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En régime de change flexible

1.3.3 Politique économique, régime de change et ouverture

1.3.3.2 En régime de change flexible

Dans ce régime de change, les effets de la politique budgétaire dépendent aussi du degré de mobilité des capitaux.

- Mobilité forte des capitaux

Une politique budgétaire expansive entraîne une dégradation de la balance commerciale. Cependant, les flux de capitaux entrant compensent le déficit de la balance commerciale et le second effet l’emporte sur le premier. Le solde globale devient excédentaire (excédent externe). Cet excès de demande de la monnaie domestique entraîne l’appréciation de celle-ci. Cela a pour effet de dégrader la balance commerciale. La hausse initiale de revenu s’en trouve réduite, d’où une faible efficacité de la politique budgétaire.

- Mobilité faible des capitaux

La politique budgétaire expansionniste déplace IS vers la droite, l’effet sur la balance commerciale l’emporte sur celui de la balance des capitaux. Il y a un déficit externe (la balance des paiements est déficitaire). La faible demande de monnaie domestique entraîne une dépréciation de la monnaie domestique (rendant les exportations plus compétitives et réduisant les importations) qui à son tour entraîne une hausse du revenu national plus importante que la hausse initiale. Dans ce cas la politique budgétaire est efficace.

En guise de conclusion, il apparaît qu’en régime de change flexible, la politique budgétaire est d’autant plus efficace que la mobilité des capitaux est faible.

Le modèle peut être résumé suivant le tableau ci-dessous :

Tableau I.1 Efficacité de la politique budgétaire suivant le régime de change Régime de change Mobilité des capitaux Politique budgétaire

Fixe faible inefficace

forte efficace

Flexible faible efficace

92 Cependant, cette conception des modèles IS-LM-BP, ne fait pas l’unanimité même au sein des économistes d’obédience keynésienne tels que (Romer D., 2000) qui se sont attelés à la critique de ces modèles.

Une expansion budgétaire permanente modifie l’état stationnaire de la répartition de l’emploi et de la consommation au niveau mondial dans le long terme alors que dans le court terme, la seule variable globale qui répond à un choc budgétaire est le taux d’intérêt réel : une anticipation à la baisse de la consommation mondiale dans le futur213.

En outre, une contraction budgétaire du pays étranger génère des externalités internationales augmentant ainsi le bien-être domestique. Toutefois, si cette contraction budgétaire est généralisée au niveau mondial alors le bien-être mondial en pâtira214.

Toutefois, au regard des diverses critiques adressées au modèle IS-LM de base, certains économistes215 se sont évertués à l’amélioration du modèle avec de nouvelles hypothèses (analyse en termes d’inflation à la place du niveau des prix ; les banques centrales ciblent le taux d’intérêt réel et non la masse monétaire).

Afin de faire face aux différentes critiques qui sont adressées au modèle IS-LM (le manque d’universalité, l’absence de fondements microéconomiques, une politique de ciblage de la masse monétaire irréaliste)216, D.Romer propose un nouveau modèle appelé IS-MP-IA dans lequel la courbe LM est modifiée217. L’hypothèse de base est que la Banque Centrale ne cible pas la masse monétaire mais suit la règle du taux d’intérêt réel. Dans ce modèle, le taux d’intérêt nominal est remplacé par le taux d’intérêt réel, et le niveau des prix par l’inflation. Les banques centrales des pays industrialisés s’intéressent davantage aux taux d’intérêt appliqués aux prêts dans leurs politiques de court terme (par exemple la FED regarde le taux des fonds fédéraux). La politique monétaire est décrite en termes de taux d’intérêt réel ; la demande globale est représentée par la relation entre l’inflation et la production218. L’inflation détermine le taux d’intérêt réel et celui-ci régit la production.

213 Corseti G et Pesenti P. (2001, p. 29)

214 Ibid., p. 30

215 Parmi ces auteurs on peut citer : D. Romer, Taylor, Abraham-Frois, Arestis-Sawyer, Woodford, Vilieu…

216 Voir par exemple Abraham-Frois G. (2003)

217 Dans le modèle IS-MP-IA : IS la demande globale, MP décrit dorénavant le lien entre l’offre de monnaie et le taux d’intérêt réel et IA décrit le niveau d’inflation pour un niveau d’offre donné de court terme.

93 D. Romer (2012) étudie l’effet d’une politique budgétaire suivant l’ouverture internationale, l’horizon temporel et le régime de change.

- L’effet d’une politique budgétaire dans le court terme (taux d’inflation constant)219

En économie fermée, une politique budgétaire expansionniste accroît la production et le taux d’intérêt.

En économie ouverte à régime de change flexible, une augmentation des dépenses publiques hausse le taux d’intérêt, affecte négativement les exportations nettes et apprécie le taux de change220. La hausse des taux d’intérêt signifie que les dépenses publiques évincent l’investissement privé (le flux de capitaux baisse). Une politique protectionniste pour parer à cette situation n’aurait d’effet ni sur l’investissement, ni sur l’épargne ou encore sur les exportations nettes.

En économie ouverte à régime de change fixe, une politique budgétaire expansionniste augmente la production et le taux d’intérêt. La hausse du taux d’intérêt accroît les réserves de la Banque Centrale. Il en conclut que le désir de garder un régime de change fixe n’est pas un frein à une politique budgétaire expansionniste. Ici, une politique protectionniste visant à diminuer les importations aurait des effets macroéconomiques (une hausse des exportations nettes, une baisse des taux d’intérêt et une augmentation de la production)221.

- L’effet d’une politique budgétaire à long terme (taux d’inflation variable)

Dans le modèle AD-IA222, une hausse des dépenses publiques implique immédiatement une hausse de la production223 alors que l’inflation ne répond pas immédiatement à la hausse de la production. L’effet immédiat d’une augmentation des dépenses publiques est donc une hausse de la production tandis que l’inflation demeure inchangée. Ce niveau de production au-dessus de son niveau naturel entraîne une hausse de l’inflation. Cette dernière implique un déplacement de la courbe IA (hausse de l’inflation) vers le haut et par conséquent le retour progressif de la production vers son niveau naturel. Ce processus se poursuivra jusqu’à ce que la production soit à son niveau naturel. L’inflation continuera à augmenter tant que la production n’aura pas atteint son niveau naturel (Graphique I.4).

219 À court terme, il ne raisonne pas en termes de taux d’intérêt réel car l’inflation est supposée constante.

220 Une politique monétaire via la hausse des taux d’intérêt de la banque centrale réduit d’abord l’investissement ensuite baisse la valeur de la monnaie et les exportations nettes.

221 Ibid., p. 47

222 AD : demande agrégée ; IA : niveau d’inflation.

94 Graphique I.4 Effet d’une hausse des dépenses publiques dans le long terme

Cette hausse de l’inflation entraîne une hausse du taux d’intérêt réel (voir Graphique I.5). En fin de compte, l’accroissement des dépenses gouvernementales augmente le taux d’intérêt réel de la Banque Centrale pour un même niveau de production dans le long terme224. L’investissement baisse quand les dépenses publiques augmentent (en raison de la hausse initiale du taux d’intérêt) puis diminue davantage quand l’économie s’ajuste à son nouveau niveau d’équilibre de long terme.

Graphique I.5 Effet d’une hausse des dépenses publiques dans le long terme sur le diagramme IS-MP

224 Romer D. (2012, p. 66)

95 Dans une économie à régime de change flexible, le flux de capitaux (qui est égal aux exportations nettes) est une fonction décroissante du taux d’intérêt réel. Cette chute du flux de capitaux et par conséquent des exportations nettes se produit du moment de la hausse des dépenses publiques et baisse davantage quand l’économie tend vers son nouvel niveau d’équilibre de long terme. Le taux de change s’apprécie dès l’instant que les dépenses publiques croissent et continuent à augmenter à la suite.

Globalement à l’instar de D.Romer, les économistes du nouveau consensus considèrent que les politiques budgétaires expansionnistes augmentent le taux d’inflation et le taux d’intérêt, mais elles n’ont aucun effet sur la production de long terme. De même, les politique monétaires n’impactent aucunement sur la production mais pèsent sur le niveau d’inflation.

Ce lien entre les dépenses publiques nationales et la croissance sous l’effet des pays étrangers est également évoqué via la notion d’interdépendance budgétaire.