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Les registres comptables fribourgeois du XVe siècle se présentent sous deux formes différentes: les brouillons (estallons) et les mises au net (afformés). Vraisemblablement, l'exemplaire définitif, le seul qui contient les sommes intermédiaires et finales, était celui présenté par le trésorier devant les membres du Conseil, alors que le brouillon était l'exemplaire de travail du chancelier, qui le remplissait au fur et à mesure que le trésorier lui transmettait ses notices. Les deux exemplaires (estallon et afformé) étaient rédigés par le secrétaire de la ville avec parfois des interventions des clercs rattachés à la chancellerie, interventions qui ont été relevées surtout dans les estallons220. Dans la genèse des livres

comptables étaient impliqués plusieurs fonctionnaires: le trésorier, qui administrait le trésor de la ville et qui avait une vision d'ensemble des dépenses et des recettes, les receveurs des taxes et les autres fonctionnaires, qui transmettaient leurs propres comptabilités pour les inclure dans les récapitulatifs semestriels, ainsi que le secrétaire de la ville, qui rédigeait les registres officiels (exemplaire de travail et mise au net).

Si on étend à Fribourg ce qui a été relevé pour d'autres villes, le trésorier, au fur et à mesure qu'il versait de l'argent, écrivait les sommes dans un petit cahier qu'il présentait périodiquement au chancelier pour enregistrer les données dans le compte semestriel. Malheureusement, pour Fribourg on ne conserve pas de documents permettant d'éclaircir ce point221.

Contrairement à d'autres villes, les récapitulatifs des semestres comptables fribourgeois semblent réunir méticuleusement les dépenses et les recettes urbaines et seraient donc relativement complets222. Si, à Genève, les mises au net étaient réalisées en deux exemplaires,

un pour le receveur général et un pour les contrôleurs des comptes223, à Fribourg, les afformés

étaient conservés par le secrétaire de la ville – comme atteste la perte de tous les exemplaires

220 La question du rédacteur des livres comptables fribourgeois a été longtemps débattue, les textes ayant

parfois été attribués aux trésoriers. Voir WYSSA, Le compte des trésoriers, p. 12; BARRAS,Le compte des trésoriers, p. 8-

10; Philippe MARGUERAT, "Pratiques juridiques et usages linguistiques dans le domaine francoprovençal du XIIIe au XVIe siècle", dans Colloque de dialectologie francoprovençale, p. 160, 161 n. 52; ID., Documents linguistiques de la

Suisse romande, Paris, 1968 (thèse dactylographiée).

221 Cf. le chapitre suivant, "Livres auxiliaires de la comptabilité fribourgeoise". 222La fiscalité des villes au Moyen Âge - 1. Etudes des sources.

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rédigés par Guillaume Gruyère (sauf le premier semestre 1482)224 – alors que les estallons

restaient aux trésoriers – par exemple, on ne conserve plus les estallons rédigés sous les deux premiers mandats de Jacques de Praroman l'ancien225.

Une autre question, touchant des chapitres égarés volontairement des comptes fribourgeois, reste irrésolue: ces lacunes concernent principalement les chapitres des députations à cheval, qui ont été systématiquement arrachés dans un compte sur deux, en laissant, dans la majorité des cas, l'estallon intact. Ce fait touche, en moindre mesure, également les messagers à pied, les vins d'honneur et les dépenses diverses226. L'arrachement pourrait être

contemporain à la compilation des comptes et accompli au moment de leur reddition, car l'exécution ou non de cette mutilation semblerait dépendre du trésorier en charge. La main attribuée à l'archiviste Daguet accuse, sur les couvertures des comptes mutilés, un présumé "vandale" ou "coquin" de ces méfaits: "Le canif du vandale qui a pris à tâche de détruire notre histoire a de nouveau coupé ici toutes les feuilles qui contenaient (...)"227, alors que ces

arrachements, qui concernent toujours les mêmes chapitres, avaient vraisemblablement un but précis228.

Chaque registre semestriel (env. 35 x 25 cm) est relié séparément et couvert d'un parchemin229 ou simplement d'une feuille de papier. Il est composé d'un jusqu'à quatre cahiers

d'un nombre variable de feuilles doubles de papier filigrané230 (entre 6 et 50), le tout relié par

du fil de chanvre. Les estallons seuls présentent un foliotage de l'époque en chiffres romains au recto des feuilles; dans les afformés, une numération des pages en chiffres arabes a été rajoutée postérieurement au crayon au recto des feuilles. Les recettes occupent un nombre nettement

224 1477-1483 (CT 150-158, 160-161).

225 1416-1419 (CT 28-33) et 1422-1425 (CT 40-45).

226 Les frais administratifs et divers furent par exemple arrachés du compte du premier semestre 1447. Dans

ces pages était présentée l'importante dépense de 2'900 livres versées au duc Albert d'Autriche "en aittaire de son viage de Flandres" (CT 89bis (1447/I), fol. 15v).

227 CT 49 (1427/I), couverture.

228 Le but ne semble pas être celui d'occulter des dépenses sensibles car, normalement, le doublon du chapitre

(estallon ou afformé) reste intact; les cas où des chapitres ont disparu des deux copies sont rares. S'agissant de

rubriques concernant les relations avec princes, seigneurs et villes voisines, on pourrait supposer que les feuilles arrachées étaient consignées à l'extérieur de la ville ou bien que, à l'inverse, un exemplaire du compte était présenté à une autorité externe, privé de ses parties les plus délicates. Ces hypothèses sont toutefois faibles car, dans le premier cas, on aurait très bien pu en faire une copie, alors que dans le deuxième, le fait de trouver des manques dans les estallons signifierait que, parfois, on présenta aussi des brouillons sans les sommes intermédiaires

et finales.

229 Ce sont plus souvent les estallons à être recouverts d'un parchemin, ce qui confirme leur caractère d'usage et

donc la nécessité de les protéger des manipulations fréquentes.

230 Les registres comptables urbains furent parmi les premiers documents rédigés sur papier. Parmi les

filigranes attestées: variantes Briquet nr. 6833 (fleur de lis - Sion 1320) - CT 1414/I; nr. 3893 (deux clefs en sautoir inscrites dans un cercle - Montpellier 1409) - CT 1414/I; nr. 4358 (colonne surmontée d'une croix - Perpignan 1448) - CT 1448/II; nr. 13248 (roue dite de Sainte-Catherine - Genève 1432) - CT 1448/II; nr. 13300 (roue dite de Sainte-Catherine - Genève 1443) - CT 1458/I; nr. 14970 (tête de bœuf à yeux et à narines - Forez 1454) - CT 1458/I; nr. 12997 (raisin à grosse tige - Sion 1448) - CT 1459/I; nr. 5619 (croix latine - Fribourg 1461) - CT 1461/I; nr. 11086 (main aux quatre doigts serrés - Gardanne 1454/55) - CT 1461/II; nr. 8729 (lettre P gothique accompagnée d'un trèfle - Berne 1468) - CT 1476/I; nr. 11638 (marteaux surmontés d'une couronne - Perpignan 1463) - CT 1476/I. Charles-Moïse BRIQUET, Les filigranes, dictionnaire historique des marques de papier dès

leur apparition vers 1282 jusqu'en 1600. A facsimile of the 1907 edition with supplementary material, 4 vol., Amsterdam,

LIVRES AUXILIAIRES DE LA COMPTABILITE FRIBOURGEOISE

51 inférieur de pages par rapport aux dépenses. L'estallon peut parfois contenir une table de matières.

Les registres commencent par une page de préambule, qui souvent coïncide avec la couverture en papier ou parchemin, présentant le nom du trésorier et le cadre chronologique de l'exercice. Ces informations sont répétées au début des recettes et des dépenses. Comme indication de classement, la couverture affiche une grande lettre alphabétique souvent ornée, qui marque pour chaque trésorier la suite de ses registres (cotation d'origine du XVe siècle, selon l'usage instauré chez les chanceliers par Petermann Cudrefin); plus tardifs (début du XIX siècle) sont un nombre en chiffres arabes (la cotation actuelle) et une datation, attribués à Joseph-Victor-Tobie Daguet, archiviste de 1817 à 1821 puis de 1844 à 1858, mort en 1860. Les textes sont rédigés dans une écriture courante d'usage (ou Bedarfsschrift) de l'écriture gothique tardive – une cursive dont le caractère s'assimile à la minuscule administrative – influencée par la bâtarde française. Le caractère cursif s'accentue dans les estallons231.

Recettes (recehues) et dépenses (delivrances) étaient consignées suivant leur objet sous différentes rubriques, dont l'ordre était repris d'année en année. Les estallons attestent clairement que le secrétaire, au début du semestre, remplissait le registre avec les intitulés des rubriques suivant le schéma des comptes précédents, pour compléter les pages au fil des semaines avec les diverses entrées: ce procédé est prouvé par des intitulés recopiés dans les estallons, mais restés sans entrées, intitulés qui naturellement ne furent pas transcrits dans la mise au net. L'estallon se différencie de l'afformé aussi par le fait de contenir, à la fin de ses cahiers, les anticipations d'argent (prest sus bon compte). Les entrées à l'intérieur des rubriques suivent normalement un ordre chronologique.

Le calendrier de rédaction suivait les temps de la vie civile et religieuse – l'année étant divisée dans les quatre temps de Carême, Pentecôte, Saint-Michel et Noël – et le renouveau des pouvoirs urbains. Les comptes étaient rendus deux fois par année, normalement quelques jours avant le 24 juin et entre la mi-janvier et la fin février.

L'usage du papier s'imposa dans les comptabilités et les documents de travail produits par les administrations urbaines vers la moitié du XIVe siècle, alors qu'apparaissent aussi les premiers protocoles officiels et registres de gestion des affaires de la ville232. À Fribourg, au

même moment que dans les villes voisines, avec une administration de plus en plus efficace produisant davantage de papier, apparaît la fonction de secrétaire permanent de la ville, un officier chargé de la tenue des registres et du travail jusque-là confié au clercs et notaires publics233.

231 Barbara VALSECCHI, "Les écritures de l'administration fribourgeoise dans la période du bas Moyen Âge

(1450-1550)", Annales fribourgeoises, 64 (2000/2001), p. 7-77; WYSSA, Le compte des trésoriers, p. 12.

232 Cf. pour le cas genevois: CAESAR, Le pouvoir en ville, p. 170, 174; et pour Fribourg: RÜCK, "Das Staatsarchiv

Freiburg", p. 235-279.

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Couvertures et préambules de l’afformé (en papier) et de l’estallon (en parchemin) du compte du

53 Les documents produits par la chancellerie étaient vraisemblablement conservés dans l'ancienne "maison de justice", située derrière l'église de Saint-Nicolas, sauf pendant les travaux d'agrandissement de l'édifice de 1418-1431, quand ils furent déposés chez les Cordeliers, où ils restèrent, peut-être, même plus longtemps234. Les comptes attestent, en 1434, de la

construction d'une armoire pour la chancellerie fribourgeoise et de celle d'un caisson pour conserver les livres de la ville et les registres des trésoriers.

Item a meister Albrecht pour IX lang de noyer que il haz venduz a laz ville pour faire le

armeroz pour mettre les lettres missaires et pour le nock fait pour mettre les levroz de laz ville et pour le borsier, laz piece pour X s. Somma – 4 lbr. 10 s.

Item oudit maistre Albrecht pour XL.V. jornaes pour faire ledit armerez et ledit nock, le jour

pour VI s. Somma – 13 lbr. 10 s. 235

Dès 1478, les archives de l'administration furent transférées dans les nouveaux bâtiments destinés à abriter les services de la chancellerie, situés au même emplacement que l'actuelle chancellerie de l'Etat de Fribourg236.

La chancellerie fribourgeoise était composée d'un secrétaire, qui était toujours un notaire237,

à la tête d'un groupe restreint de clercs ou notaires, dont les noms apparaissent dans quelques comptes urbains. Ce type d'organisation, on la retrouve, par exemple, dans les villes de l'Italie du Nord; en effet, l'organisation de la chancellerie et du notariat fribourgeois, ainsi que son système financier, présentent des analogies et des influences avec les structures des villes italiennes, alémaniques et romandes238.

Les rédacteurs des registres comptables fribourgeois employaient une langue de chancellerie composite, la scripta fribourgeoise, avec des influences francoprovençales, bourguignonnes et des traces alémaniques. Avant la moitié du XIVe siècle, la langue des actes relatifs à l'organisation municipale était le latin, mais, avec l'augmentation de la production des textes pragmatiques de chancellerie, le français s'imposa dans la pratique écrite239.

Vers 1400, les habitants de la ville étaient principalement de langue romane (romans), toutefois la minorité de langue allemande augmenta en nombre pendant le XVe siècle, à cause de l'immigration d'artisans provenant de la vallée du Rhin240. Dès 1424, pour faciliter

l'intégration des personnes qui ne comprenaient pas le latin, on permit aux notaires de rédiger leurs actes en français ou allemand à la demande des parties contractantes241. Vers la fin du

siècle, les rapports avec Berne et l'entrée de la ville dans la Confédération jouèrent en faveur

234Ibid., p. 258-266. 235 CT 63 (1434/I), p. 44.

236 STRUB,Les monuments, vol. 1,p. 307-319;RÜCK, "Das Staatsarchiv Freiburg", p. 263-266.

237 Kathrin UTZ TREMP, "Heureux notaires fribourgeois? Savoir, fortune, considération, carrière...", Annales

fribourgeoises, 74 (2012), p. 9-20.

238 Voir la conclusion de cette étude. Cf. aussi VALSECCHI, "Les écritures de l'administration fribourgeoise", p.

13-15.

239 Wulf MÜLLER, "Die Kanzleisprache im mittelalterlichen Freiburg (14. Jahrhundert)", Freiburger

Geschichtsblätter, 72 (1995), p. 115-129.

240 VALSECCHI, "Les écritures de l'administration fribourgeoise", p. 10-11. 241 PCL 324.

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de la langue allemande. À partir du 1483, avec la nomination du nouvel secrétaire de la ville Humbert Göuffi, qui succéda à Guillaume Gruyère, les écrits officiels de la ville passèrent du français à l'allemand, qui restera la langue de chancellerie pour tout l'Ancien régime. L'emploi de la langue latine fut proscrit par une ordonnance du 26 octobre 1492242.

Les chanceliers du XVe siècle adoptèrent pour leurs textes une langue écrite qui imitait les modèles des régions linguistiques voisines – les dialectes français de l'Est – les mélangeant à des formes de l'idiome local. Les linguistes ont reconnu des formes phonétiques franco- bourguignonnes coexistant avec des formes francoprovençales: le A latin libre rendu tantôt par a, suivant le parler local, et tantôt par ei, forme empruntée aux dialectes de l'Est de la France, en est un exemple243. On retrouve le caractère dialectal plus facilement dans le rendu des

voyelles ou dans l'emploi de mots d'usage sectoriel. Si l'influence de la langue écrite à l'Est de la France a été démontrée et si la volonté de se référer à des formes et des modèles de rédaction est indéniable, il est tout de même légitime de se poser la question si cette langue de chancellerie se retrouvait transposée dans l'oralité des discours diplomatiques ou dans l'expression des marchands fribourgeois, lorsque l'emploi d'une koinè s'avérait nécessaire à la communication avec des gens étrangers au parler local.

Pour leur richesse de traits empruntés à la langue francoprovençale médiévale, les textes de l'administration fribourgeoise ont été l'objet de nombreuses études de linguistes et philologues depuis le milieu du XIXe siècle244.

À l'Ouest de Fribourg, alors que dans les villes de la Suisse allemande une langue de chancellerie se forme à la même époque que sur la Sarine, l'administration princière savoyarde, ainsi que la ville de Genève, continuent d'employer le latin plus longtemps245. Il s'agit de cas

assez exceptionnels, si on les compare à la situation en France du Sud, dans les Royaumes espagnols et en Catalogne, où la langue vulgaire était utilisée parfois déjà à partir du XIIIe siècle246.

242 BÜCHI, "Kleinere Mitteilungen", p. 108-110.

243 Jules JEANJAQUET, "Un document inédit du français dialectal de Fribourg au XVe siècle", dans Aus

Romanischen Sprachen und Literaturen, Festgabe für Heinrich Morf, Halle, 1905, p. 12-13.

244 Voir la bibliographie proposée à la fin de l'étude.

245 À Genève, probablement aussi sous l'influence de l'administration épiscopale, le latin fut la langue de la

chancellerie jusqu'à l'adoption de la Réforme par la ville (CAESAR, Le pouvoir en ville, p. 189).

246La fiscalité des villes au Moyen Âge - 1. Etudes des sources. Aujourd’hui, l’étude de la langue des comptabilités

médiévales a bénéficié d’un nouvel élan avec les recherches de Aude Wirth-Jaillard, qui, par contre, semblerait ne pas connaître les études portant sur les comptes fribourgeois (voir notamment: Aude WIRTH-JAILLARD,

"Comment étudier la langue des documents comptables médiévaux? Quelques remarques et réflexions méthodologiques sur des sources de données nouvelles pour l’étude du français", dans Zeitschrift für romanische Philologie, 130/2 (2014), p. 316-332).

LIVRES AUXILIAIRES DE LA COMPTABILITE FRIBOURGEOISE

55 6.2 La reddition des comptes

Les comptes étaient présentés devant les membres du Conseil deux fois par an, au moins dès 1368247. Les Conseillers prenaient connaissance de la situation financière de la ville et

pouvaient ainsi vérifier l'intégrité de la gestion, afin d'éviter des malversations financières, telles que la double inscription des dépenses. Une première forme de contrôle était d'ailleurs garantie par la rédaction du chancelier, qui, selon le serment qu'il prêtait au moment de l'acceptation de sa charge, "se il viet delivrer ou tresorey chouse qui ne fust de delivrer, que cen il nottiffiera a monseigniour l'avoyé"248.

Les dépenses occasionnées par la reddition des comptes sont notifiées sous la rubrique des missions communaul, et concernent des remboursements pour le pain, le vin, les fruits et le fromage, ou pour un véritable repas, consommés au moment de la vérification. Il semblerait que les sommes étaient calculées par le trésorier, le secrétaire et d'autres membres de l'administration à la maison de justice, puis présentés au gouvernement en présence des sautiers. Au début du XVe siècle, les frais s'élevaient entre 30 et 60 sous. Plus tard, ils se montaient à 40-180 sous lors des computations (aydier a afformar le compte) et 40-120 sous au moment de la reddition. Le chancelier recevait, pendant tout le XVe siècle, 4 livres par semestre pour rédiger (afformer) la mise au net du compte. Pendant la deuxième moitié de ce siècle, ces postes sont plus parlants et on découvre que le registre comptable est désormais vérifié dans une auberge (à la Croix Blanche, à l'Ange, puis aux Chausseurs) en présence des Vingt-Quatre, bannerets et avoyer, et présenté dans le même lieu aux Deux-Cents:

Primo a Yost Hag pour despens fait en la baye [sic] du Yeger per monseignieur l'avoyer et

messeignieurs de Conseil qui oirent la vision du compte precedant – 112 s. 4 d.

Item eis soutiers pour lour desiounon le jour que ledit boursier rendist son compte per devant lez

CC - 5 s. 249

Cette modalité de reddition explique pourquoi les mises au net fribourgeoises ne contiennent pas d'annotations des contrôleurs attestant que le compte a été vérifié, comme c'est le cas pour d'autres registres comptables urbains250. Ces afformés sont l'aboutissement d'un

processus de vérification par tout un groupe de personnes qui concourt à l’élaboration d’une comptabilité entièrement confiée aux compétences du trésorier, mais scrupuleusement surveillée par les autorités de la ville.

247 PCL 36.

248 AEF, Affaires de la ville, A 139 (Livre des serments 1), p. 26. 249 CT 142 (1473/II), p. 27.

250 Christine JEHANNO, "Savoirs et savoir-faire comptables au Moyen Âge: conclusion et perspectives",

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7 Livres auxiliaires de la comptabilité fribourgeoise

Les Archives d'Etat de Fribourg conservent, pour la période médiévale, quelques livres auxiliaires de la comptabilité générale tenue par le trésorier de la ville. Il s'agit principalement de registres produits par la chancellerie municipale, tels que les livres de cens, les livres et les rôles de taxe, les livres de dette, et d'autres cahiers avec les notices des receveurs des différentes taxes municipales. À ceux-ci, il faut ajouter les registres contenant la comptabilité d'institutions dépendant des autorités municipales, tels que l'hôpital, la confrérie du Saint- Esprit et la fabrique de Saint-Nicolas, et les comptes que les châtelains des Anciennes Terres devaient présenter devant le Conseil de la ville. Parmi tous ces documents, nous retrouvons surtout des registres qui devaient être conservés pour leur utilisation et consultation future, et, seulement dans de rares cas, des textes préparatoires pour la rédaction des registres semestriels du trésorier fribourgeois. La plupart de ces livres auxiliaires de la comptabilité générale furent rédigés par le secrétaire de la ville. Les documents conservés aux Archives d'Etat de Fribourg sont présentés dans le tableau suivant, établi à partir de la consultation des manuscrits originaux, des répertoires des archives de la Chancellerie (R 1), de la série "Affaires de la ville" (Rm 2, 4 (sous-séries A et B) et Ru 20 (sous-série C)), des archives de l'Hôpital des Bourgeois (Rn 8), des comptes baillivaux (Ri 8), ainsi que du guide des Archives251. D'autres livres

comptables, dont l'existence est attestée par les comptes des trésoriers, n'ont pas été conservés.

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Comptes auxiliaires (comptabilité annexe) conservés aux Archives d'Etat de Fribourg

Livres de cens

vers 1425 [Livres de cens, contenant les cens dus à la ville par des habitants mais aussi les paiements pour les bancs de marché, droit d'eau, égouts, chesaux, jardins, prés et champs, greniers en ville, bourgeoisie foraine, moulins au Gottéron et conduits d'eau] - env. 150 fol.

AEF, Affaires de la ville, A 579

vers 1425-

1460 Liber censuum ville Friburgi [Censes dus à la ville] - 188 fol. AEF, Affaires de la ville, A 555 vers 1465-

1481 Liber censuum ville Friburgi in O

echtlandia

[Censes dus à la ville] - 416 fol. AEF, Affaires de la ville, A 552 1480-1481 Cy appres sont contenues toutes les recehues