes soient confrontés au même contexte de début de stage ; le quotient émotionnel moyen du groupe bénéficiant du programme augmente à 101,4, alors que celui du groupe contrôle diminue à 89,8. Puis, en phase de suivi, malgré un contexte d’examen, le quotient émotionnel moyen du groupe bénéficiant du programme continue d’augmenter à 106,2, alors que celui du groupe contrôle diminue à 89,4.

Les outils relatifs à la formation à l’acceptation et à l’engagement et la pratique de la pleine conscience semblent avoir permis le développement des compétences émotionnelles à la fois de manière globale, mais aussi de chacune des nombreuses compétences diverses et variées touchant autant la sphère personnelle que sociale, et permettant une meilleure régulation du stress et une satisfaction personnelle, ou un mieux-être personnel.