• Aucun résultat trouvé

3.1 Regard systémique: la théorie de l’activité

3.2.2 Présentation des sujets

Différents acteurs ont joué un rôle afin de mettre en œuvre le projet : que ce soit les trois enseignants participants, les éducateurs sans frontière, les deux directions d’écoles, les élèves ou même les parents, chacun a eu une contribution et est intervenu à sa façon. La présente étude se fait en collaboration avec deux lycées de Ouagadougou au Burkina Faso, soit le lycée privé Saint-Viateur et le lycée communal Sig Noghin. Ces écoles participent au projet @CTIF depuis l’automne 2010 et sont de niveau secondaire. D’autres actions ont été menées à Koudougou au niveau primaire dans le cadre du projet, mais dans le but de cibler notre angle d’analyse, nous avons choisi de centrer notre étude sur les actions conduites à Ouagadougou seulement, soit au niveau secondaire.

3.2.2.1 Les enseignants

Dans le contexte de cette recherche, les trois enseignants participants étaient volontaires. Lors de l’an un du projet, deux enseignants ont été approchés par leur direction respective, au lycée Sig Noghin et au lycée St-Viateur, pour participer au projet et ils ont accepté. Lors de l’an deux, un deuxième enseignant de St-Viateur s’est joint à l’expérience selon les recommandations de la direction. Les trois enseignants enseignent la matière Sciences de la Vie et de la Terre (SVT). Les conditions de travail sont exigeantes, car ces enseignants ont à leur charge 6 classes comprenant chacune 69 élèves ou plus. Il en résulte une tâche de correction prenante qui constitue environ 30% de leur temps et une tâche d’enseignement de 23 heures par semaine en moyenne.

Tableau 2

Portrait des enseignants lors de l’année scolaire 2011-2012

Enseignants A B C

Lycée St-Viateur St-Viateur Sig Noghin

Qualification - CAPES (Certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement du second degré) - Maitrise en science biologie - Diplôme universitaire - DEA (Diplôme d’études approfondies) CAPCEG (Certificat d’aptitude au professorat dans les collèges

d’enseignement général / 1er cycle)

51 Nombre d’années d’expérience 12 31 21 Matières enseignées SVT SVT SVT Nombre d’heures d’enseignement par semaine 20 22 26 (16 heures au lycée public, 10 heures au privé) Nombre de groupe- classe à charge 6 6 6 (4 au lycée public et 2 au privé) Nombre total d’élèves 414 414 600

3.2.2.2 Les directions des lycées

Les directions d’école sont également des acteurs de notre recherche puisque c’est d’abord eux qui ont été approchés pour mettre en œuvre le projet dans leur école. À St-Viateur, deux personnes ont assuré la direction de l’établissement en deux ans. Le directeur général approché lors de l’an un occupait le poste depuis 6 ans. Lors de l’an deux, un deuxième directeur général est entré en fonction et a décidé de poursuivre le projet. Celui-ci a une formation d’enseignant de français à la base. Au lycée Sig Noghin, le rôle de directeur porte le nom de proviseure. C’est la même personne qui occupe ce poste depuis quatre ans et elle a une formation d’enseignante d’histoire à la base. Elle a enseigné durant 25 ans avant de se consacrer à la direction d’établissements scolaires.

3.2.2.3 Les élèves

Au total, cinq classes ont participé au projet. Les élèves de ces classes constituent d’autres participants importants de notre recherche. Au lycée St-Viateur, trois classes de 69 élèves sont impliquées dans la démarche et elles sont de niveau 5e, ce qui équivaut au 2e secondaire au Québec. Les élèves sont âgés entre 12 et 14 ans. Lors de l’an un, 20 élèves avaient été sélectionnés parmi ces trois classes pour être initiés à la démarche et lors de l’an deux, tous ont pu participer et travailler sur le KF. Au lycée Sig Noghin, deux classes, une de 91 élèves et une de 69 élèves, sont engagées dans notre étude. Leur niveau est le 4e, ce qui équivaut au 3e secondaire chez nous. Les élèves ont entre 14 et 16 ans. Tout comme le lycée St-Viateur, lors de la première année d’intégration du KF, un groupe de 20 élèves avait été sélectionné parmi les deux classes et lors de l’an deux, tous les élèves ont pu être impliqués dans le processus.

52

Tableau 3

Portrait des classes pléthoriques

Classes Lycée St-Viateur Lycée Sig Noghin

Nombre de classes 3 2

Niveaux scolaires 5e 4e

Âge des élèves 12 à 14 ans 14 à 16 ans

Nombre d’élèves par classe 69 91 et 69

Nombre total d’élèves participants

207 160

Niveau socioéconomique Aisé (lycée privé) Moyen (lycée public)

3.2.2.4 Les Éducateurs sans frontière (ÉSF) : intervenants de la FPGL

Les ÉSF sont la plupart du temps des acteurs retraités du milieu de l’éducation qui décident de s’impliquer au sein de la Fondation Paul Gérin-Lajoie. Dans le cadre du projet @CTIF, les ÉSF étaient des personnes différentes lors des deux années d’intervention, car il s’agit de mandats de coopération volontaire qui procèdent par appel d’offres. La première année, un enseignant du secondaire retraité (ÉSF1) et une enseignante du primaire retraitée (ÉSF2) ont fait partie de l’expérience. Lors de la deuxième année, ce fut une enseignante primaire retraitée ayant participé à École en réseau durant sa carrière (ÉSF3) et un ancien directeur d’école (ÉSF4). L’ÉSF3 a dû quitter subitement le Burkina Faso pour des raisons de santé et l’ÉSF4 a donc assuré les interventions dans les deux villes pendant un temps. Ensuite, l’ÉSF1 est revenu sur le terrain pour poursuivre le projet. Les quatre ÉSF ont contribué au projet dans les deux lycées de Ouagadougou, mais les principaux intervenants de ce secteur géographique sont l’ÉSF1 et l’ÉSF3. L’ÉSF 1 est notamment le chef du projet et celui qui s’est impliqué durant toute la durée du projet et de notre étude. Plus précisément, sa carrière en éducation a été d’une durée de 33 ans, répartie chronologiquement ainsi : 15 ans en tant qu’enseignant au secondaire en éducation physique et en sciences, 6 ans comme conseiller pédagogique en éducation physique et généraliste (dossier institutionnel) et 12 ans comme directeurs d’écoles primaire et secondaire.

53

3.3 Intervention : les outils (KF et VIA) retenus et leur intégration en

classe

Le KF a été intégré dans des classes du Burkina Faso par l’action des Éducateurs sans frontière qui se sont rendus sur le terrain à deux reprises. Deux temps distincts caractérisent le projet @CTIF : l’an 1 qui représente la période d’octobre 2010 à avril 2011 et l’an 2 qui représente la période d’octobre 2011 à février 2012.

Les deux premiers ÉSF ont introduit le KF lors de la première année d’intervention. Ils ont d’abord dû s’approprier eux-mêmes l’outil lors de séances de formation à l’Université Laval avec l’équipe de recherche-intervention TACT. Ils ont alors été familiarisés avec les principes de coélaboration de connaissances (Scardamalia et Bereiter, 2003). Ces principes sont à la base de l’outil KF, car ils en constituent les fondements et cet outil détient des affordances11 qui permettent de les soutenir. Par exemple, tel que mentionné dans le chapitre précédent, l’un des principes est la démocratisation du savoir où tous les participants engagés dans un discours collectif sont des contributeurs légitimes aux buts partagés de la communauté. Dans le KF, la participation de chacun est en effet nécessaire au développement d’un discours collectif pour mener l’investigation proposée. Après cette familiarisation aux fondements pédagogiques, les ÉSF se sont approprié les différentes fonctions techniques, essentielles pour une utilisation optimale de l’outil. Ils se sont servis de l’outil entre eux et avec des membres du TACT pour développer quelques discussions et mieux comprendre les affordances qu’offre le KF. Lors de la deuxième année, l’un des ÉSF qui se rendait sur place connaissait déjà l’outil KF pour l’avoir utilisé avec ses élèves lors de sa carrière en enseignement. L’autre ÉSF s’était rendu au Burkina Faso lors de l’an 1 avec sa conjointe et connaissait déjà l’outil. Ils n’ont donc pas eu besoin d’être formés à ses rudiments mêmes.

Arrivés au Burkina Faso, ils ont travaillé avec deux enseignants burkinabè lors de l’an 1 et avec un nouvel enseignant lors de l’an 2 pour les former à leur tour à l’outil. De ce fait, ils les ont également initiés à la pédagogie de coélaboration de connaissances qui constitue un

11 Les affordances du KF font référence aux possibilités d’actions offertes par cet outil. Autrement dit, les

54

outil symbolique associé à l’outil numérique du KF. Ensuite, ce sont les élèves qui ont été initiés au KF, par sous-groupes de 20 élèves lors de l’an 1 : une sélection méthodique a été faite parmi les classes de même niveau des enseignants participants afin d’initier une cohorte d’élèves qui allaient devenir des pairs aidants l’année suivante. Un sous-groupe par lycée a été créé, ce qui donne un total de deux sous-groupes de 20 élèves. Puis, tous les élèves par tranche de demi-classe de 34 élèves ont été initiés au KF lors de l’an 2.

Pour ce qui est de VIA, l’outil de visioconférence, les ÉSF ont appris à se servir du système et ont montré brièvement aux enseignants burkinabè son fonctionnement technique. Pour le lycée St-Viateur, un enseignant hors du projet, mais responsable de l’informatique dans l’école, a appris en détail à se servir de l’outil et a pris en charge sa gestion lors des séances de visioconférence. À Sig Noghin, un intervenant de la Maisons des savoirs a aidé l’enseignant participant, puisqu’il connaissait déjà ce système.

Tel qu’énoncé au chapitre précédent, le travail selon l’approche des communautés de coélaboration de connaissances, prisé dans le projet @CTIF, est une combinaison du forum d’écriture KF et de la visioconférence et c’est pourquoi ce sont les deux outils principaux pour lesquels les enseignants burkinabè ont été formés pour l’intégration des TIC dans leurs classes. Il faut préciser que d’autres outils sont utilisés, tel que le logiciel Skype pour la communication entre les ÉSF à distance et les enseignants ainsi que les messages textes pour la coordination des activités.