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CHAPITRE 4 CONCLUSION-OUVERTURE « Connais-toi toi-même » : la préservation de

2. Emotions, Régulation, intelligence et compétences émotionnelles

2.1. Émotions et prise de décision

Face à une situation où leur survie est en jeu, tous les êtres vivants, dotés d’un répertoire fourni de comportements, sont confrontés à la nécessité de choisir. Dans la tradition philosophique occidentale, les processus de prise de décision sont rapportés à la faculté de penser, à l’aptitude de raisonner correctement sur les diverses possibilités d’action offertes. Il en va ainsi de l’approche des sciences économiques ; les théories standard de l’utilité ou de la satisfaction de l’agent entendent guider une prise de décision dite « rationnelle » sans cependant décrire de manière adéquate la façon dont les gens prennent spontanément les décisions. Sur ce point, les dernières avancées en neurologie

et psychologie nous invitent donc à revoir les mécanismes de la décision, en y intégrant la dimension des émotions et des compétences émotionnelles et à les prendre en compte dans les modèles de capital humain. En effet, les processus émotionnels sont impliqués, d’une façon ou d’une autre, dans ceux qui président à la prise de décision. Ces mécanismes dépasseraient les processus d’évaluation rationnelle en rapidité, en économie de moyens, et en efficacité selon Damasio (1994). Précisément, la prise de décision des sujets humains serait guidée par un ensemble de marqueurs somatiques positifs ou négatifs qui procurent un «sensation viscérale» concernant le choix d'une option donnée et attirant l’attention de la personne sur les conséquences négatives ou positives de son action. Les émotions nous permettraient alors d’évaluer le caractère désirable ou non d’une décision et finalement aux processus de se concentrer sur la solution des problèmes pour lesquels ils sont les plus efficaces. Selon l’émotion ressentie, nous serions donc orientés vers l’approche (émotion positive) ou la fuite ou l’évitement (émotion négative). Loin de constituer un obstacle à la prise de décision rationnelle dans la vie quotidienne, les émotions, en permettant l’harmonisation des différents processus cognitifs se révèleraient être la condition indispensable d’adaptation et de réaction optimale à une situation donnée. Aussi, les émotions ont un rôle de nature purement social (Averill, 1990). Les humains étant fondamentalement des êtres sociaux, les émotions sont décisives pour l’adaptation sociale de l’individu et ceci, dès sa naissance à des degrés divers. Elles continuent à l’être, par la suite, en tant qu’adaptations circonstanciées à des modèles sociaux. En effet, d’une part, en vertu de « codes sociaux », l’acteur social doit accorder ses expressions émotionnelles aux impressions qu’il souhaite produire. D’autre part, il y a un ordre social qui impose une dialectique de l’expression émotionnelle et de son usage, tant public que privé. De fait, une des fonctions des émotions est également de communiquer des informations à autrui, ainsi que notre état d’esprit ; ce qui, à partir de leur détection et leur interprétation sous-jacente, permet à un groupe de reconnaître les dispositions de chacun de ces membres (justifiant par là le fait que les personnes aient besoin d’apprendre des autres pour savoir comment gérer leur environnement et eux-mêmes). Aussi, ces différents exemples montrent l’importance de la régulation émotionnelle et particulièrement des compétences émotionnelles qui lui sont rattachées. C’est d’ailleurs suite à ces recherches que la notion d’intelligence émotionnelle a vu jour, complétant la notion insatisfaisante de quotient intellectuel et nous amenant à considérer l’ensemble de ces compétences de régulation émotionnelle comme un réel capital.

2.2. Régulation, intelligence et compétences émotionnelles

La régulation émotionnelle renvoie particulièrement aux compétences émotionnelles qui permettent à l’individu de moduler et gérer son état émotionnel ; et ainsi d’apporter une réponse émotionnelle appropriée aux situations changeantes et complexes de la vie moderne. Pour certains, elle fait référence à la notion d’intelligence émotionnelle (IE). Parmi les modèles d’IE, le modèle de Goleman (2001) qui reprend les apports des travaux de Salovey et Mayer, définit l’IE comme la capacité à reconnaître et à maîtriser les émotions en soi et chez les autres. Elle est décomposée en quatre principales compétences regroupées sous deux catégories (compétences personnelles et sociales ; respectivement, la conscience de soi ou auto-évaluation (capacité à comprendre ses émotions et à reconnaître leur incidence), la maîtrise de soi ou auto-régulation (capacité à maîtriser ses émotions et impulsions et à s’adapter à l’évolution de la situation), la conscience sociale ou empathie (capacité à détecter et à comprendre les émotions d’autrui et à y réagir tout en comprenant les réseaux sociaux) et la gestion des relations

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sociales ou aptitudes sociales de communication (qui correspond à la nécessité à inspirer et à influencer les autres tout en favorisant leur développement et en gérant les conflits). Aussi, cette approche par les compétences autorise de nouveaux ponts avec les modèles du capital humain de l’économie des ressources humaines.

Tableau 1 Compétences de l’intelligence émotionnelle de Goleman et Cherniss (2001) (traduit par B. Gendron)

SOI

Compétences émotionnelles personnelles

AUTRES

Compétences émotionnelles sociales

CONSCIENCE Auto-Evaluation ou

Conscience de soi (des états, préférences, ressources et intuitions intérieurs) : Conscience émotionnelle de soi Auto-évaluation Confiance en soi…

Empathie ou Conscience sociale (conscience des sentiments, des besoins et des préoccupations des autres) : Empathie

Souci du service

Compréhension organisationnelle…

MANAGEMENT Auto- Régulation de soi (des

états, impulsions et ressources intérieurs) :

Contrôle de soi

Fiabilité ͒ ͒

ité

Adhésion aux objectifs Initiative….

Aptitudes sociales de communication ou Gestion des relations (apte à

produire les réponses voulues chez les autres) :

Aider les autres à se

perfectionner ͒, ͒ ion ͒* HVWLRQGHV conflits ͒/ HD ͒   changement ͒‹ WDEOLVVH   relations ͒7 UDYDLOG̓   collaboration…