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Evolution de la situation de l'emploi

STRATEGIES D’INDUSTRIALISATION EN ALGÉRIE DE 1967 À1990

3.1. Les effets de la restructuration sur le plan macro-économique

3.1.2. Evolution de la situation de l'emploi

La situation de l'emploi constitue le second critère d'appréciation de la portée de la politique de restructuration des années 1980. En outre l'évolution de l'emploi se mesure par

la création nette d'emploi, le taux de chômage et le nombre absolu de chômeurs et par la charge démographique par actif occupé .Selon les données du conseil national de planification (CNP), reprise par Abdelhamid Brahimi : la création annuelle d'emploi était de 137.450 entre 1980 et 1985, et baisse à 62.800 entre 1986 et 1990. Ce chiffre doit être comparé avec le nombre moyen de création d'emploi durant la période de 1967-1984. Pendant cette période la création annuelle moyenne s'élève environ à 120.000 emplois. L'administration a été le secteur où a été enregistré le pourcentage le plus élevé d'emploi, qui s'explique par la satisfaction des besoins d'encadrement dans le secteur socio-éducatif (éducation, formation professionnelle et santé). En revanche, les secteurs industriels, les BTP et le secteur agricole ont été fortement touchés dans leur rôle important de pourvoyeur d'emplois productifs. L'évolution de la création d'emploi entre 1986 et 1990 est illustrée par le tableau ci-dessous.

Tableau : 2.20. Création d'emplois 1986-1990 (hors programme d'emplois des jeunes), (U= en milliers) 1980-85 1986 1987 1988 1989 1990 1986-90 Industrie BTP Services Administration Agriculture Total 105.700 221.000 183.000 285.000 30.000 824.700 8000 1000 8000 45.000 12.000 74.000 9000 2000 16.000 36.000 1000 64.000 5000 11.000 13.000 32.000 -61.000 6000 6000 7000 30.000 7000 56.000 25.00 30.000 -55.000 28.000 89.000 173.000 20.000 310.000

[Source : CNP, cité par Abdelhamid Brahimi (1991), P.332)]

D'autre part on constate que pendant la période 1979-1984, la croissance par tête de la consommation des ménages tenant compte de l'inflation, a été multiplié par 1,5. Et, elle s'est diversifiée aux biens de consommation durables (électroménagers, voitures) et logement. La croissance et la diversification de la consommation sont incontestablement stimulées par l'urbanisation, l'augmentation de l'emploi , les transferts sociaux de l'Etat , les habitudes diffusées par l'émigration , le maintient de l'inflation dans les limites raisonnable et à la progression du pouvoir d'achat des algériens conforté par les politiques publiques de 1970-87 (soutient des prix des produits de première nécessité, surévaluation du dinar) : conséquence de l'euphorie financière liée aux ventes d'hydrocarbures, à partir de 1973-74 puis à nouveau en 1979-80. Cette situation Abdelatif Benachenhou la ramène au :

« ...le taux d'emploi au sein des ménages n'a cessé de se développer jusqu'a 1984 et

parce que les effets de l'inflation, restée raisonnable, sont plus que compensés par l'accroissement des revenus monétaires globaux que permettent le développement de l'emploi et les envois de l'émigration gonflés par les taux de change favorable du marché parallèle. Les choses vont changer à partir de 1984 : l'inflation s'accélère alors et les mécanismes compensatoires ne joueront plus, ou joueront bien plus faiblement. C'est

l'entrée dans le tunnel » 1. La période 1985-1989 a connu une forte baisse dans la création

de l'emploi par rapport à la période 1980-1984 ayant enregistré une moyenne annuelle de 14 comme le précisent les chiffres comparés suivants :

Tableau 2.21 : Création et demande d'emplois comparés de 1977-1991

1977 - 1984 1985 - 1990 Création de poste d’emploi 40.000 (moyenne annuelle) 125.000 emplois en 1985 75.000 emplois en 1986 64.000 emplois en 1987 80.000 emplois en 1988 76.000 emplois en 1989 Demande d’emploi 670.000 (chômeurs en 1977) 435.000 chômeurs en 1985 1.140.000 chômeurs en 1987 1.266.000 chômeurs en1991

[Source : PNUD (1990):233; A. Brahimi (1991):332 et A. Benachenhou (1992):33]

La lecture de ces chiffres montre qu'à partir de 1985, la situation de l'emploi se dégrade d'avantage en conséquence le taux de chômage augmente :

Après un recul de 22,5% en 1977 à 16,4% en moyenne entre 1977 et 1984 2, il remonte à 21% puis à 25% en 1990.

Le nombre total des chômeurs est passé de 670.000 en 1978 à 435.000 en 1985 puis il remonte à 1140 000 en 1987 et à 1.266.000 en 1991.

Ainsi, le nombre total de chômeurs a été multiplié par 2,6 en l'espace de 6 ans entre 1985 et 1991.

Autre indicateur de la situation de l'emploi, le fardeau de la charge démographique ____________________________

1

Abdelatif Benachenhou (1993), inflation et chômage en Algérie: les aléas de la démocratie et des réformes économiques, in revue Maghreb-Machreck, Janvier Mars 1993, p.31

2

par personne reste assez lourd. En 1967, un algérien au travail subvenait à 7,3 personnes. En 1990, ce rapport s'établit encore à 6 personnes. C'est une charge beaucoup trop élevée après un quart de siècle de développement économique. Selon l'enquête « main d'oeuvre et démographie ».La population sans emploi est constituée essentiellement de jeunes de moins de 24 ans. Environ 71% de ces jeunes chômeurs sont de bas niveau (au-dessous du niveau du baccalauréat) ou sans qualification. Plusieurs facteurs ont collaboré à la dégradation de la situation de l'emploi, il s'agit d'abord de la :

- réduction des investissements dans les secteurs productifs, à savoir l'agriculture, l’hydraulique, l'industrie hors hydrocarbures, au début des années 1980. La baisse des investissements a joué un rôle déterminant dans le marché de l'emploi, auquel se conjuguent les facteurs suivants :

- La réduction des plans de charge et des problèmes financiers des entreprises Publiques ; - La réduction des approvisionnements du BTP en matières de base comme le ciment, le

bois, l'acier à béton ;

- La rupture des approvisionnements en matières première semi-produits et pièces détachées nécessaires à l'amélioration de la capacité des entreprises,

- Le coût élevé de l'emploi, évalué à 700 mille dinars en moyenne dans le secteur public, limite considérablement la création d'emploi dans l'industrie.

Dès l'accentuation des problèmes d'emplois, des mesures ont été prises par les gouvernements respectifs afin de diminuer l'effet de crise. Ces dispositions visaient la création de nouveaux postes d'emplois et la préservation des postes d'emplois du secteur public par un :

- Soutien aux entreprises en difficulté ;

- Une aide au redéploiement des travailleurs qui perdent leur emploi pour des raisons économiques, et :

- Par l'instauration, à partir de 1987, d'un programme d'emploi des jeunes.

Depuis, à travers ses institutions socio administratifs (wilaya, commune, santé). L'Etat compte embaucher plusieurs milliers de jeunes diplômés universitaires. D'autres créneaux ont été retenu : lancement des grands travaux (routes, chemin de fer, barrage hydraulique et barrage vert) et l'encouragement par des primes incitatives à l'installation de jeunes cadres (agriculteurs, fonctions libérales et dans le secteur public) dans le grand sud : Tamanrasset, Illizi, Adrar et Tindouf. C'est un projet ambitieux mais il exige beaucoup de moyens financiers que la situation financière et politique de l'Algérie dans le court et moyen terme,

ne le permettent pas. C'est pour cela que le recrutement de jeunes diplômés (administrateurs, médecins) en vue d'encadrer les institutions administratives locales et l'éducation semble peu réaliste.

De telles opérations isolées ou un aussi ambitieux programme pour le développement du grand sud ne représentent-il pas un discours politique ?

Ces projets de promotion d'emploi nous renvoient directement aux politiques économiques du début des années 1980 ? L'objectif déclaré est le développement du grand sud en vue du désengagement du Nord, voire la création de postes d'emploi. Le drainage et la sédentarisation d'une partie de la population permettra-il de créer suffisamment d'emploi pour atténuer le chômage? La production et la transformation suffisamment de produits agricoles afin d'équilibrer la balance agricole, ainsi diminuer la facture alimentaire ?

On craint que le recrutement par vague (administrateurs, médecins, vigiles) n'alimente d'avantage la pléthore de personnel dans les administrations publiques. Notre contribution réside dans l'analyse critique de la politique d'emploi préconisée, depuis 1987, par le gouvernement .Tout les partenaires sociaux économiques commençaient de prendre conscience de la transition vers l'économie de marché donc l'Etat aurait du se libérer à temps des activités de services détenus par EPL (transport urbain, coopératives, les grandes surfaces de distribution, artisanats et les entreprises commerciales de wilaya) ainsi que les pans de certaines entreprises nationales chargées de la commercialisation des EPE (ENADITEX , ENIPEC ). Cette opération permettra à l'Etat de se désengager des secteurs « non stratégiques », d'une part elles obligent ces entités économiques à se prendre en charge et, d'autre part, cela permettra aux EPE de se débarrasser d'une partie de personnel. Les analystes voient aussi que l'emploi et l'inflation sont étroitement liés et que le pouvoir d'achat et l'inflation représentent un bon critère de mesure de la confiance à mettre dans un pays.