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Environnement matériel

Dans le document Santé 2020 : cadre politique et stratégie (Page 150-155)

d’avCI par une multiplication des cardiopathies ischémiques, des troubles cognitifs chez l’enfant, des troubles du sommeil, des acouphènes et des nuisances (246).

• Des systèmes de transport mal conçus et mal coordonnés ont pour conséquence directe une augmentation des traumatismes et décès dus à des accidents de la circulation et, indirectement, des niveaux inférieurs de déplacements actifs et un plus grand isolement social.

• Les cas d’importantes maladies d’origine hydrique, telles que la cryptosporidiose, la campylobactériose, la giardiase et la légionellose, ont triplé entre 2000 et 2010. On estime que, dans la Région européenne, 1  million d’enfants en âge préscolaire et plus de 3  millions d’enfants en âge scolaire sont infectés par des helminthes, ce qui traduit bien la nécessité de prendre des dispositions de base en matière d’hygiène, d’approvisionnement en eau et d’assainissement des logements et autres environnements massivement fréquentés par des enfants (247).

• Quoique les classiques maladies d’origine hydrique à haut potentiel épidémique telles que le choléra, la fièvre typhoïde, la shigellose et l’infection à Escherichia coli entéro-hémorragique soient en recul dans la Région européenne, 4  millions de personnes dans les zones urbaines et 14,8  millions dans les zones rurales emploient toujours des sources d’approvisionnement en eau non améliorées, et 34,6  millions ne bénéficient toujours pas d’un bon assainissement. Quelque 10  % de la population rurale dépend de systèmes de petite envergure pour la fourniture en eau (puits privés, etc.), et ceux-ci font souvent l’objet de peu de réglementations et sont plus vulnérables à la contamination (248).

• Dans un même pays, les personnes à bas revenus peuvent être exposées à des risques environnementaux cinq fois plus souvent que celles qui disposent d’un meilleur revenu (249).

Pour obtenir une meilleure situation sanitaire et un meilleur état de bien-être, il faut mettre davantage d’accent sur la réduction de l’exposition, des risques et des effets environnementaux, tout en augmentant l’équité et en renforçant la gouvernance de la santé. Le fait de limiter les dangers liés aux pollutions atmosphériques, hydriques et alimentaires, à la pollution par les produits chimiques et aux nuisances sonores, d’obtenir un accès universel à de l’eau salubre et à un assainissement adéquat, de préserver la qualité de l’eau potable et de promouvoir l’hygiène de base pourrait permettre de prévenir plus d’un cinquième de la charge de morbidité totale, et une large part des décès d’enfants dans la Région européenne.

Toutefois, il ne suffit pas de lutter contre une exposition et des risques environnementaux isolés. Ce qu’il faut, en réalité, pour gérer efficacement l’énorme fardeau des maladies chroniques dans les sociétés modernes, c’est une démarche écologique de santé publique, en pleine conscience des interactions complexes entre les facteurs biologiques, comportementaux, environnementaux et sociaux, et une recherche de solutions en harmonie avec la quête de la durabilité économique et sociétale de notre planète (250,251).

Les inégalités socioéconomiques et la récession économique mondiale actuelle entravent les progrès en matière de réduction des risques pour la santé liés à l’environnement. Dans tous les pays, quels que soient les revenus nationaux, les personnes à faible revenu sont beaucoup plus exposées au risque lié à des environnements insalubres que celles avec des revenus plus élevés. Les déterminants sociaux jouent un rôle significatif dans les niveaux d’exposition aux facteurs environnementaux et la gravité des effets sur la

santé des individus et des populations. Par exemple, des niveaux de pauvreté élevés ou croissants affaiblissent les fonctions protectrices du secteur de l’approvisionnement en eau et de l’assainissement au sein des systèmes de santé nationaux. Les personnes ayant de bas revenus vivent généralement dans des conditions moins hygiéniques, dans des quartiers moins sûrs, plus près des sources de pollution industrielle et d’autres sources de contamination chimique et autres, dans des logements de piètre qualité, et ont moins d’accès aux espaces favorables à une vie saine (249).

La qualité de l’eau est soumise à des pressions constantes, et il est important de la préserver pour l’approvisionnement en eau potable, la production alimentaire et l’utilisation à des fins récréatives. Dans l’uE, les obligations légales se fondent sur les valeurs guides de l’OMS pour la qualité de l’eau de boisson, et l’on observe fréquemment une non-conformité en ce qui concerne la présence d’entérocoques, d’arsenic, de plomb, de nickel, de nitrate et d’autres polluants  ; dans la partie orientale de la Région européenne, le niveau de non-conformité est plus élevé et plus de pathogènes sont présents dans les systèmes d’approvisionnement en eau potable. Les changements climatiques, l’accroissement démographique, les besoins de l’industrie et les prélèvements d’eau dans le secteur domestique devraient faire peser un fardeau supplémentaire : les captages d’eau devraient diminuer de plus de 10 % dans l’uE entre 2000 et 2030, ce qui devrait créer des pénuries en Europe centrale et méridionale et en asie centrale (252).

Les maladies d’origine alimentaire sont un problème de santé publique croissant, la quantité d’aliments préparés hors du domicile ayant nettement augmenté récemment. garantir la sécurité tout au long de la chaîne alimentaire de plus en plus complexe requiert une collaboration entre le secteur de la santé, l’agriculture, le transport des aliments, les établissements de restauration et l’industrie alimentaire. La sécurité sanitaire des aliments et la sécurité alimentaire dépendent fortement de la disponibilité de l’eau salubre, des politiques d’utilisation des sols et des avancées technologiques pour améliorer la production, le stockage, le transport et la préparation des aliments.

Les changements environnementaux planétaires tels que la diminution de l’ozone, les changements climatiques, la perte de biodiversité, le nombre croissant d’urgences environnementales et météorologiques, et l’introduction rapide de nouveaux matériaux et technologies peuvent faire apparaître de nouveaux problèmes de santé, amplifier les problèmes existants et souligner les faiblesses des systèmes de santé actuels. Par exemple, dans la Région européenne, certains des effets du changement climatique se font déjà sentir : les 70 000 décès survenus durant la vague de chaleur de 2003 ont été un coup de semonce rappelant ce qui pourrait se produire si aucune mesure n’est prise. Les risques sanitaires dus au changement climatique devraient encore s’intensifier à l’avenir : plus de vagues de chaleur, plus de sécheresses, plus d’inondations et plus d’incendies ; hausse du niveau de la mer, avec des conséquences pour les régions et zones de peuplement côtières  ; fonte du permafrost dans le nord, avec des risques pour l’infrastructure et la viabilité ; et aggravation des déterminants environnementaux et sociaux classiques de la santé (qualité de l’air, qualité et quantité de l’eau et des aliments, etc.). On prévoit également des changements dans la répartition géographique des maladies infectieuses, avec la possibilité de flambées localisées de maladies infectieuses nouvelles ou réémergentes (comme la dengue) (253). La plupart des effets du changement climatique se font sentir très loin des endroits où ils se manifestent initialement. Ils peuvent également créer des conflits et des rivalités à propos des ressources ainsi que des mouvements migratoires. Les

coûts estimés des dommages économiques sont énormes et oscillent entre 5 et 10 % du PIB (254).

Quoique les interventions en matière d’hygiène de l’environnement impliquent toute une série d’acteurs, les divers types d’exposition environnementale (par l’air, l’eau, le sol, l’alimentation, le bruit et les rayonnements ionisants et non ionisants, etc.) devraient être considérés comme des déterminants combinés de la santé et du bien-être durant toute l’existence et pour tous les lieux de vie. Des secteurs tels que le transport, la gestion de l’eau, l’assainissement, la production énergétique et l’agriculture influencent la santé de manière plus significative que le seul secteur de la santé, et les politiques intersectorielles fonctionnent à tous les niveaux, depuis le niveau local jusqu’au niveau international. Le secteur de la santé a un rôle particulier à jouer pour promouvoir les interventions de santé publique par les autres secteurs, identifier les risques et les déterminants de la santé et surveiller et évaluer les effets des politiques et des interventions.

Les pays de la Région européenne ont lancé il y a 20 ans le processus européen Environnement et santé. Ce processus est un exemple de mécanisme de gouvernance unique, qui fonctionne grâce à une série de conférences ministérielles faisant intervenir sur un pied d’égalité les ministres responsables de la Santé et de l’Environnement, et qui développe les liens et la synergie avec plusieurs accords multilatéraux sur l’environnement et renforce le partenariat avec d’autres instances intergouvernementales, comme la Commission économique des nations unies pour l’Europe, le Programme des nations unies pour l’environnement et la Commission européenne, ainsi qu’avec des organisations de la société civile (255).

La concrétisation de l’Engagement à agir adopté par la Cinquième Conférence ministérielle de l’OMS sur l’environnement et la santé organisée à Parme (Italie) en 2010, sera essentielle pour mieux faire le lien entre santé et développement durable (256). En particulier, la Déclaration de Parme a stipulé les buts prioritaires suivants en matière d’hygiène de l’environnement, avec des objectifs à atteindre par les États membres européens pour 2020 au plus tard :

• garantir la santé publique en améliorant l’accès à l’eau salubre et à un assainissement adéquat ;

• lutter contre l’obésité et les traumatismes par des environnements sûrs, l’activité physique et une alimentation saine ;

• prévenir les maladies en améliorant la qualité de l’air extérieur et intérieur ;

• prévenir les maladies liées aux environnements chimiques, biologiques et physiques.

De plus, l’Engagement à agir exhorte à prendre les mesures suivantes :

• intégrer les mesures sanitaires dans toutes les mesures, politiques et stratégies pour l’atténuation du changement climatique et l’adaptation à ce dernier ;

• renforcer les systèmes et services de santé, de protection sociale et environnementaux afin d’améliorer leur action sur les effets du changement climatique en temps utile ;

• développer les systèmes d’alerte rapide, de surveillance et de préparation en cas d’événements météorologiques extrêmes et de flambées de maladies ;

• élaborer des programmes éducatifs et des programmes de sensibilisation ;

• augmenter la part du secteur de la santé dans les actions de réduction des émissions de gaz à effet de serre ;

• promouvoir la recherche et le développement.

Les activités de base de l’OMS, en particulier sur le renforcement des secteurs nationaux de la santé pour améliorer les systèmes de surveillance, d’alerte et d’intervention, restent essentielles à la lutte contre les maladies d’origine hydrique et alimentaire, tout comme son travail sur les maladies négligées et à prévention vaccinale. Des gains de santé importants peuvent être réalisés en respectant plus scrupuleusement les recommandations de l’OMS relatives aux maladies à prévention vaccinale comme l’hépatite virale a.

L’évaluation de l’impact sur la santé des déterminants environnementaux de la santé et des politiques dans tous les secteurs constitue une fonction fondamentale du secteur de la santé : il s’agit en effet de recenser les risques, de comprendre leur relation avec la santé humaine et de prendre des mesures efficaces afin les combattre. L’évaluation de l’impact sur la santé a été essentielle à l’élaboration et à l’application de normes environnementales, ainsi qu’à la réduction ou à l’élimination de l’exposition et des risques environnementaux.

Dans le cadre de la prévention primaire des maladies, les efforts pour améliorer l’aménagement urbain, intensifier l’activité physique ainsi que la mobilité des populations vieillissantes ou des personnes handicapées contribuent à l’amélioration de la santé et du bien-être. Le renforcement de la sécurité sur le lieu de travail et dans les lieux publics et l’amélioration des normes d’habitation permettent de réduire le nombre de traumatismes et l’exposition des personnes aux risques sanitaires et environnementaux liés à la chaleur et au froid ainsi qu’aux produits chimiques et au bruit. Des approches systémiques globales de la circulation routière, qui rendent l’environnement routier, les véhicules et le comportement des automobilistes plus sûrs en s’attaquant aux principaux facteurs de risque pour les traumatismes dus aux accidents de la route (vitesse, conduite en état d’ivresse, utilisation inadéquate des équipements de protection, etc.) améliorent nettement la sécurité routière pour les conducteurs et les piétons, en réduisant fortement le nombre de décès et de traumatismes liés aux transports. Les mesures fiscales telles que la fixation de tarifs pour les services d’approvisionnement en eau et d’assainissement, la taxation des émissions de polluants (y compris les gaz à effet de serre) ou la création d’incitants pour réorienter les types de consommation, promeuvent les technologies propres et une utilisation plus rationnelle des ressources naturelles, et préservent la biodiversité. Ces mesures sont nécessaires non seulement pour que les populations existantes puissent jouir d’une meilleure santé, mais aussi pour protéger les générations futures.

Ces dernières décennies, la combinaison de mesures prises sur base volontaire et d’accords et conventions multilatéraux juridiquement contraignants s’est avérée être un mécanisme efficace pour orienter les politiques visant à surmonter les défis en matière d’hygiène de l’environnement. Par exemple, le Protocole sur l’eau et la santé à la Convention de 1992 sur la protection et l’utilisation des cours d’eau transfrontières et des lacs internationaux a requis des pays de la Région européenne de définir des objectifs et de faire rapport sur les progrès réalisés en matière de fourniture d’un accès à l’eau et à l’assainissement, de réduction des maladies d’origine hydrique et de protection des ressources aquatiques (257). La Convention de Barcelone

Le développement durable a pour objectif de répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à satisfaire les leurs. Le concept de développement durable recouvre plus que la durabilité.

Il implique de passer d’un modèle de développement fondé sur le manque d’équité et l’exploitation des ressources à un modèle nécessitant de nouvelles formes de responsabilité, solidarité et obligation de rendre des comptes non seulement au niveau national mais aussi au niveau mondial, toutes générations confondues.

Dans le document Santé 2020 : cadre politique et stratégie (Page 150-155)