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CHAPITRE 4 CONCLUSION-OUVERTURE « Connais-toi toi-même » : la préservation de

2. Les modèles du stress

2.2. Les modèles transactionnels

2.2.3. Le processus et les stratégies de coping, niveau de conscience et intentionnalités

Dans le modèle transactionnel, les stratégies de coping, contrairement aux mécanismes de défense, se caractérisent par leur niveau de conscience et d’intentionnalité : elles correspondent à un effort conscient, porté vers un but ; elles sont déployées avec l’intention de gérer ou de résoudre une situation problématique (Cramer, 1998). Précisément, elles correspondent aux efforts cognitifs ou comportementaux mis en place très concrètement, suite au double processus évaluatif, pour tenter, si ce n’est de supprimer la source de la situation aversive, du moins de diminuer ses effets, voire même, simplement, de les rendre plus tolérables pour la personne.

Le modèle transactionnel de coping de Lazarus et Folkman décrit la réponse donnée par la personne face à une situation aversive, comme fonction des transactions avec l’environnement, elles-mêmes médiatisées par deux processus, l’évaluation première e t s e c o n d a i r e et les stratégies de coping. Ce modèle permet de comprendre la genèse, le maintien et le dépassement du stress perçu par une personne dans une situation spécifique, par l’étude de ses réactions (de ses efforts) cognitives et comportementales.

Figure 9 Représentation des processus de coping

Extrait de Brunel et Grima, (2010)

Précisément, dans ce modèle, l’environnement (la situation) intervient, à des degrés divers, dans la manière dont la personne répond à l’adversité ; il s’agit d’une approche interactionniste, -dite « transactionnelle » de l’ajustement à une situation stressante, qui s’éloigne donc des conceptions de tendance dispositionnelle qui expliquent la manière dont une personne répond à l’adversité qui serait fonction essentiellement de ses caractéristiques personnelles stables, et par là même ne diffèrerait pas substantiellement d’une situation à une autre. La conception transactionnelle nous semble intéressante

puisque, sans rejeter la possible influence de caractéristiques personnelles, elle se centre sur la dynamique entre la personne et son environnement pour comprendre le développement de la réponse donnée face à la situation aversive.

Pour ce faire, dans le modèle Lazarus et Folkman (1984), il est distingué deux formes de coping, la résolution de problème et la régulation émotionnelle. En outre, l’effet d’un événement stressant sur les réponses de la personne se déroule de façon séquentielle, selon plusieurs étapes : étapes d’évaluation (primaire et secondaire) et élaboration d’une ou plusieurs stratégies de coping.

D’une part, la première forme de coping qui définit la situation aversive (le problème), va viser la résolution de ce problème. Le coping centré sur le problème va renvoyer à tous les plans d’action dirigés vers une ,5-%6!#&%5/) un évitement ou une minimisation de l’impact du stresseur et où les activités cognitives permettent que le stresseur peut être contrôlé :

- la résolution de problème : elle consiste en une approche structurée du problème;

- la reconceptualisation : il s’agit de prendre du recul pour mieux appréhender le problème ;

- la réévaluation positive : elle consiste à voir le côté positif de chaque événement ;

- la distanciation : il s’agit de prendre du recul et de dédramatiser la situation ;

- la confrontation : l’idée est de se confronter à la source du problème pour le résoudre.

D’autre part, la régulation émotionnelle va viser à atténuer de manière indirecte l’effet aversif de la situation. Dans ce cas, par exemple, réévaluer positivement, voir le bon côté de ce qui arrive, se dédouaner....

Le coping focalisé sur l’émotion consiste à pallier ou à éliminer les émotions engendrées par un stresseur en utilisant des mécanismes comme le déni et les pensées permettant d’éviter la confrontation directe avec le stresseur :

– l’auto-contrôle émotionnel : il permet au sujet de garder ses émotions pour soi ; – la fuite, l’évitement : il peut s’agir d’un évitement direct de la confrontation au problème mais aussi un évitement indirect (fuite dans le sommeil, nourriture, tabac, alcool, anxiolitiques, autres substances…) ;

– l’auto-accusation : le sujet s’en prend à lui-même et se considère à l’origine de ses problèmes.

Une troisième forme de coping peut être ajoutée (Bruchon-Schweitzer & Dantzer, 2000) : le coping centré sur la recherche de soutien social. Il comprend :

– le soutien informationnel : les individus vont chercher des informations concernant le problème auprès de leur entourage ;

– le soutien émotionnel : il s’agit de la recherche de réconfort auprès de l’entourage.

Le soutien social perçu est l’évaluation par une personne de l’aide que les autres lui procurent. Pour Bruchon-Schweitzer (2002), il se distingue du soutien de l’entourage effectif de l’individu, ou réseau social, qui est une ressource sociale. Il comprend la disponibilité, aide potentielle dont on croit disposer (qui pourrait m’aider en cas de besoin?) et la satisfaction (ressentir l’aide reçue comme suffisante et adéquate). Il peut avoir diverses sources (partenaire, famille, amis, collègues, professionnels, etc.) et il est de divers types (soutien d’estime, matériel, informatif, émotionnel). Bruchon- Schweitzer montre que le soutien social a des effets protecteurs sur la santé mais complexes : il diminue le stress perçu, augmente le contrôle perçu, renforce les stratégies « actives » de coping, facilite l’adoption de comportements sains et affecte le fonctionnement de divers systèmes physiologiques comme le système immunitaire par exemple (Bruchon-Schweitzer, 2002).

Figure 10 Représentation détaillée des processus transactionnels

Extrait de Bruchon et Boujut. Les processus transactionnels détaillés

La stratégie de coping va par l’évaluation consister en un double processus subjectif : la première évaluation pose la question de l’enjeu de la situation aversive pour la personne. Si la situation est perçue comme stressante, la personne va évaluer l’évènement en fonction du dommage à subir ou son degré de dangerosité ou d’importance en trois catégories : une situation de menace, dans laquelle le dommage est pressenti ; une situation de perte, dans laquelle le dommage a déjà été ressenti, et une situation de défi, dans laquelle un gain à venir est pressenti.

En parallèle, la seconde évaluation correspond à un processus complexe d’évaluation des ressources disponibles pour la personne face à la situation, y compris leur probabilité de réussite. L’adaptation va dépendre de nombreuses variable individuelles comme ses propres ressources : santé énergie, croyances existentielles, ou croyances générales à propos du contrôle, les engagements avec leurs propriétés motivationnelles, l’aptitude à la résolution de problème, les aptitudes sociales, les ressources matérielles. Il faut aussi tenir compte des contraintes environnementales comme les demandes simultanées qui réclament les mêmes ressources ou l’organisation qui empêchent la personne de développer des modes de !57%/8*.96!#!.:

Dans la conception transactionnelle du stress, il n’y a pas de stratégie de coping .96!#!.* en soi, indépendamment des caractéristiques personnelles et perceptivo- cognitives du sujet et des particularités des situations stressantes selon Servant (2013). Ainsi, les stratégies centrées sur l’émotion sont plus .96!#!.4 à court terme ou lorsque l’événement est incontrôlable, alors que les stratégies cenrées sur le problème seraient plus adaptées pour faire face à long terme et si l’événement est sous le contrôle du sujet.

Enfin, le modèle transactionnel malgré sa popularité, souffre pourtant de diverses insuffisances. Il se focalise sur le rôle des processus d’évaluation et les stratégies d’ajustement « actuels » et minimise ou occulte le rôle d’autres déterminants de la santé (antécédents biomédicaux, environnementaux, socio-économiques et dispositionnels) dont l’impact est bien établi (Marks, Murray, Evans & Willig, 2000 ; Marmot & Davey-Smith, 1997). D’autres modèles vont venir le spécifier à partir de champs d’application possible.

2.3. Modèles transactionnels spécifiques