• Aucun résultat trouvé

Comment pratiquer la franc-maçonnerie dans des camps de prisonniers? prisonniers?

Chapitre II : Les conséquences de la guerre

II) Maçons anglais déportés et camps de prisonniers (Prisoner-Of-War camps) : la fraternité par delà les (Prisoner-Of-War camps) : la fraternité par delà les

1. Comment pratiquer la franc-maçonnerie dans des camps de prisonniers? prisonniers?

Au cours de la guerre, des millions de personnes furent arrêtées et envoyées dans différents types de camps de détention. Camps de prisonniers de guerre, de travailleurs forcés, de détenus politiques, camps de concentration ou encore d’extermination… De nombreux maçons se trouvèrent du mauvais côté du barbelé, pour reprendre le titre de l’ouvrage de Keith Flynn. Selon les types de camps, les statuts de prisonniers n’étaient pas les mêmes, et variaient également en fonction de l’endroit où ils se trouvaient : en Europe, ou bien en Extrême-Orient, où de nombreuses troupes furent mobilisées. Les prisonniers étaient donc majoritairement des soldats, mais par exemple lors de la chute de Singapour1, des civils furent également arrêtés (des ressortissants britanniques vivant là-bas), et soldats comme civils furent internés dans des camps où ils devaient travailler, parfois avec une maigre rétribution. Nous nous intéresserons ici aux maçons britanniques emprisonnés à travers le monde, ou comme nous le verrons, des maçons étrangers mais sous la constitution anglaise. Les soldats du Commonwealth étaient particulièrement mobilisés en Asie.

Il est évident que, si les francs-maçons avaient été méfiants en Angleterre quant à leurs activités, pratiquer la franc-maçonnerie dans un camp de prisonniers de guerre en Allemagne, en Italie ou en Asie nécessitait une prudence extrême, puisque ces activités étaient très dangereuses et ceux qui les pratiquaient encouraient la peine de mort.

Tout d’abord, il faut noter qu’il était très fastidieux de se reconnaître entre maçons, ce qui est pourtant la première étape de la création potentielle d’une « loge ». Les camps étaient surpeuplés, et il était courant que plusieurs milliers de personnes y vivent (ou plutôt y survivent) ensemble, alors que les baraquements étaient conçus pour accueillir beaucoup moins de monde. La prison de Changi à Singapour en constitue un exemple frappant : initialement construite pour 650 personnes (sur la base de trois anciennes casernes britanniques), en réalité plus de cinq mille personnes s’y côtoyaient. Aucune intimité n’était possible dans les salles communes ou dans les « chambres », qui contenaient une centaine de prisonniers. De plus, ces derniers étaient souvent déplacés de camp en camp, partaient sur des

1

Le 15 février 1942. Avec seulement 30.000 hommes, les Japonais réussirent à prendre la forteresse de Singapour, qui était défendue par 85.000 Britanniques. La chute de la ville fut une humiliation cinglante pour le gouvernement britannique. Voir http://secondeguerre.net/articles/evenements/pa/42/ev_singapour.html

135

chantiers ou disparaissaient subitement, ce qui rendait la tâche de maintenir une loge avec ses principaux protagonistes on ne peut plus ardue. Mais par ailleurs, les maçons qui n’avaient pas pu prendre contact les uns avec les autres dans un camp en particulier pouvaient, quelquefois, retrouver des frères dans d’autres camps et le rapport pouvait s’établir alors que cela n’avait pas nécessairement été le cas auparavant. La difficulté pour se reconnaître représentait donc un obstacle majeur, mais finalement nécessaire à la survie des frères, et on peut voir ici que le secret d’appartenance maçonnique prend toute sa raison d’être. Avoir été en capacité de se reconnaître sans le laisser transparaitre aux geôliers s’avéra une mesure d’une importance extrême dans ce cas. Protégés par cette valeur fondamentale de la maçonnerie, ils purent utiliser des signes, paroles ou attouchements pour se réunir. Mais se reconnaître n’était que le début de leur entreprise. Comment réussir à s’organiser, à se rassembler, à conduire ensemble les travaux de la loge dans un tel contexte ? A Changi en 1942, le Frère Ling relate :

« De grandes précautions étaient prises pour identifier chaque franc-maçon inconnu. Avant de participer à la première tenue, ceux d’entre nous qui avaient constitué la société s’identifiaient entre eux, puis chaque nouveau membre était révélé par un ancien Vénérable de la Constitution à laquelle il appartenait. »1

Parallèlement en Allemagne, et plus précisément en Bavière, dans le camp Stalag 383, le Frère Payne vécut une expérience similaire :

« La première étape qui fut décidée fut l’élection de quatre individus pour représenter l’Angleterre, l’Ecosse, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Ces quatre quittèrent la pièce et se révélèrent l’un à l’autre. Puis ils formèrent un comité et chaque personne apparut tour à tour devant eux. »2

Dans certains cas, un comité était donc sélectionné pour donner son accord et vérifier que les frères étaient bien ce qu’ils disaient être. Comme nous pouvons le voir dans ces témoignages, plusieurs nationalités se côtoyaient dans les camps, et les maçons travaillaient selon différents rites. Dans certains camps, lorsque les maîtres étaient reconnus (et qu’il y en avait plusieurs),

1

« Great care was taken to prove each unknown mason. Before attending the first meeting, those of us who had formed the society proved each other, then as each new member came along he would be proved by a P.M. of the Constitution to which he belonged. » Cité par A.R. HEWITT, Crafstmen in Captivity, Quatuor Coronati Lodge : 1964.

2

« The first step agreed upon was the election of four individuals to represent England, Scotland, Australia and New Zealand. These four departed and proved themselves one to the other. They then formed a committee and each person in turn appeared before them. » F.S. PAYNE, Minutes du camp Stalag 383.

136

les rites pouvaient être travaillés à tour de rôle1. Certains, notamment ceux pratiqués par les Américains, étaient réputés être très beaux, et il n’est pas déplacé de penser que les frères appréciaient peut-être le changement, ainsi que la découverte de nouveaux rites.

Alors que les maçons étaient privés de documents écrits, le rituel était entièrement basé sur l’oralité. Il valait mieux, par ailleurs, que les autorités ne découvrent pas d’écrits liés à la franc-maçonnerie. Sachant que dans certains camps tous les effets personnels étaient confisqués, les photos, les bijoux, tous types de souvenirs, il est évident qu’il en serait de même pour n’importe quel objet maçonnique, que ce soit un rituel imprimé, un bijou, un tablier, ou autres tableaux de loge. Un frère avait caché une photo de son épouse (ensevelie sous de la terre pour qu’on ne la retrouve pas), qu’il ressortait de temps en temps, et qu’il put ainsi conserver pendant son emprisonnement. Cependant, il s’aperçut lors de la libération du camp qu’un garde était bel et bien au courant, mais avait feint de ne rien avoir su de cette affaire…2

D’autres cas montrent que les livres n’étaient pas toujours proscrits. Le Frère Sidney Brown relate qu’un rituel3 Emulation fut retrouvé au camp de Laufen en Allemagne.4 Un autre, le Frère Wallwork, avait réussi à garder avec lui dans un camp près de Salzbourg le Nouveau Testament et un rituel Emulation5, et bien qu’ayant été contrôlés par les autorités, il eut le droit de les conserver6. A Singapour, le temple maçonnique avait été pillé, et son contenu dispersé. Les livres que contenait la bibliothèque furent déplacés et stockés dans la bibliothèque municipale. Ici, la Croix Rouge put se servir, et présenta des ouvrages dans le camp de Changi, et c’est ainsi que certains retrouvèrent des livres maçonniques, on peut imaginer avec quelle surprise et quel soulagement. Cet arrivage inespéré dut certainement mettre beaucoup de baume au cœur des frères dont le moral sombrait. Ces exemples semblent néanmoins très rares. Un véritable retour aux sources paraît donc s’être opéré au niveau du rituel, car du temps de la maçonnerie opérative aucune trace écrite n’était conservée, et lors des premiers pas de la franc-maçonnerie, les frères se devaient d’apprendre le rituel par cœur. Cette tradition perdura davantage en Grande-Bretagne qu’en France. Il n’était cependant pas facile de n’avoir aucun point de départ, et de devoir se souvenir de l’intégralité du rituel. Dans

1

Chaque pays pouvait appliquer un rite particulier, ces rites différaient les uns des autres.

2

Témoignage recueilli par John WYMARK, Saxony Lodge n.842, consultable sur : http://saxony-842.com/POW/index.html. Consulté le 09/03/16.

3

Voir glossaire des termes maçonniques.

4

Sidney BROWN, A Daily Advancement in Masonic Knowledge, Germany 1940-1945, Leicester : Transactions Lodge of Research,1946.

5

Un rite maçonnique particulier, datant du XIXe siècle et pratiqué par la Grande Loge Unie d’Angleterre. Voir Alain BAUER et Roger DACHEZ, Les rites maçonniques anglo-saxons, Paris : PUF, 2011.

6

137

certains camps, des tableaux de loge1 étaient dessinés par des prisonniers, artistes amateurs ou professionnels ; ils étaient de taille suffisamment petite pour être empochés à la moindre alerte, et suffisamment obscurs pour ne pas attirer l’attention sur les activités maçonniques même s’ils étaient saisis par les autorités. Il semble qu’il ait été important de conserver certains éléments de la maçonnerie, pour donner du relief au rituel, mais peut-être également pour cimenter la nouvelle « loge ». Par exemple, des objets étaient façonnés dans du bois ou du métal, provenant tantôt des armatures des lits, tantôt d’un morceau d’hélice ou d’une pièce de véhicule. Nous connaissons aujourd’hui l’existence d’un art des tranchées en référence à la Grande Guerre, et un processus identique vaut pour les camps de prisonniers. Il faut savoir que la plupart des témoignages font état d’un ennui abyssal au sein de ces prisons, et beaucoup tentaient de se procurer des matériaux qui leur permettraient de passer le temps en dessinant ou sculptant. Déployer son énergie pour façonner des objets rituels donnait véritablement un sens aux maçons dans la monotonie de leur existence. Encore une fois, tous ces objets devaient être de petite taille, et lorsqu’ils n’étaient pas utilisés, ils étaient cachés, comme ce fut le cas dans le camp de Viano en Italie où ils étaient dissimulés dans la cavité du manteau d’une cheminée. Le Frère Gordon, qui était prisonnier dans ce camp, rapporta que les francs-maçons qui s’y réunissaient avaient parfait l’exercice d’entraînement, et s’étaient aguerris en répétant plusieurs fois la marche à suivre en cas d’intrusion intempestive lors d’une de leurs réunions.2

Pour parer justement à cette éventualité, plusieurs cercles de frères couvreurs3 se tenaient sur leurs gardes, et veillaient à ce que les tenues ne soient pas interrompues par les autorités. A Changi, le Frère Wylie témoigna d’un dispositif de sécurité digne des temples les plus sûrs : pas moins de 24 frères couvreurs, disposés en quatre cercles de six. Il faut dire que lors de cette tenue, une centaine de francs-maçons étaient réunis. Parfois, et plus ironiquement, c’étaient les gardes ennemis eux-mêmes qui faisaient le guet ! A Wolfsburg en Autriche, les maçons parvinrent à soudoyer un garde pour qu’il les laisse utiliser une nouvelle cabane en construction.4

Lorsque les tenues avaient lieu, les maçons entraient chacun leur tour, ou par deux au maximum, pour attirer le moins possible l’attention sur ces réunions qui se tenaient à porte fermée. S’il semblait plus aisé de trouver un local à l’abri des regards indiscrets dans certains lieux, c’est parce que les réunions d’ordre religieux étaient, elles, tolérées. C’est donc sous

1

Voir glossaire des termes maçonniques.

2

A.R. HEWITT, Crafstmen in Captivity, Quatuor Coronati Lodge : 1964.

3

Voir glossaire des termes maçonniques.

4

138

couvert d’une assemblée chrétienne que beaucoup se retrouvaient, prêts à changer de sujet à la moindre alerte. Le garde soudoyé en Autriche avait d’ailleurs été trompé dans ce sens, pensant que les hommes présents souhaitaient s’entretenir religieusement.

Dans d’autres cas, les réunions étaient facilitées par la présence au sein du groupe de maçons qui avaient accès à des endroits (un peu) plus privés, comme la chapelle ou le centre médical. En effet, il est relaté qu’au camp de Wolfsburg, le docteur en charge, qui était franc-maçon, put arranger les « visites » de ses frères sous forme de consultation médicale, et ils purent ainsi se regrouper dans le dispensaire.1 En Tchécoslovaquie, c’est l’aumônier qui se chargea d’organiser les tenues au camp de Mahrisch Trubau, mais des précautions étaient néanmoins toujours nécessaires :

« L'aumônier principal du camp était franc-maçon, et il permit aux frères de se réunir dans la chapelle du camp sous couvert d'assister à des sermons théologiques. Si l’alerte était donnée, il était courant que le Maître ou quelqu’un d’autre soit prêt à discourir à tout moment sur un autre sujet préalablement décidé.»2

Les francs-maçons convenaient souvent d’un nom pour leur loge qui puisse laisser penser aux autorités qu’il s’agissait d’une activité innocente (car même si cette activité restait bien sûr innocente aux yeux des maçons, elle n’en demeurait pas moins interdite). Ainsi, les termes « club » ou « société » étaient amplement utilisés pour dissimuler l’activité maçonnique. L’exemple de la loge maçonnique appelée « le club d’échecs » illustre bien ceci. Elle vit le jour dans le camp Stalag 383 en Bavière, et la vie de cette loge est bien documentée puisqu’elle fit l’objet d’un article dans le journal The Freemason en 1950. C’est le Frère Carpenter qui témoigna. Le Vénérable, raconte-t-il, interrogeait lui-même chaque candidat :

« Il me questionna sur deux degrés3 et, une fois satisfait, me communiqua l’endroit et l’horaire des tenues. Nous nous rassemblions dans une petite pièce derrière la scène du camp, et, pour dissimuler la nature de nos assemblées, nous

1

« The next meeting was held in a medical inspection room, by arrangement with a British doctor, a Freemason. » A.R. HEWITT, Crafstmen in Captivity, Quatuor Coronati Lodge : 1964.

2

« The Senior Chaplain of the camp was a member of the Craft, and he allowed the brethren to meet in the camp Chapel under the guise of attending theological lectures. It was a common practise at Masonic gatherings in camps for the Master, or someone else, to be ready to lecture on some pre-arranged subject at a moment’s notice if an alarm was sounded . » SELBY-BOOTHROYD, Unpublished Notes on Freemasonry in Prisonner of War

Camps (Europe) in the Second World War. Cité par A.R. HEWITT, Crafstmen in Captivity, Quatuor Coronati

Lodge : 1964.

3

139

appelions notre Loge « Le Club d’Echecs » ; ce qui déconcertait parfois les véritables joueurs d’échecs dans le camp, et également les Allemands. »1

Il semble surprenant que des personnes extérieures au Club aient eu connaissance de son existence, par exemple les joueurs d’échecs eux-mêmes. D’aucuns pourraient penser que le fait de diffuser parmi eux un faux nom de loge n’était qu’une simple précaution, un stratagème imaginé pour pallier les questions trop intrusives des autorités, voire une boutade entre les francs-maçons qui s’y rejoignaient. Mais si d’autres en entendirent parler dans le camp, et en particulier les Allemands, comme le souligne le Frère Carpenter, c’est certainement que le nom de la loge circulait somme toute de manière assez fluide, suggérant que la confidentialité n’était peut-être pas aussi optimale qu’elle aurait pu (ou dû) l’être. Cependant, il faut noter que cette loge, composée au départ d’une vingtaine de maçons, pour la plupart australiens, s’était considérablement agrandie pour recevoir près de soixante-dix membres de Constitutions différentes. Plus la taille du groupe était importante, plus on en parlait dans le camp, et plus sa notoriété grandissait. Il était bien sûr plus facile de maintenir la confidentialité d’un très petit groupe plutôt que d’un grand. Mais les maçons ne furent pas inquiétés en tant que tels dans ce camp.

A Mahrisch Trubau en Tchécoslovaquie, une loge d’instruction2, ou « société », vit le jour. Le Frère Selby-Boothroyd précise : « On l’appelait ‘société’ comme subterfuge, pour tromper l’ennemi, puisque le terme pouvait signifier une société pour l’amélioration de beaucoup de choses. »3

Nous avons donc pu constater que de nombreuses loges fonctionnaient dans les camps de prisonniers de guerre où était détenue une large proportion de maçons anglais. Sans pour autant affirmer qu’à chaque camp à travers le monde correspondait une ou plusieurs loges, Hewitt, dont le travail fait autorité sur le sujet, décrit la vie des loges dans pratiquement une vingtaine de camps en Europe et en Extrême-Orient. Dans ces témoignages, dont beaucoup sont conservés à la bibliothèque de la Grande Loge Unie d’Angleterre, on trouve des descriptions détaillées de subterfuges utilisés pour tromper les gardes. On trouve également

1

« He questioned me in two degrees and, after being satisfied, told me the meeting place and time. We met in a small room behind the Camp Stage, and, to conceal the nature of our gatherings, we referred to our Lodge as « The Chess Club » ; sometimes to the confusion of genuine chess players in the camp, as well as to the Germans.» A.J. CARPENTER, ‘We Called our Lodge The Chess Club’, The Freemason, février 1950.

2

Les loges d’instruction, réservées aux maîtres, avaient pour mission de pratiquer le rituel dans sa plus grande rigueur afin de former les maîtres des autres loges qui devaient à leur tour l'enseigner aux autres frères. Voir Alain BAUER et Roger DACHEZ, Les rites maçonniques anglo-saxons, PUF : 2011.

3

« It was called society as a ‘blind’, to mislead the ennemy, so that the term could mean a society for the improvement of anything. » SELBY-BOOTHROYD, Unpublished Notes on Freemasonry in Prisonner of War

Camps (Europe) in the Second World War. Cité par A.R. HEWITT, Crafstmen in Captivity, Quatuor Coronati

140

de quelle façon les tenues étaient conduites dans des circonstances extrêmes ; malgré cela, je n’ai pas trouvé de récits relatant la découverte des loges par les autorités des camps, ce qui aurait probablement entraîné la mort des maçons impliqués. Certains sont morts dans ces camps, bien sûr, mais rien ne prouve que leur décès soit lié à leur appartenance maçonnique. En effet, les loges ayant été secrètes, ceux qui seraient décédés en raison de leur implication ne sont plus là pour en témoigner. Quant aux autres prisonniers, ils n’auraient vraisemblablement pas entendu parler d’une loge maçonnique alors qu’ils n’étaient pas eux-mêmes initiés. Quoi qu’il en soit, il est évident que la prudence était de mise pour ces maçons qui tenaient à faire vivre l’esprit de la franc-maçonnerie dans des conditions aussi particulières. Basé sur les témoignages à notre disposition à la bibliothèque de la Grande Loge, on dénombre en Europe quatorze camps où se pratiquait une activité maçonnique (parfois par les mêmes maçons, qui étaient déplacés). A Singapour, le Frère Lowick, le député Grand Maître provincial de l’archipel Est, accorda pas moins de quarante-deux dispensations1 pour ouvrir des loges dans la prison de Changi.2