• Aucun résultat trouvé

Rééchelonnement et financement des importations

STRATEGIES D’INDUSTRIALISATION EN ALGÉRIE DE 1967 À1990

10. Garantie des droits de propriété: les droits de propriété doivent être biens définis et

3.2. La libération du commerce extérieur

3.2.3. Rééchelonnement et financement des importations

Désormais, l’accès à la devise est possible. La Banque d’Algérie décide, alors, de financer les importations des opérateurs algériens, sans discrimination. La seule condition, après la dissolution du comité ad hoc, reste la bancarisation du client. Toute la latitude a été laissée aux banques primaires pour apprécier la solvabilité de l’importateur demandeur, ainsi que de sa rentabilité présente et future. Si l’importateur ne peut pas payer comptant, il peut les financer par le recourt, soit au :

- crédit répandant au minimum aux conditions consensuelles dont la durée ne peut être inférieur à trois ans,

- crédit multilatéral ou gouvernemental ;

- crédit « export- garanti » conforme aux normes internationales.

Enfin, la loi de finance 1995 libéralise totalement le commerce extérieur .La liste des produits interdits à l’importation et la liste des produits subventionnés ont été supprimées. Entre-temps, l’Etat a continué l’application de taux douaniers très élevés de 100 à 150 %. Nous soulignons qu’une telle pratique ne s’accordait pas avec les des recommandations du FMI qui prônent une suppression totale des barrières tarifaires.

L’accord stand-by signé en avril 1994 avec le FMI a permis à l’Algérie de bénéficier du FMI de crédit d’un montant de 1,03 milliards de dollars US 1. Feu vert qui a facilité l’accès aux crédits extérieurs .Tout cela a permis à l’Algérie d’éviter la cessation de paiement, de boucler l’année 1994 et le premier trimestre 1995 sans difficulté.

Selon la direction des Douanes Algériennes, le montant des opérations d’importations, réalisé par les secteurs juridiques (public et privé) entre avril 1994 et fin mars 1995, s’élève à 340,142 milliards de DA (9,703 milliards de dollars U.S). Les importations ont enregistré une importante augmentation de75% par rapport à 1993 2. Ces importations sont constituées surtout de catégories de produits de consommation finale, comme le montre le tableau suivant :

_____________________________

2

El-Watan du 23 / 04 / 1995.

Tableau : 3.10. Principaux groupes de produits importés en 1994, exprimés en (%) du montant global des importations

Produits alimentaires ...30% Biens d’équipement ...26% Matières premières ...23% Biens de consommation et médicament ...14% Autres ...7% Total ...100%

[Source : Tableau reconstitué à partir des chiffres cités par l’APS in E1-watan du 23 avril 1995]

Les pays de la CEE restent les principaux fournisseurs de l’Algérie avec un volume de 190,040 milliards de DA (5,421 $US) et 208,273 milliards de DA (5,941 milliards de $ US) d’exportation 1. La France demeure le premier fournisseur avec 384,57 milliards de DA (2,389 milliards de $ US) soit 24,71 %. Elle est suivie par l’Italie avec 33,126 milliards de DA (945millions de $ US) soit 9,73% et l’Espagne avec un volume de 31,888 milliards de DA (909 millions de $ US) 2, soit 9,37%. Parmi les principaux clients de l’Algérie, L’Italie occupe la première place avec un volume d’exportation de 54,107 milliards de DA (1,543 milliards de $ US) suivie par la France avec 46,744 milliards (1,333 milliards de $ U.S.) et enfin l’Espagne avec 22,916 milliards de DA (654 millions de $ US) 3. En revanche, les échanges commerciaux avec les autres pays demeurent faibles. Ceux avec les pays du Maghreb ont enregistré une légère amélioration, totalisant un volume global de 17,721 milliards de DA (505 millions de $ US), soit une augmentation de 2,75% en 1994 par rapport à 1993 pour les importations. Ces échanges, eu égard réalisés avec les pays de la CEE, restent très faible compte tenu du potentiel que représentent les échanges intermaghrébins comme :

- Le voisinage qui permet des coûts de transport réduit,

- La vocation industrielle de l’Algérie et agricole du Maroc et de la Tunisie peut faciliter une intégration économique régionale,

- disponibilité de l’énergie en Algérie : hydrocarbures, électricité. ____________________________

2

Idem

3

Ibidem

Malgré les disponibilités financières du rééchelonnement de la dette publique et les mesures de libération du commerce extérieur ainsi que l’injection de plus de 9 milliards de dollars US pour les importations en 1994, le taux de croissance pour l’année 1994 est resté très faible, 0,2% au lieu de 3% prévus. Donc, quelles sont les causes de cette faible croissance ? Elles peuvent être les suivantes:

- il y a d’abord le critère de bancarisation « qui fait que les banques n’accordent des

devises fortes qu’à ceux qui ont suffisamment de dinars et comme il est admis que le dinar se trouve beaucoup plus dans la sphère de la spéculation que celui de la production, on

comprend alors les difficultés d’approvisionnement de l’appareil de production »1.

Ceci est particulièrement vrai pour le secteur public qui malgré sa taille importante (67% du secteur productif national) n’a importé que 494,74 millions de dollars US, alors que le secteur privé plus modeste et opérant beaucoup plus dans les services (tourisme) et la distribution (commerce) a importé pour 278,81 millions de dollars us2;

- il y a aussi les réticences des banques étrangères à vouloir garantir les exportations vers le marché Algérien en invoquant l’instabilité politique ;

- même si le facteur est conjoncturel, il influe négativement sur les délais de livraison par l’indisponibilité de transport (fret aérien et maritime) et la perte de change générée par le retard d’acheminement de lettres de crédit et ses répercussions sur les taux d’intérêt qui s’élèvent de 6 à 10%.

Au total, l’Algérie était en cessation de payement parce que le service de la dette absorbait à la fin de 1993 la totalité des recettes d’exportations. La signature de l’accord Stand-by d’une année avec le FMI a permis de se procurer de l’argent frais. Ceci lui a permis de passer l’année 1994 et le début de 1995 sans grandes difficultés.

En 1995, une série de réaménagement de la dette extérieure (Club de Londres, Club de Paris, facilité de financement élargie) vont permettre de dégager environ 10 milliards de dollars3. Ceci a permis à l’Algérie de subvenir à ses créances à concurrence de 45 à 50 % de ses recettes durant 1995-1997 .Cependant les facilités financières mises à la disposition de l’Algérie sont loin d’être un chèque à blanc. L’Algérie est obligée d’utiliser cet argent pour relancer l’appareil de production et non pas l’achat de biens de consommation.

__________________________________

2

Idem.

3

Ibidem.

3.3. La liberalisation des prix, suppression des subventions à la consommation et