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Les actions en transition liées à l’organisation de la classe pléthorique

Niveau 4: Des contradictions entre le système d’activité et les systèmes voisins qu

4.4 Le lieu de la classe en tant que coÉco

4.4.1 Les actions en transition liées à l’organisation de la classe pléthorique

Intégrer les nouveaux outils pour permettre une coélaboration de connaissances chez tous les élèves de la classe pléthorique a fait émerger des tensions spécifiques au niveau des pôles des règles et routines, de la division du travail et de la communauté. En effet,

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comment assurer à tous l’accès au KF, une condition pour coélaborer, quand seulement une vingtaine d’ordinateurs sont disponibles ? Comment gérer une séance de visioconférence et donner la parole aux élèves quand plus de 70 élèves sont impliqués ? Autant de questions qui s’inscrivent dans les sous-triangles suivants selon les tensions et résolutions identifiées avec les manifestations discursives et avec les vignettes.

Figure 15. Le sous-triangle 6 : outils – objet - communauté

Figure 16. Le sous-triangle 8 : sujet – communauté - division du travail

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Figure 18. Le sous-triangle 10 : outils – communauté –division du travail

Plus précisément, pour le sous-triangle 9 règles et routines – outils - communauté (cf. figure 17), le grand groupe (communauté) entre en tension avec l’horaire fixe des élèves et des enseignants qui ne peut bouger en raison de l’organisation scolaire complète du lycée (règles et routines), en plus de ne pas pouvoir profiter de ressources matérielles suffisantes (outils) : « Eux, ils ont un temps moindre, parce que l’emploi du temps, c’est ce que j’expliquais tout à l’heure, y’a un problème d’emploi du temps, de disponibilité de la salle et les disponibilités des enseignants.» (Document Sujet enseignant 2, ligne 35). Il s’agit ici d’une tension de type conflit, car le sujet critique la situation sans s’impliquer émotionnellement, puisqu’il sait que ce sont des éléments extérieurs qui viennent créer le problème.

Pour tenter de résoudre ce conflit non négligeable, les enseignants ont posé diverses actions qui se situent dans les sous-triangles 8 et 9. Le pôle des règles et routines vient offrir certaines solutions, comme la division de la classe en deux et la transformation du temps en ajoutant des heures pour permettre que tous les élèves participent. De plus, il y a eu la création de petites équipes de travail (cinq à six élèves par équipe) afin de répartir le nombre d’ordinateurs parmi les demi-classes. Le pôle de la division du travail offre également des éléments réglant en partie la tension par la répartition des tâches entre les enseignants et les 20 élèves qui sont devenus des pairs aidants la deuxième année. Tel que l’avaient prévu les enseignants, ils ont fait appel à ces élèves afin de leur apporter du support lors des séances de KF :

Ceux qui ont travaillé l’année dernière nous aident avec ceux qui n’arrivent vraiment pas à saisir du tout. On fait appel à eux : « ah toi

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tu étais là l’année dernière, ceux-là n’arrivent vraiment pas, il faut aider ce groupe. » En même temps, nous aussi on aide certains, mais au moins ils nous appuient et c’est un peu plus rapide.

(Document sujet Enseignant 1, ligne 45)

De façon schématique, voici les manifestations de transformations survenues qui ont permis de résoudre en partie la tension du sous-triangle 9, soit d’intégrer l’outil KF en fonction des horaires fixes avec le peu de matériel et la classe pléthorique :

Figure 19. Les actions en transition pour organiser la classe pléthorique

Ces actions posées ont permis d’assurer que les classes pléthoriques complètes participent au projet lors de l’an 2. Pourtant, la grande tension relevée dans la section précédente dans le sous-triangle 3 demeure toujours, soit d’offrir la possibilité du projet @CTIF à tous les élèves en jouant sur la qualité de la démarche de coÉco ou le choix d’offrir le projet à quelques élèves, mais en permettant une démarche plus légitime du point de vue de la théorie la soutenant. Quand tous les élèves sont intégrés dans la démarche de coélaboration de connaissances, la division en petites équipes de cinq élèves fait émerger la tension de l’incompréhension de la coÉco chez les élèves, car ils ne peuvent pas tous manipuler l’outil et participer activement. Cela a une influence sur la qualité de la démarche, car ce ne sont pas tous les élèves qui ont l’occasion d’approfondir leurs connaissances même s’ils sont tous présents.

99 Tous les élèves n’arrivent pas à saisir, certains sont là en

spectateurs pendant que les autres finissent, par manque d’outils. Il faut le matériel et puis peut-être des salles pour nous permettre que chaque élève soit en face de son ordinateur. À ce moment, il pourra mieux voir l’importance du KF.

(Document Sujet enseignant 1, ligne 25)

Cette tension est située dans le sous-triangle 6 outils- objet – communauté (cf. figure 15). Les élèves de la communauté entrent directement en tension de type double contrainte avec les outils et les objets et le sujet y voit une alternative urgente et inacceptable qui se traduit en une transformation pratique. En effet, pour remédier à cette situation inconfortable, les sujets ont organisé les petites équipes de travail de façon à ce que chaque élève ait un rôle (chef, secrétaire, etc.) lors des séances de travail et qu’il y ait un roulement de ces rôles, permettant ainsi à chaque élève de manipuler l’ordinateur et surtout, de travailler directement sur le KF : « En grand groupe comme ça, moi je responsabilise deux personnes. Ils sont 5, un chef de groupe et puis quelqu’un pour rédiger. Ou si le chef de groupe veut rédiger lui-même il rédige. […] L’autre semaine tu laisses l’autre personne le faire. Ça permet à chacun de passer » (Document Sujet enseignant 1, ligne 61). Cette action se situe dans le sous-triangle 10 outils –communauté – division du travail où il y a un nouveau partage des responsabilités entre les élèves de la communauté pour travailler avec l’outil KF. Cette action ne permet pas de résoudre complètement la tension, puisque les séances au KF n’ont pas été assez nombreuses pour assurer un roulement complet et parce que les enseignants ne peuvent pas avoir un contrôle de chaque équipe dû au nombre d’élèves, mais nous y décelons une tentative porteuse.

Une autre tension a émergé de l’intégration des TIC avec tous les élèves en lien avec l’outil VIA. Lors de l’organisation des séances de visioconférence, les enseignants se sont retrouvés devant le choix de faire participer tous les élèves de la classe ou de sélectionner quelques élèves. Au départ, ils voulaient absolument que toute la classe participe, mais ils se sont finalement rendus compte que les locaux ne convenaient pas à la situation :

Mme Zerbo amène le point que lors des séances de visioconférence, il ne faut pas prendre l’ensemble des élèves finalement. La salle n’est pas assez vaste. Elle dit : « La moitié du

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groupe, ça serait gérable. Sinon, on est là et on dit taisez-vous par là. La salle informatique n’est pas adaptée à la situation.»

(Document Vignettes ethnographiques, vignette 47)

Les sujets en arrivent donc à sélectionner les élèves ou à diviser le groupe. Quand ils divisent le groupe, cela demande plus de temps de visioconférence et complexifie l’organisation des séances, car il faut plus de temps de jumelage avec d’autres enseignants. L’organisation des élèves avec les outils quand la classe est dite pléthorique se veut donc parsemée de tensions. Les enseignants ont posé plusieurs actions en transition, donc ils ont fait plusieurs tentatives pour arriver à passer à travers les difficultés, ce qui les a portés vers de nouvelles façons de faire, comme la création d’équipes et la répartition de leurs tâches avec leurs élèves. Il n’en demeure pas moins que les tensions ne sont pas complètement résolues et d’autres actions émergeront certainement au cours du temps pour arriver à les surmonter.