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CHAPITRE III : MÉTHODOLOGIE

3.2. La présentation du schéma d’entrevue

Notre guide d’entrevue (Annexe 3) a été conçu d’abord de manière à amener nos répondants à raconter leur trajectoire migratoire, ce qui permet de faire une mise en contexte de leur expérience. L’entrevue aborde ensuite leur intégration socioéconomique et professionnelle, puis le rôle joué par la Communauté togolaise au Canada (CTC) et d’autres organisations dans leur intégration au Québec. Ces principales sections de notre guide d’entrevue sont subdivisées en plusieurs parties, qui nous permettent de faire parler le répondant sur chacun de ces thèmes et de favoriser des «relances» afin de nous assurer d’aborder toutes les dimensions de notre question de recherche. En pratique, le schéma

d’entrevue a été utilisé de façon souple et il nous est arrivé quelques fois de modifier l’ordre des questions indépendamment des profils sociodémographiques de nos répondants. L’objectif de la première partie de l’entrevue était de recueillir le maximum d’informations relatives aux trajectoires de vie et au parcours migratoire de nos répondants. Cette partie a notamment permis d’aborder le contexte du projet et la décision de nos répondants d’immigrer au Québec ainsi que la manière dont ils s’y sont préparés. Ont également été abordés les réseaux (amis, associations, familles ou connaissances) auxquels ils ont eu recours, puisque nous estimions que les raisons, le réseau social sollicité, les conditions dans lesquelles ils ont immigré au Québec pouvaient être déterminants dans leur intégration. Ainsi, les informations recueillies nous ont permis de distinguer plusieurs cas de figure de migrants togolais au Québec du moins, concernant ceux que nous avons rencontrés.

Le deuxième volet, qui concerne l’intégration socioéconomique des Togolais au Québec, nous a renseignés d’abord sur les premières difficultés auxquelles nos répondants étaient confrontés dans leur installation, dans le domaine professionnel ainsi que dans les nouvelles habitudes de vie au Québec (climat, culture du milieu d’accueil, etc.). Ce volet a également permis de documenter toutes les autres situations où les répondants ont eu recours à l’aide d’une tierce personne, et enfin, à passer en revue les difficultés qu’ils ont rencontrées, les stratégies qu’ils ont adoptées pour s’en sortir, autrement dit, les personnes et les organismes qui les ont le plus aidés. Le troisième volet concerne les expériences professionnelles au Québec de nos répondants.

En inscrivant le thème des expériences professionnelles spécifiquement dans notre grille d’entrevue, notre objectif était de recueillir, de façon plus ciblée, des informations relatives à l’intégration professionnelle des répondants. Nous les avons questionnés pour mieux connaître la façon dont s’est faite cette intégration et l’ensemble des ressources et tactiques qu’ils ont mises à profit pour avoir accès à la connaissance, au fonctionnement du marché du travail québécois et pour s’y insérer. Nous estimons que l’expérience professionnelle est la porte d’entrée par laquelle les autres domaines de l’intégration prennent un sens dans la vie des migrants dans leur pays d’accueil comme l’ont mentionné d’ailleurs la plupart de

nos répondants. Cette partie des entrevues éclaire bien les divers réseaux que les migrants togolais ont sollicités et mobilisés. Nous avons également considéré les différents facteurs (groupe d’âge, appartenance identitaire, etc.) qui ont influencé le choix de ces réseaux de contacts et en même temps cela nous a renseigné d’une certaine manière sur le capital social dont dispose chaque migrant togolais que nous avons interrogé.

La quatrième partie de l’entrevue vise à mieux connaître l’expérience des répondants quant à la fréquentation d’associations et notamment de la CTC dont évidemment, tous les migrants togolais ne sont pas membres. En fait, parmi nos répondants, certains ont connu l’association depuis le Togo avant d’arriver au Québec et ont pris du temps avant de faire leur adhésion dans l’association après leur arrivée. D’autres ne la fréquentent pas, mais fréquentent d’autres associations communautaires. Aussi faut-il dire que tous nos répondants, surtout ceux qui ne sont pas membres, connaissaient l’existence de la CTC. L’objectif de cette partie de notre guide d’entrevue est de connaître les diverses raisons ou motivations qui influencent la fréquentation de l’association, les différentes formes que prennent les relations nouées en dehors du cadre formel des diverses rencontres qu’organise la CTC et les rencontres qui s’effectuent dans le cadre informel après et en dehors des regroupements. Afin de mieux évaluer l’impact de l’association dans la vie des Togolais membres, nous avons voulu savoir également quelles sont les autres communautés et personnes qui ont été les plus utiles dans le processus d’intégration sociale des migrants togolais au Québec.

3. 3.Le recrutement des participants

Nous avons effectué une enquête exploratoire, au début de notre projet de recherche. Au cours de cette enquête, nous avons contacté les responsables de la CTC pour leur parler de notre projet de faire une étude sur l’intégration des Togolais au Québec et le rôle de la CTC dans l’intégration de ses membres. Ce contact préparatoire nous a permis de solliciter leur liste de diffusion de courriel interne pour diffuser notre avis de recrutement (voir Annexe 3), après l’approbation reçue de la part du comité d’éthique de l’Université Laval. Suite à

cette démarche, seulement deux personnes ont répondu à notre sollicitation.63 Après cette première tentative, nous nous sommes rendu à Montréal pour assister à une assemblée générale de l’association. C’est au cours de cette réunion que nous avons pris un contact réel pour la première fois de façon formelle avec les responsables (avec qui nous étions en communication par courriel) et avec les membres de l’association présents à l’assemblée générale. Cette rencontre fut pour nous l’occasion de faire un peu d’observation participante. A priori, nous aurions souhaité que cette observation soit non participante pour ne pas influencer la suite du déroulement de la réunion, mais ce ne fut pas le cas. Toutefois, Beaud et Weber (1998) relatent une expérience du même genre et affirment : «l’expérience montre qu’une observation (neutre) ou plus exactement une absence d’intervention [lors d’une participation à une réunion d’étude] de l’observateur est impossible. Ne refusez pas d’intervenir en réunion publique lorsqu’on vous le propose. [...] Mais essayer de préciser les conditions de votre passage [...]» (Beaud, Weber, 1998 :149). Vers la fin de la réunion, à la demande d’un responsable, nous avons pris la parole pour nous présenter comme étudiant à la maitrise en sociologie, mais aussi comme «nouvel arrivant» à Québec. Nous avons expliqué, notre désorganisation sociale, en empruntant les termes de Znaniecki et Thomas (école de Chicago), qui nous a permis de faire comprendre aux personnes qui étaient présentes que nous étions nous-mêmes familiers avec certains aspects de l’expérience migratoire. Nous avons expliqué nos motivations et notre désir de connaitre d’autres Togolais pour échanger également avec eux pour mieux comprendre leur expérience d’intégration et le rôle de la CTC dans celle-ci. C’était une occasion qui nous a beaucoup arrangé, puisque cette réunion regroupait presque tous les membres des diverses sections de la CTC. Nous en avons profité pour recruter huit membres. Les trois autres, nous les avons recruté par effet de boule de neige. Concernant les non membres, ils furent au nombre de six recrutés à Québec et dans la région de Montréal et de Gatineau.