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Chapitre 4 : Epistémologie et méthodologie de la recherche

2  Présentation du terrain d’étude et des matériaux collectés

2.1  Présentation du pôle OPTITEC

L’optique et la photonique sont les sciences de la lumière, visible ou invisible, des rayons X à l’infrarouge lointain, comprenant la production et la transmission de lumière, la formation et le traitement des images. La France recense en 2010 six pôles spécialisés en optique photonique qui sont : Anticipa, Optics Valley, Rhena Optics, Pôle optique Rhône Alpes, Alpha et OPTITEC.

Le pôle OPTITEC est soutenu par l’association POPSUD. POPSUD est une association loi 1901 créée en 2000 à l'initiative d'industriels et de chercheurs dans les domaines de l’optique et la photonique. Installé en région Provence-Alpes-Côte d’Azur et Languedoc Roussillon, le pôle OPTITEC, labellisé PRIDES (Pôle Régional d’Innovation de Développement Economique Solidaire), représente la filière optique et photonique du sud de la France. Il réalise une croissance annuelle minimum de près de 6,5% par an depuis 2005 et en 2010 a enregistré la croissance de plus de 650 emplois au sein de la filière. Ce pôle fonctionne sur la base d’un partenariat entre les entreprises (59% des adhérents), les laboratoires de recherche et l’enseignement supérieur (25% des adhérents) et ses partenaires (16% des adhérents). Il réalise un lien entre la recherche fondamentale et les entreprises autour de moyens et outils mutualisés. Il est composé d’une population de 115 industriels dont 88 sont des PME de moins de 50 salariés créées dans les années 2000, positionnées sur des niches de marché et n’excédant que rarement les 30 salariés. Les activités des entreprises sont très fortement

concentrées sur des activités de prestations de services d’ingénieries de haute technicité sur des technologies « optique et photonique » appliquées à l’environnement, la santé et la défense/sécurité/ aérospatiale (voir annexe n°1). L’analyse des codes APE caractérisant l’activité des entreprises du pôle OPTITEC, nous montre que leurs activités se situent autour de l’industrie et les services, et très faiblement sur le commerce.

Nous tenons à préciser un point majeur dans cette répartition en mettant en évidence le rôle de ce qui est qualifié par le président du pôle OPTITEC en 2011 de « grandes entreprises » c'est-à-dire disposant d’un effectif supérieur à 100 salariés. Lors de notre première rencontre en décembre 2010, le président du pôle regrette le manque de présence de « locomotives industrielles en optique photonique ». Il nous précise alors que les « grandes entreprises » sont des utilisateurs de technologies optiques et ne sont pas créateurs. Les PME apparaissent comme des sous traitant de rang 1en charge du développement des cœurs de technologies optiques pour les grands groupes spécialisés en aéronautique, spatial, et de santé. Nos entretiens ont confirmé cette position identifiée par les dirigeants. Les PME sont dans un rapport non prescriptif et davantage comme une force d’innovation vis-à-vis de leurs clients. Dès lors nous comprenons l’importance du projet de soutien à l’innovation pour le pôle OPTITEC qui constitue une spécificité du positionnement de sa population cible.

2.1.1 Présentation de l’équipe opérationnelle du pôle

Lors de notre arrivée en décembre 2010, l’équipe opérationnelle est composée de 9 personnes :

 La direction du pôle : la directrice docteure en économie industrielle et son assistante de direction.

 Une fonction administrative : une responsable administrative et financière et une secrétaire

 Un fonction projet : un docteur en sciences physique pour la gestion et le suivi des projets R&D des entreprises et une ingénieure pour la gestion des projets strructurants du pôle

 Une fonction spécifique au territoire Languedoc Roussillon : une docteure en micro biologie

 Une fonction animation : une chargée d’animation et événement et une chargé de mission communication

Nous précisons que les nouveaux arrivants sont l’assistante de direction et la personne en charge du Languedoc Roussillon. Le reste de l’équipe est déjà installé depuis quelques années mettant alors en évidence un faible turn-over au sein du pôle.

La lecture de cette composition nous permet de comprendre l’origine de la création de la bourse CIFRE d’un point de vue cognitif. Nous apercevons que les opérationnels au contact des PME présentent des profils issus des sciences de l’ingénieur. Pour développer le projet de soutien à l’innovatoin par les compétences, la directrice du pôle OPTITEC a souhaité initier l’approche par les sciences sociales et créer une fonction associée au sein de l’équipe opérationelle du pôle.

2.1.2 Présentation de notre fonction au sein du pôle  

Dans cette partie nous allons décrire notre fonction opérationnelle au sein du pôle ainsi que son adéquation avec le travail de recherche.

En décembre 2010, la convention CIFRE a été contractualisée avec le pôle dans le but d’analyser les pratiques des entreprises en matière de gestion des compétences et comprendre quels leviers d’intervention le pôle pouvait envisager dans sa stratégie d’accompagnement des PME. L’objectif étant d’optimiser la compétitivité des entreprises par la mise en place de dispositif de soutien à l’innovation par les compétences. Le travail de recherche et développement présenté a été conçu pour répondre opérationnellement à ces problématiques tout en construisant la connaissance du pôle. Il est important de préciser que le travail s’est rapidement focalisé sur les PME puisqu’elles représentent le cœur du pôle OPTITEC sur la demande même du pôle.

La fonction opérationnelle que nous avons exercée au sein de l’équipe du pôle a également été pensée pour respecter les fondements de la PAR. L’interdépendance sujet/objet s’est renforcée au travers du poste de « chargé d’étude emploi, formation et compétences » qui a permis d’enrichir quotidiennement le travail de R&D. L’extrait du contrat de travail suivant

va nous permettre de comprendre les attentes et exigences de ce poste au travers des tâches suivantes :

(Extrait du contrat de travail) L’analyse du champ d’intervention de la fonction démontre la complémentarité du travail de recherche attendu par le pôle avec l’opérationnalisation de la connaissance créée. Nous observons à la lecture de cet extrait que deux types de perspectives se distinguent :

 Les trois premiers points se rapprochent davantage des pratiques dites isomorphiques de la GRH dans les pôles telles que nous les avons identifiées en partie théorique  Alors que les trois derniers points semblent mettre en évidence la volonté du pôle de

personnaliser l’approche de la gestion des compétences à ses adhérents par un travail de R&D.

L’observation de la fonction opérationnelle semble répartir le temps de travail R&D aux alentours de 60 % du temps global et le travail de conception semble correspondre à environ 40%. Dans la pratique, nous avons passé près de 80% de notre temps sur la seconde perspective au cours de notre parcours au sein du pôle OPTITEC. Cette approche a été validée par la directrice qui a explicitement identifié les premiers points comme des livrables valorisables à très court terme pour le pôle, alors que la seconde perspective apparaissait au centre de la démarche. L’objectif de la fonction opérationnelle était alors d’intégrer la connaissance produite par la recherche dans la pratique du pôle, l’objectif étant de construire la connaissance du pôle favorisant le déploiement de dispositif.

La création de la connaissance scientifique est réalisée dans une logique de création de valeur pour le pôle, dans une perspective de construction stratégique de dispositifs adaptés aux PME notamment en matière de gestion des compétences.

Nous souhaitons mettre l’accent sur un dernier point de contexte autour de la fonction que nous avons exercée durant deux années et six mois. Notre poste était rattaché directement à la directrice et à un référent membre de la gouvernance du pôle. Si le référent n’a pas été d’une grande présence, cette absence a été fortement compensée par la pertinence de la directrice du pôle. Les orientations données à ce travail viennent essentiellement des discussions que nous avons pu entretenir avec la directrice qui a fait preuve de disponibilité, d’écoute, n’hésitant pas à nous donner des informations stratégiques sur le développement du pôle pour comprendre les tenants et aboutissants de notre démarche. Elle a ainsi fortement contribué à la contextualisation du travail mais également à sa conceptualisation en travaillant sans cesse à l’adaptation des exigences de la recherche par des prescriptions souples avec les exigences attendues pour la valorisation des actions dans le pôle.

Elle nous a soutenu dans notre immersion dans le terrain allant jusqu’à nous présenter des dirigeants de PME et à nous insérer dans les dispositifs d’enquête favorisant la collecte des matériaux.

 

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