• Aucun résultat trouvé

L’alphabétisation - Education

STRATEGIES D’INDUSTRIALISATION EN ALGÉRIE DE 1967 À1990

1.3. Les résultats Sociaux

1.3.4 L’alphabétisation - Education

Au début des années 1950, 90 % des algériens étaient analphabètes. Car les taux de scolarisation ne dépassaient pas les 14 %. En 1962, plusieurs mesures ont été prises pour enrayer ce fléau social. Comme les algériens accordent une grande scolarisation à leurs enfants et les encouragent même à poursuivre des études supérieures; l’accroissement de la scolarisation a fait varier le taux d’analphabétisation de 80% environ 1962 à 60% en 1977.

Tableau 2.15. Evolution du taux d’analphabétisation, 1962-1977, U = (%)

Taux d’analphabétisme 80 74,6 66,6 59,6

[Source : Agercif M. et Agercif F., 1993 : 35 - 36]

L’analphabétisme concerne surtout la population âgée de plus de 10 ans et malgré le progrès enregistré par la scolarisation puisque le nombre d’enfants scolarisés

(Élémentaire, moyen, secondaire, supérieur et professionnel) a plus que doublé de 1967-1978 en passant de 1670.400 à 3.930.000 élevés en 1967-1978-79. Le taux de scolarisation s’est amélioré puisqu’il a atteint 77,2 % en 1977 contre 49,9 % en 1967.Ceci montre l’importance accordée à la formation mais, l’option de scolariser les enfants de 6 à 16 ans, bon an mal an, a engendré 20% en moyenne des dépenses totales d’Etat. L’analphabétisme est toujours d’actualité puisqu’il entretient un lien avec les autres secteurs sociaux. Dans ce cadre Brahim Brahmia a relevé « qu’en 1982, 83% des naissances enregistrées en Algérie étaient le fait de mères analphabètes. Nous savons en outre que le phénomène de l’illettrisme entretien un rapport étroit avec la mortalité infantile. Or l’analphabétisme touchait en Algérie 75% des adultes en 1970, et aujourd’hui encore le pays compte 7 millions et demi d’analphabètes »1.

Enfin, l’objectif de scolariser tous les enfants, malgré la croissance démographique, est un formidable pari sur l’avenir. Mais la contrainte financière freine l’effort de l’Etat qui se trouve dans l’impossibilité d’absorber les vagues d’élèves dans le secondaire et plus de 20.000 étudiants par an que même un pays comme la France est incapable d’accueillir convenablement. En situation de crise économique, les élèves renvoyés ont un niveau de scolarisation très faible que la formation professionnelle ne peut contenir, ils vont renforcer la catégorie des chômeurs.

La conclusion à tirer de cette première section, concernant la période 1967-1980, tourne autour d’un axe central : l’industrialisation. Dés 1967, une stratégie de développement est mise en oeuvre par le régime de Houari Boumediene. Cette politique reprend les objectifs exprimés dans le programme de Tripoli (1962) qui se résume en une : _____________________________

1 Agercif M. et Agercif F. (1993), op.cit., P.14

- Industrialisation basée sur les industries lourde ; - Le développement du secteur agricole et ;

Eu égard des importantes potentialités de ressources des hydrocarbures, l’objectif central est d’inverser, à l’horizon 1980, la tendance à l’augmentation du chômage menaçant de s’accroître en raison notamment de l’explosion démographique. Pour A. Sid Ahmed : « Il est donc clair que le mécanisme de croissance est impuissant non seulement à

absorber la main-d’œuvre existante mais également à absorber le croit démographique. »1

A priori, l’objectif revient à maximiser le taux de croissance et le nombre d’emploi or il se pose le problème de financement. Et, pour dépasser cette contrainte, particulièrement en devise, il a été préconisé :

- La valorisation des ressources minérales ;

- Une politique de substitution d’importation des produits locaux aux importations ;

- Une restructuration de la production, notamment agricole qui devait aider l’industrie à contenir le chômage et offrir des produits alimentaires à bon marche.

En résumé, le choix était pour une «industrialisation authentiquement capable de

jouer pleinement son rôle multiplicateur d’emploi et de fabriquer les principaux biens

industriels » 2. Plan par plan, ce grand schéma de développement national va se réaliser

d’une manière soutenue avec des montants d’investissement croissants. Le secteur industriel se taille la plus grande part avec 73% et parmi les investissements industriels 50 % iront au secteur des hydrocarbures, les services bénéficient de 17%, le reste ira au secteur agricole qui ne reçoit que 10% des montant investis.

Un premier constant fait que le bilan économique est impressionnant mais contrasté. L’Algérie se retrouve avec un PNB par habitant de 1260 $ U.S en 1978 1. Le niveau relativement élève lui permet de se hisser au rang des pays à revenu relativement élevé lui permet de se hisser au rang des pays à revenu intermédiaire. Ceci s’explique par la politique ambitieuse d’investissement (30 à 35 % du PNB) ayant soutenue sa croissance (3,2% de croissance par habitant) de 1965 à 1980.

Dans le secteur industriel, la stratégie érigée, au cours des années 1960 1970 en un modèle d’industrialisation, a permis d’installer un secteur public industriel imposant. C’est

___________________________________________________

1

Abdelkader Sid-Ahmed (1991), op.cit., p.13.

2Marc Ecrèment (1986), indépendance politique et libération économique, 1962-1985, OPU/PUG, Grenoble.

un secteur capable de produire plusieurs milliers de tonnes de produits intermédiaires (acier, engrais, ciment, électricité) certes mais contrasté parce que le coeur de la reproduction, l’industrie des biens d’équipements n’a canalisé qu’une faible part des investissements. Apres l’acquisition de l’outil de production sous forme clefs en main,

produit en main ou marché en main, les usines n’ont pas tardé à voir leur production régresser. Parmi les causes de chute de la production on a recensé en plus du problème d’intégration inter et intra sectoriel qu’on estime qu’il est inhérent au modèle théorique de développement; d’autre empêchements d’ordre interne comme le faible taux d’utilisation des capacités productives, le problème de gestion des pôles industriels, la difficulté de maîtrise du facteur technologique auxquels on y ajoute les contraintes externes.

Le second volet de ce constat, c’est que la politique de développement mise en oeuvre a transformé le type d’économie agricole, dominant durant le période coloniale en une économie industrielle. La marginalisation du secteur agricole a fait qu’elle manque des plus précieux facteurs de production (le sol, l’eau et la main d’oeuvre).L’industrialisation provoqua des déplacements de la population. Un exode rural désordonné s’effectue vers les grandes villes et la destruction des meilleures terres agricoles surtout côtières. Il n’y a pas eu suffisamment de retenues d’eau. Le dépérissement de l’agriculture engendre un solde négatif croissant qui conjugué à la forte croissance démographique entraînent à leur tour une importation massive de produits alimentaires1.

Quand au secteur privé, il a été politiquement marginalisé. Craignant d’éventuelles mesures discriminatoires de nationalisation des pans entiers de l’industrie et des terres, le secteur prive national a concentré ses investissements dans les activités de bout de chaîne produisant directement pour la consommation finale (textile, matériaux de construction et alimentation).

Dans le domaine social (éducation - alphabétisation, santé, logement) de fameux résultats ont été enregistré mais le secteur de l’habitat enregistre un grand retard parce qu’il n’a commencé à être une priorité qu’à la fin des années 1970.

Au total, le bilan était impressionnant bien que les points d’ombre soient nombreux. Au début des années 1980, les autorités compétentes soulignent l’inefficacité des entreprises nationales. Les résultats atteints ont été considérés insuffisants par le régime de Chadli Bendjedid, lequel a annoncé une série de changements sous le signe de la restructuration des EPE.

_____________________________

1

Banque Mondiale, rapport sur le développement dans le Monde 1980, p.131.

Au cours de l’année charnière 1978-1979, un débat s’est instauré autour du devenir de développement économique et social de l’Algérie. Considérant l’importance des acquis économiques et sociaux enregistrés, pendant les années 1960-1970, et prenant acte des distorsions et déséquilibres relevés, les autorités algériennes insistèrent sur la continuité du développement tout en portant des changements structurels. Les réformes introduites dans ce sens ont mis l’accent sur une restructuration des sociétés nationales.

Quel est le contenu et quels sont les objectifs à atteindre ? Qu’elle est leur portée socioéconomique ? Cela revient à préciser si les réformes la restructuration des années 1980 -ont transformé sensiblement les structures de l’appareil productif et l’économie dans son ensemble. Donc, ces réformes auront-elles porté des fruits au courant des années 1990, ou bien ont-elles échoué ? Dans les deux cas, quelles seraient les perspectives de l’économie algérienne ? Est-ce que c’est le début de la fin du secteur public en Algérie ? Est-ce que le choix est en faveur d’une libéralisation? Et quelle sorte de libéralisation économique l’Algérie cherche à appliquer ?

Comme le secteur public productif est prépondérant car il contrôlait en 1982-83 65% de la valeur ajoutée national et employait plus de 60% de la main-d’oeuvre salariée 1. C’est autour de l’entreprise publique productive que va s’effectuer l’effort de réflexion et action à entreprendre et à partir duquel doit se développer un nouveau système de planification annoncé. La question fondamentale est de savoir si la planification centralisée revue et corrigée va relancer la rentabilité du secteur d’Etat ou non. En d’autres termes les changements introduits prévoient une réorganisation des sociétés nationales, une plus grande autonomie de gestion des EPE nouvellement créées, et enfin certaines formes de libéralisation.

Dans cette deuxième section, nous analyserons successivement : - les causes et objectifs de la restructuration économiques des années 1980, - le contenu global de la restructuration organique et financière,

- les effets socio-économiques de la restructuration des années 1980.

_____________________________

1

A. Taibouni (1984), le développement indépendant d'après les expériences de L'Egypte et de l'Algérie, in le développement économique : théories et Politiques en Algérie, OPU, Alger, p.107.