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L'APPROPRIATION DES SERVICES MULTIMÉDIA EN SITUATION DE MOBILITÉ

I. Présentation de la deuxième étude

2. Description de la base de données

Les suivis ethnographiques, réalisés à l'aide d'enregistrements vidéo, ont donc été effectués en deux temps. Même si la réalisation des autoconfrontations était tâtonnante, les données recueillies lors de la phase exploratoire restent similaires à celles recueillies lors de la phase finale. C'est pourquoi, nous avons délimité la base de données autour de l'ensemble des enregistrements recueillis (cf. le tableau ci-dessous).

Tableau 8 : Synthèse de la base de données

Ce corpus de vidéos a été constitué à l'aide de 15 participants sur une période relativement large. Les premières expérimentations ont débuté au mois de juin 2005 et la phase finale a été clôturée au mois de juillet 2007. Ce n'est qu'à partir du mois de janvier 2007, soit 6 mois après la diffusion des offres illimitées, que les premiers usages de la Mobile TV en situation de mobilité ont été capturés.

Nous avons demandé aux participants d'enregistrer leurs trajets quotidiens dans les transports en commun entre leur domicile et leur lieu de travail. Ils devaient s'adonner à cet exercice sur une quinzaine de jours afin de pouvoir recueillir cinq trajets allers-retours. Il nous est apparu important de cibler des trajets quotidiens car ils permettent de comparer comment les individus orientent, au jour le jour, leurs déplacements. Il devient possible de repérer quels supports d'information ils mobilisent, à quel moment et dans quel mode de transport. Et, par la régularité de ces trajets, il devient possible de cerner comment les événements de l'actualité peuvent les inciter à donner une certaine orientation à leurs usages en s'orientant vers de nouvelles sources d'information. Nous expliquerons cela en détail car les observations ont été réalisées durant les élections présidentielles, ce qui nous a permis d'observer comment l'effervescence des débats médiatiques se répercutait au quotidien sur les pratiques des usagers et sur la manière dont ils conduisent leurs déplacements.

Si notre objectif était bien de recueillir le déplacement journalier entre le domicile et le travail, il a été demandé aux personnes qui en avaient la possibilité de filmer certains

N° Nom Phase Durée du

trajet Nombre de trajets allers Nombre de trajets retours Autres trajets Durée totale Usages filmés 1 NP Exploratoire 1 h 15 2 2 0 4 h 30 PQN / Gratuits 2 JC Exploratoire 45 m 3 3 0 3 h 45 6 A Finale 45 m 2 2 0 2 h 15 3 T Exploratoire 30 m 3 3 0 2 h 45 WAP VOD Gratuits PQN 4 JA Exploratoire 30 m 6 6 2 8 h 30 5 V Exploratoire 1 h 15 3 3 0 7 h 00 7 PX Finale 30 m 3 0 0 1 h 30 8 B Finale 30 m 4 3 1 6 h 15 9 N Finale 45 m 3 3 1 5 h 15 Mob.TV WAP VOD Gratuits 10 H Finale 1 h 7 6 0 9 h 45 11 L Finale 1 h 15 5 3 0 7 h 30 12 BB Finale 30 m 4 4 2 5 h 00 13 BT Finale 30 m 5 5 0 4 h 15 14 S Finale 40 m 5 4 0 4 h 30 15 V Finale 40 m 5 5 0 6 h 45 Total 60 52 6 79 h 30

déplacements plus occasionnels, comme par exemple lorsqu'elles se rendent à un rendez-vous ou lorsqu'elles partent en week-end. Il ressortira de ces déplacements occasionnels quel rôle jouent les téléphones multimédia dans la coordination des rendez-vous. Nous montrerons ainsi comment les fonctions multimédia bénéficient de l'aura des fonctions communicationnelles.

Les 10 usagers recrutés pour la phase finale devaient donc filmer cinq trajets allers-retours. La base de données ainsi constituée est relativement conséquente. Si l'on y associe les enregistrements recueillis à titre exploratoire, notre corpus est composé de 60 trajets allers, de 52 trajets retours, soit un total de 79 heures et 30 minutes d'enregistrement (cf. Le tableau ci-dessus). Comme cela n'a pas été notre priorité, nous n'avons capturés que 6 « Autres trajets » réalisés à titre occasionnel.

Cette durée cumulée des enregistrements est suffisamment importante pour développer des analyses solides. Cependant, il faut reconnaître que nous ne pourrons pas analyser en détail l'ensemble de ces enregistrements. D'une part, la finesse de nos retranscriptions nous a invité à nous focaliser sur un corpus plus restreint. D'autre part, les problèmes divers et variés rencontrés par les participants ont rendu certains enregistrements inexploitables (problèmes de cadrage, coupure prématurée…). Dès lors, une fois cette double sélection opérée, nous avons réellement analysé une cinquantaine de trajets.

Maintenant que nous sommes engagés dans le processus d'écriture, nous allons effectuer une troisième sélection dans le but de retenir ceux qui semblent être les plus représentatifs et ceux qui nous permettent de dérouler nos analyses le plus clairement possible. Comme les arts de faire des participants se recoupent souvent, nous considérons qu'il est judicieux de se contenter de mobiliser les retranscriptions d'une quinzaine de trajets pour ne pas parasiter le compte rendu de nos analyses (cf. les retranscriptions en annexes, p. 390). Nous allons plus précisément faire un focus sur une seule utilisatrice tant ses manières de faire nous semble paradigmatiques. Ce choix vise à ne pas disperser le lecteur en l’amenant à investir un cas particulier dans le détail. Mais ce cas d’étude n’est en rien singulier. La manière dont cette utilisatrice traite l’interface de son téléphone, les repères de son déplacement ou les co-présents est similaire à la manière dont les autres utilisateurs procèdent. Le niveau de l’activité que nous allons investir est si fin qu’il permet de se focaliser sur un cas particulier pour généraliser des arts de faire. L’observation des usages des autres participants permet alors de cibler les arts de faire

partagés pour identifier ceux qui méritent, à travers un cas précis, d’être traités de manière rigoureuse à l’aide des enregistrements vidéo.

Ces enregistrements vont nous permettre d'observer les divers modes de divertissement que les participants utilisent dans les transports en distinguant ceux qu’ils embarquent avec eux, avant de franchir le « seuil »281 de leur domicile, et ceux qu’ils saisissent en cours de route. Par ce procédé, il devient possible de recomposer la manière dont les usages des supports médiatiques viennent s'articuler avec la conduite des déplacements. Ce dispositif méthodologique rend patent l’écart qui sépare les comptes-rendus d'usages, recueillis à l'aide des entretiens, et les traces d'utilisations recueillies à l'aide des enregistrements vidéo. En effet, les personnes interrogées au cours de la phase finale ont toutes déclaré utiliser la Mobile TV. Seulement, comme les enregistrements ont été réalisés sur une période restreinte, il a pu arriver que ces utilisateurs n’aient pas mobilisé ce service à ce moment-là. C'est pourquoi, comme on peut le voir dans le tableau ci-dessus, 3 participants de la phase finale n'ont pas filmé leurs utilisations du service de télévision. Si cet aspect pourrait être assimilé à une limite, nous en avons fait une ressource en leur demandant de nous expliquer pourquoi ils n'avaient pas utilisé ce service à ce moment-là. C'est ainsi qu'il est apparu comment les différents formats de contenus et les différents types de services s'indexent différemment sur les situations d’usage. Nous verrons comment les utilisateurs réajustent leurs usages au jour le jour et redéfinissent leurs attentes lorsque les conditions de la réception ne sont pas rencontrées.

Maintenant que nous avons présenté le corpus des données vidéo, il convient de comprendre comment analyser ces enregistrements. La partie suivante va s'atteler à cette tâche mais elle ne doit pas faire oublier que le positionnement que nous avons finalement adopté est le résultat de longs tâtonnements méthodologiques.

II.Vers une approche pragmatique des activités médiatiques prises dans

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