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Avant de préciser davantage mes procédures méthodologiques, il convient d’abord de présenter les lieux géographiques concernés par l’enquête.

1.2.1 Salamanque

La ville de Salamanque constitue, nous le savons, le lieu principal de mes recherches. Ce choix s’inscrit tout d’abord dans une logique de continuité par rapport aux recherches menées au cours de mes années en M1 et en M2. Ce prolongement a plus précisément permis de « retrouver » des informateurs d’une part, et de faciliter la mise en contact avec de nouveaux informateurs d’autre part (méthode « boule de neige »). Dès la première année de thèse, j’ai alors rapidement pu me construire un réseau sur le terrain. Mais le choix de Salamanque est aussi un choix lié aux spécificités de cette ville. Ville moyenne intérieure avec peu d’opportunités de travail et ayant une faible présence étrangère, Salamanque se distingue de la capitale ou des villes côtières telles Barcelone, Valence, Alicante et autres. Ces dernières sont désormais marquées – mais aussi associées – à une présence migratoire importante et ont, depuis quelques années, fait l’objet de nombreuses études. Salamanque, en revanche, reste très peu étudiée en termes de migrations. Le choix de cette ville s’inscrit ainsi plus largement dans un questionnement sur l’Autre dans des villes moyennes encore peu marquées par les migrations. Enfin, Salamanque est aussi une ville universitaire mondialement reconnue qui attire un très grand nombre d’étudiants étrangers. On associe ainsi à cette ville prestige et notoriété, ce qui, nous le verrons plus loin, constitue un élément contextuel favorisant le choix des migrants, étudiants ou non, de s’y installer (de façon durable ou non). À l’intérieur de la

ville, l’enquête s’est effectuée dans divers lieux et contextes : les espaces publics, les lieux commerciaux, les cafés et bars, la scène institutionnelle et le domicile des informateurs. Nous y reviendrons.

1.2.2 Les autres lieux

Si Salamanque constitue l’entrée principale de mon enquête, celle-ci ne s’est cependant pas limitée à cet espace. Afin d’acquérir des éléments me permettant une description et une analyse plus riches, notamment en termes de dynamiques résidentielles de la population migrante, mais aussi de la capacité des migrants à circuler et à s’adapter selon le contexte local, comme c’est le cas des vendeurs ambulants qui sillonnent les marchés de la région, j’ai accompagné mes informateurs dans différents lieux de la province en question, notamment la zone résidentielle El Encinar dans la commune de Terradillos, située à 10 kilomètres de Salamanque. Cette zone, construite dans les années 1980, enregistre une présence étrangère plus importante que la ville de Salamanque. Je suis également allée à la « ville dortoir » de Santa Marta, à Alba de Tormes, à Ciudad Rodrigo, à Guijuelo et dans les petits villages de Barco de Ávila et de Piedrahita, situés dans la province de Ávila.

Je suis également allée au Sénégal. Dans le cadre d’un colloque sur les migrations à l’Université Gaston Berger en juin 2007, où j’allais présenter une communication, l’occasion de visiter les villes et villages d’origine, les anciens lieux de travail et la famille de certains informateurs s’est alors présentée. J’étais à Salamanque lorsque j’ai appris que j’allais au Sénégal. Le séjour s’est, ainsi, organisé en fonction d’idées et d’initiatives de Sénégalais à Salamanque : plusieurs informateurs ont tenu à ce que je rende visite à la famille au pays. J’ai également accompagné depuis Salamanque jusqu’à Pikine (banlieue dakaroise) deux enfants sénégalais. Ce séjour m’a permis d’obtenir des données diverses : de l’organisation informelle de la communauté sénégalaise à l’aéroport de Madrid (taxis, aide à l’enregistrement etc.) aux conditions sociales, économiques et familiales au pays. Une dizaine de familles ont été visitées. Les données obtenues lors de ce séjour ont été croisées avec celles obtenues lors des entretiens et des observations à Salamanque. Il convient cependant de souligner que ce séjour a été plus une occasion saisie qu’un véritable terrain de recherche. Pour définir le Sénégal comme tel, il aurait fallu effectuer des séjours similaires dans d’autres pays avec comme finalité une approche en termes de comparaison.

Tableau 1:Tableau récapitulatif des lieux d’enquête à l’extérieur de la commune de Salamanque, avec le type des données et les outils d’enquête

Lieux Détails Outils d’enquêtes

Santa Marta

Ville dortoir située à cinq kilomètres de Salamanque centre.

- Domicile - Entretiens formels,

conversations informelles, souvent lors d’un repas ou en regardant la télévision sénégalaise

Alba de Tormes

Petite ville située à 30 kilomètres de Salamanque

- Marché

- Domicile

- Observation au marché local hebdomadaire

- Entretiens formels et

conversations informelles dans un foyer sénégalais

Ciudad Rodrigo

Ville située à 90 kilomètres de Salamanque

- Carnaval annuel - Suivi d’un informateur clé

brésilien qui souhaite visiter le carnaval

- Retrouvaille d’informateurs marocains et sénégalais (vendeurs ambulants)

Guijuelo

Ville située à 50 kilomètres de Salamanque, ayant plusieurs entreprises de charcuterie

- Domicile - Entretien formel et

conversations informelles avec un informateur sénégalais auparavant dans El Encinar, puis à Salamanque

Barco de Ávila

Petit village situé à 100 kilomètres de Salamanque (province de Ávila)

- Marché - Suivi d’un vendeur

sénégalais (trajet, installation de la marchandise, vente, rangement de la marchandise, trajet du retour)

Piedrahita

Petit village situé à 50 kilomètres de Salamanque (province de Ávila)

- Marché - Suivi d’un vendeur

sénégalais (trajet, installation de la marchandise, vente, rangement de la marchandise, trajet du retour)

El Encinar

Zone résidentielle située à 10 kilomètres de Salamanque

- Fêtes culturelles

- Commerces

- Mairie municipale - Domicile

- Participation à une rencontre interculturelle

- Participation à trois reprises à la fête annuelle de l’association sénégalaise

- Entretiens formels et

conversations informelles dans un commerce sénégalais

- Recueil des données

chiffrées auprès de la mairie - Entretiens et conversations

informelles chez des informateurs marocains et

sénégalais, souvent autour d’un repas Sénégal - Kebemer - Pikine - Saint Louis - Mbao - Dakar - Cambérène

- Visite (une demi-journée) chez la famille d’un informateur ; visite sur son ancien lieu de travail

- Visite de deux jours chez la famille des deux enfants que j’ai accompagnés depuis Salamanque ; visite sur l’ancien lieu de travail d’un informateur ; rencontre avec la famille d’un informateur - Rencontre à deux reprises

avec la famille et le meilleur ami d’un informateur - Visite de quatre jours chez la

famille d’un informateur - Rencontre avec la mère d’un

informateur sur son lieu de travail (marché des fleurs) - Visite de deux jours chez

l’ami d’un informateur ; rencontre avec la famille du même informateur et « retrouvaille » de l’enfant de celui-ci ; rencontre avec une famille ayant accueilli une informatrice guinéenne (Cambérène comme lieu de transit)

2 LES OUTILS MÉTHODOLOGIQUES

2.1 L’observation

Un premier outil méthodologique utilisé est celui de l’observation. Celle-ci occupe, avec la réalisation d’entretiens, une place centrale dans cette thèse. Olivier de Sardan définit l’observation de la façon suivante :

« Par un séjour prolongé chez ceux auprès de qui il enquête (et par l’apprentissage de la langue locale si celle-ci lui est inconnue), l’anthropologue se frotte en chair et os à la réalité qu’il entend étudier. Il peut ainsi l’observer, sinon "de l’intérieur" au sens strict. Du moins au plus près de ceux qui la vivent, et en interaction permanente avec eux. On peut décomposer analytiquement (et donc artificiellement) cette situation de base en deux types de situations distinctes : celles qui relèvent de l’observation (le chercheur est témoin) et celles qui relèvent de l’interaction (le chercheur est

coacteur). Les situations ordinaires combinent selon les dosages divers l’une et l’autre composante » (Olivier de Sardan, 1995 : 75).

Nous pouvons ainsi dire que l’objectif premier de l’observation est celui de vivre avec et vivre comme la population que l’on se propose d’étudier. Dans un premier temps, la démarche a plus précisément constitué un premier pas dans la familiarisation avec mes terrains. Puis, dans un deuxième temps, l’observation a été utilisée comme une modalité de production que j’ai croisée avec d’autres modes de production de données empiriques, tels les entretiens et le recensement quantitatif.

2.1.1 L’enquête de terrain, une expérience relationnelle

Comme le signale Olivier de Sardan, l’apprentissage de la langue locale se présente comme un premier outil permettant de mettre à l’œuvre la démarche de l’observation. Lorsque je suis allée une première fois à Salamanque en septembre 2004, l’année de mon Master 1, je ne parlais en effet pas espagnol. En suivant des cours de géographie et de sociologie en langue espagnole à l’Université, mais aussi en effectuant plusieurs formations dans différentes écoles de langues de la ville, j’ai, au fil des ans, atteint un niveau en espagnol me permettant de converser et réaliser des entretiens en espagnol sans difficultés majeures. Cependant, mon niveau est resté celui d’une « non Espagnole », ce qui a, finalement, constitué un atout dans mes relations avec les migrants non-hispanophones d’origine. En effet, l’apprentissage de la langue espagnole s’est avéré être le partage d’une expérience commune. Autrement dit, mes informateurs et moi, ayant vécu les mêmes débuts difficiles, les mêmes frustrations quant au sentiment de ne pas pouvoir s’exprimer comme nous le voudrions ou de ne pas être compris, éprouvions un sentiment de solidarité. C’est donc dans le partage de cette expérience que j’ai pu m’approcher de mes informateurs non hispanophones d’origine, de mettre ceux qui étaient complexés par leur niveau en espagnol à l’aise (« moi non plus je ne parle pas très bien ») et, ainsi, progressivement construire une relation de confiance. Mes connaissances du français ont à leur tour constitué un avantage pour approcher des migrants originaires de l’Afrique francophone. Certains des migrants originaires de cette région, ne parlant peu ou pas l’espagnol, se sont, à titre d’exemple, montrés heureux de pouvoir converser avec quelqu’un en langue française.

Pour la plupart de mes informateurs16, ni le français, ni l’espagnol ne constituent la langue employée lors des interactions avec les membres du groupe d’origine. Je me suis alors souvent retrouvée dans des situations d’observation où je n’étais pas en mesure de pouvoir comprendre ce que l’on disait autour de moi. Le cas des sénégalais parlant le wolof constitue un exemple. Les migrants sénégalais sont un groupe auprès duquel j’ai passé beaucoup de temps, d’abord parce que je suis certains d’entre eux depuis l’année de mon Master 1, ensuite parce que ce groupe occupe une place centrale sur la scène commerciale de la ville. J’ai alors jugé nécessaire d’apprendre quelques notions et expressions basiques en wolof. Je n’ai pas pu, par ces connaissances limitées, comprendre les conversations dans cette langue. J’ai, en revanche, pu entrer plus facilement en contact auprès des membres de ce groupe, m’y « faire une place » : lorsque l’on salue quelqu’un, que l’on demande les nouvelles de la famille restée au pays ou que l’on dit que le repas est bon en wolof plutôt qu’en espagnol ou en français, ce ne sont pas les mêmes relations qui s’établissent. La maîtrise de quelques phrases et notions basiques en wolof a ainsi constitué un gate opener, me permettant de vivre des moments clés au sein de ce groupe.

Les questions des connaissances linguistiques renvoient plus largement à l’identité du chercheur. Sur le terrain, je me suis généralement présentée comme une « étudiante norvégienne qui travaille sur des questions liées à l’immigration à Salamanque». Mon statut d’étudiante a constitué un avantage : on veut généralement aider l’étudiant (Beaud et Weber, 2003). Si une partie des informateurs étaient familiers avec les études doctorales, tant en termes de durée, d’effort, et de modalités de financement, d’autres ont moins bien saisi la logique dans laquelle je m’inscrivais. La question du « comment se passent tes vacances à Salamanque ? » m’a, par exemple, été souvent posée. D’autres personnes, m’ayant vu sillonner les mêmes lieux et poser des questions similaires depuis cinq ans, se sont montrés quelque peu sceptiques quant à la durée de mes études et ma situation en général. « Tu n’as toujours pas fini ? », « Comment tu fais pour financer tes séjours ?» ou « Tu ne vas pas bientôt travailler ? » constituent des exemples de questions auxquelles j’ai du faire face. Ces questions s’inscrivent dans « l’ordre de l’interaction » pour reprendre les termes de Goffman (1988). Dans une approche relationnelle de l’enquête de terrain (Mohia, 2008), il s’agit alors d’inclure dans cet « ordre de l’interaction » la place du chercheur. L’objectivisme en sciences sociales, notamment au sens durkheimien où « les phénomènes sociaux sont des choses et doivent être traités comme des choses » (Durkheim, 2002 : 27) a longtemps « conforté des

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postures épistémologiques et méthodologiques qui autorisaient le chercheur à se prétendre observateur neutre et à ignorer sa propre subjectivité » (Mohia, ibid.). Or, comme le dit Mohia (2008), « le problème de l’approche de la réalité en sciences sociales ne concerne pas seulement la démarche scientifique et ses critères d’objectivité qu’on décide de modifier en décrétant, par exemple, la prise en compte de la subjectivité. Il concerne aussi la relation à l’autre, le sort qui est réservé à cette relation dans les démarches sociologiques et ethno-anthropologiques, probablement dès leurs débuts » (Mohia, 2008 : 10-11). C’est donc dire que mon statut influence ma relation à l’autre. Outre mon statut d’étudiante, ma nationalité norvégienne a alors elle aussi joué un rôle dans la construction de mes relations sur le terrain. Ni Espagnole, ni originaire d’un pays colonisateur, j’ai suscité de la curiosité. La plupart des informateurs ne connaissaient en effet pas d’autres personnes originaires de la Norvège. Dans beaucoup de cas, l’envie d’apprendre des choses sur « l’Autre » était alors mutuelle17.

Mon statut d’étudiante étrangère m’a placé dans la catégorie des « Giri », expression utilisée pour désigner les étudiants étrangers à Salamanque18. Cette qualification fait plus largement allusion aux conduites que la population locale associe aux étudiants étrangers. « Faire la fête », « bronzer sur la Plaza Mayor » ou « prendre un verre dans les cafés de la

Plaza Mayor » sont ainsi des exemples de « ce que font les "Giri" », soit des conduites qui se

distinguent de celles du reste de la population salmantine (les Espagnols ou les migrants ne viennent généralement pas à la Plaza Mayor pour bronzer) ou qui, pour des raisons économiques, sont moins usuelles (les prix des consommations dans les cafés de la Plaza Mayor sont parmi les plus élevés de la ville). En effet, c’est surtout un certain pouvoir d’achat qui est associé aux étudiants étrangers. Sur le terrain, afin de ne pas faire de mon statut de « Giri » une image qui pouvait rendre plus difficiles mes relations avec mes informateurs, j’ai d’abord fait attention à mes tenues vestimentaires. Certains informateurs ont été très attentifs à ce genre de chose, c’est le cas de quelques vendeurs ambulants par exemple, notamment ceux qui vendent des produits de contrefaçon. Il m’est une fois arrivé de porter une écharpe en laine italienne et un commerçant gitan n’a pas tardé à remarquer la petite étiquette verte indiquant le nom de la marque. Il m’a alors « rappelé » la signification sociale de cette étiquette : « Ce sont les riches qui mettent de telles écharpes ». J’ai par ailleurs essayé de toujours être en possession de pièces de monnaie. Au marché, cette tactique s’est révélée

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fructueuse dans la mesure où les vendeurs sont toujours à la recherche de pièces. J’ai alors souvent pu les dépanner, en échange de billets. Ces échanges ont par la suite facilité la mise en contact, la manière dont j’étais perçue… Enfin, on associe également aux « Giri » les appartements du centre où les loyers sont les plus élevés. Mes informateurs ont presque systématiquement demandé où je logeais, avec qui et le prix de mon loyer. Je n’ai alors pas transmis la même image selon les réponses que je donnais. Si lors de mon séjour dans un appartement du centre c’est l’image du « Giri » que j’ai transmise, mon choix, pour les deux séjours suivants, de m’installer dans le quartier résidentiel de Garrido Norte m’a permis de me défaire un peu de cette image. C’est par une immersion dans la durée que j’ai appris ces subtilités, d’où la nécessité d’être patiente, de prendre les quelques faux-pas que l’on a pu faire comme une expérience s’inscrivant dans, justement, « (l’apprentissage) de l’expérience du terrain » (Mohia, 2008).

2.1.2 Les différentes situations d’observation

Selon les situations et les lieux d’enquêtes, j’ai adopté un rôle différent. Je ne pouvais, en effet, pas utiliser les mêmes tactiques d’enquête dans les marchés, dans les magasins, au café, sur la scène nocturne, au domicile des enquêtés, sur les lieux institutionnels… Pour atteindre les objectifs posés, il a donc fallu varier les démarches en fonction des objectifs posés, de la durée du séjour et de mon degré de familiarité avec les acteurs (Sall, 2007 : 108). Pour une meilleure compréhension de la procédure méthodologique de cette thèse, nous verrons ici plus en détail les situations et lieux où l’outil méthodologique de l’observation a été utilisé.

La scène institutionnelle

La scène institutionnelle a constitué une première porte d’entrée sur le terrain. C’est plus précisément à la Croix-Rouge que je me suis rendue dès l’année de mon Master 1, et où j’ai

réalisé mes tout premiers entretiens19. La responsable du programme lié à l’immigration a

ensuite facilité ma mise en contact avec d’autres informateurs, notamment des responsables d’associations de migrants. C’est ainsi qu’une première « boule de neige » a commencé à rouler. Après la Croix-Rouge, et toujours en Master 1, j’ai également commencé à nouer des contacts avec Caritas.

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Si ces institutions ont, dans un premier temps, constitué des portes me permettant d’entrer en contact avec des informateurs migrants, et d’avoir une première idée du type d’appui qu’elles proposent à la population migrante dans la ville, elles ont par la suite fait l’objet d’un travail d’enquête plus approfondi. Dans le cadre de la thèse, j’ai ainsi travaillé comme volontaire durant six semaines – en mai et juin 2007 – au Centre interculturel de Caritas. Parmi les tâches qui m’ont été confiées figuraient la garde d’enfants (le centre dispose d’une petite garderie gratuite), le service au café (après les cours, un café et des gâteaux sont proposés aux utilisateurs du centre), l’accueil et l’inscription en cours de langues de nouvelles personnes, l’accompagnement de migrants francophones chez l’avocat, au service social, au pôle emploi… Par cette immersion, j’ai pu observer le fonctionnement du centre « de l’intérieur » ; suivre les migrants dans leurs démarches et nouer des liens avec divers types d’informateurs (migrants récemment arrivés, volontaires de différentes nationalités…) En 2008, le centre m’a sollicitée pour intervenir auprès d’un collège dans la ville (intervention sur l’immigration sénégalaise) et d’animer une des soirées thématique du centre (soirée portant sur la culture sénégalaise), soit des interventions s’inscrivant elles aussi dans des situations d’observation. Dans ce cadre, j’ai avant tout joué le rôle du volontaire.

S’inscrivent également dans le cadre de l’observation de la scène institutionnelle mes visites auprès des structures telles le centre d’hébergement d’urgence et les services d’appui aux dépendants à la drogue et à l’alcool de la Croix Rouge, le centre d’hébergement du Padre Damien, le centre d’hébergement du Padre Antonio, la Casa de los pobres, le Centre d’action sociale du quartier Garrido Norte, le syndicat de travail Comisiones Obreras, l’association d’aide aux migrants Salamanca Acoge, la chambre de commerce de Salamanque, la mairie de Salamanque et la mairie de El Encinar. L’objectif de ces visites était de découvrir les différentes instances proposant un appui à la population migrante de la ville, d’en avoir une vision globale. Ma familiarisation avec les institutions s’est par ailleurs avérée utile lors des entretiens approfondis : lorsque les interviewés les évoquaient, leurs récits me parlaient, ce qui à mon tour m’a permis de poser des questions plus approfondies, de faciliter le déroulement de la conversation.

Plusieurs associations de migrants ont également été approchées, d’abord par