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De communauté de pratique à communauté d’apprentissage professionnelle

Niveau 4: Des contradictions entre le système d’activité et les systèmes voisins qu

5.3 Pistes de recherche, implications pédagogiques et suggestions

5.3.2 Implications pédagogiques et suggestions

5.3.2.1 De communauté de pratique à communauté d’apprentissage professionnelle

Un des résultats marquants de notre étude a été les actions en transition en rapport avec la communauté de pratique qui s’est développée lors des rencontres hebdomadaires entre les trois enseignants et un ÉSF. Ce type d’actions a fortement contribué à la progression de l’activité d’intégration des TIC et pourrait favoriser l’atteinte d’une activité plus largement intégrée en classe pléthorique. Nous désirons expliciter les implications que cela peut avoir sur la pratique pédagogique des lycées participant au projet @CTIF.

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Pour commencer, précisons comment la communauté développée peut être qualifiée de communauté de pratique. Lors des rencontres de planification pédagogique, les enseignants et l’ÉSF n’ont pas nommé le regroupement comme étant une communauté en tant que telle, mais rappelons qu’une communauté de pratique peut émerger de l’interaction entre des collègues en milieu de travail. C’est ce qui s’est produit, mais il faut souligner que la Fondation Paul Gérin-Lajoie a d’abord soutenu la création de la communauté de pratique pour répondre au besoin de formation des enseignants. Les enseignants ont ensuite pris en charge le déroulement des échanges en centrant les rencontres sur leurs intérêts communs et leurs besoins partagés. Ainsi, la communauté de pratique ayant émergé est à la fois informelle, mais provient du soutien d’une organisation établie qui a joué le rôle de mettre ensemble des personnes ayant une entreprise commune; la Fondation n’a pas imposé cette communauté, cette dernière s’est développée naturellement, tel que le suggère d’ailleurs McDermott (1999). La communauté a aussi été soutenue par le réseau, puisque les enseignants n’étaient pas toujours au même endroit (les deux lycées étant situés à des endroits opposés de la ville) et l’ÉSF était à distance : ils ont utilisé Skype pour les rencontres synchrones et ont utilisé le KF pour échanger sur certaines questions entre deux rencontres. Nous voyons dans ces rencontres, comme nous l’avons mentionné au chapitre précédent, les trois dimensions fondamentales d’une communauté de pratique selon Wenger (2005). Voici un tableau exposant ces trois dimensions et la description des actions en transition des enseignants qui y sont liées :

Tableau 9

Les trois dimensions fondamentales d’une communauté de pratique de Wenger (2005) repérées dans les actions des enseignants burkinabè

Dimensions fondamentales (Wenger, 2005)

Actions des enseignants

Engagement mutuel  Participation assidue aux rencontres de planification pédagogiques

 Travail en collaboration en dehors des rencontres  Partage d’expériences, échange de conseils, entraide

Entreprise commune  Partage d’un objet partagé : la coélaboration de connaissances et

l’intelligence collective chez tous les élèves de leurs classes

 Réflexion collective sur l’intégration des TIC, notamment sur l’organisation de la classe pléthorique

 Planification des activités d’intégration des TIC en classe  Partage d’une réalité scolaire

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Répertoire partagé de

ressources  Utilisation des mêmes outils (KF, VIA, pédagogie magistrale et pédagogie de coélaboration de connaissances)

 Reconnaissance du rôle des ÉSF (en tant que coordinateur et personne ressource)

Cette communauté de pratique est un résultat important au sens où elle nous permet de voir que l’activité d’intégration des TIC pourrait fortement avancer dans sa progression, selon notre interprétation, si la tension de l’extension du projet à toute l’école se résolvait. Elle nous amène à proposer la création d’une communauté professionnelle d’apprentissage dans les lycées participants, ce qui constitue une implication pédagogique ayant des répercussions pour la suite du projet @CTIF. Cette proposition touche à la piste de recherche que nous avons soulignée, soit de mettre en interrelation les systèmes d’activité des ÉSF et des directions avec ceux des enseignants pour obtenir une vision plus large de l’activité d’intégration de KF et de VIA et d’envisager la transformation de leur pratique en étendant l’intégration des TIC à l’échelle de l’école. Partant de cela, nous suggérons donc qu’une communauté d’apprentissage professionnelle soit créée pour que l’activité devienne un projet d’école où toute l’équipe pédagogique est impliquée dans le processus.

Dans une communauté d’apprentissage professionnelle, les enseignants sont amenés à évoluer professionnellement dans la dynamique du fonctionnement de l’école (Laferrière, 2005) et la démarche s’institue selon un mode de travail en collaboration. L’objectif est d’améliorer le rendement des élèves tout se penchant sur la qualité de l’enseignement (Bolam et al, 2005). Cette suggestion de communauté, en étant intégrée complètement dans l’établissement scolaire, vient jouer sur plusieurs tensions qui persistent actuellement, comme les problèmes d’horaire et de locaux, les problèmes d’indisponibilité des autres enseignants du lycée, le désir des trois enseignants d’étendre le projet à tout le lycée, l’intégration du programme scolaire officiel, la hiérarchie et la poursuite des activités avec les anciens élèves ou avec de nouveaux. Les sous-triangles du système d’activité des sujets enseignants où des tensions seraient travaillées par la mise en place d’une communauté d’apprentissage professionnelle sont les suivants :

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Figure 30. Sous-triangles des tensions résolues par une CAP

Ces sous-triangles concernent notamment le pôle des règles et routines et celui de la division du travail (hiérarchie dans ce cas-ci), soit des aspects de l’activité sur lesquels les enseignants ont eu peu de contrôle dans nos résultats et où ils n’ont pas pu poser des actions en transition pour résoudre les tensions émergentes.

Notre suggestion de communauté rejoint également un processus de développement professionnel durable de haute qualité pour les enseignants nécessaire à une intégration juste des TIC dans le but de restreindre la fracture numérique (Resta et Laferrière, 2008) et espérer que cette intégration soit à long terme. L’un des enjeux du projet @CTIF est justement la question de la pérennité. Si on se recentre sur les actions à poser des enseignants, le fait de participer à une communauté professionnelle d’apprentissage installée officiellement donnerait le souffle nécessaire au projet pour poursuivre ses objectifs.

Nous désirons rappeler que nous avons lancé la piste de recherche de mettre en place un « Change Laboratory » en ce qui concerne la recherche et la transformation des pratiques dans le domaine de l’intégration des TIC pour les pays en voie de développement, mais qu’étant donné le contexte actuel du projet @CTIF, dont le fait que le projet est entamé depuis déjà plus de deux ans, nous soutenons qu’une communauté d’apprentissage professionnelle est plus proche de la réalité. Cette suggestion pourrait être directement envisageable pour la suite des actions qui seront posées et s’ancre déjà dans l’activité en cours : elle pourrait être une continuité cohérente avec la communauté de pratique qui s’est développée. Communauté R.R. Sujet Outils Objet D.T. Communauté R.R. Sujet Outils Objet D.T. Communauté R.R. Sujet Outils Objet D.T.

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