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2.2- Organisation de la filière ovine du gouvernorat de Sidi Bouzid 2.2.1- Présentation des principaux marchés de la zone

4. Analyse de la filière ovine dans la région de Kourigba- Ait Ammar

Une enquête spécifique sur la commercialisation des ovins a été menée au cours du premier trimestre 2004 pour comprendre comment les conditions de marché influencent-elles les décisions de production des éleveurs, et leurs modes de conduite d’élevage ? Une attention est portée sur les conditions de mise en marché des animaux par les éleveurs de la communauté.

4.1. Caractérisation de l’élevage ovin au Maroc

4.1.1. La production et productivité

La productivité des troupeaux est généralement faible et varie considérablement avec la nature de la campagne agricole. Par exemple dans l’Oriental, (Bourbouze, 1995), les suivis d’élevage, effectués entre 1990 et 1995, ont enregistré les résultats suivants :

- En année favorable (une sur cinq) 22 à 24 Kg/UZO - En année moyenne (trois sur cinq) 16 à 18 Kg/UZO - En année très sèche (une sur cinq) 12 à 15 Kg/UZO

Kabali et Berger (1990) ont rapporté que la productivité des moutons au Maroc, définie par le nombre d’agneaux élevés jusqu’à l’abattage par an et par brebis, est faible, estimée en moyenne de 0.6 à 0.7. Elle varie d’une région à l’autre.

L’examen des données statistiques de 1969 à 1996 sur l’évolution du rapport abattage/production et de la production des viandes bovines et ovines permet de relever que, durant les périodes de sécheresse, la production connaît une diminution plus ou moins importante selon l’intensité de la sécheresse (cas1977, 1981 et 1992). Par contre, durant ces périodes, on enregistre une augmentation du rapport abattage/production qui atteint des niveaux de 2.5 pour les bovins et 3.6 pour les ovins. Cela traduit une certaine décapitalisation du cheptel qui est beaucoup plus accentuée chez les ovins que chez les bovins en raison de l’étroite dépendance de l’espèce ovine des parcours (ANOC, 1997). En période climatique favorable, on assiste à la reconstitution du cheptel, caractérisée par un rapport abattage/production généralement inférieur à l’unité. Compte tenu de la durée du cycle de reproduction et de production, la reconstitution est beaucoup plus lente chez les bovins que chez les ovins.

Les caractéristiques du système de production (concentration des naissances, mode de conduite extensif dominant, cycle de production plus court pour les ovins que pour les bovins) confèrent à la production un caractère saisonnier aussi bien pour la mise sur le marché que pour le prix : offre importante au printemps (naissances d’automne) et en été (en raison de la forte demande).

La situation du marché des viandes ovines au Maroc est fortement dépendante de la fête de l’Aïd El Kebir et de sa date par rapport au calendrier agricole. Dans les semaines précédant la fête, la demande augmente considérablement, entraînant une augmentation des prix. Au Maroc, près de 3.5 à 4 millions d'ovins sont abattus par année, ce qui représente près de la moitié de la production annuelle d'agneaux. La perspective de ces ventes influence fortement le comportement des éleveurs et des négociants.

Ainsi l’année 1996 a été marquée par la Décision Royale de s’abstenir du sacrifice d’Al Aid Al Adha fin avril. Cette décision s’est traduite par une augmentation des effectifs ovins abattus dans les abattoirs depuis le mois d’avril, passant de 50 000 têtes en mars pour atteindre les 140 000 têtes en avril. Ainsi, on enregistre une diminution des cours, passant de 56 Dh/kg carcasse sortie abattoir en mars à 50 Dh/kg en avril (5-6 US$). Au cours de la même période, la part de la viande ovine dans le total du disponible en viande rouge est passée de près 20% à plus de 40%, en raison de la mise en marché des ovins auparavant retenus pour l’Aid (DPAE,1996-1997).

En 1997, selon la même source, le poids moyen des ovins destinés à la boucherie est passé de 15 kg/tête durant le mois de février à 12 kg/tête durant le mois du mars. Cette tendance du marché est expliquée par

la rétention par les producteurs des animaux à poids moyens élevés pour les vendre à l’occasion de l’Aid (mi-avril).

4.1.2. Réglementation de la commercialisation

1) Le cadre institutionnel

Les institutions nationales des services soutenant directement les éleveurs sont :

ÿ Le Ministère de la l'Agriculture et du Développement Rural (MADRA) avec la Direction de l’Elevage (DE) et les organismes d'exécution sur le terrain, les Directions Provinciales de l'Agriculture (DPA) ; ÿ L'Association Nationale Ovine et Caprine (ANOC) ;

ÿ La Caisse Nationale de Crédit Agricole (CNCA).

La Direction de l'Elevage est responsable du développement des programmes pour la stabilisation et l'amélioration de la production. Il y a différentes actions telles que le programme de "sauvegarde du cheptel" et celui de "l'amélioration génétique". Le Programme "sauvegarde du cheptel" subventionne les aliments de bétail en période de sécheresse. L'amélioration génétique par le croisement industriel a lieu dans les six stations de sélection ovine gérées d'une part par les services publics et d'autre part par les éleveurs privés, organisés en association professionnelle. L'Association Nationale Ovine et Caprine, avec ses 850 éleveurs encadrés, a en premier lieu pour but de travailler sur l'amélioration génétique des races ovines locales. L’objectif de la Caisse Nationale de Crédit Agricole est de mettre à la disposition des éleveurs les moyens de financement nécessaires à l'intensification de leur production.

2) Le système de la fixation des prix

Jusqu’au la fin de 2001, existait un système de fixation des prix couvrant un grand nombre de biens de consommation, les différentes sortes de viandes en faisant partie. Le prix de la viande au niveau de l'abattoir (vente en gros) était fixé par les gouverneurs de Province, et au niveau du détail par les Pachas ou les CAïd El Kebirs (Bulletin officiel, 1972). Ces dispositions n’ont pas manqué de soulever des critiques, voire de paraître à contre-courant avec la politique de libéralisation des prix (My Mehdi, 1997). Elles ne sont plus en vigueur depuis 2002.

3) Les réglementations des professions

Pour les producteurs et les commerçants, il n'existe pas de réglementation de la profession. Les bouchers et les chevillards quant à eux possèdent des licences publiques qui règlent l'accès à la commercialisation de la viande. Ces licences sont délivrées par une commission provinciale ou préfectorale et la municipalité. La seule exigence est la compétence professionnelle.

4) L'inspection sanitaire et qualité des viandes

Avant la distribution, les viandes et les abats destinés à la consommation sont contrôlés par un vétérinaire. Dans les plus gros abattoirs, les carcasses sont classées selon l’âge, le sexe, le développement musculaire et la conformation de la carcasse ainsi que l'état d'engraissement. A titre d’exemple, à Rabat, on trouve les qualifications des viandes ovines suivantes :

- Ovins adultes : 1) Extra, 2) Première qualité, 3) Deuxième qualité - Agneaux : 1) Extra, 2) Première qualité, 3) Deuxième qualité

5) Le système de transport

Le système de transport des animaux sur pied est un paramètre essentiel de la commercialisation des ovins, car au Maroc, le transport des animaux abattus sur longue distance, c'est à dire d'une région à l’autre, ou d’une ville à l’autre, est strictement interdit. Il y a des exceptions pour le transport des viandes foraines d’une région à une autre à condition que les moyens de transport utilisés soient des camions frigorifiques et que le propriétaire accepte une 2ème inspection sur le lieu de consommation par un vétérinaire de l’État.

L’essentiel des transports de longue distance se fait donc avant l’abattage.

4.1.3. État de la connaissance de la filière des viandes rouges au Maroc

Un ensemble de travaux antérieurs ont contribué à clarifier certains aspects liés à la connaissance des marchés des viandes rouges au Maroc. Ainsi, en 1994, le Centre de Formation Supérieure pour le Développement Agricole de l’Université Humboldt de Berlin a réalisé au Moyen Atlas en collaboration avec le Ministère de l’Agriculture et de la Mise en Valeur Agricole, l’INRA et la Coopération Technique Maroco-Allemande (GTZ) une étude pilote sur le fonctionnement du système de commercialisation des ovins au Maroc, dont l’objectif est de mettre au point une approche méthodologique rapide et efficace pour l’étude des systèmes de commercialisation, et de fournir aux décideurs politiques des éléments de décision et aux organismes chargés du développement des éléments pour une meilleure valorisation des produits ovins.

Zouaghi, (1993) explique les caractéristiques de la formation et de la variation des prix des viandes rouges et blanches au niveau national. Il a aussi essayé d’expliquer les niveaux des prix de gros. Douidich (1993) a cherché à connaître la structure de la consommation alimentaire en incluant celle des viandes. Pour répondre à cet objectif, il a appréhendé les comportements des ménages à travers l’estimation des demandes des différents produits alimentaires et par la détermination des élasticités. A cette fin, il a eu recours aux données transversales agrégées, issues de l’enquête nationale sur les consommations et dépenses des ménages en 1984-85 sur lesquelles il a sélectionné un échantillon en zone urbaine.

Une autre étude a contribué à la caractérisation de l’économie nationale en utilisant des analyses économiques de base pour le secteur agricole. Il s’agit du travail réalisé par Driouchi (1992). Ce travail a traité entre autres de la performance des indicateurs économiques, de l’offre et de la demande des produits agricoles ainsi que de la transmission des prix du marché. Enfin, le travail effectué par Agro-Concept et l’AIRD (1989) a consisté en une analyse économique et financière des différents systèmes d’élevage. Mais il s’est surtout intéressé à l’évaluation des niveaux de protection du secteur.

Khalil (1997) et Boutonnet (2002) ont décrit les circuits des ovins de boucherie dans l’Oriental et analysé les flux et les comportements des acteurs.

4.2. Méthode d’approche de la commercialisation des ovins dans la commune rurale de Aït

Ammar

Notre approche méthodologique repose sur la collecte d’information et de données nécessaires à : ÿ Appréhender les flux généraux de viande rouge dans la région,

ÿ Repérer les différents opérateurs intervenant dans la filière et préciser leurs rôles respectifs, ÿ Caractériser les différents opérateurs de la filière.

Le présent travail s’intéresse à l’étude de la filière de la viande rouge dans la Commune de Ait Ammar et la région de Khouribga avoisinante. Les opérateurs qui remplissent les fonctions de production, de transaction et de transformation dans le système de commercialisation des ovins sont les éleveurs, les maquignons, les chevillards et les bouchers.

Pour atteindre les objectifs fixés à cette étude, nous avons utilisé deux sources d’informations complémentaires :

1) Informations statistiques disponibles : Collecte et analyse de tous les types d’informations statistiques pour appréhender le circuit de commercialisation de viande ovine notamment :

ÿ Production, les données ont été recueillies auprès des services techniques et le MADRA. ÿ Abattage, les données ont été recueillies auprès des communes rurales.

ÿ Volumes d’activités des souks : les données ont été recueillies auprès des communes rurales.

2) Les données statistiques précédemment décrites ne fournissent aucune information détaillée sur les flux de produits et des intervenants dans la filière qui en sont le support. Elles ne permettent que de déterminer les bilans de production, d’abattage, de consommation, et de connaître les volumes d’animaux traités par les souks. Pour identifier et quantifier les différents circuits, caractériser l’ensemble des opérateurs de la filière et connaître parfaitement le fonctionnement des souks de la zone, il était donc nécessaire de se procurer ces informations par enquête, auprès des opérateurs eux mêmes.

La méthode retenue est une méthode progressive permettant la reconstitution logique des opérations d’échange. A partir des sources d’informations diverses (producteurs, opérateurs locaux...), nous avons constitué une première liste d’opérateurs à enquêter (liste provisoire). Chaque opérateur a été interrogé, entre autres sur ses « suivants » et ses « précédents» selon la méthode de Soufflet (1986)

1) Les commerçants

L’enquête a porté sur 5 chevillards et 19 maquignons dont 9 sont des locaux à la commune rurale de Aït Ammar et les autres proviennent des régions de Khouribga, Oued Zem, Beni Mellel, Fquih Ben Salah, Settat, Kalaat des Sraghna, Tanger, Casablanca, Rabat, Salé, Temara, Tanger, Khénifra, Aguelmous, Sebt Aït Rahou, Smaala, Ouardigha. (Carte 1)

On peut noter qu’une partie importante des éleveurs agriculteurs de la commune rurale de Ait Ammar sont des maquignons.

L’enquête auprès maquignons locaux consiste à cerner l’activité et le comportement de ces derniers en matière de commercialisation des animaux. L’outil de travail utilisé est un questionnaire simple et concerne uniquement les volumes d’animaux commercialisés, la provenance de leurs achats, et la destination de leurs ventes. L’enquête a été faite dans le but de savoir quel est le rôle joué par cette catégorie d’opérateurs dans la filière (volume vendu, pourcentage d’expédition hors de la zone, volume qui circule entre eux et volume vendu restant sur la région).

L’enquête auprès des maquignons externes s’est déroulée sous forme d’entretiens semi-directifs dans les souks, les lieux de chargement des animaux, avec le soutien d’un homme ressource qui connaît l’ensemble des opérateurs externes à la zone. Les enquêtes ont été faites sur les souks de Lagfaf et de Lagnadiz (souks importants de la zone). Par contre, le souk de Ait Ammar n’est pas fréquenté par les maquignons externes car peu d’animaux y sont présentés. Il en est de même pour le souk de Ouled Boughadi (siège du cAïd El Kebirat dont relève la commune rurale de Aït Ammar). L’outil de collecte d’information pour les maquignons externes est un questionnaire composé de plusieurs aspects. Les données collectées concernent essentiellement les volumes et les stratégies d’achat et de vente par catégorie d’animaux et par saison (quoi, à qui, quand, prix), l’engraissement, les activités autres que le commerce de bétail, le travail en association, les moyens de transports, l’emploi de la main d’œuvre et enfin une discussion ouverte sur leurs stratégies d’intervention (pourquoi ils achètent dans la zone, relation avec les opérateurs locaux y compris les producteurs et les opérateurs externes, vente par confiance, à qui et comment...).

2) Les éleveurs

Le choix des éleveurs à enquêter a été basé sur la typologie élaborée par le projet FEMISE. 32 éleveurs (4-5 exploitations par type) ont été choisis dans l’échantillon initial enquêtées en 2003 et 28 ont été enquêtés. L’outil de travail sur le terrain était un questionnaire composé de plusieurs aspects concernant la structure de l’exploitation, le mode de conduite du troupeau et la commercialisation :

ÿ Volumes et catégorie d’animaux vendus et/ou achetés ÿ Périodes et raison de vente et/ou d’achat

ÿ Prix et saison de vente et/ou d’achat ÿ Lieu de vente et/ou d’achat

ÿ Origine et types d’acheteurs ÿ Information sur les prix