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ovines, 150 têtes bovines, et 11 000 têtes caprines.

Les maquignons locaux n’achètent presque pas de bétail aux éleveurs de Aït Ammar (environ 100 têtes d’ovins, soit 2% de leur activité ovine). Les animaux mis sur le marché par les maquignons locaux proviennent des zones avoisinantes de Aït Ammar. Ces négociants contribuent donc au fonctionnement de la filière de la région de Khouribga comme des collecteurs d’animaux pour les vendre sur le souk de Lagfaf.

Les bouchers de détail : Environ 433 têtes d’ovins et 18 têtes de bovins sont abattus (abattage contrôlé)

par les 8 bouchers locaux de la commune de Aït Ammar durant la même campagne. Ces animaux ne proviennent pas des éleveurs de la commune, ni du souk de Aït Ammar. Ils sont achetés sur les souks des villages avoisinants.

La consommation des viandes rouges achetées chez les bouchers dans la commune de Aït Ammar est environ 1.6 kg/habitant/an. Cette estimation est faite à partir des abattages contrôlés : 433 ovins x 13 kg +18 bovins x130 kg = 5629 kg + 2340 kg = 7969 kg / 5 000 habitants. De plus, on peut estimer les abattages des éleveurs pour autoconsommation à une tête par famille, soient 800 ovins par an. La consommation totale annuelle de viande rouge s’élève donc approximativement à 18 tonnes, soit environ 3,7 kg par habitant et par an, qui est loin de la moyenne nationale de 15 Kg/hab./an.

L’activité du souk de Aït Ammar est presque nulle ce qui contraint les éleveurs de cette commune à vendre et acheter leurs animaux aux souks avoisinants, notamment Lagfaf. Le volume d’activité du souk de Aït Ammar au moment de la réalisation des enquêtes (le 23.01.2004) est de 20 ovins et 7 caprins. La totalité de la production locale est expédiée vers l’extérieur de la commune soit vers les communes avoisinantes soit vers les grandes agglomérations urbaines (Casablanca et Rabat, Tanger, Khouribga et Région…etc.). Toute l’activité commerciale des éleveurs de la commune de Aït Ammar passe par le plus grand souk de la région (Lagfaf), qui a un rayonnement national. On y rencontre chaque semaine un grand nombre de maquignons, chevillards et éleveurs des autres régions du Maroc, notamment ceux de la province de Khénifra, de Khémisset (Zhiliga) et des grandes villes (Rabat, Salé, Casablanca).

On peut résumer la quantification des flux d’ovins dans la commune rurale de Aït Ammar dans le tableau ci-dessous :

Tableau 2 : Flux d’ovins dans la commune rurale de Aït Ammar

Nombre de têtes par an

Répartition des effectifs

(%)

Production du cheptel de souche 5 000 25%

Engraissement d’animaux introduits 15 000 75%

Autoconsommation 1 000 - 5%

Total mis en marché par les éleveurs sur les souks de la région Dont :

- vendu à des chevillards sur les souks de la région - vendu à des maquignons sur les souks de la région

- vendu directement aux consommateurs pour l’Aïd El Kebir sur des souks lointains 19 000 11 000 1 000 7 000 95% 55% 5% 35% Source : nos enquêtes

Cette zone de Aït Ammar a une configuration qui peut paraître particulière : en effet elle expédie toute sa production vers l’extérieur alors que sa consommation est très faible et provient totalement de l’extérieur. Cependant, la filière des viandes rouges de Ait Ammar dépend largement de la grande région de Khouribga, car la totalité des ventes de ses éleveurs se fait au niveau du souk de Lagfaf. Ce qui nous oblige à considérer dans notre analyse les activités de l’environnement de Ait Ammar, notamment les souks de la région et plus particulièrement celui de Lagfaf, qui constituent pour les éleveurs de Ait Ammar l’unique voie pour écouler leurs produits et s’approvisionner en matière d’alimentation du bétail et toutes autres besoins de la consommation familiale.

Afin de mieux comprendre le système de commercialisation chez les éleveurs (amont) de la filière des viandes rouges dans la commune de Ait Ammar (qui passe obligatoirement par l’étude de la filière dans la

région de Lagfaf, région d’engraissement des ovins et des bovins de premier rang3), nous faisons aussi

référence dans nos analyses à la région de Khouribga bien que nous avons réalisé presque toutes nos enquêtes opérateurs sur le souk de Lagfaf.

4.3.2. L’activité des marchés hebdomadaires

Dans notre zone d’étude, toutes les transactions se font sur les souks. Aucune vente ne se fait à la ferme ou à la bergerie du commerçant. Les souks jouent plusieurs rôles : ils sont des centres commerciaux certes, mais ils sont aussi un marché du travail. L’activité économique qu’ils génèrent dans la région permet de faire vivre un nombre important de maquignons locaux (Hannatas ou Chanakas) : petits éleveurs ou éleveurs qui n’ont plus d’élevage. Les marchés fournissent aussi l’emploi de la main d’œuvre le jour du souk pour le chargement des camions.

3Presque la totalité des éleveurs de la commune de Ait Ammar vendent leurs animaux au souk de Lagfaf pour les ovins, les bovins femelles et les caprins sans oublier aussi le rôle que joue le souk de Khouribga dans l’activité de cette filière du fait que les opérateurs qui le fréquentent dépassent parfois celui de Lagfaf en terme de quantité et qualité.

Ils sont aussi un lieu social de rencontre de l’ensemble des opérateurs intervenant dans la filière, des amis, d'échange d'informations. C’est le lieu d’approvisionnement des biens de consommation aussi bien pour les ruraux que les urbains, ainsi que les aliments de bétail selon les saisons.

Les deux fonctions économiques fondamentales des souks sont :

ÿ L'approvisionnent régulier des marchés locaux et régionaux ;

ÿ La collecte du bétail pour la répartition entre les souks interrégionaux.

Les souks du Maroc ont tous une configuration identique : Une partie est réservée au bétail et l'autre aux différentes marchandises. La gestion des souks ruraux est assurée par les communes qui sont responsables de l’entretien de l’infrastructure. En contre partie, les usagers sont appelés à payer des taxes à la commune. Ces taxes d’entrée sur le souk sont fonction de l’espèce animale entrée sur le souk et elles sont variables d’une région à l’autre et d’un souk à l’autre. Ces taxes et les coûts de transport sont les seules limites à l’entrée au souk. C’est la commune qui fixe les taxes d’entrées du bétail sur le souk, mais la perception peut être confiée par adjudication à des opérateurs privés. C’est le cas pour les cinq souks de la zone de l’étude. Les taxes d'entrée sur le souk de Lagfaf sont les suivantes : Ovins et Caprins : 4 dh /tête, Bovins, Chevaux et Camelins : 15 dh/tête et Âne : 5 dh/tête. Les taxes payées pour les ovins sont les mêmes sur l’ensemble de notre zone d’étude.

Il existe une condition invisible, mais de taille : pour faire des affaires au souk, il faut y connaître quelqu'un qui puisse servir de personne de confiance. Si par exemple l'acheteur ne connaît pas le vendeur d’animaux, il cherche quelqu'un qui le connaît et c'est cette "personne de confiance " qui garantit que le vendeur est sérieux, c'est-à-dire qu'il ne vend pas des animaux malades ou volés. Il est vrai que, dans la zone d’étude, la plupart des opérateurs se connaissent parfaitement en raison du contact presque permanent.

En se basant sur l’implantation des souks dans la région et l’examen des données statistiques (entrée des animaux et abattage sur les souks), on peut proposer de classer les souks de la zone en trois types (carte 1):

ÿ Les petits souks ayant des difficultés d’échange : Jemaa de Ait Aamar et Ouled Boughadi ;

ÿ Les souks moyens, bien desservis par les axes routiers et bien centrés par rapport à l’aire de production des viandes rouges : Bnikherane et Lagnadiz.

ÿ Les grands souks, ayant une aire d’influence très large dépassant les limites de la région toute entière. Leur situation géographique leur permet d’assurer le relais avec les autres régions du Maroc et, par conséquent, de drainer des grands effectifs : Lagfaf et Khouribga.

Les effectifs d’animaux qui sont passés par les cinq souks de la région pour la campagne 2003 sont environ :

ÿ 332 000 têtes ovines,

ÿ 21 000 têtes bovines,

ÿ 26 000 têtes caprines.

Le souk de Lagfaf a un rayonnement régional et national en raison de sa situation géographique qui lui permet de drainer de grands effectifs d’animaux vers d’autres régions du Maroc. C’est lui qui assure un important relais entre la région et le reste du pays. L’activité du souk de Lagfaf se caractérise par la quantité et la qualité des animaux présentés. Durant la campagne 2003, le volume d’activité de ce souk est d’environ :

ÿ 282 000 têtes ovines, ÿ 21 000 têtes bovines, ÿ 8 500 têtes caprines.

La présence permanente des chevillards et des maquignons externes à la région sur ce souk constitue le point fort de la filière de la viande rouge dans la région.

D’une manière générale, les prix des animaux au niveau du souk de Lagfaf sont légèrement supérieurs par rapport à ceux des autres souks de la région en raison de la présence des opérateurs externes. La différence est environ de 50 à 100 Dh/tête, mais tout dépend aussi du souk de Khouribga. Si les prix sont élevés dans ce dernier, les prix au niveau des souks de la région s’en suivent, notamment celui de Lagfaf. Comme dans les autres souks de ce niveau, à l’importance des effectifs animaux qu’il draine, s’ajoute l’importance des acheteurs qu’il attire, notamment les chevillards et les maquignons de bestiaux qui interviennent à des niveaux différents de la commercialisation des animaux. Dès lors, les prix dépendent largement des prix pratiqués dans les autres régions du pays.

La confrontation de plusieurs stratégies d’achats et de ventes par l’ensemble des opérateurs offre à la filière un dynamisme et une particularité, notamment pendant les périodes où les autres régions connaissent une faible production.

Sur le souk de Lagfaf, on note la présence systématique : (i) des chevillards de Casablanca, Rabat, Tanger et parfois ceux de Fès et Meknès et d’autres régions, (ii) des bouchers de la région de Khouribga, de Bni Mellel, de Settat (Fini, Ben Ahmed…etc.) et (iii) des maquignons locaux et extérieurs. Sur le souk de Khouribga, il y a plus de chevillards et de maquignons externes à la région. La demande est presque la même que celle de Lagfaf sauf pour les bovins mâles et pour les caprins du fait de la présence des gens d’Agadir (importants consommateurs de caprins), surtout entre avril et septembre.

Les brebis de réforme (été) et les antenaises sont généralement demandées par les bouchers de la région. Les agneaux, les agnelles (printemps et été) sont très demandés par les chevillards de Rabat et parfois par ceux de Casablanca. Ceux de Tanger achètent beaucoup de béliers. Les antenais bien engraissés (toute l’année avec une nette diminution en hiver) sont très demandés par tous les chevillards cités ci-dessus. Les chevillards de Casablanca achètent généralement les antenais de grands gabarits et parfois les agneaux et les agnelles et aussi des bovins mâles. Ceux de Rabat achètent les antenais ne dépassant pas un poids carcasse de 12 à16 kg et les agneaux et agnelles et aussi des mâles bovins et des caprins. Les bouchers de Khouribga achètent les antenais, antenaises, agneaux et agnelles et brebis et les bovins mâles ou femelles et des caprins. Ceux de Oued Zem et Ben Ahmed achètent dans la majorité des cas des femelles (brebis de réforme, antenaises et agnelles au printemps, bovins femelles et âgées). Ceux de Beni Mellal achètent les agneaux et les agnelles.

Par ailleurs, les maquignons qui viennent de la région de Temara, Ain Aouda, Sidi Yahya Zair et de Salé, achètent en général les caprins et aussi les antenais et les antenaises pour les engraisser en vue de l'Aid. Ceux de Ain Aouda et Sidi Yahya achètent en outre des bovins femelles.

Le reste des acheteurs viennent d’Aguelmous, de Boumia, de Khénifra pour alimenter le souk en ovins et caprins et aussi réaliser des affaires sur place. Pour ceux de Ben Slimane et Settat, ils achètent que les ovins d’élevage pour les engraisser chez eux soit pour l’Aid ou en dehors de l’Aid selon les disponibilités. Des commerçants de Kaala et des Sragha fréquentent les marchés à l’occasion de l’Aid : ils achètent près de 480 antenais et béliers pour les vendre sur Casablanca ou Rabat selon l’offre et la demande (carte 2). Nombreux parmi eux arrivent la veille du souk sur les lieux de production (Lagfaf), surtout quant il y a une forte demande. Certains d’entre eux arrivent par leurs propres véhicules. Par contre, le camion pour le transport des animaux n’arrivera sur les lieux de production que le jour du souk.

Selon les entretiens avec les responsables des Communes Rurales, les prix des animaux augmentent dans la zone pendant la période allant du mois d’octobre jusqu’au mois de février-mars. Cette période se caractérise par un manque sur les souks d’animaux engraissés car les éleveurs donnent la priorité à ce moment au capital productif (brebis) pour avoir de bons produits et diminuer les taux de perte au niveau de leur troupeau. Par ailleurs, cette période coïncide avec l’augmentation de la demande des animaux prêts à l’abattage, notamment par les chevillards de Casablanca, de Tanger, de Rabat et les bouchers de la région.

Sur les marchés de la région, les ovins prêts à l’abattage sont majoritaires (Tableau 3), ce qui explique la fréquentation assidue des chevillards des zones urbaines du Maroc (50% des achats d’ovins gras). Les maquignons locaux sont très actifs sur ces marchés, à l’achat comme à la vente (1/4 des ventes et 30% des achats d’ovins gras).