• Aucun résultat trouvé

LOGIQUE DE MOBILITÉ ?

1.1 Principales caractéristiques de la ville

ǡ   

Ville intérieure avec une faible présence étrangère, Salamanque se distingue des villes espagnoles traditionnellement privilégiées dans l’étude des migrations. Ce chapitre a comme premier objectif de contextualiser l’entrée empirique de ma recherche. Dans un premier temps, je m’efforcerai d’identifier les caractéristiques de la ville pour ensuite retracer son histoire migratoire. Puis, dans un deuxième temps, je me pencherai sur ses différents quartiers et évoquerons, par là, les tendances résidentielles de la population étrangère. Enfin, dans un troisième moment, j’aborderai plus particulièrement le cas des étudiants étrangers : Salamanque, c’est avant tout une ville étudiante. Un deuxième objectif de ce quatrième chapitre est ainsi de décrire et analyser les mobilités estudiantines dans la ville, tout en évoquant que les études peuvent également occuper une place centrale dans le parcours migratoire des informateurs non-étudiants (projet d’étude futur, abandonné, non-réussi…)

1 SALAMANQUE, QUELLE SPECIFICITÉ

1.1 Principales caractéristiques de la ville

La province de Salamanque fait partie de la communauté autonome de Castille Leon, située dans le centre-ouest de l’Espagne. La ville de Salamanque se situe dans le centre de la province, à environ 200 kilomètres de la capitale Madrid et à environ 100 kilomètres de la frontière portugaise. Située sur le plateau central d’Espagne, le climat est de type continental,

avec des étés chauds et des hivers froids. Salamanque compte actuellement 155 74071

habitants, ce qui nous conduit à la caractériser comme une ville moyenne.

Salamanque est avant tout une ville universitaire. Fondée en 1218, l’Université publique est la plus ancienne d’Espagne et elle est mondialement reconnue. La renommée de l’Université attire chaque année un très grand nombre d’étudiants étrangers. Les Espagnols non-originaires de la province y viennent également à Salamanque pour faire leurs études : lorsque l’on regarde le nombre d’étudiants originaires d’un autre secteur universitaire

ϳϭ

espagnol (géographiquement parlant), Salamanque se classe, au niveau national, deuxième. Si l’on regarde le nombre d’étudiants étrangers, Salamanque se place, comme nous l’avons vu dans le chapitre précédent, quatrième. En d’autres termes, la ville accueille des mobilités étudiantes aux origines géographiques divergentes.

La ville est aussi une ville touristique. Elle se distingue cependant des villes touristiques côtières. C’est avant tout l’architecture du vieux centre, celle de l’Université incluse, qui attire des touristes du monde entier. Salamanque est inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1988 et fut par ailleurs capitale européenne de la culture en 2002. Une université célèbre et une architecture remarquable font de Salamanque un « nom de marque » : on associe à la ville prestige et notoriété. Comme nous le verrons, ces caractéristiques sont couramment mises en avant par les informateurs eux-mêmes. On pourrait ainsi penser que lorsque l‘on est migrant à Salamanque, l’image véhiculée (et vécue) n’est pas la même que lorsque l’on est migrants à El Ejido72, à Lavapiés73 ou à Raval74.

Salamanque, c’est aussi une ville frontière. Cette caractéristique se traduit tout d’abord par le nombre de Portugais que l’on trouve dans la ville. En 2007, ils constituaient le troisième groupe de migrants avec un titre de séjour75. Ces derniers peuvent être migrants étudiants ou migrants économiques. Néanmoins, ce n’est pas que la présence des Portugais qui est liée à cette proximité frontalière. En effet, Salamanque se présente comme la ville la plus proche du point de passage des trains à destination du Portugal et en provenance de la France. Ainsi, certains migrants se retrouvent à Salamanque après avoir été arrêtés par la police à la frontière portugaise. Même si numériquement il s’agit là d’un phénomène peu important (deux informateurs expliquent être venus dans la ville de cette façon76), les parcours s’inscrivant dans ce cadre démontrent comment l’on peut arriver à Salamanque de manière hasardeuse. De même, ils sont illustratifs de la capacité des migrants à se débrouiller lorsque l’on ne dispose, au moment d’arriver dans la ville, d’aucun lien établi au préalable. Par la mobilisation de ressources différentes, ces « arrêtés à la frontière » ont par la suite choisi de ϳϮKŶƌĂƉƉĞůůĞůĞƐĠǀĠŶĞŵĞŶƚƐĚĂŶƐĐĞƚƚĞǀŝůůĞĚƵ^ƵĚĚĞů͛ƐƉĂŐŶĞĞŶϮϬϬϬ͕ůŽƌƐƋƵĞĚĞƐĠŵĞƵƚĞƐƌĂĐŝƐƚĞƐŽŶƚ ĞƵůŝĞƵ͘ ϳϯ YƵĂƌƚŝĞƌĐĞŶƚƌĂůĚĞDĂĚƌŝĚ͕ĂƐƐŽĐŝĠăů͛ŝŵŵŝŐƌĂƚŝŽŶĞƚĂLJĂŶƚƉŽƵƌĐĞƌƚĂŝŶƐƵŶĞŝŵĂŐĞƉĠũŽƌĂƚŝǀĞ͘ ϳϰYƵĂƌƚŝĞƌĐĞŶƚƌĂůĚĞĂƌĐĞůŽŶĞ͕ĂƐƐŽĐŝĠăů͛ŝŵŵŝŐƌĂƚŝŽŶĞƚĂLJĂŶƚƉŽƵƌĐĞƌƚĂŝŶƐƵŶĞŝŵĂŐĞƉĠũŽƌĂƚŝǀĞ͘ ϳϱ Dd^͕ƐĞƉƚĞŵďƌĞϮϬϬϳ͘ŚŝĨĨƌĞĐŽƌƌĞƐƉŽŶĚĂŶƚăů͛ĞŶƐĞŵďůĞĚĞůĂƉƌŽǀŝŶĐĞĚĞ^ĂůĂŵĂŶƋƵĞ͘ ϳϲ ĞƋƵ͛ŝůĐŽŶǀŝĞŶƚĚĞ ƐŽƵůŝŐŶĞƌ͕Đ͛ĞƐƚƋƵĞŵġŵĞƐ͛ŝůĞƐƚĂ ƉƌŝŽƌŝƉĞƵŝŵƉŽƌƚĂŶƚ͕ĐĞƉŚĠŶŽŵğŶĞ ĞdžŝƐƚĞ͘EŽƵƐ ƉŽƵǀŽŶƐ ƉĂƌ ĂŝůůĞƵƌƐ ƉĞŶƐĞƌ ƋƵĞ ůĂ ƉůƵƉĂƌƚ ĚĞƐ ŵŝŐƌĂŶƚƐ ĂƌƌġƚĠƐ ă ůĂ ĨƌŽŶƚŝğƌĞ ƉŽƌƚƵŐĂŝƐĞ ƌĞƚĞŶƚĞƌŽŶƚ ůĞ ƉĂƐƐĂŐĞ͕ ĠǀĞŶƚƵĞůůĞŵĞŶƚ ƉĂƌ ƵŶ ĂƵƚƌĞ ĞŶĚƌŽŝƚ͕ ŽƵ ďŝĞŶ ŝůƐ ŝƌŽŶƚ ĚĂŶƐ ƵŶĞ ĂƵƚƌĞ ǀŝůůĞ ƋƵĞ ^ĂůĂŵĂŶƋƵĞ͘ /ů ĞƐƚ ŶĠĂŶŵŽŝŶƐƉŽƐƐŝďůĞƋƵ͛ƵŶĐĞƌƚĂŝŶŶŽŵďƌĞĚ͛ĞŶƚƌĞĞƵdžƉĂƐƐĞƌŽŶƚ͕ăƵŶŵŽŵĞŶƚĚŽŶŶĠ͕ƉĂƌ^ĂůĂŵĂŶƋƵĞ͘/ůƐŶ͛LJ ƌĞƐƚĞƌŽŶƚĐĞƉĞŶĚĂŶƚƉĂƐ͘

rester à Salamanque. Du moins pour un certain temps. Le parcours de l’un d’entre eux, le Guinéen Djibril, sera décrit de manière précise dans le chapitre VIII.

Enfin, Salamanque est une ville à l’image tranquille. Cette tranquillité est surtout mise en avant par les sans-papiers qui, par cette expression, font référence aux contrôles policiers et aux répressions juridiques. Si les conditions des sans-papiers en Italie, qui est pour beaucoup le pays dans lequel ils avaient initialement prévu de se rendre, ou dans des villes espagnoles telles Madrid ou Barcelone se présentent comme de plus en plus difficiles, Salamanque conserve une partie de l’image laxiste de l’Espagne des années 1980 et 1990, voire du début des années 2000. Surgit alors une autre caractéristique de la ville, étroitement liée à la précédente : celle d’une ville de passage. En effet, pour beaucoup de sans-papiers, Salamanque ne représente qu’un lieu de passage, un lieu où l’on s’arrête pour obtenir les papiers pour ensuite poursuivre la route vers d’autres lieux, plus opportuns en termes de travail. Car Salamanque, c’est aussi, pour terminer, une ville avec peu d’opportunités de travail.

Le marché du travail à Salamanque est essentiellement concentré autour des services. On y trouve peu d’industries ou d’exploitations agricoles. La ville de Guijuelo, située à 50 kilomètres de Salamanque, constitue une petite exception avec quelques entreprises de charcuterie. Le peu d’opportunités de travail de la région a comme conséquence un taux de chômage élevé. Au premier semestre 2009, le taux de chômage dans la province de Salamanque était de 17,72%, soit plus de 27 500 chômeurs. Ce taux place Salamanque en tête de la région de Castille Leon en ce qui concerne le chômage (La Voz de Salamanca, le 24 avril 2009, version électronique). Il est également plus élevé que la moyenne nationale qui, elle, à la même période était de 17,36 %77. Le taux de chômage qu’enregistre la province est, d’une manière générale et outre les caractéristiques propres à Salamanque, lié à la crise économique qui a, nous l’avons déjà vu, débuté en 2008 : en 2006, le taux de chômage était de 10,25 % (Tribuna, le 27 janvier 2007, version électronique), soit un niveau nettement inférieur à celui du début de l’année 2009.

ϳϳƵƉƌĞŵŝĞƌƐĞŵĞƐƚƌĞϮϬϬϵ͕ů͛ƐƉĂŐŶĞĞŶƌĞŐŝƐƚƌĞůĞƚĂƵdžĚĞĐŚƀŵĂŐĞůĞƉůƵƐĠůĞǀĠĚĞƉƵŝƐϭϵϵϴ;ϭϳ͘ϯϲйͿĞƚ ƵŶŶŽŵďƌĞĚĞĐŚƀŵĞƵƌƐ;ƉůƵƐĚĞϰϬϬϬϬϬϬͿũĂŵĂŝƐǀƵĚĞƉƵŝƐƚƌĞŶƚĞĂŶƐ;>ĞDŽŶĚĞ͕ůĞϮϰĂǀƌŝůϮϬϬϵͿ͘ŶϮϬϬϴ͕ ϮϬϬϬϬϬϬĚĞƚƌĂǀĂŝůůĞƵƌƐŽŶƚƉĞƌĚƵůĞƵƌĞŵƉůŽŝĞŶƐƉĂŐŶĞ͘

Carte 12: La si

Carte 13: La situation géographi

ituation géographique de la province de Salaman

Source : htt

ique de la ville de Salamanque

Source : nque

tp://commons.wikimedia.org.