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En sociologie, l’utilisation des concepts tels que ceux de mobilité, de transnationalisme ou de circulation migratoire est étroitement liée à la notion de réseaux sociaux. Cette dernière est aujourd’hui d’un usage fréquent. Il ne s’agit pas ici de faire un bilan exhaustif des travaux sur les réseaux sociaux. Je vais en revanche procéder par un bref détour historique de cette notion, pour ensuite préciser le sens que je donne à ce terme de façon à le rendre heuristique pour la problématique développée dans ma thèse.

Mercklé définit les réseaux sociaux comme l’ensemble d’unités sociales et les relations que ces unités (individus, groupes informels d’individus, organisations formelles comme des associations, des entreprises, des pays) entretiennent les unes avec les autres : transactions monétaires, transferts de biens, échanges de services, transmissions d’informations, de perceptions ou de contacts physiques et plus généralement « toute sorte d’interactions verbales ou gestuelles » (Mercklé, 2004 : 4).

C’est à l’anthropologue Barnes (1954) que l’on doit l’emploi du terme réseau social. À partir d’une étude sur un village de pêcheurs norvégiens, Barnes a tenté de rendre compte des liens reliant les habitants de ce lieu. Il distingue trois « champs » dans son étude : 1) un champ territorial, considéré comme la source de relations stables, entre voisins (entraide, pratiques religieuses communes…) ; 2) un champ produit par le système industriel, constitué d’unités autonomes mais interdépendantes et 3) un champ se référant au système de classes, rassemblant des liens d’amitiés, hérités ou construits. Pour Barnes, ce troisième champ traverse les deux autres : c’est précisément par les relations issues de ce champ qu’un marin va trouver du travail sur un nouveau bateau par exemple. On retiendra également de l’étude de Barnes son idée selon laquelle tous les individus de l’île qu’il étudie « peuvent être indirectement reliés entre eux par une chaîne qui ne comprend vraisemblablement pas plus de quatre relations d’interconnaissance. Surtout, pour Barnes, ce réseau est potentiellement illimité : il ne s’arrête pas avec l’unité territoriale ou l’unité de production et relie la commune de Bremnes à d’autres communes, et, au-delà, au monde entier » (Cusset, 2007 : 42).

Milgram, dans son célèbre article « The Small world Problem » (1967), a par la suite démontré empiriquement les intuitions de Barnes. Ce psychologue social américain a cherché à connaître « le nombre moyen d’intermédiaires se connaissant mutuellement qu’il serait nécessaire de mobiliser pour relier deux individus pris au hasard de la société américaine » (op. cit., 2007 : 43). L’expérience de Milgram, basée sur un échantillon d’une centaine de personnes, a montré que ce nombre était de 5.2 intermédiaires. D’autres expériences ont suivi,

montrant en effet que le monde constitue « un vaste réseau de relations où chaque individu est beaucoup plus proche de n’importe quel autre que ce qu’il imagine » (ibid.).

Nonobstant, même s’il revient à Barnes d’avoir inventé la notion de réseau social, et à Milgram d’avoir démontré son utilité de façon empirique, c’est Simmel qui est considéré comme le père fondateur des analyses en termes de réseaux. L’œuvre de Simmel a par la suite influencé l’École de Chicago et l’interactionnisme symbolique. Pour Forsé, la « science des formes de l’action réciproque » de Simmel peut se traduire de la façon suivante : « Il [Simmel] ne veut pas dire autre chose, dans notre vocabulaire d’aujourd’hui, qu’elle est la science des structures des relations sociales » (Forsé, 2002, cité par Mercklé, 2004 : 15).

Les études sur les réseaux ont par la suite pris différentes directions, se distinguant par des méthodologies et des questionnements différents. Dans ce travail, c’est une interrogation sur la construction du lien social que je retiendrai, les relations dont dispose ou se crée un individu et les ressources auxquelles il peut ainsi accéder. Outre l’influence de Simmel, de l’École de Chicago et plus particulièrement de l’interactionnisme symbolique dans ma manière d’appréhender les réseaux, ma démarche s’inspire également de la thèse développée par Granovetter (1973) dans son célèbre article « The Strenght of Weak Ties ». Granovetter montre que les liens « faibles », les simples « connaissances », peuvent se révéler d’une grande richesse. L’auteur démontre que les liens forts ne nous font pas sortir du groupe d’affinité. En revanche, les liens faibles quant à eux forment des « ponts locaux » permettant aux individus de sortir du groupe d’origine et, ainsi, de se connecter à d’autres groupes. Ces « ponts » offrent alors l’opportunité d’accéder aux informations qui ne sont pas disponibles dans le cercle des liens forts. Par une étude du marché du travail, Granovetter montre ainsi que l’on trouve « plus souvent un emploi grâce à une simple connaissance que grâce à des personnes avec lesquelles on entretient des relations fréquentes et fortes » (Cusset, 2007 : 44). La thèse de Granovetter permet de sortir de l’idée selon laquelle les réseaux migratoires sont des réseaux communautaires fermés.

1.4.1 La notion de capital social

Avant d’aborder la notion de réseaux sociaux dans l’étude des migrations, il me semble nécessaire d’évoquer brièvement la notion de capital social.

On distingue deux façons d’aborder la notion de capital social en sociologie. Une première est celle qui se conçoit essentiellement du point de vue des individus, assimilant le capital social à une ressource que les individus peuvent mobiliser, de manière stratégique ou

non. C’est le point de vue développé par Bourdieu, dans sa théorie sur les rapports de domination et les mécanismes de reproduction, et les sociologues des réseaux sociaux.

Bourdieu définit le capital social comme « les ressources actuelles ou potentielles qui sont liées à la possession d’un réseau durable de "relations" ». Un réseau qui est lui-même le produit de « stratégies d’investissement social consciemment ou inconsciemment orientées vers l’institution ou la reproduction de relations sociales directement utilisables » (Bourdieu, 1980, cité par Ponthieux, 2008 : 32). Les sociologues des réseaux sociaux, tels Burt (1992) et Lin (1995), définissent également le capital social comme les réseaux et les ressources auxquelles les individus peuvent accéder, leur permettant « un avantage dans la compétition avec les autres ». Cet avantage n’est pas automatique mais « va de pair avec une obligation de réciprocité ou de compensation » (ibid.). Dans l’optique de l’approche développée par Granovetter, Burt introduit par ailleurs la notion de « trou structural ». On note que Bourdieu se distingue des autres auteurs ayant recours à cette notion plus par son cadre théorique, plutôt déterministe (rapport de domination et mécanismes de reproduction), que par la définition qu’il en donne. L’approche développée par Coleman est différente. Pour ce dernier, le réseau est fermé (absence de « trous » [Burt] ou de « liens faibles » [Granovetter]). Aussi, pour Coleman, le capital social correspond aux caractéristiques d’une structure sociale donnée, laissant peu de marges de manœuvres aux individus. Cusset (2007) avance ainsi que « le capital social de Coleman n’est pas vraiment un capital. Il a plutôt les caractéristiques d’une externalité positive, il est le produit de la structure » (Cusset, 2007 : 52).

L’autre façon d’envisager le capital social est celle qui le conçoit du point de vue collectif. Cette façon d’aborder le capital social a surtout été développée par le politologue

Putnam (1995) dans son article « Bowling Alone : America’s declining Social Capital »10.

L’approche développée par cet auteur s’aligne sur celle de Coleman. Par une approche macro-sociale, Putnam s’interroge sur la coopération, la réciprocité et la confiance au sein d’une société et considère, de fait, le capital social comme le fondement même de la cohésion sociale. Cette approche est alors similaire de celle développée par les fondateurs de la sociologie (Cusset, 2007 : 47). L’approche de Putnam reste contestée, notamment par le fait qu’elle « amalgame sous une même appellation des phénomènes très différents (Ponthieux,

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2008 : 33)11. On retient que si l’approche individualiste permet de comprendre comment l’acteur agit en société, le second s’intéresse plutôt à l’étude de la cohésion sociale.

Pour Lévesque et White (1999, 2001) le capital social se produit dans les réseaux sociaux, définis à leur tour comme un espace social. Mais comme le disent ces auteurs, « le capital social ne se réduit cependant pas à l’existence de liens sociaux organisés en réseaux ». En effet, pour eux « sa valeur résulte plutôt de l’importance des ressources présentes dans le réseau et de la façon dont ces ressources sont mobilisées pour devenir utilisables » (Lévesque et White, 2001 : 169). On note au passage que la sociologie américaine des migrations a étroitement lié réseaux et capital social. Les travaux de Espinosa et Massey (1997) sur les migrations clandestines entre le Mexique et les Etats-Unis, ceux de Portes (1998) sur les

sources du capital social ou la contribution de Waldinger (1997) sur le rôle des normes dans

la mobilisation du capital social en constituent des exemples (Potot, 2003 : 57-60).

Dans ce travail, c’est la conception des réseaux comme source de capital social et la capacité des individus de les mobiliser de façon tactique que l’on retiendra. On privilégiera cependant la réflexion en termes de réseaux à celle interrogeant plus particulièrement le capital social. La notion de réseaux sociaux me semble en effet, à elle seule, plus adaptée à notre objet de recherche.

1.4.2 La notion de réseau dans l’étude des migrations

Dans une perspective migratoire, qui est celle qui nous intéresse plus particulièrement ici, la notion de réseau social peut donc permettre de : 1) décrire et analyser les relations dont dispose l’individu et les ressources auxquelles il peut ainsi accéder ; 2) saisir le rôle du réseau dans le développement et le maintien de la mobilité et 3) interroger les dynamiques collectives des migrants, mais aussi la capacité de ces derniers à nouer des liens externes au groupe d’origine.

En France, la notion de réseau a d’abord été mobilisée « pour étudier la formation et le développement de réseaux sociaux d’immigrants en milieu urbain, en privilégiant le système d’interaction entre agents et communautés différentes » (Hily, Berthomière et al., 2004 : 7). Puis, se sont développés les travaux sur les réseaux transnationaux, s’inscrivant dans le cadre ϭϭ  sŽŝƌ ƵƐƐĞƚ ;ϮϬϬϳͿ ƉƉ͘ ϱϳͲϲϮ ƉŽƵƌ ƵŶĞ ůĞĐƚƵƌĞ ƉůƵƐ ĐŽŵƉůğƚĞ ĚĞƐ ĐƌŝƚŝƋƵĞƐ ƋƵŝ ŽŶƚ ĠƚĠ ĨĂŝƚĞƐ ă ů͛ĠŐĂƌĚ ĚĞ ů͛ĂƉƉƌŽĐŚĞ ĚƵ ĐĂƉŝƚĂů ƐŽĐŝĂů ĚĠǀĞůŽƉƉĠĞ ƉĂƌ WƵƚŶĂŵ͕ ŵĂŝƐ ĂƵƐƐŝ ƉŽƵƌ ůĞƐ ŝŶƐƚĂŶĐĞƐ ŐŽƵǀĞƌŶĞŵĞŶƚĂůĞƐ Ğƚ ŶŽŶ ŐŽƵǀĞƌŶĞŵĞŶƚĂůĞƐ ƋƵŝ͕ ŵĂůŐƌĠ ĐĞƐ ĐƌŝƚŝƋƵĞƐ͕ ƐĞ ƐŽŶƚ ŝŶƐƉŝƌĠĞƐ ĚĞƐ ƚƌĂǀĂƵdž ĚĞ WƵƚŶĂŵ ;ůĂ ĂŶƋƵĞ ŵŽŶĚŝĂůĞ͕ ů͛KĞƚůĞŐŽƵǀĞƌŶĞŵĞŶƚĐĂŶĂĚŝĞŶƉĂƌĞdžĞŵƉůĞͿ͘

de la mondialisation et l’affaiblissement de l’État-Nation. Pour Badie (1995), « s’interroger sur les réseaux transnationaux […] consiste à analyser la construction des liens sociaux qui donnent réalité et vie à la mondialisation » (Badie, 1995 : 15). Ces travaux mettent l’accent sur la création de nouveaux espaces sociaux, allant au-delà des cadres définis par les États. Potot (2003) montre que cette approche permet d’observer « le jeu des acteurs dans les constructions sociales qu’eux-mêmes dessinent. Dès lors, elle peut décrire l’interdépendance qui lie entre eux les individus de différents mondes sociaux ou sociétaux autour de valeurs ou d’intérêts communs. La perspective qui s’intéresse aux réseaux sociaux transnationaux considère ceux-ci comme des formes sociales qui participent aux échanges internationaux parallèlement à ceux organisés par les États-nations» (Potot, 2003 : 54).

La notion de « mondes sociaux » est intéressante. Elle permet une lecture de la

construction de mondes sociaux d’une part, puis une analyse de la capacité des individus à circuler entre ces mêmes mondes d’autre part. Cette approche s’inscrit plus largement dans un

questionnement sur l’articulation entre itinéraires individuels (micro) et contraintes institutionnelles (macro), mais aussi sur la notion de « carrière » telle que l’ont mobilisée les

interactionnistes (notamment Becker12, 1985 [1963]). Les recherches sociologiques sur les

réseaux sociaux en situation migratoire ne se limitent donc pas aux dynamiques micro (le contexte individuel), mais incluent également celles dites macro (contexte plus large). Il s’agit alors de proposer un niveau d’analyse intermédiaire, associant les interactions micro-sociales

et les phénomènes macro-sociaux (soit un meso-niveau), démontrant la construction de

réseaux à la fois locaux (quartier, ville) et internationaux.

Si Granovetter parle en termes de « liens forts » et de « liens faibles », Hily et Rinaudo évoquent les « solidarités internes » et les « alliances externes » (Hily et Rinaudo, 2002 : 93). Morokvasic (1999), dans une étude sur la mobilité transnationale des migrants de l'Europe de l'Est, parle, elle, en termes de « solidarités précaires », du moins dans la durée, mais tout de même profitables, basées sur une activité ou une expérience partagée :

« Pour les pendulaires, qui font des haltes de courte durée pour commercer, le fonctionnement des réseaux est encore plus dicté par leur activité. Les réseaux se

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forment dans un territoire où les solidarités précaires fonctionnent le temps d’un voyage, pour se dissoudre aussitôt après et se reconstituer de nouveau avec d’autres personnes ou lors d’un nouveau trajet. Des liens ne se forment pas tant sur les bases ethniques, que sur les bases de l’expérience commune à ceux qui partagent la même route, investissent les mêmes espaces et ont à faire aux mêmes intermédiaires (agents de voyage, guides, recruteurs, logeurs, garde-frontières, douaniers) » (Morokvasic

1999 : 8).

Dans cette thèse, la notion de réseaux est donc mobilisée en tant qu’outil conceptuel permettant la description et l’analyse des modes d’organisations des populations migrantes. À partir d’une démarche prenant en compte différentes échelles (micro/macro, local/international), je m’efforcerai de décrire et d’analyser comment les individus se créent des relations et comment ces relations peuvent se révéler comme étant une ressource, tout en prenant compte du sens que les acteurs donnent eux-mêmes à leurs inscriptions dans ces mécanismes (Potot, 2003 : 56). Je reviendrai à la notion de réseau lorsque j’évoquerai celle de projet migratoire, car, finalement, dans ce travail, ce sont les individus et leurs projets qui sont considérés comme étant au centre de la construction de réseaux (Hily et Rinaudo, 2002).

2 UNE ENTRÉE PAR LA VILLE

Comme l’écrit Grafmeyer, « la ville est à la fois territoire et population, cadre matériel et unité de vie collective, configuration d’objets physiques et nœud de relations entre sujets sociaux » (Grafmeyer, 2006a : 8). Dans cette thèse, la ville est appréhendée comme une entrée permettant de répondre au questionnement central, tel que je l’ai défini dans l’introduction de cette thèse : comprendre la logique de la mobilité et saisir l’évolution de l’espace urbain récepteur de cette même mobilité. Parmi les nombreux travaux consacrés à la construction sociale de la ville à partir des mobilités de diverses sous-populations, signalons ceux menés par Péraldi (2002, 2001), Bordreuil (1999), Grafmeyer (2006a, 2006b, 2004), Joseph (2004), Battegay (2003), Bourdin (2004) et Tarrius (2007a, 2007b, 2007c, 2006, 2002, 2001, 2000, 1993).