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La restructuration organique des entreprises d’Etat

STRATEGIES D’INDUSTRIALISATION EN ALGÉRIE DE 1967 À1990

2.3. Application de la restructuration des EPE

2.3.1. La restructuration organique des entreprises d’Etat

Abdelhamid Brahimi (1991), l'économie algérienne : défis et enjeux, Dahlab, Alger, p.285

3

Idem.

4 ANEP (1991), les lois des réformes économiques, 1988-1991, Alger.

entreprises nationales dont le trait caractéristique est le « gigantisme ».

A partir de 1982, La restructuration organique a fait éclater l’entreprise d’Etat 1 (Sociétés nationales, régionales et locales), selon les critères retenus 2 suivants :

* la séparation des fonctions de production et de distribution ; * la spécialisation par familles homogènes de produits ; * la spécialisation par filière technologique ;

* la spécialisation par activité homogène ; * la régionalisation, et ;

* le contrôle des effectifs.

A cet effet des comités interministériels, spécialisés par fonction, sont crées dans les domaines suivants:

- ressources humaines, - moyens matériels, - finances et organisation.

Ces comités travaillent sous l’égide du comité national de la restructuration des entreprises est chargé de donner un avis motivé au gouvernement. A la fin le gouvernement est seul habilité à donner la matérialité juridique aux actes de création des nouvelles entreprises 3. Ces comités spécialisés sont ainsi chargés d’effectuer les tâches suivantes :

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1

Yasmine Boudjenah (2002), Algérie décomposition d’une industrie, la restructuration des entreprises publiques (1980-2000) : l’Etat en question, L’Harmattan, paris, pp. 77-84.

2 Pour casser les entreprises d’Etat devenues des conglomérats ingérables, coûteux, incontrôlables et inefficaces, les pouvoirs publics avaient confiés à la firme américaine, MCKINSEY AND CO de consultants, le soin de fixer les critères de restructuration des EPE. Pour plus de détails, voir : Maamar Boudersa (1993), La ruine de l’économie algérienne sous Chadli, Editions Rahma, Alger, p.99.

3

Mokhtar Belaiboud (1986), Gestion stratégique de l'entreprise publique Algérienne, OPU, Alger, p. 268.

1. Ressources humaines 2. Moyens matériels

- Affectation des moyens humains en fonction de la spécialisation et du - lieu d’implantation,

- Reconversion,

- Nouveaux recrutements.

- Répartition des moyens matériels, - Répartition des biens mobiliers et immobiliers.

3. Restructuration financière 4. Organisation - Assainissement financier,

- Répartition du découvert bancaire entre nouvelles entreprises, - Répartition des engagements et créances,

- Bilan de départ,

- Gestion des biens appelés à être cédés à d’autres entreprises.

- Définition des nouvelles structures eu égard aux dimensions arrêtées pour telle ou telle entreprise, - Appréhension des communications et autres relations liées aux nouvelles créations d’entreprises.

[Source : Mokhtar Belaiboud (1986) : 268]

2.3.1.1. La mise en oeuvre de la restructuration : nouvelles entreprises nationales

Le nouveau visage de l’entreprise découle d’une démultiplication des fonctions ou de noyaux technologiques homogènes, d’une délocalisation (national / régional / local) et enfin de la création ex-nihilo de nouvelles entreprises. A cet effet, nous les présenterons selon le secteur d’activité afin de mettre en évidence la correspondance entre les entreprises (anciennes) et les entreprises nouvellement crées.

Dans l’industrie, les 150 grandes sociétés nationales sont fractionnées en quelques cinq cents firmes, de dimensions relativement plus petites 1. Ces entreprises ont été mise en place progressivement jusqu’au 1er janvier 1984.Leur séparation a été faite sur la base d’une spécialisation ou l’étude et la réalisation. Au total, les sociétés nationales « mères » ont donné naissance à plusieurs entreprises publiques (voir tableau ci-joint : annexe II.1). Pratiquement, l’opération de restructuration a touché toutes les entreprises publiques des

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1 Fayçal Yachir (1990), les politiques d'ajustement et d'intégration magrébine, les leçons d'un séminaire, CAPE Tunis 15-17, octobre 1990, p.11.

différents secteurs économiques. Elle a délocalisé une partie des sièges sociaux des entreprises de la capitale vers d’autre wilaya du Nord du pays (Wilaya du littoral et des hauts plateaux). La SONATRACH, qui était qualifiée de petit Etat dans l’Etat algérien,

étant la première société nationale et une des plus grandes compagnies pétrolières au monde, a été divisé en neuf EPE. L’opération de restructuration a réduit la taille des entreprises et non celle des unités de production, donc elle n’a concerné que le mode de gestion.

2.3.1.2. Mini bilan de la restructuration organique des EPE

L’application de la restructuration organique a eu les effets positifs suivants :

- Le mérite lui revient d’avoir inaugurer le train des « grands changements » privilégiant le caractère économique : performance de l’appareil de production, rentabilité économique et financière ont permis la délimitation du patrimoine de l’entreprise.

- Elle a apporté certains avantages tant sur le plan micro-économique que macro-économique, nous citons :

* L’amélioration de l’équilibre régional caractérisé par une meilleure répartition industriel à travers toutes les contrées du pays ou la population bénéficie d’emploi jusque la réservé aux citoyens des grands villes (Alger, Oran, Constantine, Annaba...) permettant alors une distribution plus équitable des revenus,

* Une régulation du système de distribution des produits à travers l’ensemble du territoire d’ou une amélioration du taux de satisfaction de la demande exprimée,

* Une maîtrise progressive de la gestion des entreprises dont le dimensionnement devient plus modeste.

Entre temps, la restructuration a mis à découvert certains problèmes latents :

- Il est intéressant de rappeler que l’introduction du mode de gestion socialiste a incarné l’idée de « Beylik » : la propriété de l’Etat est la propriété de tous. La propriété publique est la source de « rente » pour le gestionnaire, l’ouvrier or la restructuration menace leur intérêt etc. Cet environnement crée une résistance et de la viennent toutes les difficultés : * La multiplication des centres de décision a entraîné automatiquement de très nombreuses promotions parmi le personnel gestionnaire,

* Ces postes n’ont pas été distribués selon le critère de la méritocratie 1, mais en réponse aux besoins du service et, surtout pour créer un poste de travail à une " personnalité " ;

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1

Propos recueillis par nous, à l’époque, auprès de dirigeants et représentants du syndicat de nombreuses EPE.

* Ce type de mesures accentue la réaction des travailleurs autour d’idéaux divergents qui affectent tout de suite les taux de rendement et de productivité de l’entreprise ;

- une pénurie de cadre et techniciens compétents : le marché de l’offre de travail n’a pas évolué corrélativement avec le taux de développement de l’activité économique (multiplication des nombres d’entreprises locales, régionales et nationales). Ce qui a obligé l’emploi d’une main-d’oeuvre non qualifié ayant engendré de faibles taux de rendement et de productivités1 ;

- Le transfert de personnel vers d’autre unités a crée des problèmes sociaux : le refus de partition, difficulté d’intégration, ralliement au syndicat, sabotage ;

- l’environnement de travail a tout de suite posé le problème de logement et d’adaptation du milieu de travail puisque : « le citoyen n’aime pas changer de région aussi facilement

qu’on le pense » 2. C’est ce que j’appelle : « faire la guerre froide », être improductif ou

pire encore être nuisible à l’entreprise. Enfin toutes ces difficultés ont influé négativement sur la production et productivité de l’entreprise et causant des frais supplémentaires qui ont affectés dangereusement la trésorerie de l’entreprise.

La seconde étape de la restructuration économique des entreprises a débuté au mois de mai 1984. Elle continuait la mise en oeuvre et le suivi de l’opération. Le comité national de restructuration des entreprises identifiait les difficultés et trouvaient les solutions pratiques appropriées comme l’arbitrage dans le partage du matériel ou la nécessité de création ex-nihilo de nouvelles entreprises régionales ou locales. « Parmi les mesures

d’accompagnement envisagées, la restructuration financière figurait en bonne place parce

qu’elle conditionnait l’assainissement financier des entreprises »3.