9 Administration et fonctionnement
11.1 Dons et entrées
Pendant la période étudiée, les Fribourgeois ont accueilli, en moyenne, un souverain séculier ou une autorité ecclésiastique, avec toute sa suite, tous les dix ans. À ces occasions, toute la ville était engagée dans l'organisation et la préparation de l'accueil, entre autres pour le nettoyage des rues, les adobes, la garde des portes et l'organisation des banquets350. Plusieurs pages des registres
comptables fribourgeois furent consacrées à l'approvisionnement en nourriture pour les banquets ou à l'achat de cadeaux alimentaires, qui constituaient une partie importante des frais des visites.
Les entrées princières à Fribourg ont été étudiées par Ferdinand Rüegg en 1908351, puis par
Ernst Tremp en 1991352, qui ont enrichi leurs articles avec des extraits de la comptabilité urbaine
fribourgeoise. Tremp, dans un précieux regeste présenté à la fin de son étude, a comparé les sources fribourgeoises à des documents tirés d'autres archives, en particulier ceux de Berne; pour ces références, nous renvoyons directement à son article353.
Les premières rubriques des registres fribourgeois consacrées aux dons et entrées concernent des cadeaux offerts en 1402 et en 1404 à l'évêque de Lausanne, Guillaume de Menthonay, élu en 1394. Son successeur, Guillaume de Challant, nommé évêque en 1406354, se rendit à Fribourg en
1412. Malheureusement, les comptes ne détaillent pas tous les frais de cette visite – nous savons seulement que Fribourg lui transmit à Avenches 63 pots de clairet – et n'en explicitent pas les raisons.
Le Roi des Romains et futur empereur Sigismond, de retour de l'Italie, vint à Fribourg le 2 juillet 1414 et repartit le lendemain après le dîner vers Berne, d'où il fit parvenir aux Fribourgeois la confirmation des droits et privilèges de la ville; il était suivi du comte de Savoie Amédée VIII, du fils du marquis de Montferrat, du marquis de Saluce, du duc de Milan et de plusieurs autres dignitaires355.
En 1418, le pape Martin V, accompagné par le patriarche de Constantinople, sept cardinaux, deux archevêques, cinq évêques et plusieurs ambassadeurs, vint à Fribourg du 3 au 6 juin, après avoir clos le concile de Constance, où il avait été élu à la charge pontificale356. Le duc de Savoie se
rendit à son tour à Fribourg, afin d'accompagner le pontife avec son cortège d'honneur vers Lausanne et Genève357. Par la même occasion, le pape octroya des indulgences, confirma des
350 TREMP, "Könige, Fürsten und Päpste", p. 23-24. 351 RÜEGG, "Hohe Gäste in Freiburg".
352 TREMP, "Könige, Fürsten und Päpste". 353Ibidem, p. 44-48.
354 Guillaume de Challant fut évêque de Lausanne de 1406 à 1431 (MartinSCHMITT,JeanGREMAUD, Mémoires
historiques sur le Diocèse de Lausanne, vol. 2, Fribourg, 1858-1859, p. 148-160).
355 RD VII, 446; RÜEGG, "Hohe Gäste in Freiburg", p. 2-4; TREMP, "Könige, Fürsten und Päpste", p. 13;
CASTELLA, Histoire du canton de Fribourg, p. 100, BERCHTOLD, Histoire du Canton de Fribourg, vol. 1, p. 208.
356 RD VII, 457; RÜEGG, "Hohe Gäste in Freiburg", p. 4-16; TREMP, "Könige, Fürsten und Päpste", p. 13-14, p.
100-101, BERCHTOLD, Histoire du Canton de Fribourg, vol. 1, p. 213-214. 357 RÜEGG, "Hohe Gäste in Freiburg", p. 13-16.
DAMIANO ROBBIANI
156
privilèges et accorda des bulles, qui coûtèrent à la ville 571 livres358. Les Fribourgeois furent
obligés, sur ordre des conseils de la ville, de loger la suite du pape dans leurs maisons359.
Vingt ans après, le 6 mai 1438, les deux fils du duc Amédée de Savoie, Louis, prince de Piémont, et Philippe, comte de Genève, se rendirent à Fribourg pour remercier les Fribourgeois de leur soutien contre les Armagnacs en Bresse360. C'est à cette occasion que la chapelle ducale
chanta le fameux motet Magnanime gentes laudes, composé par Guillaume Dufay (v. 1400-1474) pour célébrer l'alliance entre Berne et Fribourg du 3 mai 1438361. Les dépenses de cette visite
s'élevèrent à plus de 1'000 livres.
Leur père, le duc Amédée VIII, fut reçu par la ville deux ans plus tard, en juin 1440, alors qu'il se rendait au concile de Bâle pour accepter son élection à la charge pontificale362. Élu le 5
novembre 1439, il fut couronné à Bâle le 24 juillet 1440 sous le nom de Félix V. La même année, la ville se porta garante pour la somme de 25'600 florins du Rhin empruntée par le pape à Bâle et à Strasbourg363. En outre, en 1441, sur l'instigation de son avoyer Jacques de Praroman, Fribourg
emprunta pour le pontife savoyard 10'000 florins. Cet argent ne fut jamais remboursé, malgré l'engagement de restitution pris par la chambre apostolique le 10 février 1443364.
En 1442, le roi Frédéric de Habsbourg, nouveau seigneur de la ville, se rendit à Fribourg avec une suite de 700 chevaux et confirma ses privilèges (9 octobre 1442)365. À cause de son séjour
prolongé – il resta dans la ville du 8 jusqu'au 18 octobre – la visite fut très onéreuse pour la ville, dépassant les 3'500 livres (soit 49% des dépenses semestrielles)366. Un récit anonyme d'un
participant au voyage de Frédéric de Habsbourg a été publié par Ernst Tremp367.
En 1447, l'avoyer Guillaume Velga s'était rendu à la cour de Charles VII pour demander, au nom du duc Sigismond, la main de la jeune princesse Eléonore d'Écosse. La princesse, en voyage vers son époux, visita Fribourg du 9 au 14 janvier 1449. Pour l'occasion, malgré les temps difficiles, une grande fête fut organisée, qui occasionna des dépenses supérieures à 1'000 livres368.
358 TREMP, "Könige, Fürsten und Päpste", p. 39. 359 PCL 281.
360 TREMP, "Könige, Fürsten und Päpste", p. 14, p. 49-54 (édition).
361 TREMP, "Könige, Fürsten und Päpste", p. 35; Gabriel ZWICK, "Un événement musical à Fribourg: la venue de
Guillaume Dufay", dans Feuilles musicales, 9 (1956), p. 144-146.
362 RÜEGG, "Hohe Gäste in Freiburg", p. 17; TREMP, "Könige, Fürsten und Päpste", p. 14-15; BERCHTOLD,
Histoire du Canton de Fribourg, vol. 1, p. 270-271.
363Chronique fribourgeoise du dix-septième siècle, p. 173, 174.
364 Cf. aussi AEF, Législation et variétés, 5b, no 658 et ss.; AEF, Affaires de la ville, A 214; RD VIII, 612, 613,
616, 617; SCHULZE,"Freiburgs Krieg gegen Savoyen", p. 12-17. 365 RD VIII, 619.
366 RÜEGG, "Hohe Gäste in Freiburg", p. 18-24; TREMP, "Könige, Fürsten und Päpste", p. 15-16; BÜCHI, "Hans
Greierz", p. 18; BÜCHI, "Freiburger Aufzeichnungen", p. 15-16; BÜCHI, "Die Chronik des Nicod du Chastel", p. 119- 120. Les comptes fribourgeois ne présentent pas le détail des dépenses pour cette visite, qui probablement furent consignées dans un livret à part. Les archives de l'Evêché de Lausanne, Genève et Fribourg conservent une chronique du XVIIe siècle contenant le détail des débours, publié par RÜEGG, "Hohe Gäste in Freiburg", p. 46-51.
367 TREMP, "Könige, Fürsten und Päpste", p. 55-56.
368 RÜEGG, "Hohe Gäste in Freiburg", p. 25-29; TREMP, "Könige, Fürsten und Päpste", p. 16-17; J. JORDAN, "La
CONTRIBUTIONS
157 Une année auparavant, le 14 décembre 1447, la sœur d'Eléonore, Annabelle Stuart, avait épousé le comte de Genève, Louis de Savoie, fils du duc Louis Ier369.
Seulement quelques mois après la visite de la princesse Éléonore, le duc Albert VId'Autriche fit son entrée à Fribourg (il y restera trois mois)370. Il arriva dans la ville le 4 août 1449 et prit
logement chez les Franciscains. En plus des nombreux cadeaux reçus, le duc emprunta à la ville et à ses bourgeois de l'argent et d'autres biens371. Le 28 août, les Fribourgeois lui demandèrent un
emprunt de 700 florins (1'050 livres)372, qui leur furent versés à condition de rendre l'argent dans
huit jours. La ville dut ainsi imposer aux Fribourgeois un emprunt forcé.
Le 16 octobre, il rendit sa sentence, connue sous le nom de "Landbrief", pour résoudre les différends qui opposaient le parti autrichien et le parti savoyard en terre fribourgeoise. Le 20 octobre, il invita à souper à la maison de justice les dames fribourgeoises et organisa des danses à la halle. Deux jours après, le 22 octobre, il tint justice et présenta officiellement sa sentence, le "Landbrief"373. Désirant affaiblir le parti savoyard fortement représenté dans le Conseil des Vingt-
Quatre, il réunit les autorités urbaines et les fit emprisonner dans les tours de la ville. Le 31 octobre, veille de la Toussaint, les prisonniers furent libérés sous condition de se rendre à Fribourg en Brisgau pour rejoindre le duc Albert, qui partit le 4 novembre. Quatre jours après le départ du duc, l'avoyer Guillaume Velga, l'ancien avoyer Jacques de Praroman et les conseillers Rodolphe de Vuippens, Petermann d'Englisberg, Nicod Bugniet et Jean Gambach quittèrent à leur tour la ville. Les magistrats fribourgeois purent rentrer chez eux seulement après plusieurs mois et après avoir déboursé plus de 3'000 florins de rançon, de leurs fortunes personnelles.
Les dons offerts entre 1449 et 1452 au duc Albert VId'Autriche – vin, viande, beurre, épices, céréales, cire, etc., pour une valeur de plus de 1'730 livres – témoignent du coût de la protection autrichienne qui devenait de plus en plus prohibitif.
En 1450, le duc Albert renonça à ses droits sur Fribourg en faveur de son cousin Sigsmond, qui ne les fit jamais valoir, favorisant ainsi le passage de la ville sous la domination savoyarde en 1452.
369 Eva PIBIRI, "À la recherche d'une épouse. Ambassades et voyages autour des fiançailles d'Annabelle d'Ecosse
et de Louis de Savoie, comte de Genève (1444-1445)", dans L'itinérance des seigneurs (XIVe-XVIe siècles). Actes du colloque international de Lausanne et Romainmôtier, 29 novembre - 1er décembre 2001, études publiées par Agostino
PARAVICINI BAGLIANI, Eva PIBIRI, Denis REYNARD, Lausanne, 2003 (Cahiers lausannois d'histoire médiévale, 34).
370 RÜEGG, "Hohe Gäste in Freiburg", p. 29-35, 52-57 (édition); TREMP, "Könige, Fürsten und Päpste", p. 17-18;
Willy SCHULZE,"Landesfürst und Stadt: Herzog Albrecht von Österreich und die Stadt von Freiburg (1449)", dans
Freiburger Geschichtsblätter, 72 (1995), p. 131-173; BUGNIET, "Le livre des prisonniers", p. 267-277; Jacques CUDREFIN,
"Relatio de captivitate", dans Tableaux de la Suisse ou Voyage pittoresque fait dans les XIII cantons du Corps helvétique, représentant les divers phénomènes que la nature y rassemble, et les beautés dont l'art les a enrichis, vol. 6, Paris, 17842, p. 71-83
(copie du milieu du XVIe siècle, dite de Fruyo, publiée par ZURLAUBEN, puis, avec additions, par Albert BÜCHI,
Freiburg Bruch mit Oesterreich, sein Uebergang an Savoyen und Anschluss an die Eidgenossenschaft, nach den Quellen dargestellt,
Freiburg, 1897, p. 158-160 (Collectanea Friburgensia, 7)); Chronique fribourgeoise du dix-septième siècle, p. 46-69.
371 Cf. Chronique fribourgeoise du dix-septième siècle, p. 48 n. 1. Héliodore Raemy de Bertigny rapporte la somme de
6'623 livres 11 sous 7 deniers, tirée des annotations du chanoine Fontaine.
372 SCHULZE, "Landesfürst und Stadt", p. 147. CT 94bis (1449/II), p. 9, fol. 69; CT 95 (1450/I), p. 57-58; CT
95bis (1450/I), p. 13; AEF, Manual du Conseil 2, fol. 32.
373 Selon Héliodore Raemy de Bertigny, les sentences coûtèrent à la ville 110 livres (Chronique fribourgeoise du dix-
DAMIANO ROBBIANI
158
En 1453, le prince du Piémont Amédée IX, fils du duc de Savoie Louis Ier, vint à Fribourg prendre symboliquement possession de la ville au nom de son père et réclamer le secours de la ville pour une nouvelle expédition en Bresse374. Son frère Philippe, comte de Bresse, fut à
Fribourg en 1462 et en 1466, alors qu'il était en révolte contre sa mère Anne de Lusignan et son beau-frère Louis XI, roi de France.
Amédée IX, devenu duc de Savoie à la mort de son père Louis en 1465, retourna à Fribourg en 1469, où il fit son entrée le 15 mai, accompagné de sa femme Yolande, sœur du roi de France Louis XI, et escorté par mille quatre cents hommes de guerre, que l'on avait envoyés à sa rencontre. Il resta dans la ville jusqu'au 19 mai. Ce séjour occasionna des dépenses importantes dépassant les 2'900 livres (dont environ 1'000 livres de cadeaux pour la duchesse Yolande), soit 59% des dépenses semestrielles375.
Les dernières rubriques comptables, que nous avons réuni dans ce chapitre consacré aux contributions, concernent une visite du comte Jacques de Romont, fils du duc Louis de Savoie, qui eut lieu en 1473, et des dons offerts aux ambassadeurs des alliés de Fribourg lors des guerres de Bourgogne, en 1476.
Dons et visites
1402/II Mession por les copes d’argent schengaes a monsseigniour
de Losine 214 lbr. 17 s. CT 1a, p. 37
1404/I Mession por despin fait per monsseigniour l'evesque de
Losine quant il se fist les ordines 69 lbr. 9 s. 9 d. CT 4, p. 81
1412/II Mission por la venue de Monsseigniour l’Evesque de Losine 83 lbr. 16 s. 1 d. CT 20, p. 147 1414/II Mission por la venua dou rois d’Ongrie et d’Alamagnie
qui intrast per I londi in la villa qui fust secum jor de julliet
et se partist le lendemant appres dignar et se transportast a Berna et awoi luy ly conte de Savoie, ly fis dou markis
de Monferra, ly markis de Saluce, ly duc de Melant et
plusour autres princes
458 lbr. 6 s. 11 d. CT 24, pp. 143-151
1418/I Mission por la venue dou Pare Sains Pape Martin 203 lbr. 13 s 2 d CT 31, pp. 91-102 Mission por la venue de Monsegnyour le duc de Savoye
ensi quant il venist ver lo Pare Sains 58 lbr. 13 s 8 d CT 31, p. 103
1418/II Mission por segré les graces outreyés per Parre Sains et
por haveir les bulles 571 lbr. CT 32, pp. 137-139
1438/I Mission pour la venue de monseigniour Loys prince de
Peamont gouverneur general de Savoe et de monseigniour
Philipoz conte de Geneve son frere quant il lour plaisist
de venir per deczay pour remercier a messeigniours le bon
voleir que lesditz messeigniours les friborgeis hont heuz
enver lour de se appresteir encontre les Escorchiours
lesquelx havoent proposey de entreir en la Breisse; lesquelx Seigniours arrivarent a Fribourg le mardy a soppeir appres Invention Sainte Croix en l'an quel dessus et se partiseront le joudy appres, appres disner esquelx
seigniours lesditz friborgeis firent grant feste, et
1'057 lbr. 15 s. 6 d. CT 71bis, fol. 60-64
374 RÜEGG, "Hohe Gäste in Freiburg", p. 35-37; TREMP, "Könige, Fürsten und Päpste", p. 18; Chronique
fribourgeoise du dix-septième siècle, p. 70.
375 RÜEGG, "Hohe Gäste in Freiburg", p. 37-45, p. 57-68 (édition); TREMP, "Könige, Fürsten und Päpste", p. 18;
CONTRIBUTIONS
159 ordonnarent de payer toutes missions, lesquelx missions
sont estees comptees per le borsier avecque les persones cy
appres escriptes en la presence de gens discreites Nicod
Bugniet et Johan Aigre conseillers oudit luef ensi commment fust ordonner per messeigniours
1440/II Ly venue dou Pappe 569 lbr. 8 s. 3 d. [rubrique arrachée] 1442/II De laquelle somme l'on rabat les delivrances per luy
faittes a cause de nostre seigniour le Roy deis quelles
delivrances il ha auxi presentement renduz compte
lesquelles se assomment a – IIIM VC LI lbr. VIII s. IX d.376
3'551 lbr. 8 s. 9 d. CT 80, p. 176
1448/II Delivrances faites per Nicod Bugnyet tresorier de la ville de Fribor a cause de la venue de nostre tres redouptee
dame, dame Elyenor, fillie du roy d’Escoce, espeuse de nostre tres redouptez seignieur le duc Sigismund, duc
d’Auteriche, etc.
1'004 lbr. 15 s. 1 d. CT 93, pp. 211-249
1449/II Delivrance pour le vin que l'on doit schengar oudit
monseigniour377 276 lbr. 8 d. CT 94bis, fol. 90-91
Delivrance pour l'avena, c'est assavoir en payemant dez
IIC muys que l'on doit schengar audit monseigniour
193 lbr. 7 s. CT 94bis, fol. 92-93 Mission pour les XX buefz et IIC chastrons et XII battons
que l'on doit schengar comment dessus 326 lbr. 2 s. CT 94bis, fol. 94-94v
Delivrance pour pollalies 37 lbr. 14 s. 6 d. CT 94bis, fol. 95 1450/I Delivrance a cause du schengement fait a nostre
tresredoupté seigneur le duc Albrecht, en oultre cen que Nico
Bugniet en a delivrey en son derrier compte
625 lbr. 8 s. 9 d. CT 95, pp. 59-68
1450/II Delivrance a cause du schenguement fait a nostre tresredoupté seigniour le duc Albrecht, en oultre cen que
Nico Bugniet et Jaquet Arsent tresoriers jadix hont
delivrer comment contient ez comptez precedans378
94 lbr. 1 s. CT 96, pp. 145-148
1451/I Delivrance a cause du schenguement fait a nostre tresredoupté seigniour le duc Albrecht, en oultre cen que
Nicod Bugniet et Jaquet Arsent tresoriers ont delivrer comment contient eis comptes precedans
121 lbr. 17 s. 6 d. CT 97, pp. 111-112
1452/I Delivrance et reddicion a cause du schenguement fait a
monseigniour le duc Albrecht 58 lbr. 6 s. CT 99bis, p. 195
1453/I Mission pour la venue de nostre tres redoupté seigniour le
duc de Savoe379 28 lbr. 2 s. CT 101, pp. 139-141
1453/II Delivrance a cause de la venue de nostre tres redoupté
seigniour le duc de Savoe 86 lbr. 8 s. 3 d. CT 102, pp. 161-164
1455/II Mission pour la despense faitte a cause de nostres comborgois de Berna qui si sont esté devant
Carementrand
27 lbr. 16 s. 9 d. CT 106, p. 147-149
1456/I Mission pour la despense faitte a cause de nostres comborgoix de Berne qui sy furent festeyer devant
Carementrand
100 lbr. 5 s. 10 d. CT 107, p. 83-85
1462/II Mission a cause de la venue de Phelippe monseigniour 248 lbr. 17 s. 6 d. CT 120, pp. 171-173 1466/II Mission a cause de la venue de Phelippe monseigniour 335 lbr. 12 s. 5 d. CT 128bis, fol. 79-
82v 1469/I Mission pour la venue de noz tres redouptés seignieurs
Duc et Duchesse de Savoe 2'850 lbr. 15 s. 8 d. CT 133, pp. 177-241
1469/II Mission a cause de la venue de noz tres redoubté seignieur et damme Duc et Duchesse de Savoe enoultre ce qui en
est ja delivrer ou compte precedant
57 lbr. 17 s. CT 134, pp. 227-236
376 Pour le détail des dépenses, voir RÜEGG, "Hohe Gäste in Freiburg", p. 46-51. 377 Au duc Albert VI d'Autriche.
378 Entre le 4 et le 7 mars 1450, la ville de Fribourg passa sous la domination de Sigismond, cousin du duc Albert
d'Autriche, suite à un accord entre eux (PCL 577-579).
379 Il s'agit d'Amédée IX, qui, à l'époque, n'était pas encore le duc en titre; il le deviendra à la mort de son père
DAMIANO ROBBIANI
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1473/I Mission pour le schenguement que la ville fist a la venue
du conte de Romont 157 lbr. 2 s. 5 d. CT 141, pp. 175-183
1476/II Mission a cause du schenguement fait ez ambaisseurs dez
161
12 Dette
Alors que se constituait une nouvelle administration des finances urbaines, les villes médiévales connurent un fort accroissement de leur endettement. À la fin du XIVe siècle, avec l'augmentation des dépenses et la croissante nécessité d'argent, les gouvernements changèrent leur forme d'endettement, privilégiant la vente de rentes perpétuelles ou viagères aux crédits. Cette pratique établit un système de remboursement à long terme, par le paiement d'intérêts et l'amortissement de rentes, qui permettaient aux administrations de garantir une rentrée d'argent à court terme. La consolidation de la dette publique serait même l'une des causes de l'établissement d'un véritable système fiscal municipal permanent et régulier380.
Au XVe siècle, l'un des principaux mobiles du lourd endettement qui frappait les villes méditerranéennes et plusieurs communautés urbaines allemandes – dont le montant dépassait souvent 50% de leurs possibilités financières381 – fut la croissante demande en argent des princes
et monarques. À Fribourg, ainsi que dans les villes de l'Europe du Nord, où la pression fiscale du seigneur était beaucoup moins importante voir inexistante, la dette prenait généralement une part plus discrète dans la comptabilité urbaine. Les registres fribourgeois attestent tout de même une nette croissance de la somme consacrée aux remboursements au cours du siècle. Après la guerre contre la Savoie de 1448, les trésoriers fribourgeois durent augmenter considérablement ces dépenses, afin d'amortir les emprunts contractés pour payer les frais de guerre et pour stabiliser le contexte politique. De 1402 à 1448, le remboursement d'emprunts et le paiement d'intérêts et amortissements de rentes requéraient un versement moyen de 617 livres par semestre, soit 16% des dépenses globales, alors que, entre 1449 et 1483, les dépenses liées à la dette de la ville augmentèrent à 1'788 livres, soit 34% des charges semestrielles; pendant la première décennie après le conflit, ces versements s'élevaient à presque 50% des dépenses globales. Plusieurs rubriques comptables, ordinaires et extraordinaires, renferment ces charges.
En plus de la comptabilité semestrielle ordinaire, entre 1462 et 1478, une nouvelle série de livres comptables annuels, tenue par le chancelier de la ville, fut consacrée aux dettes et aux crédits envers le duc de Savoie, le comte de Gruyère, et les villes de Strasbourg, de Bâle, de
380 Antoni FURIO, "La dette dans les dépenses municipales", dans La fiscalité des villes au Moyen Âge - 3. La redistribution
de l'impôt, p. 345.
381La fiscalité des villes au Moyen Âge - 3. La redistribution de l'impôt, p. 132. La dette publique se situait normalement
entre 30 et 80% des dépenses urbaines et conduisait à une progressive soumission des villes à l'autorité des princes. Cf. aussi Urban public debts. Urban government and the market for annuities in Western Europe (14th-18th Centuries), Marc
DAMIANO ROBBIANI
162
Berne, de Soleure et de Bienne. Cette comptabilité parallèle permit à l'administration urbaine de gérer des sommes importantes de la dette fribourgeoise indépendemment du trésor public382.
C’est la guerre contre Berne et la Savoie et les conditions du traité de paix du 16 juillet 1448 la cause