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Justifications de la restructuration

STRATEGIES D’INDUSTRIALISATION EN ALGÉRIE DE 1967 À1990

2.1. Justifications de la restructuration

L’appréciation du bilan de la décennie 1967-78 s’est manifestée sur un fond de crise du consensus social. Ce clivage repose le débat des années 1960 qui opposa les partisans et

les adversaires du secteur public. Et, le remodelage de la composante au pouvoir est perçu comme condition nécessaire à l’hégémonie de la superstructure. Il constitue un préalable au système politique algérien. Ajouté aux critères économiques cet ensemble hétérogène de facteurs constitue les justifications objectives de la nouvelle politique économique.

En 1979, Abdelhamid Brahimi est désigné au poste de ministre de la planification et de l’aménagement du territoire puis premier ministre entre 1984 et 1988.Il apparaît comme le premier instigateur de la campagne de réformes économiques lancées au début des années 1980.La restructuration, a-t-il déclaré, est justifiée en termes de déficits caractérisés dans la politique économique durant la période 1967-78. Les problèmes ayant engendré cette situation sont d’ordre interne et externe :

2.1.1. Les facteurs internes

La période 1967-1978 a connu un taux d’investissement assez important, il était de l’ordre de 52% du PIB. Ce rythme élevé d’investissement fait abstraction des processus d’apprentissage progressifs et des difficultés afférentes à la gestion de l’économie de plus en plus complexe. Ces investissements qui dépassaient largement les capacités financières du pays ont engendré un recourt massif à l’épargne extérieure. Les différentes analyses concernant la période démontrent le dysfonctionnement du secteur productif et la négligence de certains secteurs de l’économie : agriculture, transport et habitat. Le caractère mono exportateur et la négligence de la productivité au profit de la redistribution de la rente pétrolière fait qu’il y a absence de politique de préservation des hydrocarbures pour les besoins des futures générations. Le diagnostic signale des erreurs de planification et inadéquations des politiques macro-économiques. Car le planificateur définit mal les projets d’investissements, Les coûts financiers, les délais de livraison et surtout l’efficacité économique. En outre, La faible intégration interbranche et intersectorielle a accentué la dépendance du secteur productif vis a vis de l’étranger en matière première et en biens de consommation intermédiaire importée. Ces traits internes expliquent en partie la crise du système productif algérien durant la période 1967-1980, voyons maintenant les facteurs externes.

2.1.2. Les facteurs externes

Primo, le retournement défavorable des termes de l’échange a réduit sensiblement la capacité d’importation. Durant les années 1970, du fait de la détérioration des terme de l’échange, l’Algérie a perdu 8 milliards environ de $ US1.

Secundo, les conditions d’accès au marché mondial sont devenus du fait de la : * récession de l’économie mondiale, et ;

* de la politique inflationniste des pays développés conjuguée à la politique monétaire des USA.

Tercio, la majorité de la dette extérieure est contractée auprès de banques commerciales à des taux d’intérêt élevés, à court terme, ne permettant pas la réduction de la dette. En outre, Les fluctuations du taux de change du dollar dans lesquelles les exportations d’hydrocarbure et la dette sont libellées pénalisent beaucoup l’économie du pays.

En bref, toutes ces contraintes entravent fortement la politique de développement par une aggravation de l’endettement extérieur, cela rétribue la crédibilité de l’Algérie sur le marché financier mondial limitant ses capacités d’importation de facteurs de production. Quels étaient en réalité les objectifs de la restructuration des EPE face à ces contraintes ?

2. 2. Les objectifs de la restructuration

La réorganisation structurelle de l’économie s’attaquait aux aspects négatifs tant décriés par des économistes et des gestionnaires des entreprises publiques. Le contenu des critiques comprenait :

- la taille gigantesque atteinte par les sociétés nationales ; - l’emploi d’un personnel pléthorique dans le secteur public et;

- une gestion bureaucratique marquée par une ingérence de la tutelle (ministère, parti FLN) dans la gestion des affaires des entreprises d’Etat.

Dans ce cadre, le texte officiel sur la restructuration véhicule une certaine rationalité dans la gestion de l’entreprise publique. Il vise à :

« - Favoriser l’initiative créatrice des organes de l’entreprise et de ses unités tendant à

l’utilisation rationnelle des compétences humaines et à la valorisation effective des ressources matérielles des entreprises, par une plus grande productivité et une augmentation quantitative et qualitative de la production nationale ;

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1 Hachemi Boudjedar (1993), « crise de l'endettement en Algérie », Communication présentée au séminaire « endettement des pays du Maghreb » ISE Constantine.

- Renforcer la décentralisation et la déconcentration de la gestion des activités de

production de biens et services par la définition des différents niveaux de prise en charge effective des responsabilités et notamment au niveau de la production,

- Etablir des relations complémentaires soit d’un secteur, soit intersectorielles sur la base d’une définition contractuelle de leurs relations dans le respect de la cohérence des propositions, les objectifs et délais planifiés,

- Rechercher une grande adéquation entre taille de l’entreprise, son niveau d’intervention

et sa compétence territoriale » 1.

Pour Abdelhamid Brahimi, l’opération de restructuration consiste dans son aspect organique en : « une opération d’adaptation des formes d’organisation des entreprises

publiques aux exigences du développement correspondant à la nouvelle phase chargée de

défis multiples » 2. Sur ce point, Abdelhamid Brahimi soutient que ce qui a été programmé

pendant la période 1967-1978 a échoué, d’ou la nécessité de l’introduction de la restructuration. Le diagnostic de Brahimi est « correct » dans la mesure où :

- le programme de développement est peu performant, - les entreprises publiques ne sont pas rentables,

- les unités de production n’utilisent pas leur pleine capacité et il y a un excédent de personnel. Est ce que les objectifs des réformes annoncées par Brahimi vont être réalisées ? Comment rendre rentable les EPE qui étaient auparavant déficitaires ?