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Les progrès technologiques dans les soins de santé

Dans le document Santé 2020 : cadre politique et stratégie (Page 60-64)

Les technologies de la santé peuvent être définies de différentes manières.

Le terme peut désigner les procédures, les équipements et les processus grâce auxquels les soins de santé sont fournis. Cela engloberait le recours à de nouveaux domaines de savoir scientifique, comme la génomique, à de nouvelles procédures médicales et chirurgicales, à des médicaments, à des devenu un facteur essentiel pour permettre des choix sains, et dépend dans une large mesure des aptitudes acquises dès les premières années de vie (31).

aujourd’hui, un ensemble composé de quatre maladies et de leurs facteurs de risque comportementaux représentent le gros des maladies et des décès évitables dans la Région européenne, à savoir les maladies cardiovasculaires, les cancers, le diabète et les affections respiratoires chroniques. Pour s’attaquer à des questions telles que le tabagisme, une mauvaise alimentation, la consommation d’alcool et le manque d’exercice physique, il faut aussi agir sur leurs déterminants sociaux. L’attention doit se porter plus en amont, à savoir sur les causes de ces différences de modes de vie (les causes des causes) qui résident dans l’environnement social et économique.

appareils médicaux et à de nouveaux systèmes de soutien au patient. Ce terme peut aussi, dans un sens plus restrictif, décrire les appareils employés pour la prévention, le diagnostic, le suivi et le traitement des maladies ou affections touchant les êtres humains, par exemple  : les endoprothèses à élution médicamenteuse, l’imagerie par résonance magnétique (IRM), les scanners, les pacemakers, la chirurgie mini-invasive, le traitement des plaies et de l’incontinence, et les appareils contribuant à la gestion des pathologies par le patient ou à domicile – comme les kits permettant de tester le taux de glycémie – avec un encadrement médical fourni grâce aux technologies de l’information.

La prise en charge des coronaropathies illustre parfaitement les changements apportés par les technologies au traitement et à la prévention des maladies au fil du temps. Dans les années 1970, les unités de soins cardiaques ont été établies afin de prendre en charge les battements irréguliers du cœur à la suite d’une crise cardiaque. Plus tard, les bêtabloquants ont été utilisés pour faire baisser la tension sanguine après la crise et ensuite, on a commencé à faire largement usage des médicaments thrombolytiques. Le pontage aortocoronarien est devenu plus courant. Dans les années 1980, les médicaments anticoagulants ont été utilisés après les crises cardiaques à des fins préventives, et quand l’état des personnes s’est stabilisé, on a eu recours à l’angioplastie. Dans les années  1990, cette technique a été utilisée d’une manière plus générale à des fins de traitement et de revascularisation immédiats, ainsi que les endoprothèses pour maintenir les vaisseaux sanguins ouverts. Dans les années 2000, de meilleurs tests ont été pratiqués pour diagnostiquer les crises cardiaques. Des endoprothèses à élution médicamenteuse ont été utilisées, et de nouvelles stratégies pharmaceutiques ont été formulées.

Les nouvelles techniques de diagnostic et d’imagerie des traitements constituent un exemple bien connu de développement technologique.

Des techniques telles que la tomographie assistée par ordinateur (TaO), le balayage, l’IRM et la tomographie par émission de positons ont révolutionné le processus de pose d’un diagnostic et la pratique clinique, en permettant des diagnostics beaucoup plus précis et en plus grand nombre, et en modifiant le potentiel et la capacité des interventions.

La nanotechnologie, qui implique de manipuler les propriétés et les structures à une nanoéchelle, est un autre exemple de développement technologique pouvant influencer les pratiques et les coûts, tant pour la prévention que pour le traitement. Elle est utilisée pour la mise au point de thérapies médicamenteuses ou de médicaments intelligents davantage ciblés. On a déjà démontré que ces nouvelles thérapies médicamenteuses provoquaient moins d’effets secondaires et étaient plus efficaces que les thérapies traditionnelles. À l’avenir, la nanotechnologie contribuera aussi à la formation de systèmes moléculaires qui pourraient présenter une similitude frappante avec des systèmes vivants. Ces structures moléculaires pourraient constituer le point de départ d’une régénération ou d’un remplacement de parties du corps actuellement perdues à cause d’une infection, d’un accident ou d’une maladie. Par exemple, la nanotechnologie sert déjà de base à de nouveaux systèmes d’administration de médicaments, plus efficaces, et en est aux premiers stades de développement afin de fournir des « échafaudages » pour la régénérescence nerveuse. On espère également que des investissements dans cette branche de la nanomédecine amèneront des avancées révolutionnaires pour la détection, le diagnostic et le traitement de diverses formes de cancer.

autres exemples : la télémédecine, la cybersanté et la santé mobile, qui offrent déjà d’importantes possibilités de renforcer la participation et l’habilitation des patients et de rationaliser les systèmes de surveillance et de soins tout en

réduisant les coûts. Les nouveaux modes de connectivité pour les patients et appareils médicaux rendent possible un recours accru aux soins à domicile et permettent aux personnes de rester actives et d’apporter leur contribution à la société. Ces évolutions fondées sur les technologies de l’information peuvent être associées à de nouveaux outils d’auto-prise en charge, à des applications sanitaires et à des appareils permettant aux patients et à leurs aidants de mieux gérer leur santé ou leur maladie chronique à partir de chez eux.

L’une des évolutions technologiques pourrait revêtir une grande importance.

Les travaux réalisés sur le génome humain au cours des dix dernières années peuvent changer la nature et l’issue des maladies. Ces travaux suscitent actuellement une modification profonde de la recherche, des politiques et des pratiques relatives à la santé publique, tout en facilitant de nombreuses découvertes sur la base génomique de la santé et des maladies. Les avancées scientifiques rapides et les outils de la génomique ont contribué à la compréhension de mécanismes pathologiques. L’espoir est de pouvoir établir les caractéristiques des informations cliniques, génomiques et environnementales propres à chaque individu, ce qui ouvrirait la porte à de nouvelles applications visant à gérer la santé humaine tout au long de l’existence. En 2005, une définition officielle de la génomique de la santé publique a été arrêtée  : «  la transposition responsable et effective de la science et des technologies du génome au profit de la santé humaine » (33). La génomique de la santé publique vise à intégrer les progrès de la génomique et de la biomédecine dans la recherche, les politiques et les programmes relatifs à la santé publique. Ces progrès seront de plus en plus pris en considération dans les stratégies adoptées en faveur de la santé des populations.

Quoiqu’il faille tenir compte de nombreux aspects éthiques (34), il est probable que la génomique moderne accélère l’évolution vers une médecine et des soins de santé plus personnalisés et individualisés à plusieurs égards, notamment en ce qui concerne la promotion de la santé, la prévention des maladies, la pose de diagnostics et les services curatifs. À l’avenir, des outils plus efficaces seront mis au point pour le dépistage et le traitement précoces. L’évolution de la biologie systémique (35) doit permettre la détection de la progression des maladies à l’aide des marqueurs moléculaires et ce, bien avant l’apparition des premiers symptômes. Ces marqueurs précoces doivent se situer au niveau de l’expression protéique, tout comme les marqueurs des réseaux des gènes du génome humain.

Toutes les maladies possèdent une composante génomique, et des facteurs génomiques de l’hôte dépendront dans une large mesure la manifestation éventuelle d’une maladie, ainsi que la manière dont elle se manifeste. Dans le cas de certaines maladies (comme la mucoviscidose et la trisomie 21), la génétique est le seul facteur qui rend la personne malade. Si le groupe de maladies dites «  non transmissibles  » (les maladies cardiovasculaires, le diabète, l’obésité, l’ostéoporose, les troubles mentaux, l’asthme et les cancers, entre autres) est caractérisé par un degré variable d’antécédents génétiques, la génétique n’est pas le seul facteur, dans la mesure où des facteurs comportementaux et environnementaux interagissent avec ce patrimoine génétique. Par conséquent, ce groupe est aussi appelé « maladies complexes chroniques  ». Même le groupe de maladies actuellement désignées sous le terme de «  maladies transmissibles  » qui, dans le passé, semblaient être causées uniquement par des pathogènes infectieux, s’avère posséder une composante génétique. Dans cette optique, on prévoit donc à l’avenir une diminution du clivage entre maladies transmissibles et non transmissibles et, à l’instar du concept de la santé, les pathologies feront aussi l’objet d’une approche globale et holistique.

Plusieurs caractéristiques des individus seront probablement utilisées de manière intégrative pour la gestion des risques ainsi que pour la prise en charge des maladies et des cas de maladies non transmissibles, et afin de promouvoir la santé et d’améliorer la qualité de vie. Parmi ces caractéristiques figurent l’information basée sur le génome (non seulement au niveau génétique, mais aussi au niveau épigénétique, de l’expression et des protéines) ; les facteurs liés au mode de vie, dont l’alimentation, l’activité physique, les habitudes tabagiques  ; les facteurs mentaux, économiques et sociaux relatifs à la vie domestique, professionnelle et sociale ; les antécédents médicaux personnels et familiaux  ; et l’interaction entre ces facteurs. Le recours aux marqueurs moléculaires pour stratifier les maladies en sous-groupes en vue d’un traitement à l’aide d’interventions ou de médicaments différents représente un autre champ d’application où les travaux ont déjà commencé. Le traitement du cancer en constitue l’un des principaux champs d’application, et il existe actuellement plusieurs exemples à cet égard.

Pour parvenir à un changement réel et radical dans l’utilisation de la technologie, il faut une volonté de restructurer les politiques et une capacité à fournir la formation nécessaire aux professionnels de la santé publique. Il est urgent de préparer, de manière responsable et efficace, les systèmes de soins de santé et les décideurs politiques à transposer la science et les technologies du génome dans le domaine de la santé publique  : il s’agit là d’une tâche capitale pour la génomique de la santé publique, et d’un important domaine d’innovation potentielle en Europe. Les politiques de la santé doivent se préparer à concrétiser cette vision d’avenir de la médecine et de la santé. En d’autres termes, au lieu de se concentrer uniquement sur les déterminants biologiques de la santé ou de mettre principalement en évidence les déterminants sociaux, il faudra considérer la santé sous l’angle de l’ensemble de ses déterminants, notamment les facteurs biologiques, environnementaux et sociaux et ceux liés au mode de vie, sans oublier les interactions entre ces facteurs. À l’avenir, il est probable que la génomique de la santé publique apporte la vision et les instruments nécessaires pour intégrer l’information basée sur le génome (en tant qu’élément faisant partie des déterminants biologiques de la santé) aux systèmes et politiques de soins de santé.

De telles innovations fondées sur la technologie ont déjà offert de nouvelles chances d’améliorer la santé et les soins. Ces changements influencent sensiblement le coût total des soins de santé, notamment lorsque de nombreux facteurs organisationnels et professionnels parlent en faveur de leur utilisation.

L’augmentation spectaculaire des coûts pendant les dernières années de la vie en est une bonne illustration. Dans la mesure où la technologie permet de nouveaux ou de meilleurs traitements, des dépenses plus importantes peuvent impliquer une hausse du niveau des soins de santé achetés, plutôt que des frais inutiles. Certaines technologies, comme la mesure de la glycémie par le patient, ont peut-être un coût initial, mais font baisser les dépenses liées aux complications en aval.

L’augmentation ou la diminution des dépenses de santé à la suite de l’application d’une technologie particulière dépend en fait de plusieurs facteurs. Quel est son impact sur le coût du traitement de chaque patient ? Combien de fois la nouvelle technologie est-elle utilisée  ? Sur quelle base son utilisation peut-elle être rationnée ? La nouvelle technologie permet-elle d’appliquer les traitements existants à de nouvelles maladies ou affections ? La technologie coûte-t-elle plus cher dans l’immédiat, mais permet-elle de faire des économies à un stade ultérieur ? Les nouvelles technologies peuvent accroître l’espérance de vie, et avoir une incidence sur le type et le volume de soins de santé auxquels les populations ont recours durant leur existence.

L’argument économique en faveur de la promotion et de la protection de la santé, et de la prévention des maladies Plus que jamais, les dépenses de santé posent un formidable défi aux pouvoirs

publics. Les dépenses de santé ont augmenté à un rythme plus rapide que celui de la croissance économique dans beaucoup d’États membres, renforçant la pression financière qui menace la pérennité des systèmes de soins de santé.

Dans la Région européenne, une part importante de la charge de morbidité,

La macroéconomie de la santé

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