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1.2- Intérêts et méthodes de l’approche typologique

2- Présentation des trois communautés étudiées et méthodes d’enquête

On se propose de retracer ici les principales caractéristiques des communautés étudiées pour les trois pays. Ces trois communautés ont été choisies dans le cadre du Projet ICARDA Mashreq/Maghreb en raison de leur degré d’intégration agriculture-élevage et de la forte vulnérabilité des systèmes aux conditions climatiques (entre 200-350 mm de pluie).

2.1. Principales caractéristiques de la communauté Sidi Fredj en Algérie

Cette description s’appuie sur le plan de développement communautaire développé dans le cadre du projet ICARDA M&M (ICARDA, 2002).

La communauté étudiée en Algérie correspond à une fraction Ouled Khiar, localisée dans la commune de Sidi-Fredj, elle-même rattachée à la wilaya de Souk-Ahras. Cet espace communautaire est bordé au sud par l'Oued Mellègue -qui le sépare de la wilaya de Tébessa-, à l’est par la frontière algéro-tunisienne et à l’ouest par la commune de Taoura. La pluviométrie moyenne annuelle est comprise entre 250 et 300 mm, avec une répartition irrégulière dans l'année ; la quantité de précipitation la plus élevée est enregistrée pendant les deux saisons de printemps et d'automne (environ 105 mm) ce qui favorise certaines cultures saisonnières, l'arboriculture fruitière et la plantation de l'Opuntia (Cactus). La tribu d'Ouled Khiar est la fraction dominante de la communauté étudiée bien que la commune de Sidi Fredj comporte différentes tribus. Dans ce milieu, la solidarité sociale se limite bien souvent à la tribu pour le cas du règlement de contentieux et des litiges, l'organisation de la gestion des ressources naturelles communes et à la contribution des membres des tribus aux différentes élections locales, régionales et nationales. Cependant, cette organisation, et la solidarité sociale qui la sous-tend, ont subi l'influence de l'évolution du système politique du pays par un démembrement de la société et le développement de l'individualisme dans le comportement social et l'organisation de l'activité agricole.

La communauté étudiée compte environ 840 ménages. C'est une population rurale qui a comme activité économique principale l'agriculture, et principalement l'élevage. Bien que 75% des actifs soient impliqués dans l’activité agricole, on compterait plus de 80% de chômage du fait de l'extensivité et de la faible rémunération des activités agricoles. Les activités para - agricoles sont quasi-absentes. Cette réalité conditionne la recherche d'options technologiques qui concilient les aspects économiques, sociaux et écologiques, des technologies appropriées à la demande des caractéristiques sociales et physiques du milieu. La forte dépendance de la communauté des pôles environnants, qui sont représentés par les communes d'Ouenza, M'rahna et Taoura, est à la base d'un exode de la force de travail et d'un abandon, non déclaré, du travail de la terre ; la location et l'association de la terre deviennent une forme du mode de faire valoir nouveau pour la communauté. L'activité agricole s'articule sur la pratique séculaire d'une céréaliculture de "loterie" en association avec l'élevage ovin et le développement de la culture de l'Opuntia depuis 1993. L’Opuntia (ou cactus) constitue une activité de reconversion et d'adaptation des systèmes de production aux changements agro-climatiques et socio-économiques.

Les terres pastorales (forêt, parcours) représentent 25% de la superficie totale (25000 ha). La superficie agricole utile (SAU) est occupée essentiellement par les cultures céréalières dont la tendance générale a été marquée durant la dernière décennie (1990-2000) par un recul de l'orge et du blé tendre au profit du blé dur. Cette évolution de l'occupation des terres est liée :

• A l'augmentation de prix de cession des blés dur et tendre et un soutien de l'État par la fourniture d'intrants (engrais et désherbants);

• Une reconversion de la sole jachère pour l'extension de la culture de l'Opuntia qui bénéficie du soutien à la plantation par l'État; et,

• Un recul de la pratique de l'orge, mois soutenue par l'État, et une évolution très timide des cultures irriguées due aux limites des ressources hydriques mobilisées et présentes.

Les productions végétales, dominées par la pratique des céréales, demeurent essentiellement une activité de complémentation dans le système de production qui s'articule autour de l'association céréales-élevage. Ce caractère confère aux productions végétales une conduite rudimentaire, basée sur une pratique séculaire, et où l'investissement en termes d'innovation technologique est pratiquement absent, mis à part la mécanisation de certaines opérations culturales.

En 1999, l'élevage constitue une composante essentielle dans l'activité agricole de la communauté par la procuration de revenu (70% des revenus agricole) et donc la sécurisation des ménages. Le cheptel est composé à plus de 82% d'ovins, 17% de caprins et 1% de bovins. L’évolution du cheptel les dix dernières années a été caractérisée par un recul des effectifs ovins (-25%), et une augmentation très significative des caprins (+290%), et bovins (+137%). Ceci est lié à la succession des années de sécheresse qui s’est traduite par un important déficit alimentaire, l'érosion des prix du marché local, mais aussi aux opportunités du marché clandestin avec la Tunisie : exportation clandestine vers la Tunisie de caprins durant la saison estivale et importation clandestine de bovins de boucherie à partir de Tunisie. Cependant, les deux dernières années (2002-2004) auraient tendance à renverser cette tendance par la réhabilitation de l'élevage ovin dans la zone suite aux stimulants économiques produits par l'État et le retour des bonnes années bien que l’enquête 2003 montre les difficultés des éleveurs a reconstitué le cheptel. Mais les données observées en 2003 montrent que la capitalistaion est toutefois un mécanisme lent.

En règle générale, le calendrier fourrager est le suivant:

• Pacage des pâturages naturels durant l'automne, l'hiver et une partie du printemps; • Pacage sur chaume de céréales durant l'été et le début de l'automne; et,

• L'utilisation de l'espèce Opuntia dans l'alimentation du cheptel tout au long de l'année et en fonction de la pluviométrie. Cette culture a été largement développée durant la dernière décennie par le CR-HCDS Est et constitue aujourd'hui une réserve fourragère sur pied de prés de 4.000 ha. Dans tous les cas, l'alimentation du cheptel est complétée par des rations de complémentation constituées essentiellement d'orge, de son, de concentré et de paille.

De manière générale, la gestion du troupeau ne résulte pas d'une gestion planifiée. Ses effectifs fluctuent de manière plus ou moins importante en fonction de l'état de la nature, de la demande du marché et des politiques agricoles. L'orge subventionnée par l'Etat jusqu'en 1994 a largement profité à un accroissement numérique du cheptel. De plus, la caractéristique principale du troupeau de la communauté est l'absence d'une technique commune de gestion. En effet, chacun des éleveurs ajuste son troupeau en fonction de ses possibilités, qui elles-mêmes sont dépendantes du marché et des conditions naturelles.

La commune de Sidi-Fredj a fait l'objet d'attention particulière dans le cadre de la mise en œuvre des programmes de développement des zones pastorales. De fait, depuis 1993, l'intervention du Haut Commissariat au Développement de la Steppe (HCDS) s'est orientée vers la valorisation du savoir local par le développement de la culture de l'espèce Opuntia. Cette dynamique a été renforcée par un encadrement institutionnel reposant sur la modernisation de l'organisation traditionnelle existante, la

ferka, en "association professionnelle".

Dans ce cadre, les politiques agricoles peuvent être déterminantes dans l'organisation de l'espace productif de la communauté en produisant un support d'incitateurs économiques pouvant introduire, réhabiliter et développer de nouvelles alternatives technologiques pour optimiser l'utilisation des ressources naturelles, garantir la durabilité du développement et assurer un revenu décent aux communautés rurales.

2.2. Principales caractéristiques de la communauté Ait Ammar au Maroc

Cette description s’appuie sur le plan de développement communautaire développé dans le cadre du projet ICARDA M&M (ICARDA/INRA, 2002).

La communauté sélectionnée est la fraction Ouled Si M'hamed Ben Aïssa de la commune rurale de Aït Ammar. Cette communauté appartient à la région administrative de Chaouia–Ouardigha, province de Khouribga, Cercle de Oued Zem, Caidate de Béni Khirane. La fraction de Ouled Si M’hamed Ben Aïssa est constituée de 447 ménages agricoles. Ces vingt dernières années, le nombre d’habitant a subi une nette régression (estimée à 15 %) suite à l’émigration de la population survenue après les sécheresses successives qu’a connue la région au cours des années 80. Le taux de scolarisation est de l’ordre de 50 % au niveau du primaire, et n’atteint guère les 20 % dans le cas des classes secondaires. Dans la zone, la moyenne des précipitations cumulées d’une campagne agricole calculée sur vingt ans (période s’étalant de 1980/81 à 1999/2000) est de l’ordre de 338 mm. Mais le coefficient de variation des précipitations annuelles est de l’ordre de 41%, ce qui indique l’ampleur de la variabilité interannuelle des précipitations dans la région. Sur les vingt dernières années, 9 années ont enregistré une pluviométrie inférieure à la moyenne.

En collaboration avec les unités provinciale et locale de la vulgarisation et les agriculteurs, trois grands

zones ont été identifiées dans la communauté étudiée (Figure 1):

1. Partie sud, plaine avec un sol moyennement profond où le blé tendre, l’orge et le pois fourragers

sont les principales cultures pratiquées. Pour l’accès au parcours forestier collectif, les agriculteurs de cette zone font une transhumance pour habiter sur place entre Janvier et Juillet.

2. Partie centrale qui comporte Lhachia et qui est caractérisée par des sols peu profonds en pente

généralement cultivés en orge, plantés en cactus et utilisés comme pâturage.

3. Forêt / parcours (El Ghaba) au nord qui fait partie d’un large parcours auparavant commun à

d’autres communes rurales limitrophes (Ouled fennane et Lagfaf), mais actuellement délimité pour chacune d’elles. L’utilisation de ce parcours est faite entre Janvier et Juillet.

Ait lhaj A.M&M/Ait Ammar FPW/20-04-99

Houses

Barley plots Access space to rangeland

Tmoutira Animals movement to rangeland Farmers not owning plots in the area Animals movement to rangeland Farmers owning plots in the area

Valley area Rangeland area

Rangeland area Oued lhamed

Ait lhaj A.M&M/Ait Ammar FPW/20-04-99

January Fdala Ait charki Ait sahl Ait Ahmed Ourarka Lakouasm

Ouled sidi Mhamed ben Aissa

Ouled siBrahim

Zone called El hachia Shallow soils Mostly barley

Zone called Massousse, 50% of AL Calcareous rocky soils with: 1/3 Barley, 1/3 B.Wheat, 1/3 Fallow

Sandy soils

To Rabat To Oued Zem

CR. Lagfaf CR. Ouled Fennane Ouled Boughadi Jully

Areas called oulijate with deep and fertile soils where D. Wheat is planted

Permanent households living in the forest around 60

Forest/rangeland area

Douar

Le parcours étant la principale ressource partagée par les membres de la communauté, des accords informels d’usage et d’accès sont définis au sein de la communauté. Entre autre, la gestion de l’accès au parcours pour les éleveurs non limitrophes en passant par les zones cultivées en orge. La gestion de cet accès est facilitée par des sentiers aménagés et des habitations temporaires sur la Tmoutira

réservée à chaque Douar de la commune (Figure 2).

La superficie agricole totale dans la commune est de 7900 ha. La superficie agricole utile occupe 88% de la superficie totale dont presque la totalité est cultivée en bour. La part des parcours est de l’ordre de 12% dont les deux tiers sont des pâturages forestiers dégradés.

On constate une nette dominance des petites exploitations (moins de 10 ha) qui représentent 80% de l’ensemble des exploitations dans la commune. Cependant, la part de la superficie occupée par ce groupe d’exploitations ne constitue que 39% de la SAU totale.

Les céréales d’automne représentent les principales cultures dans la commune rurale de Aït Ammar. Ils occupent 5548 ha, soit 80% de la SAU. L’orge est l’espèce céréalière la plus dominante (environ 50% de la superficie céréalière), suivie par le blé tendre et le blé dur. En effet l’orge est destinée à la fois pour l’alimentation humaine et plus particulièrement pour l’alimentation animale. Les cultures fourragères, les légumineuses alimentaires, ainsi que l’arboriculture fruitière occupent moins de 2% de la SAU. Le reste de la SAU (19 %) est laissé en jachère d’où l’importance de cette pratique vue son rôle dans l’élevage extensif ovin et également sa place dans la rotation.

Le travail du sol, pour la quasi-totalité de la superficie cultivée, est effectué de manière traditionnelle. La mécanisation ne concerne que moins de 10 % de la SAU. La fertilisation n’est réalisée que de manière sporadique (<1% de la SAU). Les raisons principales avancées sont le risque de sécheresse et

la cherté des engrais. Les semis sont réalisés à la volée. La dose de semis par hectare est en moyenne de 100 kg pour le blé dur, 140 kg pour le blé tendre, 150 kg pour l’orge grain et 180 kg pour l’orge déprimée. La plupart des semences sont produites en exploitation (56% de la superficie) ou achetées sur le marché local (41%), le reste est constitué par les variétés certifiées. Les rendements sont très faibles et fluctuent de 0 à 10 quintaux à l’hectare. Très peu ou pas du tout de cultures fourragères et de légumineuses alimentaires sont pratiquées.

L’élevage est l’activité agricole principale dans la commune rurale d’Aït Ammar. Il est dominé par l’espèce ovine avec environ 11.000 têtes (RGA, 1996), soit 83% de l’ensemble du cheptel, suivie des caprins 10% et des bovins 7%. Les principales races ovines sont : Timahdite, Jaune de Boujaad, et Sardi. Les bovins sont dominés par la race locale de couleur brune. Les races pures introduites (Pie noire et Santa Gertrudis) ne représentent qu'une faible proportion. L'élevage caprin est constitué d'une population non identifiée.

La productivité animale est faible, principalement à cause du manque de disponibilités alimentaires sur une longue période de l’année. En effet, l’alimentation des animaux est basée essentiellement sur le pâturage des terres de parcours et des jachères et les résidus de cultures (chaumes et paille). La comparaison des disponibilités alimentaires aux besoins des animaux fait ressortir un déficit chronique de plus 50%. Pour atténuer ce déficit, les éleveurs ont recours au marché pour 40 à 60 % et plus 60 % des besoins de leur cheptel, respectivement, en unités fourragères et en matières protéiques.

L’élevage et l’agriculture constituent les principales sources de revenus de la population. En dehors de ces activités, les sources de revenus extérieurs proviennent essentiellement de l’apiculture et des pensions de retraites des ex-miniers de la commune. Cependant, après les années de sécheresse, l’immigration a pris de l’ampleur chez les jeunes ruraux.

2.3. Principales caractéristiques de la communauté de Zoghmar en Tunisie

La communauté de Zogmar est l’une des deux communautés étudiées en Tunisie dans le cadre du projet M&M. Située dans la Province de Sidi Bouzid, cette communauté représente la situation des exploitations à dominante élevage de la zone semi aride. Etablie en 1991, cette communauté s’étend sur 4300 ha, constitués d’un ensemble de collines séparées par des bas fonds et caractérisés par une déforestation et érosion importante.

Cette communauté compte 2400 ménages répartis dans six groupements sociaux, qui se définissent essentiellement par des liens lignagères. Deux groupements dominent : les Rhamma et la Hnazla, qui représentent respectivement 30% et 43% des exploitations de la communauté (dont le nombre total est estimé à 396 exploitations). Un groupement minoritaire, les Chouayhia (6% des exploitations), joue cependant un rôle important en raison de la taille de leur exploitation.

La pluviométrie enregistrée à la station de Jelma (située à 13 km de Zoghmar) est de 270 mm en moyenne par an dont les deux tiers sont enregistrés en Automne et au Printemps. Cette zone est aussi régulièrement touchée par les vents du sud (Sirocco), vents chauds et secs, en été et en Automne qui durent 40 et 70 jours/an.

L’élevage de petits ruminants, et notamment ovin, est la principale activité économique. Le troupeau ovin est estimé à 10600 têtes, contre 300 têtes pour les caprins et 300 vaches de race locale ou croisée au faible potentiel.

Le système de culture est dominé par les cultures céréalières : l’orge pour les animaux et le blé dur pour la consommation familiale avec des rendements moyens de 2 à 3 Qx/ha en année moyenne. L’arboriculture se limite aujourd’hui à quelques oliveraies, dont la majeure partie de la production est autoconsommée.

L’aménagement d’un périmètre irrigué de 120 ha en 2000 a quelques peu bouleversé les systèmes en place par la possibilité de s’adonner aux cultures maraîchères, fourragères et légumineuses. Si 52

exploitations (soit 13% des exploitations) bénéficient aujourd’hui de surfaces irriguées, l’accès au périmètre ne concerne que 3 communautés sur 6 : les Anaybia, Baaouina et Chouayhia. Dès lors aujourd’hui, on parle d’exploitations avec irrigation et sans irrigation ; ces deux classes apparaissent comme une composante majeure de structuration de la population. Les premiers, « les irrigués », ont la possibilité de faire pâturer les animaux une partie de l’année sur les terres irriguées alors que les « non irriguées » sont obligés de recourir au marché pour faire face aux besoins alimentaires du troupeau. De plus, très vite, les irrigués ont tenté les cultures maraîchères en période estivale : tomate, concombre, melon d’eau. Ces cultures hors saison ont changé le mode de gestion de la trésorerie comme la place de l’élevage à l’intérieur du système d’exploitation. Si cette évolution est commune dans l’ensemble des communauté ayant connu l’installation d’un périmètre irrigué, il est essentiel de la considérer ici pour : 1) conduire une analyse prospective sur cette communauté : 2) considérer la place des innovations technologique et notamment la promotion des cultures de lutte contre la sécheresse ou de gestion de la demande d’eau, comme le cactus, l’Atriplex, dans les systèmes d’exploitation.

2.3. Organisation de la collecte d’information

Les premiers travaux de recherche dans les trois communautés de la région tendent à distinguer deux grands types d’exploitation : 1) les systèmes agro-pastoraux où la gestion du troupeau de petits ruminants domine l’activité humaine de l’exploitation, et 2) les systèmes mixtes agriculture-élevage où les cultures de commercialisation (blé dur, parfois arboriculture) deviennent un pivot de l’exploitation. Pourtant la réalité semble plus complexe. Dans les zones étudiées, toutes les exploitations intègrent les activités animales et céréalières. Une première différentiation s’opère au niveau du choix de l’assolement en fonction des années climatiques. Les plus gros éleveurs ont tendance à privilégier la culture d’orge pour couvrir les besoins du troupeau et ce quelle que soit l’année. D’autres vont privilégier la culture de blé les bonnes années, et acheter l’orge généralement moins coûteuse que le blé. Les petits éleveurs agriculteurs cultivent le blé et l’orge, juste pour couvrir les besoins du ménage et de l’exploitation. Aussi le choix du système de culture constitue un facteur important de différentiation des exploitations.

Le deuxième élément concerne le mode de conduite du troupeau dans lequel intervient le mode d’alimentation et la gestion des entrées et sorties d’animaux. Après 5 années de sécheresse (1998-2002) qui ont touché l’ensemble de la zone du Maghreb, la majorité des exploitants qui ont maintenu une activité d’élevage sont dans une phase de recapitalisation ou de réorientation de l’activité d’élevage. Ainsi, dans la communauté de Zoghmar (Tunisie), on peut observer le développement d’une activité d’engraissement d’agneaux achetés sur le marché. Par contre, à Sidi Fredj (Algérie), les éleveurs pratiquent davantage la recapitalisation par l’achat de brebis. Cette différentiation est en partie due aux conditions de marché des deux côtés de la frontière. Dans la zone algérienne transfrontalière, les agneaux de moins de 6 mois sont largement prisés sur le marché tunisien et donc atteignent des prix élevés pour les exploitants algériens. En Tunisie, ces années de sécheresse auraient marqué un tournant dans l’organisation de la filière de production des agneaux avec une spécialisation régionale : 1) l’activité « naisseur » dans le nord où les conditions climatiques sont meilleures et

permettent d’entretenir un troupeau de brebis et 2) l’engraissement dans le Sud sachant que les

communautés du Sud dépendent de plus en plus des aliments achetés, en particulier les mauvaises