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9 Administration et fonctionnement

10.1. c Matériaux de construction et outillages

L'achat de matériaux de construction et d'outillages concerne plusieurs rubriques ordinaires des sources comptables fribourgeoises: une rubrique générale, reportant l'achat d'outils de chantier et de petit matériel pour la couverture des toits, et d'autres spécifiques consacrées à l'achat de pierres, de chaux et de bois de construction, à la coupe de bois pour fabriquer les canalisations, aux ouvrages en fer, à l'achat de tuiles et aux machines de chantier. Des notices sporadiques sont également contenues dans le chapitre consacré aux frais divers, en particulier pendant les premiers semestres du XVe siècle.

Le trésorier, pour ces acquisitions, dépensait en moyenne 295 livres par semestre, soit 9% de ses dépenses totales, un tiers des dépenses de construction et d'entretien. Les dépenses majeures avaient lieu l'été, lorsque les chantiers étaient en pleine activité, et les frais plus importants étaient occasionnés par l'achat de pierres. La valeur attribuée par le gouvernement urbain à ces matériaux et outillages est confirmée par la législation qui, le 3 février 1422, obligea les charpentiers et les maçons à notifier au bourgmestre tout dérobement de matériel de construction appartenant à la ville90.

Outillages et matériaux de construction divers

La rubrique consacrée à l'achat d'outillages et de matériaux de construction divers porte des intitulés longs et illustratifs, qui n'ont pourtant pas le souci de refléter avec exactitude le contenu du chapitre. Une grande partie des entrées concernent la réalisation de toitures: le trésorier achète

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des bardeaux (encello ou encerlo)91, clous en fer pour bardeaux (clavins)92, lattes et gros clous (gro

cloz).

Les bardeaux étaient vendus en milliers ou en fagots (fay) d'environ 50 pièces au marché de Fribourg, où la marchandise était proposée par plusieurs artisans venant de la campagne. Ils servaient à couvrir les bâtiments publics et la demande augmentait lors de grands travaux de construction entrepris par la ville. Le toit d'un bâtiment pouvait nécessiter jusqu'à 10'000 bardeaux et même plus. Leur prix était en moyenne de 5 sous 6 deniers le millier, avec de fortes fluctuations. Jusqu'en 1432, les bardeaux servaient aussi à couvrir les parois de certaines maisons, mais cette technique de construction fut interdite par les conseils de la ville à cause du danger d'incendie93.

Les clous pour bardeaux coûtaient à peu près la même chose, avec des variations de prix tout aussi importantes: en 1448 un millier de clous coûtait environ 5 sous 6 deniers, en 1458 3 sous 8 deniers et en 1476 6 sous 6 deniers. Les forgerons fribourgeois n'arrivaient pas toujours à satisfaire la demande; ainsi, à plusieurs reprises, les quantités manquantes furent achetées aux marchés de Berne et de Genève94.

Les lattes, morceaux de bois longs, minces et étroits utilisés notamment en charpenterie et en menuserie95, étaient vendues par douzaine. Leur achat était parfois noté sous la rubrique

consacrée au bois de construction. Le prix passa de 2 deniers la pièce en 1414, à 5 deniers en 1448, pour rester assez stable au long de la deuxième moitié du XVe siècle. Pour clouer les lattes, il existait des clous adaptés: les cloz latteret, vendus par paquet d'environ 1'000 pièces (ballon). Pour cette marchandise, comme pour les clous à bardeaux, Fribourg dut souvent s'approvisionner aux marchés de Berne et de Genève; au prix d'achat s'ajoutait aussi le prix du transport. Les gros clous, cités dans la majorité des intitulés de la rubrique, étaient achetés chez les forgerons fribourgeois par douzaine.

Une autre catégorie d'objets traitée dans ce chapitre est celle des ustensiles nécessaires aux travaux publics, tels que civières ou paniers servant au transport du matériel de décombrement ou de construction. Les trésoriers font distinction entre les paniers communs (pannier ou panney) et ceux à terre (a terra) qui sont légèrement moins chers. Le coût d'un panier passe de 3 deniers la pièce en 1414 à 5 deniers en 1476. Au premier semestre de cette même année, la ville acheta 181 paniers à terre. Un autre outil employé pour le transport de matériaux était la civière (siviere), un brancard à quatre bras.

91 Les ancelles, appelées encore ainsi au Jura, étaient légèrement plus grandes que les tavillons dont l'usage se

répandit plus tard (cf. Bâtir. Manuel de la construction, Lausanne, 20102).

92 Ailleurs, en Franche-Comté par exemple, les clavins étaient des bardeaux de petite taille – souvent avec une

pointe arrondie et utilisés en façade –, dérivé du fait qu'ils étaient cloués, alors que les plus grands étaient imbriqués (Oscar BLOCH, "Étymologies franc-comtoises et lorraines", dans Romania, 41 (1912), p. 175-177).

93 PCL 396.

94 Les clous servaient à fixer les bardeaux entre eux et à les assurer aux lattes. En 1435, une ordonnance

municipale dut intervenir car les clous étaient fabriqués trop petits, compromettant ainsi la stabilité des couvertures des toits (PCL 445).

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103 Pour les travaux des chantiers, étaient également nécessaires des cordes de chanvre (chenevo) et des échelles. Sous le nom d'eschielles, dont l'achat est noté dans cette rubrique dès 1430, étaient aussi indiquées des structures qui permettaient de suivre la construction d'un bâtiment en hauteur. Ces échafaudages en bois de chêne étaient transportés (charreyer), montés (faire) et enlevés (levar); toutes ces tâches, qui nécessitaient plusieurs jours de travail, étaient confiées à des charpentiers. Les échelles pouvaient être prêtées à des privés avec la permission du trésorier ou d'un édile, qui étaient responsables du matériel de la ville96. Elles étaient employées également en

cas d'incendie et lors de ces situations d'urgence on pouvait s'en servir librement dans les rues. Chaque ouvrier possédait ses propres outils et ainsi certains objets de travail étaient rarement achetés par la ville97. Au premier semestre 1476, le trésorier nota le paiement de quatre gros

marteaux en bois à deux têtes (groz malliet) et de cinq manches de houes et de pioches (foschou et piches).

Cette rubrique consacre une dernière partie de ses entrées à l'achat de matériaux divers, tels que du fer, des poids de plomb, des planches ou des perches en bois, de la graisse pour les roues des chars, du charbon, etc. Les dépenses moyennes engendrées chaque semestre par cette rubrique s'élevaient à 41 livres et suivaient l'évolution des travaux en cours dans la ville avec des sommes plus importantes lors des grands chantiers de construction.

Outillage lourd. Machines à hisser les matériaux de construction et coffrages en bois

La fabrication de machines à hisser les matériaux de construction (beches) et de coffrages en bois pour la construction d'arcs et de voûtes (cendro)98 était traitée dans une rubrique spécifique

entre le deuxième semestre 1410 et le premier semestre 1414, période qui semble coïncider avec les travaux de construction des tours de Donnamary et au Cursilimout. Pour cela, la ville dépensa en moyenne 31 livres par semestre.

Ces engins étaient construits (faire), déplacés (remuar) et rangés (estusier) par des charpentiers et servaient à la construction de bâtiments mais également aux travaux d'extraction de la pierre dans les carrières. Souvent ils étaient conservés pour une éventuelle réutilisation. Lorsqu’une rubrique n'était pas consacrée à ces dépenses, des postes étaient insérés dans d'autres chapitres comptables liés à la construction et à l'entretien du bâti public.

Coupe de bois

96 PCL 192, 427.

97 Dans le cas des fabriques, c'étaient souvent elles les propriétaires des ustensiles (BERNARDI, Bâtir au Moyen Âge,

p. 99-101).

98 Cf. le chapitre sur le cintrage, in BERNARDI, Bâtir au Moyen Âge, p. 235-239, qui constate la faible connaissance

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La coupe de bois fait l'objet de plusieurs chapitres des comptes fribourgeois, dont les intitulés explicitent souvent la provenance du matériel. Ces notices étaient parfois écrites par le trésorier directement dans les chapitres consacrés à l'exécution de travaux publics. Le bois, épicéa ou chêne, provenait principalement des forêts de la ville, qui étaient gardées par un forestier (mussillier). Abattus de préférence en période d'hivernage, pendant la descente de sève, les arbres étaient transportés en ville sous forme de billes de bois (tisong) ou de bois déjà travaillé. Le trésorier réglait les frais de coupe et de transport, lorsque ce dernier n'était pas garanti par les corvées (riedo) des paysans des terres fribourgeoises (gaigneurs). La coupe d'autres qualités de bois était permise seulement aux bourgeois et habitants de la ville99.

A en croire la lecture des comptes, pendant la première moitié du XVe siècle, la majeure partie du bois de la ville provenait de la forêt d'Illens. Entre le premier semestre 1413 et le deuxième semestre 1449, les trésoriers notèrent dans une rubrique spécifique la coupe et le transport de bois de chêne (chagno) provenant de cette forêt. Ce bois était utilisé par la ville pour les travaux publics et, avec l'obtention d'une autorisation, par les Fribourgeois qui en avaient besoin pour une construction privée100; le trésorier était en tout cas appelé à garder le meilleur bois pour la

ville101.

À partir de l'été 1444, outre la forêt d'Illens, sont concernées par ce même chapitre celles du Schönberg, de l'Auge, de Verdilloud102, du Tann et du Brunisholz. Quelques années plus tard, le

15 février 1465, les conseils de Fribourg durent interdire la coupe d'arbres dans les forêts du Tann, du Schönberg, de Verdilloud, de Morat et de La Faye afin de préserver le bois réservé à l'usage de la ville. Tout charpentier qui voulait se servir de la matière première devait ainsi présenter une autorisation accordée par l'avoyer ou le trésorier103. Ces décrets attestent que, dans

les forêts fribourgeoises, l'abattage des arbres pour usage privé nécessitait l'autorisation des autorités urbaines.

Le bois coupé dans la forêt de la ville (jour de la ville, ou Burgerwald) et au Bontels était traité dans une autre rubrique qui disparut après 1425.

À partir du compte du deuxième semestre 1456, la coupe et l'achat de bois de construction furent réunis dans un même chapitre.

Bois de construction

99 PCL 323.

100 PCL 312, 356. Cf. AEF, Affaires de la ville, A 554, fol. 73-74, 76v. 101 PCL 436.

102 Des chênes de cette forêt servirent entre 1459 et 1464 pour sculpter les stalles de Saint-Nicolas (Brigitte

KURMANN-SCHWARZ,Stephan GASSER, Les stalles, chef-d'oeuvre du gothique régional, dans La cathédrale de Saint-Nicolas de

Fribourg. Miroir du gothique européen, Peter KURMANN (sous la dir. de), Lausanne-Fribourg, 2007, p. 194). "Item a C et X

gagnieurs de la bandeire dez Hospitaulx et de la Nouvavilla qui hont ammené dez chagnes dou boz de Wardillio pour

faire lez formes a Saint Nicolais a chascun VI d.somma – 55 s." (CT 114 (1459/II), p. 77). 103 PCL 638.

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105 Une rubrique renfermant les frais occasionnés par l'achat de bois de construction (marrin) employé dans les ouvrages publics fut rédigée tout au long du XVe siècle. L'intitulé se stabilisa très vite, vers 1407, lorsque le mot marrin – qui désignait du bois de construction, notamment du bois de charpente propre à bâtir – fut isolé d'autres précisions du contenu. Pendant la deuxième moitié du siècle, le chapitre accueilla d'autres frais, explicités dans le titre, tels que la coupe de bois (dès 1456) et l'achat de pierre et de chaux (dès 1472).

Les comptes fribourgeois témoignent de grandes provisions en bois pendant le premier quart du XVe siècle et, en particulier, entre le deuxième semestre 1421 et le deuxième semestre 1426, alors qu'on érigeait les nouveaux bâtiments de la halle et la maison de justice. La moyenne des frais semestriels s'élevait à 43 livres avec un sommet de 208 livres 5 sous 6 deniers dépensés au deuxième semestre 1426.

Les trésoriers détaillaient les entrées de leurs comptes en indiquant la typologie du bois acheté. On trouve des planches d'épaisseur moyenne (lang, lant ou lan), des billes de bois (tisong)104, des

pièces de bois longues de section circulaire (perches), des chevrons de charpente (chevron), des lattes (lattes), des solives (pieces de bois), des madriers (platiron), des troncs de chênes (chagno) et des montants d'échelles (leyterboem); au premier semestre 1476, la ville acheta également du charbon. Les matériaux étaient acquis par pièce ou par douzaine, sauf les perches qui étaient achetées par contenu d'un char. Les dépenses étaient plus importantes lors de la belle saison. Le prix du bois de construction suivait une évolution qui n'était pas linéaire, mais qui s'adaptait à la variation de la valeur de l'argent, à la disponibilité du matériel, au prix du marché, à l'influence de la concurrence et à la qualité du bois.

Pendant l'été 1448, la ville acheta 156 planches de bois; la majorité de ces planches étaient en bois de sapin (dalies) – entre 24 et 40 sous la douzaine de planches –, les autres étaient en bois de chêne (chagno) – qui était plus cher, 60-65 sous la douzaine – ou en bois de bouleau (bulo) à 19 sous la douzaine. Au premier semestre 1476, le trésorier acheta 348 planches, qui lui coutèrent en moyenne 1 sou 11 deniers la pièce. Les planches pouvaient être destinées à l'architecture comme à la fabrication de meubles.

Les solives, moins travaillés que les planches, pouvaient avoir des utilisations variées, comme l'entretien (retenir) des ponts, la construction des fortifications, etc. Leur prix était en moyenne de 2-4 sous la pièce, mais il pouvait atteindre 10 sous pour les pièces les plus grosses. Le bois de charpente proprement dit, chevrons et lattes, coûtait entre 2 sous 6 deniers et 4 sous la pièce les premiers, et 5 deniers la pièce les secondes.

La rubrique consacrée au bois de construction ne présente pas uniquement l'achat de bois travaillé, mais elle peut contenir des entrées concernant l'abattage des arbres et la coupe de bois par des charpentiers ou des manœuvres au Schönberg, au Verdilloud, au Tann ou à Gessenay. Au premier semestre 1461, les charpentiers firent 155 journées de travail au Verdilloud à 4 sous par jour et les manœuvres 54 journées à 2 sous 6 deniers par jour. Les arbres étaient abattus (abbatre) et équarris à la hache (escarra) sur place, après avoir ressuyé pendant quelques saisons. La poutre

104 À partir d'une bille on réalisait en moyenne sept planches: "Item ou Raissierre de Praroman pour raissier XI

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était donc façonnée directement en forêt: "À partir du milieu du XIVe siècle, le sciage du bois s'est fait, de la même manière, en forêt ou en bordure de forêt. Le transport était ainsi facilité car il est plus simple et moins dangereux de transporter du bois carré que du bois rond"105. Le

transport coûtait très cher et dépassait souvent le prix de l'achat du bois; ces frais pouvaient être évités avec l'emploi des gaignieurs, les paysans des terres fribourgeoises astreints à leur corvée, qui recevaient pour leur travail juste un petit dédommagement. Le bois était transporté par char ou, lorsque l'emplacement de la forêt le permettait, par la voie fluviale.

Une partie du bois travaillé était acheté directement au marché de Fribourg, où les charpentiers, les maîtres d'ouvrage, les édiles ou le trésorier se fournissaient du matériel nécessaire, au frais de la ville.

Madriers

À l'achat de madriers (platerons106), souvent employés dans la construction des ponts, fut

consacrée une rubrique de la comptabilité fribourgeoise à partir de l'été 1429107. Le choix d'isoler

l'achat de cette typologie de bois travaillé n'est pas clair. Au début, le matériel provenait presque exclusivement de la forêt de Selly108, propriété de l'hôpital de Fribourg109, et par la suite d'autres

forêts de la ville. Un aspect caractéristique de cette rubrique est l'emploi très fréquent de corvées de paysans des terres fribourgeoises pour le transport du bois.

Les frais semestriels de ces achats ne dépassèrent jamais les 60 livres110. La préparation des

madriers coûtait à la ville entre 5 et 10 sous la douzaine. Au deuxième semestre 1448, la ville acheta 49 madriers coupés au Tann et en l'Auge. Un madrier coûtait 6 deniers111 et pouvait être

transporté par voie fluviale (avaul l'aigue), à 4 sous par jour, ou par char à un coût plus élevé. Au premier semestre 1458, la ville acheta aux paysans de Marly, d'Ependes et de Dirlaret 520 madriers, toujours à 6 deniers la pièce. Le transport fut garanti par ces mêmes hommes, qui effectuèrent 89 voyages.

Le recours aux corvées est explicité dans l'intitulé de la rubrique dès le premier semestre 1476; pendant cette période, les paysans ne transportèrent pas que des madriers, mais aussi de la paille, des bûches de chêne, du bois pour le feu pour les soldats alliés de la ville et du bois de construction.

105 Jean-Louis VALENTIN,La charpente, mode d'emploi, Paris, 2009, p. 18.

106 La forme francoprovençale avec voyelle fermée 'platirun' des premiers intitulés se stabilise dès 1433 en 'platirons'

puis 'platerons'.

107 Avant cette date, ces dépenses étaient inclues dans les chapitres consacrés à l'achat de bois de construction et à

la coupe de bois.

108 Il s'agit vraisemblablement de Seeli, près de Tavel. 109 Ceci pourrait être la raison de la rubrique spécifique. 110 La moyenne semestrielle étant de 14 livres.

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107 Tuyaux en bois pour la canalisation d'eau des fontaines

L'intitulé de la rubrique consacrée à l'achat de bois pour les canalisations des fontaines (perches de bornel) atteste que, jusqu'à la Saint-Jean 1403, le trésorier notait ces dépenses avec les frais d'achat d'autre matériel de construction: "Mession por bos et fert et perciez bornel, peiz, cordes, paneiz, cros clos, platheron de pont, appuentiez piches et por perchie de bornel"112.

Le bois de canalisation, acheté sous forme de perches par douzaines et transporté souvent à l'aide des corvées de paysans, était scié (raissier) à la longueur voulue et percé à l'aide d'une tarière (teraro), outil de grosse ou petite taille suivant le diamètre du tuyau désiré. Les canalisations étaient généralement construites en bois de chêne et, vraisemblablement, les tronçons de bois étaient reliés entre eux par des fers113.

En 1414, les perches coûtaient 6 sous la douzaine et il fallait ajouter entre 3 et 4 sous de travail pour percer les tuyaux. En 1476, leur prix était augmenté à 20 sous la douzaine. Dès 1437, la tâche de percer le bois était rémunérée à la journée et était confiée à une seule personne qui pouvait travailler jusqu'à 30 journées par semestre. Ces travaux étaient effectués dans un espace couvert appartenant à l'hôpital et à la confrérie du Saint-Esprit, auxquels la ville versait un loyer annuel de 8 sous114.

Pour l'achat et la préparation des canalisations des fontaines, la ville dépensait en moyenne 14 livres par semestre, atteignant un maximum de 69 livres 8 sous 4 deniers en 1477115, lors de la

construction de la fontaine de La Schürra (Schùra) et pour amener l'eau dudit lieu jusque aux murs de Bourguillon116.

Travaux de ferronnerie

La rubrique consacrée aux travaux de ferronnerie fut rédigée pendant tout le XVe siècle, sauf de rares exceptions. L'évolution de ces frais, assez stables, présente quelques rares pics qui dépassent les 100 livres et un sommet de 1'025 livres dépensées au deuxième semestre 1445, quand on acheta plus de 276 quintaux de fer (quintal de fer), payés entre 67 et 68 sous le quintal117.

Sinon, la moyenne semestrielle était de 48 livres.

Le trésorier rémunérait le forgeron dit "de la ville", nommé par les conseils fribourgeois, non seulement pour l'achat du fer, mais aussi pour tous les ouvrages faits pour la ville pendant le semestre en question; la facture était réglée une fois par mois ou à la fin du semestre. L'artisan,

112 CT 1a (1402/II), p. 52.

113 Cf. THEVENAZ, Ecrire pour gérer, p. 120.

114 "Item a celluy mesme [ou maistre de l'ospitaul] por la censa de la maison de bornel – 5 s. [...] Item ou maistre

de la Confrari por la censa de la Sain André passee por la maison aut l'on perces les bornel – 3 s." (CT 23 (1414/I), p.

46-47).

115 CT 150bis (1477/II), fol. 45-46bis. 116 CT 150bis (1477/II), fol. 51-53.

117 CT 86 (1445/II), p. 95-97. Nous n'avons malheureusement pas réussi à repérer la destination de ce fer, mais il

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dont les ateliers étaient situés à l'extérieur de l'enceinte urbaine pour éviter les dangers d'incendie118, facturait les livres de fer travaillées ou bien les ouvrages réalisés, et le compte était

préparé avec un ou plusieurs conseillers de la ville. Parmi les travaux exécutés par le forgeron on retrouve l'entretien et la fabrication d'ustensiles, les ouvrages de ferronnerie pour les édifices publics, les mécanismes d'horloge, etc. Tous les travaux ne lui étaient pas réservés, car d'autres artisans du fer étaient sollicités pour des ouvrages en faveur de la communauté urbaine, qui leur