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Les différents types de mobilités estudiantines

3 LES ÉTUDIANTS ÉTRANGERS

3.1 Les différents types de mobilités estudiantines

Nous pouvons distinguer deux types d’étudiants étrangers à Salamanque : les étudiants qui viennent dans le cadre d’un programme d’échange, soit des « échanges institués », et les étudiants qui organisent leur séjour sans appui institutionnel, soit les « étudiants libres ».

3.1.1 Les échanges institués

Historiquement, les échanges institués comprennent les flux d’étudiants originaires des pays ayant une histoire coloniale avec le pays d’accueil. Dans ce cas, la connaissance de la langue et l’éventuelle familiarité avec le système éducatif constituent des facteurs facilitant

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l’échange. C’est ainsi que l’on voit depuis de nombreuses années des étudiants indiens ou pakistanais en Angleterre, des étudiants magrébins ou africains en France (Murphy-Lejeune, 2003) et des étudiants latino-américains en Espagne. Depuis quelques années, on observe la mise en place de programmes d’échanges laissant place à l’accueil d’étudiants originaires de « nouveaux » pays. Les programmes Erasmus et Erasmus-Mondus en constituent les exemples les plus connus. S’ajoutent à ceux-ci d’autres échanges institués, tels, en Espagne, les dits boursiers du gouvernement.

Amina, étudiante sénégalaise

Née en 1978 au Sénégal, Amina est arrivée en Espagne par le biais d’une bourse du gouvernement espagnol en 2006. Elle est l’aînée de cinq sœurs, sa mère est institutrice et son père est professeur d’art plastique. Depuis qu’elle est petite, ses parents l’encouragent à s’investir dans les études. Après son bac, elle part étudier à Dakar où elle obtient une maîtrise en espagnol, puis elle passe deux ans à l’école normale supérieure où elle se forme en tant que professeur de collège. Elle obtient sa qualification et est affectée dans un établissement situé entre Dakar et Saint-Louis en 2006. Peu après, elle apprend que la bourse du gouvernement espagnol pour laquelle elle a postulé huit mois auparavant lui a été accordée. Elle raconte ses démarches pour obtenir une telle bourse : « C’est après la maîtrise que j’ai commencé à penser que les opportunités au Sénégal n’étaient pas très claires. Avec une maîtrise en langues, tu n’as pas beaucoup d’opportunités, c’est soit l‘enseignement, soit le chômage. J’ai donc fait les démarches nécessaires pour demander la bourse ; j’avais des amis qui étaient partis et chaque année ils affichaient les annonces de bourse. J’ai tout fait par internet et j’ai moi-même contacté l’Université de Salamanque, le Sénégal n’a rien à voir dedans. Quand j’ai eu la réponse je me suis dit que j’avais un peu peur. Je me suis dit « tu vas laisser ton boulot ici, tu vas là-bas, tu ne sais pas encore si tu vas retrouver ton boulot si tu rentres au Sénégal ». Puis je me suis dit « courage, ça va être une expérience de toute façon. Tu vas venir en Espagne, vivre la langue, le diplôme espagnol il va être plus valorisé et si tu retournes avec une thèse il y a des plus fortes chances que te sois enseignante à l’Université ». Donc je me suis dit que j’allais tenter le coup et… je suis là. »

On note par ailleurs que les étudiants Erasmus occupent une place centrale à Salamanque. En termes de nombre certes97, mais la notion de « Erasmus » est aussi mobilisée – par les étudiants eux-mêmes comme par la population locale – afin de désigner plus largement « l’étudiant étranger » :

Dans ma classe, la moitié des élèves ce sont des Espagnols et l’autre moitié ce sont des Erasmus. Enfin, Erasmus… je ne sais pas exactement ce que c’est Erasmus. C’est lorsque l’on fait un échange universitaire, non ? (Sandra, Corée du Sud, février 2009).

Ainsi, lorsque l’on parle d’étudiants Erasmus, on se réfère souvent tout simplement aux « étudiants étrangers ».

3.1.2 Les étudiants libres

Une catégorie qui, depuis quelques temps, suscite une attention croissante chez les chercheurs

s’intéressant aux mobilités étudiantes est celle des étudiants libres98. Ces derniers se

caractérisent par une mobilité « spontanée » organisant eux-mêmes le séjour sans soutien institutionnel (Gordon et Jalada, 1996, in Murphy-Lejeune, 2003). De plus en plus nombreux, « cette expansion ajoute une dimension marchande à l’enseignement supérieur européen […], c’est pourquoi certains suggèrent d’envisager les mouvements d’étudiants à l’heure actuelle comme faisant partie d’ensembles plus larges qui incluent les migrations professionnelles et les flux financiers » (Casles et Miller, 1994 in Murphy-Lejeune, 2003 : 15).

À Salamanque, nous pouvons distinguer deux types d’étudiants libres : ceux qui viennent pour étudier à l’Université, et ceux qui viennent pour étudier l’espagnol dans des écoles de langue privées. Si les frais d’inscription à l’Université ne sont pas particulièrement

élevés99, ceux des écoles de langue le sont. Véritables «produits commerciaux », elles

paraissent fort éloignées de la sphère cognitive de l’Université. Parallèlement, ces écoles peuvent constituer une porte d’entrée vers le monde universitaire. Plusieurs informateurs ont, après avoir étudié l’espagnol dans de telles écoles, poursuivi leur carrière d’étudiants migrants ϵϳ  WŽƵƌ ů͛ĂŶŶĠĞ ƐĐŽůĂŝƌĞ ϮϬϬϳͬϮϬϬϴ͕ ů͛hŶŝǀĞƌƐŝƚĠ ĚĞ ^ĂůĂŵĂŶƋƵĞ ;ƉƵďůŝƋƵĞͿ ĂĐĐƵĞŝůůĂŝƚ ϭϯϱϯ ĠƚƵĚŝĂŶƚƐ Ɛ͛ŝŶƐĐƌŝǀĂŶƚĚĂŶƐůĞƉƌŽŐƌĂŵŵĞĚ͛ĠĐŚĂŶŐĞĞƵƌŽƉĠĞŶƌĂƐŵƵƐ͘ŶƚĞƌŵĞƐĚĞŶĂƚŝŽŶĂůŝƚĠƐ͕ĞůůĞƐƐĞƌĞƉĂƌƚŝƐƐĞŶƚ ĐŽŵŵĞ ƐƵŝƚ;Ɛŝdž ƉƌĞŵŝğƌĞƐͿ͗ /ƚĂůŝĞ ;ϮϵϳͿ͕ &ƌĂŶĐĞ ;ϮϱϭͿ͕ ůůĞŵĂŐŶĞ ;ϮϯϰͿ͕ WŽƌƚƵŐĂů ;ϭϭϱͿ͕ ZŽLJĂƵŵĞ hŶŝ ;ϵϮͿ Ğƚ ĞůŐŝƋƵĞ ;ϴϯͿ͘ ^ŽƵƌĐĞ͗ ƐŝƚĞ ĚĞ ů͛hŶŝǀĞƌƐŝƚĠ ;ĐĂŵƉƵƐ͘ƵƐĂů͘ĞƐͬŐĂďŝŶĞƚĞͬĐŽŵƵŶŝĐĂĐŝŽŶͬ/ŶĨŽƌŵĞͺƌĂƐŵƵƐϬϴͲ Ϭϵ͘ƉƉƐͿ͘ 98>ĞƐĨƌĞĞͲŵŽǀĞƌƐĞŶĂŶŐůĂŝƐ;DƵƌƉŚLJͲ>ĞũĞƵŶĞ͕ϮϬϬϯͿ 99 >ĞƐĨƌĂŝƐăů͛hŶŝǀĞƌƐŝƚĠƉƌŝǀĠĞƐŽŶƚďŝĞŶĠǀŝĚĞŵŵĞŶƚƉůƵƐĠůĞǀĠƐƋƵĞĐĞƵdžĚĞů͛hŶŝǀĞƌƐŝƚĠƉƵďůŝƋƵĞ͕ŝůƐƌĞƐƚĞŶƚ ƚŽƵƚĞĨŽŝƐŵŽŝŶƐĠůĞǀĠƐƋƵĞĐĞƵdžĚĞƐƉĂLJƐƚĞůƐƋƵĞů͛ŶŐůĞƚĞƌƌĞŽƵůĞƐƚĂƚƐͲhŶŝƐ͘

à l’Université. Dans ces cas, les écoles de langues font figure « d’institutions d’accueil » : elles permettent une familiarisation avec la langue, les codes culturels et le fonctionnement institutionnel :

Avant de venir, j’avais déjà l’idée de faire un master en Espagne. Mon projet depuis la Chine c’était en effet d’apprendre l’espagnol, puis de faire un master. Maintenant, j’ai fait les papiers, je les ai donnés au secrétariat et j’attends actuellement la réponse à savoir si je suis acceptée ou non (Bea, Chine, février 2009).



Il est en effet plus facile d’organiser un séjour à l’Université après avoir déjà passé un certain temps en Espagne. C’est donc ainsi que les écoles de langues peuvent constituer une première étape de l’expérience migratoire de certains étudiants.