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Réinscrire le design des services multimédia dans la dynamique des goûts médiatiques des goûts médiatiques

DANS UNE PRAGMATIQUE DE L'USAGE

Chapitre 1. Inscrire les usages des services multimédia dans la constellation des goûts médiatiques

II. Réinscrire les utilisations fonctionnelles dans la dynamique des goûts médiatiques

1. Réinscrire le design des services multimédia dans la dynamique des goûts médiatiques des goûts médiatiques

La spécificité des études sur les HCI tient au fait qu'elles sont développées en amont de la diffusion des services finalisés pour recueillir, à partir de protocoles expérimentaux, les modalités d'appropriation possibles de prototypes de services. Pour les aborder, elles prennent comme observatoire le design des services et le design des interfaces. Elles sont formulées pour permettre aux développeurs de réajuster les interfaces aux attentes des utilisateurs potentiels : « the basic aim of our study is to point

out the importance of introducing the consumer viewpoint into product development »65. Pour atteindre cet objectif, des téléphones portables ou des PDA (Personal Digital

Assistant) sont remis aux personnes recrutées dans le but d'observer leurs utilisations

potentielles de ces services.

Nous considérons dès lors, dans l'optique d'une sociologie des usages, que ces travaux ciblent plus l'accessibilité de ces services que leur appropriation réelle :

« La deuxième série de distinctions que je souhaite introduire ici concerne la séquence : accessibilité-usage-appropriation. Il est en effet important de ne pas confondre l’accessibilité et l’usage. Quand on souhaite rendre une technologie accessible, c’est que l’on veut que cette technologie soit d’abord rendue physiquement disponible aux groupes d’individus que l’on cible. L’usage effectif de cette technologie implique un geste supplémentaire de la part de l’individu : il est nécessaire que celui-ci adopte cette technologie qui lui est offerte de manière à l’inscrire dans sa trajectoire propre. Le moment de l’appropriation constitue alors le but ultime du processus. L’appropriation effective d’une technologie par un agent humain suppose, selon moi, la réunion nécessaire et suffisante de trois conditions : a) une maîtrise cognitive et technique minimale de l’objet ou du dispositif technique ; b) une intégration sociale significative de l’usage de cette technologie dans la vie quotidienne de l’agent humain ; c) la possibilité qu’un geste de création soit rendu possible par la technologie, c’est-à-dire que l’usage de l’objet technique fasse émerger de la nouveauté dans la vie de l’usager. » 66

64

Tilson, Lyytinen, 2005, 2006 ; Tilson, Lyytinen, Sørensen, Liebenau, 2006 ; Yoo, Lyytinen, Yang, 2005.

65

Repo, Hyvönen, Pantzar, Timonen, 2004, p.2.

Si nous situons notre approche du côté de l'appropriation, ces études pionnières s'intéressent quant à elles à la structuration de l'interface du prototype de service pour saisir comment il serait possible de la rendre plus « accessible ». Pour donner un aperçu de ces travaux, nous allons nous focaliser sur la première étude67 qui traite du design de la Mobile TV en ouvrant le questionnement, et en apportant des éléments de cadrage, sur les usages pionniers de ce service. Cette étude est donc essentielle puisqu’elle a posé les bases des travaux ultérieurs.

Pour observer les interactions entre les utilisateurs et la Mobile TV, cette étude prend comme observatoire le design de la télévision sur des dispositifs mobiles (PDA et

Pen Tablet). Elle prolonge les nombreux travaux sur le design des télévisions

domiciliaires interactives68 en montrant comment l'interface de la Mobile TV rend la réception des programmes télévisés encore plus interactive que sur les télévisions domiciliaires69.

Cette interactivité découle du design du service étudié par Södergard. Ce design se rapproche plus de la consommation à la carte d'un service de VOD que de la consommation de contenus diffusés en temps réel, puisque les différents programmes télévisés sont référencés sur des pages de l'Internet mobile (cf. la reproduction ci-dessous). Encore une fois, ce constat n'est pas gratuit puisque cette étude va devenir paradigmatique : ses biais vont se retrouver dans la plupart des travaux ultérieurs. Les utilisateurs doivent donc balayer différentes pages dans l'objectif de sélectionner la vidéo d'un programme intéressant.

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A notre connaissance, les travaux de Södergard sont les premiers du genre à aborder la question des utilisations de la Mobile TV ou, du moins, ce sont les premiers à avoir été rendus publics. Si ce n'est pas le cas, il ne fait pas de doute que les travaux de Södergard sont les plus repris par les études ultérieures. Södergard, 2003, 2004.

68

Pour un état de l'art, cf. Lehtola S., Mokka S., 2002.

Figure 4 : Page du prototype de Mobile TV référençant les programmes

Sur leur télévision domiciliaire, les utilisateurs sélectionnent un programme en zappant d'une chaîne à l'autre et en jetant un œil aux émissions en cours de diffusion. Ils peuvent recourir à différentes modalités de zapping qui ont pu être catégorisées à travers une étude « pragmatique de la réception »70 : le « soft zapping », le « hard zapping », le « zapping amoureux », le « zapping impliqué », etc. Quelle que soit la logique de zapping adoptée, ces téléspectateurs ont directement accès aux programmes diffusés. En faisant défiler les chaînes, ils peuvent se laisser directement capter par le programme qu'ils visionnent. Il est intéressant de noter qu’ils ne peuvent pas transférer cet art de faire sur le prototype de service étudié par Södergard. En effet, les pages de ce prototype référencent des programmes précis selon leur genre et leur date de diffusion (cf. la reproduction ci-dessus). Comme l'accès au programme n'est pas immédiat, ils doivent en sélectionner un par l’intermédiaire de ce référencement. Cette réception télévisuelle peut alors être analysée comme davantage interactive71 dans la mesure où l'utilisateur doit sélectionner les programmes en fonction de cet intermédiaire. Notre critique de cette étude, et des travaux ultérieurs, repose sur ce fait dans la mesure où ces prototypes de services ne permettent pas aux utilisateurs de retrouver leurs programmes favoris, ceux qu’ils visionnent depuis leur poste de télévision domiciliaire. C’est pourquoi ces travaux évacuent la dimension du transfert des préférences télévisuelles et ne prennent pas en compte leur rôle dans l’appropriation de la Mobile TV. Cette thèse est produite autour de ce constat et se propose d’y apporter des éléments de réponse.

70

Bertrand, De Gournay, Mercier, 1988.

2. Réinscrire la relation aux contenus multimédia dans la dynamique

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