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Niveau 4: Des contradictions entre le système d’activité et les systèmes voisins qu

4.1 Le lieu école

4.1.1 Un objet partagé par les directions et les ÉSF

Selon notre interprétation, les directions partagent un objet avec les ÉSF suite à l’adoption du projet dans leurs lycées respectifs. En effet, ces deux groupes de sujets ont une activité orientée vers le développement de pratiques pédagogiques chez les enseignants, incluant la coélaboration de connaissances et le développement de l’intelligence collective chez les élèves. Cette intention de transformation provient d’une volonté de changer les pratiques traditionnelles et de tendre vers un rapport au savoir plus émancipatoire chez les élèves :

Vous savez que nous ici au Burkina, à l’heure actuelle où je vous parle, dans beaucoup d’établissements, dont ici à St-Viateur, nous avons le système traditionnel de l’enseignement, qui influence beaucoup la relation au savoir. On pense que c’est le professeur, ou plutôt certains professeurs laissent croire qu’ils ont le monopole du savoir. Or, les jeunes aujourd’hui se rendent compte, en allant sur Internet, qu’il y a beaucoup de choses qu’ils peuvent capter. Alors donc, avec le projet @CTIF, je pense que ça révolutionne un peu cette relation enseignant-enseigné et la relation aussi entre l’apprenant et le savoir. On se rend compte qu’on peut accéder au savoir autrement et même plus vite. Donc ça c’est l’avantage du côté des élèves. J’ai vu aussi que ce sont des jeunes qui sont tournés vers l’extérieur. Au niveau des professeurs aussi, on a vu que ça a révolutionné leur agir pédagogique.

(Document Sujet Direction 1, section 1)

C’est un moyen pour les élèves d’apprendre, d’apprendre eux- mêmes, d’apprendre avec les autres et en s’ouvrant au monde, ils apprennent encore mieux. Parce qu’ici, si je veux, la méthodologie de l’enseignement, au départ, le professeur a la connaissance. Il vient en classe, il est sur une estrade, il donne l’information et ensuite il disparait. Par la suite, nous avons vu que ça, ce n’était pas intéressant. Il fallait que les élèves contribuent, participent. On a appris à poser des questions aux enfants pour savoir ce qu’ils connaissent et comment construire la connaissance avec le professeur. Et ça, c’était déjà un progrès. Ça permettait à l’élève d’être présent dans le cours. Mais maintenant, avec cette nouvelle

83 méthode, effectivement, l’élève se forme lui-même et par la suite le

professeur joue un rôle de tuteur, de guide, et ça c’est très important.

(Document Sujet Direction 2, section 1)

Chaque type de sujet, la direction et l’ÉSF, mène des actions pour atteindre l’objet et la mise en relation de leur système d’activité respectif permet de se pencher sur l’interaction qui se produit, les négociations, les résistances, les résolutions de tensions, pour arriver à transformer des pratiques en intégrant les TIC en classe.

Figure 8. Deux systèmes en interaction : l’activité de la FPGL et l’activité des directions

Avec la figure 8, une mise en évidence de ce que chaque sujet mobilise pour médiatiser l’activité selon leur but conscient est illustrée dans une relation dynamique. Si nous prenons les directions des lycées, elles utilisent différents outils, symboliques, tels que leurs nouvelles connaissances sur la coélaboration de connaissances et sur l’apport de l’outil KF et matériels, tels que les ordinateurs présents dans les lycées. Ils mettent ces outils à la

Règles et routines:

Temps prévu pour le projet,

Horaire des enseignants, Locaux disponibles, Déplacements des enseignants, Accès à une connexion, Aspect culturel, Décalage horaire Outils: La pédagogie de la

coélaboration de connaissances, KF, moteur de recherche, VIA, Skype, sms

Sujet: L’intervenant de la Fondation PGL

Communauté: Enseignants burkinabè,

Petite équipe de travail, Enseignant d’une autre école, ESF,

Enseignants du Québec, FPGL, Directions

Division du travail: Négociation de sens,

Collaboration, Orientation vers la coélaboration de connaissances, Planification des activités

Outils: Ordinateurs (local informatique), coélaboration de connaissances, outil KF, ressources informatiques variées Sujet: Direction Règles et routines:

Pouvoir sur l’organisation, Horaire des cours, Horaire des activités supplémentaires de l’école, Locaux disponibles, Atteindre les objectifs nationaux

Communauté: Classe pléthorique, Équipe-école, Enseignant d’une autre école,

ESF,

Enseignants du Québec, FPGL

Division du travail:

Permettre l’accès aux ressources, Changement d’horaire, Création de conditions

Objet partagé: Coélaboration de connaissances et intelligence collective (chez les élèves) et - Pratique pédagogique intégrant la coélaboration de connaissances chez les enseignants

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disposition de leurs enseignants pour atteindre l’objet planifié et partagé avec les ÉSF. Les ÉSF, quant à eux, font l’usage des mêmes outils en plus de faire appel à d’autres outils, comme Skype et les messages textes (SMS) pour communiquer avec la direction et les enseignants, se coordonner et tendre vers l’objet.

L’activité des directions et des ÉSF est aussi médiatisée par les règles et routines, la communauté et la division du travail. Par exemple, la direction fait appel à son pouvoir sur l’organisation (règles et routines) pour poser l’action de permettre l’accès à de nouvelles ressources, changer les horaires (division du travail) et agir ainsi sur l’activité des élèves et l’enseignant de la classe pléthorique (communauté), tout cela dans l’optique d’atteindre l’objet partagé. Ce type d’action est le fruit d’une collaboration et d’une négociation avec les ÉSF qui, eux, orientent la direction et les enseignants sur la coélaboration de connaissances, planifient des activités pour débloquer les horaires des enseignants et des élèves et rendre disponible des locaux ainsi qu’une connexion Internet acceptable. Ces actions des ÉSF passent également par une communauté élargie, comme les relations avec la Fondation Paul Gérin-Lajoie et des enseignants du Québec, pour créer des occasions d’échanges avec des classes d’ailleurs. La transformation des pratiques enseignantes intégrant les TIC et la coélaboration de connaissances des élèves commence à prendre forme grâce à l’interrelation des systèmes d’activité de ces deux sujets, car ils ont besoin d’une coordination entre eux pour soumettre un projet aux enseignants qui s’appuie sur une activité préalable solide. C’est ensemble qu’ils peuvent agir sur la réalité des enseignants, car sans cette interrelation des systèmes, l’intention de transformation ne pourrait pas être opérationnelle.

Nous avançons que ces deux systèmes se complètent dans le contexte burkinabè en raison de la place non négligeable de la hiérarchie. En effet, il s’agit d’un aspect caractéristique de l’Afrique où l’organisation du travail est fortement hiérarchisée et cette structure est respectée de tous. C’est pourquoi un projet tel que celui de notre étude passe par les directions et l’organisation de la FPGL avant d’être présenté aux enseignants et aux élèves qui sont les principaux sujets concernés. Ainsi, la mise en relation des deux systèmes montre comment le projet a pris forme et a pu s’établir.

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