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1.7. Situation en France

1.7.2. Etude des serveurs Web (1999)

1.7.2.3. Résultats de l'étude

Nous avons visité 144 sites de grandes écoles françaises. 54 de ces sites (36%) disposent d'un accès Web pour leur bibliothèque, de la page descriptive en format texte à des serveurs très élaborés utilisant toutes les fonctionnalités de navigation et d'interactivité d'internet (interrogations de catalogues, accès à des banques de données, formulaires). Nous ne devons pas écarter la possibilité que certains services soient proposés sur l’intranet de l’école, sans être signalés sur les pages de la bibliothèque. Nous avons vu, par ailleurs, une vingtaine de sites de bibliothèques d'autres pays. En premier lieu, nous constatons que cette grille d'analyse regroupe l'ensemble des rubriques que l'on peut trouver sur des sites Web de bibliothèques académiques. Nous avons dû rajouter des informations dans la partie "autres rubriques" pour quelques cas particuliers. Nous pouvons ensuite déterminer deux types de résultats :

„ les données chiffrées et statistiques concernant les bibliothèques des grandes écoles françaises : celles-ci seront développées et mises à la lumière d'autres publications dans les rubriques suivantes de ce chapitre ;

„ des données plus qualitatives sur la manière dont les bibliothèques se dénomment, se positionnent, présentent leurs services et sur les comparaisons à établir à ce sujet entre les pays.

Nous trouvons ainsi, selon la présentation des rubriques de notre grille d'analyse : Etude du contexte :

a) et b) l'accès direct aux pages de la bibliothèque depuis la page d'accueil du site de l'établissement : l'existence de ce lien nous paraît symptomatique de la manière dont est perçue la bibliothèque au sein d'un établissement. En effet, ne dit-on pas “ qu'une université a la force de sa bibliothèque ” ? Ce principe est largement acquis dans la construction des nouvelles bibliothèques universitaires, que l'on s'efforce de placer au coeur du plan de circulation d'un établissement, en un lieu central. Mais qu'en est-il de cette vision sur internet ? Sur les 54 bibliothèques françaises visitées et disposant de pages Web, 18 ne proposent pas d'accès direct à leur service sur la page d'accueil. Dans ce cas, la rubrique permettant d'accéder à la bibliothèque est changeante selon les établissements. On retrouve :

• dans 8 cas, l'accès à la bibliothèque par une rubrique proposant des informations générales sur l'établissement ou le campus, sous forme de "visite guidée" , de "présentation de l'école", “ d ‘informations pratiques". La bibliothèque est ici présentée sous l'angle de l'espace physique qu'elle représente au sein de l'établissement ;

• dans 6 cas, l'accès à la bibliothèque est proposé par l'intermédiaire d'une rubrique regroupant les services de l'établissement, qui contient en général le service informatique

et l'unité documentaire. Dans ce cas, la bibliothèque est représentée comme service commun à tous les usagers d'un établissement ;

• dans 2 cas, la bibliothèque apparaît sous la rubrique "ressources pédagogiques", mettant très clairement en avant sa contribution comme service d'un établissement d'enseignement, peut-être plus destiné aux étudiants qu'aux chercheurs ;

• enfin, dans un cas, l'unité documentaire apparaît dans une rubrique intitulée "management technologique" mettant ainsi en avant l'utilisation par celle-ci des technologies de l'information comme outil d'accès aux informations et aux documents proposés.

c) l’intitulé de l'unité documentaire. On trouve les trois cas suivants :

„ centre de documentation ou documentation dans 26 cas. Cette dénomination est donc légèrement majoritaire. Mais on constate souvent dans ce cas des changement dans cet intitulé au fil des pages Web d'un même établissement : le centre de documentation devient parfois bibliothèque (voir par exemple le cas de l’ENST de Paris43). Les rédacteurs de ces pages nous montrent par là les difficultés qu'ils éprouvent, au travers de la dénomination de leur organisation, à définir les missions de celle-ci. On aura tendance à parler du catalogue de la bibliothèque et des services de recherche d'informations offerts par le centre de documentation. La bibliothèque est le lieu, l’espace physique, dans lequel le service est proposé, tandis que le centre de documentation représenterait son espace fonctionnel. „ bibliothèque : dans 23 cas sur 54. Parfois, la bibliothèque porte le nom d’un personnage

illustre. La dénomination bibliothèque est homogène au sein d'un serveur, elle n'est pas soumise à des variations selon les pages présentées. Ici, nous est montrée une acceptation claire du terme de bibliothèque comme lieu proposant des services liés à l'information, même si ce terme a une connotation qui pourrait être jugée désuète pour des étudiants.

„ médiathèque, infomédiathèque ou informathèque dans 5 cas. Dans ces cas-là, l'organisation veut montrer l'aspect multi-supports et technologique de l'unité documentaire. Elle évite probablement le terme bibliothèque pour les raisons évoquées ci-dessus.

Etude des serveurs Web des bibliothèques :

1) et 2) présentation de l’unité et informations pratiques : les rubriques concernant la description pratique de la bibliothèque sont présentes dans tous les cas. Les horaires d'ouverture, les coordonnées de l'unité constituent même parfois l'essentiel de l'information proposée sur les pages d'une bibliothèque. On trouve parfois en plus un plan de l'unité.

43 Sur le site web de cette école, l’unité documentaire a deux appellations : le lien qui y conduit est intitulé « Centre de Documentation » (rubrique services). La page d’accueil indique ensuite : « bienvenue à la bibliothèque ». http ://www.enst.fr/doc/doc.html, page consultée en Juin 1999.

3) présentation de l'équipe : dans cette rubrique, nous voulions observer la répartition des fonctions au sein des équipes. 23 bibliothèques sur les 54 proposent cette description, allant plus en avant que la simple mention d'un contact possible par courrier électronique. Cette description mentionne les noms des personnes, indiquant parfois leur statut (bibliothécaire, documentaliste, secrétaire) et précise leur fonction principale : responsable, acquisitions ouvrages, prêt entre bibliothèques, gestion des abonnements... Quand l'équipe n'est pas décrite, on trouve parfois le nom d'une personne à contacter ou celui du responsable. Il est intéressant de constater que 39% des bibliothèques qui décrivent leurs services sur le Web ne mentionnent d'aucune façon les membres de l'équipe qui y travaillent. Pourtant, les fonctions sont toujours personnalisées, même dans les équipes de petite taille (voir chapitre 7). Les gestionnaires voient probablement le Web comme une vitrine de leur bibliothèque, comme une sorte de plaquette de promotion électronique plus que comme un lieu d'accès possible aux différents services qu'ils proposent.

4) description des services : cette rubrique est souvent très sommaire. Le service le mieux décrit est le prêt quand il existe. Les modalités d’accès et de prêt, souvent segmentées par catégories de lecteurs, sont détaillées.

Dans la rubrique concernant la recherche d’informations, nous avons relevé la description des outils de recherche sur fonds extérieurs proposés en local. Quand elle existe, cette rubrique est renseignée dans la majorité des cas par la description des cédéroms disponibles. L’accès aux banques de données commerciales est également mentionné.

Dans 1/3 des cas environ, les formations, en tant que visites de la bibliothèque, initiations aux outils de recherche documentaire sont décrites. Sans doute cette activité n’est-elle pas considérée comme un service au sens documentaire ou bibliothéconomique du terme et n’est donc pas décrite en tant que telle.

5) description de la collection : la collection de documents constitue, avec les rubriques pratiques, la rubrique la plus souvent renseignée. La collection est décrite en volume (les documents les plus souvent trouvés étant dans l’ordre les ouvrages, les périodiques vivants et morts, les mémoires d’étudiants, les rapports de recherche). Une description thématique, parfois en une ou deux phrases vient compléter l’aspect quantitatif dans la majorité des cas.

6) accès au catalogue : il constitue une rubrique importante du serveur, parfois bâtit autour de ce lien. 20 des 54 bibliothèques visitées n’offrent pas ce service. Sur les 34 bibliothèques qui proposent un accès à leur catalogue, 3 accès sont en mode telnet et le reste est interrogeable par une interface de type Web. Pour 2 de ces bibliothèques (appartenant d’ailleurs au même réseau) le catalogue est accessible uniquement en intranet. 4 de ces bibliothèques précisent que la base interrogeable est une base wais. La proportion élevée de bibliothèques qui proposent leur catalogue (63%) nous fait dire que celles-ci peuvent bâtir leur site Web autour de cet accès, sa disponibilité motivant alors la création des pages de la bibliothèque.

7) accès à des services de bibliothèque électronique : ceux-ci sont présents dans 28 cas. Nous avons relevé dans cette rubrique : les catalogues de liens thématiques proposés pour élargir le champ de recherche du visiteur, les modules d’autoformation à la recherche d’information qui utilisent les potentialités de l’hypertexte, la production de liens entre des documents du fonds local et des sites extérieurs (par exemple, l’accès direct aux sites des éditeurs de périodiques depuis la liste des abonnements), la production de liens vers des banques de données accessibles gratuitement ou de manière payante (le lien est alors accessible uniquement en intranet), la possibilité d’accès à des documents en texte intégral. La modalité la plus fréquente est celle d’un catalogue de liens thématiques. Une bibliothèque propose des thèses en texte intégral. Une propose des formulaires électroniques de prêt entre bibliothèques. Là encore, les bibliothèques qui ne proposent aucune de ces rubriques voient probablement leurs pages Web comme un instrument de communication plutôt que comme un outil médiateur de services bibliothéconomiques.

8) autres rubriques rencontrées : présentation d’expositions virtuelles établies à partir d’un fonds patrimonial (2 cas). Liste des publications des enseignants et chercheurs de l’établissement (2 cas). Description des missions de la bibliothèque (1 cas).

Nous avons étudié selon la même grille une vingtaine de sites de bibliothèques académiques américaines et autant de sites de bibliothèques d’autres pays (Australie, pays nordiques, Grande-Bretagne). Les sites de bibliothèques sont toujours bâtis suivant le modèle suivant :

„ un volet concernant les informations générales, ou pratiques et qui contient : horaires, emplacement de la bibliothèque, plan d’accès, contacts ;

„ un volet décrivant les services offerts, insistant généralement sur les modalités de prêt des documents ;

„ enfin, un volet relatif à tous les services de bibliothèque électronique (dont l’accès au catalogue de la bibliothèque).

Voyons l’exemple du site de la bibliothèque de l’University of South Australia, en Australie dont les rubriques constituent une photographie de ce que l’on observe sur les sites Web44 :

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Library Service | Open Learning Australia Library Service | NAPSS | Training - PC and Internet | Library Events | ACHLIS - Australian Clearing House for Library and Information Science Library Publications

Publications for Sale | Conference Papers and Presentation | Newsletters Figure 3 : les rubriques du serveur Web de la bibliothèque de la "South-Australia University"

La présentation et la mise en accès sur le Web des services de bibliothèque électronique ne donne en général pas lieu à des effets graphiques ou syntaxiques particuliers. Parfois, la mention bibliothèque électronique ou bibliothèque numérique apparaît comme une des rubriques du serveur (exemple). Parfois elle n'apparaît pas, toutes les rubriques sont indifférenciées (exemple). En tout cas, on ne note pas à ce niveau de différence entre les pays, quel que soit leur degré d'avancement dans ces technologies. La confusion peut exister, à notre avis, entre une bibliothèque qui propose quelques services de bibliothèque électronique parmi d’autres, comme c'est souvent le cas, et des bibliothèques entièrement électroniques comme celle de l'Université de Californie (voir § 1.3.4). Contrairement à ce que nous avons pu observer dans les bibliothèques françaises, on trouve fréquemment sur les sites des bibliothèques américaines ou australiennes des informations concernant le management de ces unités : mission et objectifs y sont parfois décrits, ainsi que les règles de vie, le règlement de ce lieu. Cette même bibliothèque australienne propose sur le Web ses documents stratégiques : elle souhaite ainsi afficher sa politique, qui consiste à devenir une bibliothèque d’excellence à un niveau mondial45.

Missions : fournir des services et ressources de qualité pour confirmer la place d’excellence en termes d’enseignement, de recherche et d’apprentissage de l’Université de Melbourne au niveau national et international.

Vision : La bibliothèque de l’Université de Melbourne a pour but de devenir une des meilleures bibliothèques au monde, développant et délivrant des collections et des services de premier ordre. La bibliothèque sera un leader et un contributeur à la vie culturelle et intellectuelle de l’industrie des bibliothèques, de l’université et de la communauté.

La bibliothèque développera des interfaces pour proposer des accès intégrés à l’information, sans distinction de format. Les utilisateurs pourront accéder à l’information mondiale avec la facilité qu’ils pourraient espérer de sources locales. La fourniture de services de bibliothèque flexibles, sans prise en compte du temps ou de l’espace, deviendra essentielle.

Le rôles des bibliothécaires va changer, ils deviendront des managers de la connaissance. Ces acteurs formés à un haut niveau accéderont efficacement à l’information sous toutes ses formes, la sélectionnant, l’acquérant et la rendant disponible dans le format le meilleur possible pour l’utilisation par les usagers.

45

Le plan stratégique de la bibliothèque sera l’instrument nous permettant d’atteindre nos objectifs dans une démarche de management de la qualité. La culture de la bibliothèque sera celle du changement, de la prise de risque et du dynamisme. Nos objectifs continueront d’être ceux d’un travail rapide, alignant nos buts et nos priorités à ceux de l’Université et aux besoins individuels de ses membres.

Figure 4 : objectifs et missions de la bibliothèque de l'Université of South Australia (traduction CO).