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CHAPITRE III : MÉTHODOLOGIE

3.4. Population à l’étude et échantillon

Nous avons d’abord interrogé les Togolais qui ont déjà fréquenté la CTC ou qui la fréquentent encore. Ensuite, nous avons interrogé d’autres Togolais qui n’ont jamais

63Nous comprendrons cette attitude plus tard dans les réponses de nos répondants comme une certaine méfiance.

fréquenté la CTC ou qui la fréquentent rarement. Nous avons fait ce choix pour mieux percevoir et comprendre les différents discours de nos répondants en vue de répondre à notre objectif principal qui est de comprendre, in fine, le rôle que joue la CTC au regard de l’intégration de ceux qui la fréquentent en particulier et des Togolais qui résident au Québec en général.

Tous ces facteurs susmentionnés pourront influencer considérablement l’intégration sociale des migrants dans le pays d’accueil. Toutefois, nous avons retenu les migrants qui étaient résidents au Québec depuis environ 5 ans étant donné qu’« un intervalle de temps est nécessaire pour que l’immigrant, confronté au nouveau système social de l’environnement d’accueil, puisse choisir et entreprendre, au gré de son expérience personnelle, une stratégie d’adaptation sociale» (Ezéchiel, 2006). Nous avons, autant que faire se peut, maximisé nos chances pour avoir des Togolais qui ont eu différentes expériences migratoires afin d’avoir un aperçu de leur expérience d’intégration au Québec. En vue de pouvoir spécifier dans l’étude l’exploration des différents rôles que pourra jouer la CTC dans l’intégration des Togolais membres, nous avons appliqué le même critère dans la sélection de nos répondants (environ 5 ans de résidence au Québec). Cet échantillon nous a permis d’avoir une diversité d’expériences, complémentaire aux données sur l’intégration des Togolais en général au Québec et les Togolais membres de la CTC en particulier.

Parmi cet échantillon, nous avons choisi des répondants qui sont au Québec depuis 5 ans, comme Kim (1988) cité par Hsab (1996) dans son mémoire de maitrise Politiques d'intégration et résistances ethniques au Québec: le cas d'immigrants libanais depuis 1975». En effet, Kim soutient qu’« une période de 3 à 5 ans [était] suffisante pour que l’équilibre systémique de l’immigrant soit rétabli». Par contre Hsab (1996 : 82) cité par Ezéchiel (2006) pense que «7 ans [serait] une période suffisante, pour que l’immigrant puisse dépasser la phase de stress et d’incertitude des premières années de déplacement». À part ces suggestions, nous n’ignorons pas les caractéristiques des différents réseaux sociaux en plus du capital social que le migrant pourra mobiliser dans le compte de son intégration en un laps de temps par rapport à un autre (migrant) qui aurait besoin de beaucoup plus de temps.

Concernant notre échantillon, nous avons ciblé des Togolais résidents dans les différentes villes du Québec pour réaliser nos entrevues. Toutefois pour choisir la taille de notre échantillon, nous nous sommes référé à Guilbert et Jumel (1997 :107) cité par Nikuze (2011) qui propose que « la taille de l’échantillon [soit] fonction du degré d’homogénéité de la population étudiée [car selon lui] plus la population est homogène, plus faible sera la taille de l’échantillon». Blanchet et Gotman (1992 : 53-54), cité par Ezéchiel (2006), pour leur part, précisent que «l’échantillon nécessaire à la réalisation d’une enquête par entretien est, de manière générale, de taille plus réduite que celui d’une enquête par questionnaire, dans la mesure où les informations issues des entretiens sont validés par le contexte et non [...] par leur probabilité d’occurrence». Beaud et Weber (1998 :156), pour leur part, insistent sur le fait que «les entretiens (semi-directifs) [...] ne visent pas à produire des données quantifiées et n’ont donc pas besoin d’être nombreux. Ils n’ont pas alors la vocation d’être représentatifs». Enfin, nous estimons avec Thiétart64 (2003 : 216), que la taille adéquate d'un échantillon est celle qui permet d’atteindre la saturation théorique. Mais cette «saturation théorique» est généralement atteinte lorsqu’on ne trouve plus d’informations supplémentaires capables d’enrichir la théorie. Ainsi, il revient au chercheur de voir ou mieux de constater s’il est parvenu au stade de saturation. Soulignons aussi que cette saturation survient, a priori, lorsque les dernières unités de la collecte des données n’ont plus apporté d’éléments nouveaux à la compréhension du fait étudié.

Forts de ce qui précède, nous n’avons pas fixé de quota bien défini au début de notre recrutement, car nous estimions que la méthode qualitative dans laquelle nous avons inscrit notre recherche n’avait pas pour objectif de voir nécessairement la fréquence des opinions analysées ni de faire de la représentativité de la population étudiée (au sens des statistiques probabilistes) de notre échantillon, un critère de validité. Mais comme l’affirme Frisch (1999 : 6, 7) cité par Ezéchiel (2006), nous estimons que les études qualitatives « visent essentiellement la compréhension des logiques qui sous-tendent les opinions de [...] la population sur certains sujets ». Autrement dit, elles visent à éclairer le fait social étudié à

64Nous tirons cette explication de la «saturation des données» de Thiétart exposé sur ce lien http://rtmgroup.blogspot.ca/2008/04/seuil-de-saturation.htmlconsulté le 17 avril 2014. Tout en comprenant la logique qui sous-tend l’explication donnée par Thiétart, nous avons quand même des réserves sur son affinement scientifique, car ce principe est difficile à mettre en œuvre de manière parfaitement rigoureuse, puisque généralement on ne peut jamais avoir la certitude qu’il n’existe plus d’informations supplémentaires capable d’enrichir la théorie. .

partir de la subjectivité individuelle des différents acteurs sociaux. Ainsi, nous avons, comme Houle (2011 : 30), « mené l'enquête jusqu'à atteindre la saturation des données, c'est-à-dire jusqu'à ce que les discours des uns et des autres se rejoignent et se répètent». Concrètement, nous avons rencontré 17 répondants togolais, dont 11 membres de la CTC et 6 Togolais qui ne fréquentent pas la CTC. L’ensemble de ces répondants ont des statuts sociodémographiques diversifiés du point de vue du sexe, de l’âge, du niveau de scolarité, du secteur professionnel, du nombre d’années passées au Québec et du parcours migratoire.