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Pouvoir d'achat et inflation durant le programme de restructuration

STRATEGIES D’INDUSTRIALISATION EN ALGÉRIE DE 1967 À1990

3.1. Les effets de la restructuration sur le plan macro-économique

3.1.3. Pouvoir d'achat et inflation durant le programme de restructuration

En général, il n’y a pas de divergence, entre les auteurs, concernant la définition du phénomène d'inflation. Paul Bezbakh là définit comme un : « processus de hausse

cumulative et auto entretenue du niveau général des prix » 1.Une définition similaire nous

la trouvons chez Mourad Benachenhou : « l'inflation est un phénomène d'augmentation

généralisée, accélérée et continue des prix, qui n'épargne aucun bien ou service échangé

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1 Paul Bezbakh (1986), inflation et désinflation, la découverte, Paris, p.5.

Dès 1965, les économies capitalistes avancées entrées dans une « période névralgique » montrent une inflation structurelle qui s'est accélérée au courant des années 1970 et la première moitié des années 1980 2. Souvent une légère hausse de l’inflation, dans les pays développés, poussent les entreprises à investir et les ménages à consommer au delà de leurs revenus courants ainsi elle favorise la relance du secteur industriel. L'augmentation des prix dans les pays industrialisés permet aussi l'amélioration des termes de l'échange avec les PED. Ces derniers sont obligés de supporter l'augmentation du coût de l'importation lorsque le prix d'exportation de leurs produits primaires subit une dépréciation relative due aux aléas des mécanismes de fixation des cours mondiaux de leurs produits primaires. L’inflation a toujours existé en Algérie mais elle est restée dans des limites raisonnables jusqu'en 1984. Puis elle s’accélère du fait des pénuries et de la politique d'ajustement.

Tableau : 2.22. Evolution de l'indice des prix à la consommation 1882-1990, U = (%), 1979=100

Année 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 Croissance des

prix en (%)

6,3 6 8,1 10,5 12,4 7,4 5,9 9,3 17,8

[Sources : ONS (1992) et A. Benachenhou (1993) :31]

L’augmentation de l’indice des prix confirme l’accélération du phénomène d'inflation qui s'est dessiné surtout depuis 1986 et a atteint en 1990 17,8%. Le taux d'inflation est tiré vers le haut surtout par l'indice des prix des produits alimentaires. A l'inflation des produits alimentaires s’ajoute celle des produits industriels puisque les entreprises économiques sont aussi autorisées à augmenter leurs prix parce que les prix de cession des produits industriels étaient généralement inférieurs aux coûts de production. L'avènement de la restructuration financière en 1984 et le désir de mettre fin aux déficits d'exploitation des EPE ont privilégié le recours à la comptabilité analytique, en vue de lier les prix de cession aux coûts de production, à la recherche de la rentabilité financière. Cette vision déclenche un emballement des prix des intrants qui s'est manifesté par une augmentation des produits manufacturés, des produits des matériaux de

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1

Mourad Benachenhou (1993), inflation dévaluation marginalisation, Dar-Echérifa, Alger, p.3

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construction. A titre indicatif les prix des matériaux de construction ont atteint des chiffres démentiels entre 1988 et 1990. Le prix du ciment a augmenté de +243% au cours de la même période. Les textiles et les cuirs ont enregistré une augmentation de 150%. A cela il faut ajouter l'augmentation des prix des secteurs situés en aval de l'importation dont les prix se sont accrus de 20% en 1990. Globalement le taux d'inflation de l'économie continue d'enregistrer une forte augmentation de l'inflation qui trouve son explication dans le renchérissement de la matière première, les produits semi-finis, l'indisponibilité de matériel et l'utilisation d'un personnel pléthorique. Les agents économiques affaiblis (agriculteurs, auto constructeurs) par l'endettement éprouvent des difficultés de trésorerie que les banques refusent de renflouer. En conséquence, plusieurs personnes découragées abandonnent leurs activités. Ce phénomène est vécu surtout dans l'agriculture. Les agriculteurs abandonnent le travail de la terre à cause du renchérissement des facteurs de production (engrais, produits phytosanitaires, semences et matériels). Les répercutions ont été désastreuses sur le plan social, quelque 300.000 emplois ont été supprimés entre 1988 et 1990. C'est ce qui explique en partie la décroissance de l'économie algérienne ces dernières années.

Malgré, le niveau élevé de l'indice des prix cité plus haut, le phénomène d'inflation continue de souffrir de sous-évaluation à cause d'une part, de mesures économiques inadéquates. L'inflation est souvent sous évaluée par les dirigeants, par la manipulation des taux des indices de prix des biens et services ou tout simplement leur falsification, pour cacher les mauvais résultats de politiques macro-économiques erronées. D'autre part, le taux officiel ne couvre pas statistiquement tous les symptômes rencontrés dont nous citons plus particulièrement :

- L'apparition et le développement de marchés parallèles qui affichent des prix encore plus élevés,

- Les longues chaînes d'attente pour les marchandises rares, - La revente de marchandises par des particuliers,

- Les subventions importantes pour maintenir les prix des produits jugés de première nécessité et de large consommation,

- La baisse de la qualité des marchandises alors que leurs prix restent constants.

Si les premières causes de sous évaluation restent du domaine indiscret des statisticiens de l'Etat, néanmoins, les secondes disparaîtront du fait de la dévaluation du dinar et le

découragement de la demande, surtout des produits de consommation alimentaire, suite à l'application de la vérité des prix et l'abolition totale des subventions des prix des biens. En conclusion, les résultats de cette politique par les prix sont décevants. La paupérisation des citoyens réduit la demande des biens et services sur le marché local et comme ces produits subissent une forte concurrence sur le marché mondial ils vont gonfler les stocks des EPE. Cette situation signifie qu'une action par les prix n'est toujours pas meilleure pour améliorer le sort de l'entreprise.