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L'intégration des Togolais au Québec et la communauté togolaise au Canada (CTC) : le rôle d'une association de migrants dans le développement d'un réseau social et dans l'acquisition de capital social

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Texte intégral

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L’intégration des Togolais au Québec et la communauté

togolaise au Canada (CTC):

le rôle d’une association de migrants dans le développement

d’un réseau social et dans l’acquisition de capital social

Mémoire

Komlan Gblokpor-Koffi

Maîtrise en sociologie

Maître ès arts (M.A.)

Québec, Canada

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Résumé

Notre objectif dans ce mémoire est d’examiner, à travers les trajectoires migratoires des migrants togolais, le rôle joué par la Communauté togolaise au Canada dans leur intégration. La démarche montre que les migrants togolais sont influencés particulièrement dans leur intégration socioéconomique, à leur arrivée au Québec et plus tard aussi dans leur recherche d’emploi, par les organismes comme la CTC et d’autres migrants qui partagent les mêmes référents culturels qu’eux. Tous nos répondants manifestent le besoin d’être aidés dans leur intégration. L'analyse nous a permis aussi de comprendre que si la CTC facilite l’intégration socioéconomique de ses membres au Québec, c’est d’abord en leur offrant un environnement culturellement familier qui leur procure un équilibre moral et une confirmation de leur identité au Québec. Les rencontres qu’organise la CTC permettent aussi aux membres de créer et de renforcer des liens de solidarité qui influencent également positivement leur intégration.

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Abstract

Our objective is to examine the role played by immigrant cultural associations in the integration of their members, with an association of Togolese migrants in Canada (CTC) as our case study. Our approach shows that Togolese migrants are particularly influenced by cultural associations in their social and economic integration, both on arrival and later, during the job search process. They are influenced by the CTC and other associations that share their cultural referents. All of our respondents acknowledge that they need help in their integration process. Our analysis allowed us to understand that if the CTC facilitates the social and economic integration of its members in Quebec, it does so by offering them a culturally familiar environment that allows them to affirm their identity in Quebec. The meetings organized by the CTC allow members to create and reinforce links of solidarity that have a positive influence on their integration.

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Table des matières

Résumé ... III Abstract ... V Table des matières ... VII Liste des tableaux ... XI Liste des figures ... XIII Remerciements ... XVII

Introduction ... 1

CHAPITRE I : MISE EN CONTEXTE ... 5

1.1. L’administration allemande et française du Togo ... 6

1.1.1. L’Administration allemande ... 6

1.1.2 L’Administration française et britannique (anglaise) ... 7

1.4. Les mouvements de lutte démocratique au Togo ... 10

1.4.1. Le 5 octobre 1990 ... 11

1.4.2. La conférence nationale souveraine ... 12

1.5. Historique de la CTC et ses reformes ... 14

1.5. 1. Population togolaise au Canada ... 14

1. 5. 2. La situation socioéconomique des Togolais au Québec ... 15

1.5.3. Historique de la CTC ... 17

1.5.4. La période de crise interne de la CTC ... 18

1.5.5. Le clivage Nord-Sud et la réorientation de la CTC ... 19

1.6. Les sections et les catégories de membres de la CTC ... 24

1.6.1. Les sections de la CTC ... 24

1.6.2. Membres actifs, sympathisants et honoraires ... 24

1.7. L’histoire de la présence des associations togolaise au Canada ... 25

1.7.1. L’Association Togo-Canada pour l’entraide, la recherche et le développement social (ATC-ERDS). ... 26

1.7.4. L’union des Togolais résidant à Québec et ses environs (UTRQE) ... 27

1.7.5. Synthèse et lien avec la CTC ... 27

CHAPITRE II : PROBLÉMATIQUE, CADRES CONCEPTUEL ET THÉORIQUE ... 29

2.1. Quelques enjeux de l’intégration socioéconomique ... 29

2.1.1. Le contexte social et professionnel de l’immigration ... 29

2.1.2. Définir l’intégration ... 33

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2.1.4. Les types de migrants au Québec ... 40

2.1.5. Le capital social ... 42

2.1.6. La théorie des réseaux sociaux, les liens «faibles » et «forts» ... 44

2.2. La solidarité dans les associations de migrants ... 46

2.2.1. La notion de solidarité ... 46

2.2.2. La famille, l’ethnie et les associations comme des lieux de la solidarité ... 48

2.2.3. Les associations : des ghettos ou des communautés d’intérêt temporaire? ... 53

2.3. La question de recherche, objectifs et hypothèses ... 54

2.3. 1. La question de recherche ... 54

2.3.2. Objectifs de la recherche ... 54

2.3.3. Justification et pertinence de la CTC comme objet d’étude ... 54

2.3.4. Hypothèses de la recherche ... 56

CHAPITRE III : MÉTHODOLOGIE ... 61

3.1. Le choix de l’approche méthodologique : l’entrevue semi-dirigée ... 61

3.2. La présentation du schéma d’entrevue ... 62

3. 3.Le recrutement des participants ... 64

3.4. Population à l’étude et échantillon ... 65

3.5. Déroulement des entrevues ... 68

3.6. Démarche d’analyse... 74

3.7. Les limites et les biais de la démarche ... 76

CHAPITRE IV : PRÉSENTATION DES RÉSULTATS DE L’ENQUÊTE ... 79

4.1. Le portrait sociodémographique de nos répondants ... 79

4.1.1. Les répondants de la première cohorte : les migrants togolais arrivés avant 1980 ... 80

4.1.2. Les répondants de la deuxième cohorte : migrants économiques ... 82

4.2. Expériences socioprofessionnelles dans les premières années ... 84

4.2.1. Les doyens de l’arrivée à la première installation ... 85

4.2.2. Les cadets de l’arrivée à la première installation ... 89

4.3. La fréquentation de la CTC ... 92

4.3.1. Comment devient-on membre de la CTC ? ... 93

4.3.2. Les activités et services de la CTC ... 93

4.3.3. La CTC : cadre formel d’une solidarité informelle entre Togolais ... 96

4.4. La CTC, une association avec ses limites et ses avantages ... 100

4.4.1. La CTC : historique, antagonisme et engagement politique ... 100

4.4.2. La CTC : pont entre ici et là-bas ? ... 103

CHAPITRE V : INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS ... 105

5.1. Des attentes à la réalité ... 105

5.1.1. La période d’arrivée : tremplin à l’intégration socioprofessionnel des doyens ? ... 107

5.1.2. Le passage de l’Europe et/ou des États-Unis au Québec ... 111

5.2. Les stratégies d’intégration utilisées par nos répondants ... 115

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5.2.2. Le retour aux études et la création d’entreprise ... 117

5.3. Expériences associatives ... 119

5.3.1. Les membres de la CTC ... 119

5.3.2. Vie associative et relation avec d’autres immigrants et québécois ... 121

5.3.3. Facteurs déterminants la non-fréquentation de la CTC ... 122

5.3.4. Facteurs qui favorisent la fréquentation de la CTC ... 125

5.4. Synthèse ... 126

Conclusion ... 131

Références bibliographiques ... 135

ANNEXE 1: FORMULAIRE DE CONSENTEMENT ... 145

ANNEXE 2 : AVIS DE RECRUTEMENT ... 149

ANNEXE 3 : SCHEMA D’ENTREVUE ... 151 ANNEXE 4: INFORMATIONS SOCIODÉMOGRAPHIQUES DU RÉPONDANT 157

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Liste des tableaux

Tableau1 :

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Liste des figures

Figure 1: Carte du Togoland (protectorat allemand (1919))... ...8 Figure 2: Carte administrative actuelle du Togo...9. Figure 3: Répartition de la population d’origine togolaise par province (2011)...15

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Dédicace

À

Marthe et Gilbert, mes chers parents, je dédis ce mémoire.

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Remerciements

Je tiens d’abord à remercier ma directrice de mémoire Madeleine Pastinelli pour le temps qu’elle a consacré à ce travail de recherche. Ses conseils, remarques et suggestions et surtout les multiples pistes d’analyses qu’elle m’a permis d’entrevoir, m’ont été d’une très grande utilité. Sa patience et son sens du travail bien fait m’ont aidé à entamer mon apprentissage du métier de sociologue. Je remercie aussi Charles Fleury et Sylvie Lacombe pour la pertinence de leurs apports dans le but de parfaire ce mémoire. J’adresse mes sentiments de gratitude à Yao Assogba, sociologue et professeur émérite de l’Université du Québec en Outaouais pour ses suggestions.

Ensuite, je dis un cordial merci à Georges Gaba, Kpati Aguey, Myriam Fillion, Stéphanie Archambault, Franck Midjohodo et à Manon Bernier pour leur proximité tant appréciée. Mes sentiments de reconnaissance vont à monsieur Celse Amédin, aux membres du conseil d’administration de la CTC et à mes répondantEs.

Je remercie enfin le Séminaire de Québec, l’unité pastorale jean-dominique de Québec, le Diocèse de Kpalimé (Togo), mes frères et mes sœurs pour le soutien qu’ils m’ont apporté durant la réalisation de cette recherche.

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Introduction

Dans l’étude des migrations internationales, l’intégration des migrants dans leur pays d’accueil occupe une place importante tant dans la recherche universitaire que dans l’élaboration des politiques publiques. Le Canada reçoit environ 250 000 migrants par an, provenant de tous les pays du monde1. Le Québec, pour sa part, est la deuxième province canadienne en termes de nombre de migrants accueillis après l’Ontario (IRPP, 2010). D’après les données fournies par l’Institut de la statistique du Québec (Girard 2008), chaque année, depuis 1987, la province a recensé entre 26 000 et 45 000 nouveaux immigrants sur son territoire. Selon l’étude IRPP (2010), réalisée par Pagé et al. (2010), entre 2004 et 2008, environ 44 000 migrants s’établissent au Québec annuellement. L’année 2010 semble battre le record en terme de nombre d’entrées (environ 53 981)2. Cependant, Girard (2008) mentionne qu’un grand nombre de migrants, après leur récente arrivée au Québec, partent pour s’installer dans d’autres provinces. Le Ministère de l’Immigration et des communautés culturelles (MICC) a pour sa part évalué à 12 800 le nombre de migrants qui ont quitté la province en 2007. Cette « perte », selon Girard, varie avec les années, en fonction du nombre de migrants accueillis et de la conjoncture économique. Au-delà de cette conjoncture économique, d’autres facteurs sont soulevés par plusieurs recherches, comme les difficultés d’intégration résultant de la non-reconnaissance des acquis et des compétences, des pratiques discriminatoires sur le marché de l’emploi, le fait que les migrants n’ont souvent pas de réseau social sur lequel compter et la barrière linguistique (Helly et al. 2001, OCDE, 2009; IRPP, 2010, Chicha 2010b ; Belhassen 2009 ; Arcand et al., 2009 ; Rimok, 2006; Forcier, M., et al., 2012). Ce qui expliquerait d’une certaine manière le fait que le taux de chômage des immigrants soit supérieur à celui de l’ensemble de la population autochtone (Lessard J-P et al., 2009). Face à ces situations, certains migrants opèrent des choix, développent des stratégies d’adaptation quelquefois en se repliant sur leur communauté culturelle, des associations ou organismes pour mobiliser des ressources pouvant les aider.

1Etude IRPP, 2010 disponible sur http://www.irpp.org/fr/pubs/IRPPStudy/IRPP_study_no3.pdf, consulté le 22/04/2013 à 5h 58.

2Institut de la statistique du Québec (ISQ), Tableau 2.1 Solde migratoire international, 2006-2011,

http://www.stat.gouv.qc.ca/donstat/econm_finnc/conjn_econm/TSC/pdf/chap2.pdf cité par Institut de recherche et d’informations socio-économiques (2012) consulté le 5 Novembre 2014.

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Plusieurs études et rapports considèrent certaines associations multiethniques, culturelles et religieuses comme des lieux où les migrants trouvent les ressources nécessaires pour faire face aux difficultés d’intégration dans leur pays d’accueil (Drury, 1992; Owusu, 2000; Dorino, 2009; Vita, 2002). Labelle et Therrien (1992) soutiennent que pour les migrants, les associations ethniques constituent également des lieux « de mobilisation pour affronter la compétition individuelle et collective et pour se défendre contre toutes les formes d'exclusion, notamment contre une discrimination éventuellement associée au statut de groupe minoritaire». Owusu3 (2000), dans une étude auprès des migrants ghanéens à Toronto, pense pour sa part, que les associations ethniques que ses répondants fréquentaient ont joué un rôle d’assistance dans leur intégration socioprofessionnelle, spécialement lorsqu’elles offrent aux nouveaux arrivant un logement ou lorsqu’elles les aident dans la recherche de leur premier emploi. Dorino (2009), dans une autre étude auprès de la communauté haïtienne de Montréal, montre comment le Bureau de la Communauté chrétienne des Haïtiens de Montréal (BCCHM), a lutté contre la déportation d’environ mille ressortissants haïtiens dans les années 70. Il évoque aussi les diverses actions de cette association en vue de favoriser l’intégration des Haïtiens à Montréal en l’occurrence la création d’une garderie pour aider les jeunes couples. Sur le plan culturel et religieux, il souligne la création d’une paroisse catholique et de nombreuses églises protestantes pour des chrétiens. Sur le plan socioprofessionnel, il mentionne aussi les associations de médecins, ingénieurs, infirmières, chauffeurs de taxi et de femmes haïtiennes etc., qui oeuvrent par diverses activités à Montréal pour leur intégration socio-économique.

Ces exemples permettent de croire que ces différentes associations en organisant des activités et des rencontres favorisent et encouragent la création de divers liens entre leurs membres et permettent d’une certaine manière, l’enrichissement de leur réseau social. Mais Radecki (1976) et à sa suite Labelle et al. (1994:5), révèlent pour leur part que l’intervention des associations ethniques ne facilite pas toujours l’insertion « de leurs membres dans la société globale mais travaillent plutôt à maintenir l'identité ethnique et nationale de leurs membres et à assurer la spécificité culturelle du groupe » dans leur pays d’accueil. Martiniello (1997) et Wacquant (2006) rappellent pour leur part le risque de

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ghettoïsation que les associations de migrants peuvent présenter auprès de leurs membres dans leur société d’accueil.

Pour notre part, nous nous intéressons principalement à la Communauté Togolaise au Canada (CTC), soit l’association togolaise la plus importante du Canada. Cette association fédérative regroupe les Togolais membres des sections d’Ottawa-Gatineau, de Montréal et de l’Estrie qui sont environ 600 membres au Québec. Nous y reviendrons plus en détails dans notre chapitre de mise en contexte. Mis à part la CTC au Québec, d’autres associations, de moindre importance, regroupent des Togolais comme l’Association culturelle des Togolais de l’Ontario (ACTO) qui compte environ 200 membres et l’Union des Togolais résidant à Québec et ses environs (UTRQE) qui compte pour sa part, environ 40 membres. En effet, selon les plus récentes données du recensement de la population au Canada, le nombre de personnes d’origine togolaise (incluant des personnes nées au Canada ) serait environ de 3500 en 2011 dont plus de 1040 possèdent la nationalité canadienne4. Au Québec, selon le Ministère5 de l’immigration et des communautés culturelles, la population togolaise résidante au Québec était de 913 personnes entre 2005 et 2009. À part leur pays d’origine, les migrants togolais du Québec proviennent pour la plupart des pays européens et en sont à leur seconde migration. Leurs besoins, contrairement aux premiers migrants qui étaient pour la plupart des étudiants6 venus dans les années 60, sont plus axés sur les questions d’insertion professionnelle.

Ce mémoire présente une recherche qui mobilise la théorie sur les réseaux et le capital social. Par une méthode qualitative de collecte de données, nous nous sommes intéressés aux trajectoires migratoires de 17 Togolais qui se sont installés au Québec, il y a au moins 5 ans, dans le but de savoir comment se passe leur intégration au Québec et le rôle que joue

4Statistique Canada. Enquête nationale auprès des ménages. Recensement de 2011 cf.http://www12.statcan.gc.ca/census-recensement/2011/dp-pd/prof/index.cfm?Lang=F.Cité dans mémoire de la communauté togolaise au Canada disponible sur le lien :

http://www.scribd.com/fullscreen/191224582?access_key=key-16fbmqv3v4txjcpdw7ax&allow_share=false&escape=false&show_recommendations=false&view_mode=scr oll

5http://www.axl.cefan.ulaval.ca/amnord/quebec-immigrants.htm, consulté le 4 mai 2015.

6Les premières vagues d’immigrants Togolais étaient pour la plupart venus pour les études d’abord, envoyés par le Togo. Quelques-uns sont restés au Canada parce qu’ils n’auraient pas pu s’insérer professionnellement au Togo, après leur retour, à cause de leur opinion politique, comme nous l’invoquerons dans les modes d’action du Parti unique RPT. D’autres sont restés au Canada pour leur estime du pays.

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la CTC auprès d’eux; notamment en regard du développement du réseau social et de l’acquisition du capital social. Pour mieux cerner ce rôle, nous avons pris en compte le parcours migratoire des membres et des non-membres de la CTC.

Ce mémoire comporte cinq chapitres. Dans le premier chapitre, nous présentons la mise en contexte de cette recherche. Étant donné que la situation politique du Togo a eu des répercussions sur les orientations et la composition de la CTC, il faut donc savoir ce qu’il en est pour mieux comprendre ce que vivent les migrants togolais au Québec. Cette mise en contexte permet de faire le lien entre les diverses interactions entre l’histoire sociopolitique du Togo et le vécu des migrants togolais membres de la CTC au Québec dans leur intégration. Dans le deuxième chapitre, nous présentons la problématique, de même que la question de recherche, les objectifs et nos hypothèses. Puis, nous présentons les différents concepts qui nous ont servi tout au long de la recherche, à savoir l’intégration sociale, les réseaux sociaux, le capital social et la solidarité vécue sur le plan associatif. Le troisième chapitre présente la méthodologie. D’abord, nous présentons le schéma d’entrevue. Ensuite, nous discutons du choix des critères d’échantillonnage. Enfin, nous présentons le déroulement des entrevues, le portrait des répondants, la méthode utilisée pour l’analyse des données ainsi que les limites et les biais de l’enquête. Le quatrième chapitre présente les données que nous avons recueillies sur le terrain. Également, sont présente dans ce chapitre, les difficultés d’intégration des répondants sur le marché de l’emploi à leur arrivée et après leurs études au Québec. Ce chapitre fait état des différents rôles que la CTC joue auprès de ceux qui la fréquentent. Il souligne aussi le lien entre le cadre informel des activités de la CTC et le développement du réseau de contacts des répondants. Le dernier chapitre consiste en une interprétation des résultats en fonction de la question de recherche et discute plus spécifiquement du rôle de la CTC dans l’intégration socioprofessionnelle de ses membres.

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CHAPITRE I : MISE EN CONTEXTE

Dans ce chapitre, nous présentons l’histoire sociopolitique du Togo. Celle-ci est importante pour comprendre le contexte dans lequel des Togolais ont migré au Canada, mais aussi parce qu’elle a eu des impacts sur l'histoire de la CTC. D’entrée de jeu, il faut dire que le Togo est un pays d’Afrique de l’Ouest, limité à l’Est par le Bénin (colonisé par la France) au Nord par le Burkina-Faso (Haute Volta colonisée également par la France), au Sud par l’océan Atlantique et à l’Ouest par le Ghana (Gold Coast colonisé par l’Angleterre). Il a une superficie actuelle de 56 600 km2 et une population d’environ 6 millions d’habitants avec un taux de croissance relativement fort de 2,8% (RGPH47, 2011). C’est un pays qui compte plus de 44 ethnies avec une quarantaine de langues parlées, correspondant grosso modo à ces diverses ethnies.

Avant l’indépendance du Togo, une certaine politique de «valorisation» du sud-Togo8 aux dépens du nord-Togo a été instaurée par le colonisateur allemand et poursuivie également par celui français (Gayibor, 2005)9. Cette valorisation a, dans le temps, engendré une certaine bipolarisation entre le nord et le sud du Togo. Videgla (1995) pense que les régimes politiques post-indépendantistes successifs se sont servis de cette situation (bipolarisation nord/sud) pour exacerber et instrumentaliser les ethnies10 togolaises à des fins de conservation du pouvoir. Plus tard, la CTC dans un rapport d’activités en 2000 observait pour sa part que cette réalité [clivage nord/sud] politico-sociale indéniable, qui fait partie du bagage culturel du Togolais et qui se traduit dans sa vie par un repli sur soi et un désintérêt pour la cause commune, a eu des répercussions au sein de la communauté culturelle togolaise du Canada.

7Recensement Général de la Population et de l’Habitat. Ce recensement fut effectué du 06 au 21 novembre 2010, mais les résultat définitifs sont sortis en décembre 2011. Les résultats sont également disponibles sur

http://www.stat-togo.org/index.php?option=com_docman&task=doc_view&gid=14&tmpl=component&format=raw&Itemid= 56 consulté le 8 février 2014 à 1h30.

8Cette politique consiste à effectuer des travaux de développement du sud au détriment du nord.

9Nous verrons dans les lignes suivantes que le Togo a été successivement protectorat allemand puis sous tutelle française.

10Le premier président togolais Olympio Sylvanus était Éwé, une ethnie du Sud-Togo. Le second fut Gnassingbé Éyadema, originaire du nord-Togo. Ainsi, ce qu’on perçoit et que Gayibor soutient, est une instrumentalisation des ethnies, c’est à dire, une forme de manipulation des ethnies apparentes des deux présidents successifs pour remonter les ethnies les uns contre les autres à des fins politiques.

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Mais, actuellement, au Togo, bien que la sphère politique semble alimenter cette instrumentalisation des ethnies, la vie sociopolitique semble détourner le débat ailleurs en montrant le «visage caché» des acteurs politiques. Pour comprendre ces clivages qui ont existé non seulement au Togo, mais aussi dans la communauté culturelle des Togolais au Québec, une brève présentation de l’histoire sociopolitique du Togo est nécessaire. Cette présentation, qui prend la forme d’une analyse, se base sur la littérature existante sur l’histoire politique et sociale du Togo. Elle nous permet de mieux comprendre dans les chapitres suivants, les diverses interactions, les motivations des migrants togolais que nous avons rencontrés par rapport à leur projet migratoire de façon individuelle et collective. Elle nous permet de comprendre également ce qui compte le plus pour ces migrants et semble déterminer leur agir au Québec; les facteurs qui ont motivé la création de la CTC, qui nous intéresse, dans cette recherche, son origine et son évolution et finalement ce qui est important dans les liens que nos répondants tissent et la manière dont ils vivent leur intégration au Québec.

1.1. L’administration allemande et française du Togo

Bien que le Togo ait un héritage colonial assez riche par rapport au changement de système de gouvernance, nous mentionnerons seulement les grandes lignes de la période d’occupation allemande allant de 1884 à 1914, les périodes de mise sous tutelle française de 1945 à 1960, avec les mouvements de luttes pour l’indépendance, quelques caractéristiques des régimes de Sylvanus Olympio (premier président du Togo), le régime de Gnassingbé Eyadema pour aboutir à la période des luttes pour la démocratisation du Togo, contexte dans lequel est née la Communauté togolaise au Canada (CTC).

1.1.1. L’Administration allemande

L’histoire politique récente du Togo, commença par la signature du traité de protectorat par le docteur Gustav Natchtigal11, le 5 juillet 1884, avec le Roi Mlapa III, chef de la collectivité de Togo12. Les clauses de ce traité autorisaient désormais l’Allemagne à assurer

11Il fut l’envoyé du Chancelier allemand Otto von Bismarck de l’époque.

12Le nom de Togo est au départ, selon le premier géographe du Togo, Attignon Hermann, le nom d’un village du protectorat allemand. Le nom Togo sera donné à tout le territoire. Car il y avait déjà, sur la côte du golf du Benin, l’influence française au Grand Popo (village du Benin actuel). Aussi à Petit Popo (Aného, actuelle

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la protection du territoire de Togoland13. Les chefs traditionnels, en contrepartie, devaient s’engager à ne consentir à aucune autre nation, une partie de leur territoire ou de leur peuple, sans l’accord préalable de l’Empereur allemand (Atchrimi, 2008 : 34).

La guerre de 1914 écourta le séjour des Allemands et donna un autre tournant à la vie sociopolitique du Togoland. Cette guerre a opposé les forces militaires allemandes du Togoland d’une part, et les forces anglaises du Ghana à l’Ouest et les forces françaises du Bénin à l’Est d’autre part (Attignon, 1969 : 28). Les Allemands signèrent leur reddition sans condition. Ainsi commença une série de partages du Togoland entre les vainqueurs de la première guerre. La partie revenue à l’Administration anglaise avait une superficie de 33 800 km2 et a été annexée au Ghana. Le reste d’une superficie de 56 600 km2 est revenue à l’Administration française qui était au Bénin. Ainsi, on peut retenir que le Togoland, qui avait une superficie de 90 500 km2 au départ, connaitra désormais deux administrations différentes. Ce seront les prolégomènes de l’influence française et anglaise sur une même aire culturelle, qui se verra désormais séparée par des frontières géographiques.

1.1.2 L’Administration française et britannique (anglaise)

La Société des Nations (SDN), en confiant la destinée du Togoland aux Administrations française et anglaise, mettait sa gestion sur un mandat de type B. Ce mandat reconnait une certaine maturité aux colonies que les puissances mandataires (anglaise et française) devront conduire progressivement à l’indépendance. Ces pays mandataires doivent faire un compte rendu annuel à la SDN. Ils sont aussi responsables de la paix, du bon ordre et de la bonne administration du territoire, ils doivent accroitre dans la mesure du possible, le bien-être matériel et favoriser le progrès social des habitants. Tandis que la partie du Togoland sous mandat britannique, dès le début, fut administrée conjointement avec la Gold Coast

ville togolaise frontalière avec le territoire du Benin) où les Allemands avaient rencontré la résistance du roi Lawson « Tagodoe » et celle du roi Mensha Porto Seguro qui refusèrent de descendre le drapeau français. (Cf. Attignon H., Histoire du Togo,Editogo, Lomé, p 28.)

13Par souci de cohérence interne de notre texte, ce nom servira de référence et désignera, chaque fois qu’il sera utilisé durant le texte, tout le territoire du Togo sous la colonisation allemande. C’est l’appellation que les Allemands eux-mêmes utilisaient pour nommer leur colonie du Togo.

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(Ghana) et gouvernée depuis Accra14, la partie du Togoland sous mandat français fut gouvernée de façon plus ou moins autonome.

Figure 1 : Carte du Togoland (protectorat allemand (1919))

Source : http://hubertelie.com. Carte retravaillée par l’Auteur.

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Figure 2 : CARTE ADMINSTRATIVE DU TOGO ACTUEL Source : http://lesouriredeselasse.free.fr/togo/carte-administrative.html B E N I N G H A N A BURKINA-FASO OCEAN ATLANTIQUE

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1.4. Les mouvements de lutte démocratique au Togo

Après plusieurs luttes et revendications des partis politiques, le Togo accéda à son indépendance le 27 avril 1960 avec Sylvanus Olympio comme premier président de la République (originaire du sud-Togo). Le 20 septembre 1960, le Togo fut admis aux Nations Unies. Mais le 13 janvier 1963 au matin, la jeune nation togolaise devenait orpheline du Père de l’indépendance, par un coup d’État militaire des forces armées togolaises. D’après Atchrimi (2008 : 53), un gouvernement de transition composé des gens du sud et du nord dirigé par Grunitzsky, (un homme du sud), et Méatchi (homme du nord) fut mis en place. Cependant les forces armées, qui ne furent pas satisfaites d’une nouvelle crise politique engendrée par la figure de ces deux représentants15, choisirent de renverser à leur tour ce dernier gouvernement le 13 janvier 1967. Ainsi le lieutenant-colonel Gnassingbé, du nord-Togo, l’un des militaires togolais putschistes, revenus d’Indochine, devient le président de la République Togolaise. De 1967 à 1990, les stratégies adoptées par son régime (Gnassingbé) pour se maintenir et affirmer sa légitimité furent les politiques clientélistes, la propagation de l’idéologie de l’authenticité culturelle16, l’emploi de la violence et de la dictature (Mojgan, 1999 ; Atchrimi 2008).

L’année 1990 fut une année de «grande turbulence» et le début des mouvements de revendication qui se sont opposés au pouvoir de Gnassingbé Eyadema et donnera lieu à une transition démocratique au Togo. Ce fut en cette période de l’histoire du Togo, que la CTC a vu le jour. Le discours de La Baule, prononcé par François Mitterrand le 20 juin 1990, à l’égard des dirigeants africains, a eu des répercussions majeures sur le processus de

15Cette querelle fut nourrie du souci de suprématie et de légitimité entre les deux représentants.

16Le père de la politique d’authenticité fut Mobutu Seseseko Wasabanga (1965-1997), l’ancien président de la République démocratique du Congo (l’ancien Zaïre).Le 27 octobre 1971 est la date où Mobutu annonce les mesures de l’authenticité telle qu’il l’entend. Cette définition est formulée le 28 mai 1972 lors d’une interview disponible au http://www.youtube.com/watch?v=b7AP8zMg0zA. Cette pratique consiste à faire chanter des louanges en l’honneur du président de la république, dans le style du culte de la personnalité. Les groupes constitués étaient Animateurs de la Révolution Togolaise (ARETO). Il y avait des groupes au niveau des villes, des groupes d’animation de circonscription et les groupes de cellule. Les récompenses généreuses prenant la forme de certains privilèges était réservées à ceux qui prenaient part à ces d’activités. Soulignons que le roi, dans la plupart des cultures togolaises, est un être intermédiaire entre les dieux et les hommes et donc un être divin. Lorsque le roi parle, ces paroles peuvent être considérées comme venant des dieux et méritent respect. Ainsi, à travers d’autres stratégies du régime Gnassingbé, comme le fait qu’il ait échappé à plusieurs « attentats », il fut considéré comme un roi protégé par les divinités et mandaté par eux pour accomplir un service, un messie (sauveur) du peuple togolais en proie au désarroi.

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transition démocratique des pays africains. Dans le cas togolais, ce processus a été précédé par les contestations politiques et les manifestations d’avant la fin des années 1980. Les tensions sociopolitiques étaient importantes avec l’opposition au pouvoir de Gnassingbé, qui a instauré un régime dictatorial, caractérisé par la suppression de toutes activités démocratiques depuis 1967 et la création d’un parti unique dans lequel tout le peuple togolais devait trouver réponse à ses préoccupations. En somme, le régime était devenu tyrannique et usait de répression et d’intimidation contre ses opposants. Il est important de souligner aussi la crise économique qu’a vécue le Togo en 1980, suite « au ralentissement des bénéfices dû aux investissements dans les infrastructures et usines17 et de la chute du prix du phosphate18 qui firent hausser la dette du pays et créèrent des problèmes budgétaires au début des années 1980» (Mojgan, 1999 : 54).

Les programmes d’ajustement structurel qui débutèrent en 1983 ont finalement contraint le gouvernement togolais à privatiser les sociétés togolaises. Selon Heilbrunn, cité par Mojgan, ces privatisations ont été accompagnées de sévères mesures d’austérité et eurent de graves impacts sur les différentes couches de la société togolaise (les étudiants, les jeunes, les travailleurs; les marchands, etc.). Ainsi, avec la hausse du taux de chômage, la coupure des subventions, le budget du secteur de l’éducation se réduisit et les infrastructures universitaires et les écoles se détériorèrent (Heilbrunn, 1990 : 283). Ce paysage sociopolitique peu exaltant constitue en lui-même l’une des principales causes des mouvements de revendication et de révolte populaire qui sont apparus plus récemment et qui réclament l’avènement d’une transition démocratique au Togo. Mais les évènements du 5 octobre 1990 vont porter à son acmé la lutte pour la démocratisation.

1.4.1. Le 5 octobre 1990

Cette date fut et demeurera importante dans le processus de démocratisation du Togo. En effet, après le discours de «La Baule» prononcé par François Mitterrand, nombreux sont les présidents africains qui ont cherché par des mesures de contournement, à l’instar du

17Ces infrastructures ont été réalisées sans des études de faisabilité et de rentabilité préalable. Elles ont juste été imposées par le FMI et la Banque Mondiale aux pays du tiers monde comme une solution efficace pour sortir de leur endettement.

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président Gnassingbé Eyadema, à faire face à la montée des mécontentements de leur peuple. Cependant, pour montrer que le régime Gnassingbé n’exprimait pas la volonté du peuple togolais, les étudiants, regroupés au sein du Mouvement national des étudiants et stagiaires togolais (MONESTO), tentèrent de lancer une manifestation contre le régime. Mais suite à la délation d’un des leurs auprès du régime, la manifestation connut l’échec et les meneurs furent arrêtés, le 26 août 1990. Ainsi commença une série de dénonciations des mouvements et associations de droit humains et de lutte contre la torture. Le 5 octobre 1990, jour de l’audience qui devait voir le jugement de ces jeunes détenus en prison au tribunal de Lomé, se transforma en mouvement insurrectionnel.

Ces évènements marqueront le début des négociations qui ont donné naissance à la libération de la vie politique, associative et syndicale, la convocation d’une conférence nationale, suivie d’une période de transition qui devait déboucher sur la tenue d’élections libres et démocratiques (Degli, 1997).

1.4.2. La conférence nationale souveraine

Les différentes revendications et troubles sur toute l’étendue du territoire national ont poussé le président de la République togolaise à accepter le principe de la conférence nationale qui a eu lieu du 8 juillet au 20 août 1991. Cette conférence a vu la participation de « toutes les forces vives de la nation : Togolais de la diaspora dont le Canada par l’entremise de la CTC, associations religieuses et partis politiques» (Atchrimi, 2008 :67), soit 772 délégués. Cette conférence donna lieu à une divergence d’opinion entre l’opposition interne qui réside au pays et externe qui est à l’étranger, sur la conduite à tenir pour sa réussite. Ainsi selon Mojga « l’opposition interne mit l’emphase sur la réconciliation avec le régime Gnassingbé afin de faciliter le déclenchement du processus de changement du régime tandis que l’opposition19externe voulut renverser le régime. Celui-ci demanda la dissolution complète des institutions construites par le RPT20 et de l’armée togolaise » (Mojgan, 1999 : 68). Le premier acte posé par la conférence fut annonciateur des couleurs que devrait prendre la suite du déroulement des activités. La conférence s’autoproclame « souveraine » en suspendant la constitution de 1980 ainsi que toutes les

19Ce sont les Togolais exilés par le régime d’Eyadema. 20 Rassemblement du peuple togolais. Parti unique de l’époque.

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institutions auxiliaires, contrairement à l’accord signé avec le chef de l’état le 12 juin 1991 (Heilbrunn, 1997 : 237). Atchrimi (2008) observe que les participants se sont livrés à un véritable one man show; Debbasch pour sa part dira que c’était « l’amorce de la déchirure et du heurt de deux légitimités, celle du président élu, celle d’une force autoproclamée de type révolutionnaire» (Debbasch, 2006 :18). Ainsi, malgré les menaces de rejet des décisions de la Conférence par le régime, les travaux ont continué jusqu’au 28 août. La conférence décida de geler les avoirs du parti unique RPT et de mettre en place une commission pour examiner les affaires financières de ces organisations21. Tout ceci montre que la conférence a semblé être un «tribunal correctionnel» avec les membres du régime Eyadema au banc des accusés et les membres de l’opposition dans le fauteuil du procureur de la république. La conférence, au lieu de mettre le processus de démocratisation en marche comme l’avait réussi le Bénin voisin peu avant, a raté un virage décisif de l’histoire, selon Atchrimi (2008 :70). Ce qu’on retient de cette tournure des situations est que certains délégués semblent sous-estimer la capacité de nuisance du régime qui avait toujours, en ce moment, l’appui de l’armée et de la France (Mojgan, 1999 :69). Ainsi, le gouvernement de transition, qui fut le premier fruit de la conférence nationale souveraine, dont le Premier ministre, fut Joseph Kokou Koffigoh, sera déstabilisé par l’armée togolaise mettant en cause le processus démocratique. Ainsi le Togo connaitra par la suite, une série de crises et d’accords suite à une «grève générale illimitée» lancée par les syndicats et groupes d’oppositions. Ceci jusqu’à l’organisation d’une nouvelle élection en 1993 que «gagnera» le président Eyadema, dans des circonstances controversées par l’opinion nationale et internationale. Eyadema s’est vu renforcer de nouveau malgré son pouvoir entre temps ébranlé. Mais il décède le 5 février 2005.

Après la mort de Gnassingbé-Père, l’armée porta au pouvoir un de ses fils, Faure Gnassingbé. Après une série de contestations populaires, ce dernier organisa une élection controversée qu’il «gagna» devant un groupe de l’opposition en 2005. En mars 2010, Faure Gnassingbé fut «réélu» à la tête du Togo avec 61% des voix devant Jean Pierre Fabre22déclaré «perdant» avec 34% d’appui. Après une série de contestations de l’opposition, le 25 avril 2015, Faure fut de nouveau réélu pour un 3ème mandat de 5 ans

21 http://www.diastode.org/Droits/tete_chro.html 22Le représentant de l’opposition

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avec 58,77% des suffrages exprimés devant le même Jean-Pierre Fabre à 35,19% (republicoftogo.com).

1.5. Historique de la CTC et ses reformes

Dans cette section, nous verrons comment et à quelle période de l’histoire sociopolitique du Togo la CTC a vu le jour. Nous verrons aussi la situation socioprofessionnelle des Togolais au Québec de même que les types de discriminations dont ils sont l’objet. Ensuite, nous présenterons divers points proposés par les membres lors d’un sondage en vue de reformer l’association à un autre moment de son histoire. Mais nous présentons d’abord les migrants togolais au Canada.

1.5. 1. Population togolaise au Canada

Selon Statistique Canada, en 2011, les migrants togolais au Canada -rappelons-le - étaient estimés à 3500. Ces migrants proviennent pour la plupart de pays occidentaux23 et sont à leur seconde immigration. Bien que les données statistiques spécifiques ne soient pas disponibles sur la problématique de la discrimination en emploi au sein de la communauté culturelle togolaise du Canada, on peut penser à la question d’insertion professionnelle des migrants togolais en nous référant au rapport du comité de relance : « le nombre de personnes diplômées Togolais y est sans cesse croissant avec un taux élevé de chômage ou de sous emploi par rapport à leurs compétences. » (Rapport-relance, 2011 :19).

Le diagramme ci-dessous montre la répartition de la population togolaise au Canada en 2011. Cette répartition indique que la majorité des migrants togolais réside au Québec. La raison principale de cette concentration est que le Togo fut colonisé par la France. Ainsi la langue française fut la langue officielle du Togo depuis son indépendance jusqu’à nos jours. Les études primaires, secondaires et universitaires sont faites dans cette langue. Le Québec étant une province francophone en Amérique du nord, on peut croire qu’elle (la province) fasse partie des premiers choix des Togolais dans leurs démarches d’immigration au Canada, qu’ils viennent directement du Togo où qu’ils aient transité par l’Europe ou les États-Unis.

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Figure 3 : Répartition de la population d’origine togolaise par province (2011)

1. 5. 2. La situation socioéconomique des Togolais au Québec

Les besoins des migrants togolais, contrairement aux premiers migrants de la communauté qui étaient pour la plupart des étudiants et stagiaires, sont plus axés sur les questions d’insertion professionnelle et de prospérité économique. Sur le plan de l’insertion professionnelle, bien que des données statistiques spécifiques ne soient pas disponibles sur la problématique de l’emploi au sein de la Communauté culturelle togolaise du Canada, le rapport de la CTC (2011) a montré que la question de l’emploi et de l’employabilité demeure préoccupante pour les membres de l’association.

Par rapport à la discrimination relative à un niveau intellectuel, il faut dire que la majorité des Canadiens d’origine togolaise occupant un emploi est située dans la classe moyenne (30- 45 ans) et ceux détenant un niveau élevé de scolarité24 ont du mal à s’insérer dans la vie professionnelle et se retrouvent pour la plupart dans une situation de « pauvreté relative » (Rapport CTC, 2011). Cette dynamique socioéconomique observée au sein de la

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communauté togolaise est confirmée par une enquête récente de Statistique Canada25, selon laquelle les migrants en général de niveau universitaire ont actuellement un revenu moyen inférieur aux personnes titulaires d’un diplôme d’études secondaires nées au Canada. Jean-Christophe Dumont, dans une autre enquête réalisée pour l’OCDE en 2012 confirme cette réalité en révélant qu’au Canada« les étrangers, bien que bardés de diplômes, sont obligés d'accepter des postes inférieurs à leurs compétences. »26(OCDE, 2012).

Cette enquête a été réalisée auprès des migrants rémunérés, âgés de 25 à 54 ans, vivant dans des ménages privés, et auprès de migrants ayant plus de 5 années de résidence au Québec, également âgés de 25 ans ou plus. Les premières explications données ont trait aux capacités linguistiques des migrants, à leur âge ou à la qualité de leur diplôme. Cependant le facteur linguistique ne peut s’appliquer pour la communauté togolaise, dans la mesure où les migrants d’origine togolaise ont presque tous effectué l’essentiel de leur cursus scolaire et professionnel en français, la langue nationale du Togo, et n’éprouvent donc pas de difficultés liées à son usage. C’est ce qui justifierait -rappelons le- leur concentration dans la province du Québec. (Cf, figure 1 ci-dessus)

Le rapport Bouchard-Taylor mentionne les nombreuses compétences des migrants non reconnues par le Québec, qui est l’une des sources importantes de discrimination sur le marché de l’emploi (Bouchard-Taylor, 2008). Le rapport de la CTC mentionne également que la non reconnaissance des compétences des Togolais serait d’actualité et s’appliquerait à la couche de la population des migrants togolais au Québec, puisque non seulement la plupart des migrants d’origine togolaise ont obtenu des diplômes délivrés par des Universités ou des institutions canadiennes, mais aussi sont sélectionnés dans leurs démarches d’immigration soit par rapport à des critères de compétences recherchées au Québec soit par rapport au statut d’étudiant. (Rapport-CTC, 2011).

25 Statistique Canada. Salaires hebdomadaires moyens des titulaires d’un diplôme universitaire et des titulaires d’un diplôme d’études secondaires (non corrigés), hommes, Canada, 2011.

26« L’intégration des immigrés progresse dans l'OCDE, mais pas en France » disponible sur http://www.ecosociosystemes.fr/integration_immigres.pdf et consulté le 22/04/2013 à 21h38.

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1.5.3. Historique de la CTC

La Communauté togolaise au Canada (CTC) a été créée dans la période où le Togo a amorcé sa transition démocratique, notamment lors de la convocation de la conférence nationale dont nous venons de parler, qui a réuni tous les délégués de la nation togolaise, des « diasporas » du Togo disséminés partout dans le monde. Ce fut un « prélude » à la naissance de la CTC « la première assemblée publique regroupant les Togolais du Canada, pour désigner un délégué pour prendre part à la Conférence nationale »27. Cette assemblée eut lieu à Montréal au cours de l’été 1991 et à cette occasion, les membres présents qui étaient environ 165, ont décidé de créer la CTC.

Depuis sa création, la CTC ne cesse d’opérer des changements, qui sont comme une sorte d’«autoréférencement» et d’«autopoïèse», pour emprunter les termes de Niklaus Luhmann dans sa Théorie des systèmes sociaux28, devant les complexités qu’elle rencontre dans son

environnement. Pour mieux comprendre les transformations que l’association a vécues jusqu'à présent, un regard sur les prolégomènes de la CTC, ses éléments fondateurs, sont nécessaires. Tout avait commencé avec l’Association des étudiants stagiaires du Togo au Canada (AESTOCA), qui a été amenée à désigner un représentant des Togolais résidant au Canada, à la demande des organisateurs du Togo, pour assister à la conférence nationale qui se préparait au Togo, dans le contexte du mouvement de démocratisation qui prenait forme. Ainsi donc, l’AESTOCA, était la première association de Togolais au Canada. Lors de son assemblée de l’été 1991, les participants ont créé le Collectif des Togolais du Canada pour la démocratie (CTCD), un organisme chargé de suivre la situation politique au Togo. Plus haut nous mentionnons l’arrestation du Premier ministre du gouvernement de transition que la conférence nationale avait élu, par l’armée togolaise le 3 décembre 1991. Il fut ainsi contraint de former un autre gouvernement de large union avec les membres du régime Gnassingbé. Ainsi la CTCD s’est alors mobilisé d’abord pour tenter diverses actions en vue d’alerter et d’informer l’opinion publique canadienne et québécoise sur les évènements du Togo. Pour ce faire, furent créés des comités provisoires du CTCD dans

27Ce sont les propos d’un membre fondateur, un de nos répondants, présenté lors du 10e anniversaire de la CTC, alors qu’il retraçait la naissance de la CTC.

28Niklaus Luhmann, en parlant d’autoréférencement, fait allusion aux systèmes sociaux qui devant une complexité, ont la capacité d’utiliser l’image qu’ils ont d’eux-mêmes.

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certaines villes du Canada. Le 12 décembre, la CTCD organisa une conférence de presse au Montcalm de Hull (lieu communautaire à Hull). Cette conférence fut l’occasion de s’entendre sur des actions collectives à entreprendre à court et à moyen terme. Le 21 décembre, suite à la création de comités provisoires dans différentes villes, les participants d’une assemblée générale de la CTCD ont décidé de créer une association fédérative qui portera désormais le nom de Communauté togolaise au Canada (CTC). À l’issue de cette assemblée générale fut créé un bureau exécutif provisoire composé de cinq membres. Ce bureau provisoire reçu le mandat de rédiger les statuts et règlements de la CTC, lesquels ont ensuite été adoptés le 22 février 1992, permettant l’élection du bureau exécutif central définitif. Il faut dire que la version de l'histoire de la création de la CTC varie selon les personnes. Les Togolais de Montréal et ceux de Hull divergent sur les circonstances et la prise de l'initiative de fonder la CTC. Mais ce qu’on peut retenir est que les Togolais de Hull semble avoir joué un rôle déterminant de premier plan dans la mise sur le pied de l'association. Le siège du premier exécutif (Président, secrétaire, trésorier) étant composé des Togolais de Hull, pourrait justifier ce fait. Ainsi donc, ce bureau sera aidé par le Conseil d’Administration composé des responsables des sections des villes d’autres régions du Canada.

1.5.4. La période de crise interne de la CTC

À la fin de l’année 2010, suite à une baisse de participation et d’adhésion à la CTC, le bureau exécutif de l’époque a mis en place un comité de relance des activités de la CTC. Ce comité avait pour tâche de faire des sondages pour répertorier les points de discorde entre les membres et de proposer des recommandations en vue de donner une orientation nouvelle à la CTC.

Dans un rapport intitulé «Améliorer la prestation de services pour relever les nouveaux défis», le comité de relance explique qu’il perçoit un décalage entre le cadre d’action de la CTC et sa mission première, qui est d’essayer de « regrouper (la presque totalité) les Togolais résidents au Canada, entretenir et renforcer la solidarité et la fraternité entre eux, aider à leur intégration au Canada, veiller à leurs intérêts auprès des autorités (…) veiller au

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respect de la démocratie et aux droits de la personne au Togo»29. Le constat issu des entrevues faites auprès des membres par le comité, est que le second volet qui concerne la contribution au processus de démocratisation du Togo a primé sur le volet communautaire de la mission de la CTC. La CTC a adhéré à des organisations de pressions pour la démocratie, telles que la Diaspora togolaise pour la Démocratie (DIASTODE) dont elle assumait d’ailleurs le secrétariat30. Elle était également membre du collectif pour la démocratie au Togo (CDT). La CTC faisait en outre « du lobbying auprès des autorités canadiennes et québécoises, des Nations Unies, de l’Union européenne...»31 et ceci contre le pouvoir en place au Togo. Il faut dire que l’engagement politique de l’association a créé au cours du temps un sentiment d’inconfort auprès de certains membres. Selon le rapport de relance, cet engagement politique a engendré une certaine division et un antagonisme ethnico-politique entre les membres de l’association et a entrainé une diminution dans la participation de ses diverses activités.

1.5.5. Le clivage Nord-Sud et la réorientation de la CTC

Mis à part les clivages sociopolitiques qui prévalaient au Togo, le comité de relance des activités de la CTC s’est rendu compte aussi de l’influence des clivages ethniques notamment Nord-Sud sur la cohésion entre les Togolais membres de la CTC. Ce clivage, selon certains historiens, semble être le prolongement des «propagandes et des discours» promus par les régimes politiques post indépendantistes en Afrique, lesquels ont donné lieu à une division en clans antagonistes dans le cas du Togo (Gayibor, Goeh-Akue, 2010 : 136).

Les avis et suggestions reçus au cours de ces entrevues ont permis au comité d’élaborer des recommandations susceptibles, comme le souhaitait le président d’alors dans sa lettre aux membres, de «ressouder les liens au sein de la Communauté»32 et de développer un fort

29Objectifs de la CTC à sa création. Disponible sur http://www.diastode.org/ctc/presentation.html, consulté le 9 février 2014.

30La DIASTODE est un collectif de certains Togolais de la diaspora qui lutte pour l’avènement de la démocratie au Togo. Voici le lien d’un document type de cette lutte :

http://www.diastode.org/Droits/Pourquoi_Eyadema_doit_partir.pdf

31Disponible sur http://www.diastode.org/ctc/presentation.html, consulté le 9 février 2014. 32Lettre du président aux membres pour informer les Togolais de la création du comité de relance.

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sentiment d’appartenance. Ces recommandations sont formulées autour de quatre orientations stratégiques qui sont:

 Améliorer la performance organisationnelle de la CTC

 Améliorer et adapter l’offre de services aux besoins des membres  Contribuer à la prospérité du Canada

 Apporter un soutien effectif au développement du Togo

Nous résumerons brièvement les trois premiers points qui rejoignent notre préoccupation de départ.

Améliorer la performance organisationnelle de la CTC

Le comité suggère à la CTC de se consacrer en priorité à sa mission d’organisation exclusivement communautaire, c’est-à-dire s’adressant aux Togolais qui vivent au Canada, tel que le lui avait demandé le Congrès d’intégration et d’orientation de la Communauté togolaise au Canada, tenu à Sherbrooke33, en actualisant les textes en vue d’une adaptation au contexte actuel. Pour ce faire, selon le comité, la définition «claire» de tous les services que la CTC propose doit être faite. Il propose également que la visibilité de la CTC soit améliorée en faisant accroitre et en élargissant les efforts de communication. Tout cela dans un esprit de promotion des valeurs de solidarité, responsabilité, égalité et diversité pour créer un sentiment d’appartenance. Enfin le comité propose une grande rigueur administrative permettant une gestion peu claire qui a été soulignée par les membres, de par le passé.

Améliorer et adapter l’offre de service aux besoins des membres

Le comité de relance a aussi recensé les « besoins réels »34 des «nouveaux migrants»35 togolais. Cette population est notamment aux prises avec des difficultés d’insertion

33 Un congrès pour la redynamisation de la CTC fut organisé à Sherbrooke pour les 10 ans d’existence de la CTC.

34Ces besoins se sont diversifiés compte tenu de la pluralité des profils de migrants (venus directement du Togo ou ayant transité par un pays d’Europe...) Togolais et de leur accroissement au Canada et particulièrement au Québec (Selon Statistique Canada, la population immigrante d’origine togolaise au Canada est 84 pour cent résidente 69 pour cent des Togolais sont dans la province du Québec).

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professionnelle. Car «la majorité des Canadiens d’origine togolaise occupant un emploi serait située dans la classe moyenne et ceux détenant un niveau élevé de diplôme ont du mal à s’insérer dans la vie professionnelle et se retrouvent pour la plupart des cas dans une situation de pauvreté endémique » (Rapport-CTC, 2010 : 16). Le Rapport-CTC, en s’appuyant sur les études faites par Lindsay (2001) sur les facteurs de discrimination des migrants africains au travail, retient la faiblesse de leur réseau socioéconomique comme l’un des facteurs explicatifs de leur situation de non «insertion professionnelle».

Il faut dire que selon le rapport, «l’analyse du profil socioéconomique de la population immigrante d’origine togolaise au Canada [aurait] démontré qu’elle est hautement scolarisée et qualifiée, mais éprouve d’énormes difficultés dans le domaine de l’insertion professionnelle» (Rapport-CTC, 2010 :28). Selon certaines études sur l’intégration des migrants au Québec (Chica, 2009; Forcier et al., 2012) les difficultés semblent être liées à des pratiques discriminatoires36 (dont nous avons parlerons dans le chapitre suivant) qui influencent, plus ou moins, l’intégration des Togolais dans les réseaux professionnels. Pour faciliter l’insertion professionnelle, la CTC devrait, estime le Rapport-CTC, favoriser un espace de rencontre, à travers les activités qu’elle organise, en vue de permettre aux membres d’abord de se connaitre, ensuite de mettre à profit le réseau personnel des uns et des autres, en vue de faciliter leur intégration socioprofessionnelle (Rapport-CTC, 2010). La promotion culturelle par l’entremise des activités culturelles37 est aussi proposée comme critère, qui pourrait valoriser l’identité des personnes d’origine togolaise et des jeunes togolais issus de l’immigration. L’accueil et l’appui à l’installation des nouveaux arrivants et l’assistance aux membres en cas d’évènements heureux ou malheureux sont également proposés par le comité de relance.

35En parlant de nouveaux immigrants, c’est par rapport au premiers Togolais arrivés au Canada qui, dans la majorité des cas, avaient reçu une bourse d’études pour se former dans un domaine et avoir la compétence nécessaire pour combler le vide en retournant au Togo. Et donc ils n’avait pas, à priori, des visions d’immigration par rapport à ceux qui aujourd’hui choisissent d’immigrer au Canada par le programme d’immigration (Certificat de Sélection au Canada).

36Ici nous comprenons la discrimination sous deux angles que nous développerons amplement dans un autre chapitre. Dans le premier cas il s’agit d’une « discrimination inhérente » qui provient de la personne qui cherche et qui travaille, par rapport à son passé culturelle et trajectoire de vie professionnelle. La deuxième est une « discrimination structurelle » qui est lié aux pratiques de la société d’accueil dans notre cas le Québec, dont l’immigrant ne maitriserait pas nécessairement les contours à priori.

37Au cours des périodes de l’année comme le 27 avril, date de l’indépendance du Togo, est organisé, des activités culturelles à Montréal.

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La contribution à la prospérité du Canada

Concernant le troisième point sur la contribution à la prospérité au Canada, le comité fait le constat que la communauté togolaise ne parvient pas encore à partager suffisamment la richesse de la culture togolaise avec la société canadienne, et que les compétences professionnelles de ses membres sont sous-employées au désavantage de leur pays d’accueil, il est opportun pour la CTC d’adapter son offre de service et ses façons de faire aux attentes légitimes du Canada à l’égard de ses citoyens en matière culturelle et économique. Ainsi il a proposé 4 points sur lesquels la communauté pourra exploiter. Premièrement, sur le plan culturel, la contribution se fera à travers des activités de promotion et de valorisation du brassage des cultures togolaise et canadienne. Pour ce faire, des activités de découvertes culturelles et de sensibilisation pourront être organisées périodiquement en collaboration avec les entreprises d’économie sociale oeuvrant dans ce domaine. Le Comité de relance recommande :

- La participation effective et collective de la Communauté togolaise aux initiatives communautaires organisées lors de la fête nationale du Canada et des fêtes nationales provinciales. Ce sont en effet de bonnes occasions pour partager avec la société d’accueil la richesse du répertoire culturel togolais, particulièrement en ce qui concerne la musique (Akpè, Kamou, Adjogbo, etc.)38

- L’organisation régulière de la fête du 27 avril. Dans sa nouvelle mission d’organisation fédératrice des forces vives de la Communauté, la CTC pourra organiser cette fête anniversaire de l’indépendance du Togo en collaboration avec l’Ambassade du Togo au Canada. Cela contribuera à enlever certaines barrières de nature politique qui font obstacle à l’émancipation de la CTC;

- L’organisation, sur une base annuelle, d’une fin de semaine récréative de brassage culturel et d’intégration, dénommée « Culture+ ». Le comité propose que l’évènement soit organisé durant la fin de semaine de la fête du travail en changeant de ville à chaque année. Il estime que la CTC devrait procurer le lieu, mais la participation ne serait pas limitée à ses seuls membres. Il suggère que l’événement

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soit libre et gratuit et l’hébergement et la restauration soient aux frais des participants.

Deuxièmement, le comité note que sur le plan économique, les personnes d’origine togolaise, comme tout autre immigrant, contribuent à la santé économique et financière du Canada à travers le paiement des taxes, impôts et redevances. Cette contribution pourra être améliorée si les professionnels togolais accèdent à de meilleurs emplois et connaissent une plus grande prospérité socioéconomique. Une autre façon pour la CTC d’améliorer cette contribution consistera à appuyer, à l’instar des communautés asiatiques, les entreprises canadiennes dans leurs démarches de pénétration du marché ouest-africain en général et togolais en particulier. Ainsi le comité constate que ce marché est relativement stable et en pleine expansion, malgré quelques problèmes économiques. Dans le but d’insuffler une synergie productive à la démarche, la CTC pourra jouer le rôle d’organisation facilitatrice, en collaboration d’autres organismes canadiens et les représentations togolaise et ouest-africaines au Canada. Pour une meilleure participation de la Communauté togolaise à l’essor économique du Canada.

La dernière des propositions du comité de relance est l’apport d’un soutien effectif au développement du Togo. Nous estimons que ce point n’édifie pas notre objet d’étude. Ainsi nous faisons le choix de ne pas le présenter.

Pour conclure cette partie, retenons que les services de la communauté à ses membres, le partage de la richesse culturelle togolaise avec la société canadienne, la recherche et la transmission des offres d’emplois qualifiés des entreprises privées et des fonctions publiques fédérale et provinciales à la Communauté et l’apport au développement du Togo, représentent les suggestions que le comité a faites au Conseil d’Administration pour rendre les compétences des membres de la CTC profitables aux Togolais et au Québec, leur milieu d’accueil. Ce qui est important de retenir est qu’après ce rapport du comité de relance de la CTC, les nouveaux membres du conseil d’administration ont donné une nouvelle

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orientation aux activités de la CTC. La CTC voudrait vivre désormais une nouvelle vocation : mettre l’accent sur une «communauté de services»39.

1.6. Les sections et les catégories de membres de la CTC

La CTC est une association fédérative qui est subdivisée en différentes sections. Suivant l’article 6 des statuts de la CTC en 2012, l’association est constituée de membres actifs, les membres sympathisants et les membres honoraires. Nous présenterons ce que la CTC entend par section et ses différents membres.

1.6.1. Les sections de la CTC

L’article 7 des statuts de la CTC souligne qu’une section est constituée par les membres de la CTC résident dans toutes les communautés urbaines canadiennes et dont le nombre est d’au moins 5. Chaque section locale est dirigée par un bureau de section comportant au moins 3 personnes : un chef de section, un secrétaire et un trésorier. Actuellement, la CTC compte 3 sections. La section de Montréal où se trouve également le siège social de la CTC fédérale, la section d’Ottawa-Gatineau et la section de l’Estrie.

1.6.2. Membres actifs, sympathisants et honoraires

Suivant l’article 6 des statuts de la CTC : « est membre actif de la CTC toute personne majeure, de nationalité togolaise ou d’alliance togolaise résident au Canada sans distinction de groupe ethnique, de religion et d’allégeance politique ». Selon le même règlement intérieur, « le titre de membre actif est attribué à toute personne qui, inscrite en réponse à sa demande d’adhésion statutairement agréée, est à jour dans ses obligations envers l’Association et fait preuve d’assiduité et d’esprit de sacrifice pour la réalisation de ses idéaux ».

Le deuxième paragraphe de l’article 6 des statuts de la CTC indique qu’« est membre sympathisant, toute personne désireuse d’apporter aides et conseils à la CTC et qui fait la demande de [statut de membre sympathisant]». Autrement dit, il n’est pas nécessaire d’être

39Le nouveau président depuis lors, à envoyer une lettre de redynamisation qui fait état des nouvelles orientations de la CTC. Cette lettre est disponible sur le lien http://www.ctc-togo-canada.com/uploads/1/4/2/9/14291550/prospectus_ctc_v2.pdf sous forme prospectus.

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Togolais pour être membre sympathisant. Pour obtenir ce statut, il faut en faire la demande et c’est l’Assemblée Générale, sur proposition du conseil d’administration, qui attribue ce statut à toute personne ayant contribué à un ou plusieurs succès de l’association.

Le troisième paragraphe de l’article 6 mentionne qu’« est membre d’honneur toute personne qui fait preuve d’un engagement continu régulièrement à l’avancée des idéaux de la CTC ou toute personne qui a contribué de façon exceptionnelle à l’atteinte des objectifs de la CTC. ». Ce statut est attribué par l’Assemblée Générale sur proposition du conseil d’administration

1.7. L’histoire de la présence des associations togolaise au Canada40

Il est difficile de situer dans le temps le début de l’immigration togolaise au Canada. Cependant, on peut situer la première vague de Togolais immigrés au Québec après l’indépendance du Togo, le 27 avril 1960. Le Togo, en coopération avec l’Agence canadienne de Développement international (ACDI), avait octroyé des bourses à une vingtaine d’étudiants et stagiaires togolais pour soutenir leurs études dans les universités canadiennes dans le but de former ces derniers, afin qu’ils prennent la relève du développement de leur pays d’origine après le départ de l’administrateur colonial français. Ainsi, sur le plan chronologique et de façon formelle, le regroupement de ces premiers étudiants et stagiaires serait la première association togolaise à avoir vu le jour au Canada. Cette association constituait un pont qui reliait le gouvernement togolais de l’époque et les étudiants et stagiaires togolais au Canada. Elle permet également aux étudiants et stagiaires de se retrouver et de tisser des liens de solidarité.

Au Québec on dénombre, en plus de la CTC, 5 associations de migrants togolais, par ordre croissant de création : le collectif pour la démocratie au Togo (CDT) (1992), l’association Togo-Canada pour l’entraide, la Recherche et le Développement Social (ATC-ERDS) (2008), l’Union des Togolais résident à Québec et ses environs (UTRQE) (2011), le Centre Togo-Canadien de soutien à l’intégration (non documenté) et l’Association des Éwé de Montréal (nous ne connaissons pas sa date de création). Nous présentons seulement deux : l’ATC-ERDS et l’UTRQE. Notre choix est motivé non seulement par le manque de

Figure

Figure 1 : Carte du Togoland (protectorat allemand (1919))
Figure 2 :   CARTE  ADMINSTRATIVE   DU TOGO ACTUEL  Source : http://lesouriredeselasse.free.fr/togo/carte-administrative.html  B E  N I N G H A N ABURKINA-FASO OCEAN ATLANTIQUE
Figure 3 : Répartition de la population d’origine togolaise par province (2011)
Tableau 1 : Répartitions des admissions en 2010 par catégories d’immigration

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