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La projection des classes d’exploitations sur le premier plan factoriel montre une forte opposition entre

les classes 1 et 4 et les classes 2 et 3 (

Figure 15

). Se distinguent dès lors les grandes exploitations de

plus de 60 brebis présentes sur une surface agricole de 23 à 40 hectares, des jeunes agriculteurs qui comptent moins de 10 ovins sur moins de 15 hectares dont 1-2 hectares en irrigué. Sur l’axe 2, se différencient les grandes exploitations de plus de 40 hectares, dont une partie du financement est assurée par une activité non agricole, des petites exploitations dont la principale activité est l’élevage. Type 1 : Jeunes agriculteurs

Le type 1 regroupe de jeunes exploitants dont la moyenne d’âge se situe entre 35 et 45 ans. Ces exploitants sont installés sur 10 à 15 hectares dont 1 à 2 hectares sont situés dans le périmètre irrigué. Sur les surfaces en sec, ces dernières s’adonnent pour partie à l’olivier et sur les terres marginales au cactus. Par contre ils se sont lancés très rapidement dans les cultures de maraîchage sur les terres irriguées. Pour financer leur activité agricole, les membres de la famille n’hésitent pas à travailler comme salariés agricoles. L’activité d’élevage se réduit à moins de 10 brebis dont les performances zootechniques sont faibles (avec un taux de productivité numérique de moins de 0,95). Ces derniers n’ont aucune stratégie d’alimentation ou de conduite pour passer les mauvaises années. Ils souhaitent davantage intensifier le système cultural par l’introduction de nouvelles cultures pour la vente.

Type 4 : Les agro-pasteurs

Le type 4 regroupe l’ensemble des exploitations où l’élevage constitue l’activité dominante avec un ratio nombre de brebis/SAT élevé bien que la surface agricole fluctue entre 23 et 40 hectares. Si l’élevage ovin occupe la place prédominante avec plus de 60 brebis présentes, sont également présents l’élevage de chèvres et une vache sur l’exploitation. La vache permet de couvrir les besoins en lait du ménage alors que les chèvres constituent une activité économique en tant que telle avec la vente des chevreaux en été. L’alimentation du troupeau est à base de paille et grain d’orge, de foin et de cactus en saison sèche lorsque les conditions de marché ne permettent pas de recourir au son. Ce groupe enregistre de bonnes performances zootechniques avec un taux de prolificité de plus de 1,1%. Les

surfaces cultivables sont réservées à l’orge pour le troupeau et au blé dur pour la consommation familiale.

On peut noter que moins de 60% du foncier cultivé ou approprié ne possèdent pas de titre foncier. Dans ce groupe on peut distinguer deux sous groupes :

1) Type 4a : les agro-pasteurs (Z37, 26, 38, 36, 32), qui affectent la majorité des terres à l’orge et au cactus (plus de 8 hectares sont implantés en cactus). Ces derniers ont le plus largement bénéficié des apports du projet de recherche ICARDA (M&M) en collaboration avec l’Office de l’Elevage et du Pâturage (OEP) pour améliorer la productivité du troupeau par le recours notamment à des béliers améliorés. Ils ont aussi le troupeau le plus diversifié (caprin, bovin).

2) Type 4b : Les agro pasteurs en voie de diversification agricole (Z 27, 21, 39, 34, 22, 18, 35), qui consacrent aujourd’hui plus de 8 hectares des terres au blé dur et plus de 5 hectares à l’olivier.

Type 3 : Les agro-éleveurs pluri-actifs

Les agro-éleveurs pluri-actifs sont installés sur plus de 50 ha, dont plus de 3 ha sont irrigués. Les principales sources de financement de l’agriculture sont les revenus issus d’une activité non agricole salariale avec des revenus fixes. Il s’agit de grandes familles qui comptent plus de 10 membres dont au moins 7 enfants scolarisés. Ce groupe est le seul à bénéficier d’emprunt pour l’activité agricole. Ainsi, ils possèdent généralement un tracteur et une voiture pour le transport des produits agricoles mais aussi les besoins familiaux.

Z01 Z02 Z04 Z16 Z23 Z41 6a Z03 Z10Z11 Z12 Z20 Z25 Z28 Z29 Z30 Z40 6b Z06 Z13 Z24 Z19 Z31 6c Z07 Z08 Z09 Z15 Z17 Z33 6d Z18 Z21 Z22 Z27 Z34 Z35 Z39 6e Z26 Z32 Z36 Z37 Z38 6f -2.8 4.4 -4.2 3.6 Type 3 (EI1): Agro-éleveur

Pluri actifs en irrigué

Type 1 (EI2): Jeunes agriculteurs

Type 2b (EI3): Agro-éleveur Avec un troupeau mixte

Type 2a (EA3): Agro-éleveur âgés

Type 4b (EA2): Agro-pasteurs qui se diversifient (arboriculture)

Type 4a (EA1): Grands agro-pasteurs

Les surfaces irriguées sont consacrées à la production fourragère et aux céréales, pour entretenir un troupeau de 20 à 52 brebis. Ces derniers enregistrent des performances moyennes par rapport aux autres exploitations de la communauté (taux de productivité numérique : 0,95-1,05 ; taux de prolificité entre 1 et 1,1).

Type 2 : Les agro-éleveurs

A l’opposé du type 3, on retrouve les agro-éleveurs installés sur moins de 9 hectares de terre sans titre foncier, largement réservés à la production d’orge. Ces derniers ont un troupeau diversifié comptant 10 à 20 brebis et 5-8 chèvres.

Avec une main d’œuvre active réduite au chef de ménage et à sa femme, ces derniers sont obligés de recourir à la mécanisation pour certains travaux. En ajoutant les problèmes de financement (aucune source extérieure), le taux de scolarisation des enfants est le plus faible.

Se distinguent également deux sous groupes :

- Type 2a : les agro-éleveurs âgés de plus de 65 ans, qui consacrent le peu de foncier qu’ils ont

(moins de 9 ha) à l’élevage. Ces derniers enregistrent les meilleures performances zootechniques avec un recours modéré au foin et un recours important au cactus tout le long de l’année

- Type 2b : Les agro-éleveurs diversifiés qui comptent ovins et caprins dans le troupeau, les chèvres

fournissant une bonne partie du lait consommé dans la famille.

Ces deux sous groupes se distinguent de part leur stratégie de lutte durant les mauvaises années climatiques : si les premiers vendent une partie du troupeau, les seconds essaient de lutter par le recours au cactus mais aussi la migration.

3.3. Analyse comparée des typologies dans les trois communautés du Maghreb

Sur les trois communautés, 4 grands groupes d’exploitations se retrouvent :

ß Groupe 1 : les grandes exploitations agriculture élevage qui comptent près de 60 brebis à

Zoghmar (Tunisie), 30 à Sidi Frej (Algérie) et 25 à Ait Ammar (Maroc)

ß Groupe 2 : les agro-éleveurs avec un troupeau mixte sur moins de 10 ha et qui comptent en

moyenne 10 à 20 têtes

ß Groupe 3 : les vieux producteurs (sans succession) qui à l’exception de la communauté

tunisienne, ont tous abandonné l’élevage suite aux 5 dernières années de sécheresse.

ß Groupe 4 : les exploitations proches du seuil de viabilité. Ce sont généralement les jeunes ou

les exploitations au foncier modique et au statut flou (indivision), qui, en l’absence de revenu extérieur, ont des difficultés à faire face aux besoins du ménage.

Ensuite, la typologie a permis d’identifier des types d’exploitation bien spécifiques à chaque milieu et contexte. On peut noter le groupe des exploitations d’élevage à Sidi Frej (Algérie) en phase de recapitalisation (Type 6) ; il s’agit d’un groupe non stable qui peut grâce à une succession de bonnes années recapitaliser et rejoindre les types 1 ou 5 (Figure 5), soit stagner et se stabiliser comme les petites éleveurs (Type 3).

Au Maroc, le groupe des Tmourira (Type 7) rassemble les bergers installés sur le parcours collectif et qui jouent un rôle déterminant dans les modes de régulation de cette ressource commune.

En Tunisie, on identifie les grands agriculteurs-éleveurs qui financent une partie de leur activité agricole par le biais de revenus non agricoles alors que la pluri-activité joue un faible rôle dans les communautés de Sidi Frej (Algérie) et Ait Ammar (Maroc) où on a à faire en majorité à des emplois occasionnels faiblement rémunérés.

L’analyse typologique de part la position des types sur le plan factoriel fait aussi ressortir des relations de filiations ou non. En Algérie, on peut noter la place intermédiaire du type 6 en voie de recapitalisation. Les dynamiques actuelles en Algérie sont fortement liées aux deux dernières années climatiques qui favorisent la reprise des activités agricoles mais aussi à la mise en place du nouveau Plan de Développement Agricole qui ouvre des opportunités d’investissement en milieu rural, et plus spécifiquement dans les zones marginalisées.

En Tunisie, la mise en place d’un périmètre irrigué de 120 ha entraîne aussi de nouvelles dynamiques avec dans les premiers temps une sorte de structuration de la population avec et sans irrigation, notamment en 2002 qui a été une mauvaise année climatique. La dernière enquête (2003) souligne le caractère moins structurant de l’irrigation pour les petites exploitations qui ont du mal à acheminer l’eau jusqu’à leur parcelle sans compter les coûts horaires d’irrigation.

A l’opposé, au Maroc, on observe peu de dynamiques dans la population. La localisation sociale des exploitations fragmentent la population en deux groupes : 1) les grandes ou moyennes exploitations avec un potentiel agricole et 2) les petites exploitations sur des terres difficiles ce qui rend difficile toute évolution. A côté, subsistent une frange de petits éleveurs qui vivent soit sur le parcours soit sur son liseré et qui tentent de survivre grâce à cette ressource commune.

4. Adoption technologique dans les trois communautés

Dans le cadre du projet de recherche ICARDA M&M, ont été testées différentes technologies (Tableau …). On peut citer les plantations de cactus ou d’Atriplex qui remplissent différentes fonctions dans le système d’exploitation ; il s’agit principalement d’une ressource alimentaire à faible coût pour les animaux et des barrières environnementales importants contre la désertification et l’érosion. En outre, les fruits de cactus peuvent être vendues sur le marché. De part la richesse en eau des raquettes, elles permettent de diminuer l’abreuvement en saison sèche. Les blocs alimentaires à base de sous produits du secteur agro-industriel constituent aussi une ressource alimentaire facilement transportable et à faible coût. Ces deux technologies s’inscrivent bien dans une stratégie de réduction des risques climatiques mais aussi du risque économique pour les plantations d’arbustes, en permettant une réduction de la dépendance marchande.

A côté ont été testées des technologies plus productivistes comme l’introduction de béliers améliorateurs, de variétés d’orge ou de fourrages (vesce). Ces technologies s’inscrivent alors dans une stratégie d’amélioration de la productivité par unité.

Au Maroc, c’est la variété d’orge double fin qui a connu le plus grand succès. Il s’agit d’une variété qui peut être pâturée en hiver, puis récoltée au début de l’été. Par contre, les technologies relatives aux plantations d’arbustes (Atriplex, cactus) ont connu peu de succès alors que la productivité moyenne estimée est de 625 kg de matière sèche par ha pour l’Atriplex et de 8 tonnes de matière fraîche par ha pour le cactus.

En Algérie, les plantations de cactus enregistrent le plus fort taux d’adoption, estimé à 40%. La technologie du bélier améliorateur n’enregistre qu’un taux d’adoption de 6% alors que le bénéfice/coût calculé serait de 1.51 (Shideed, 2002).

En Tunisie, Si plusieurs technologies ont été adoptées au moment du projet, c’est le cactus inerme en alley cropping (avec un taux d’adoption de 36%) qui a connu et connaît toujours le plus d’intérêt. Le taux relativement élevé pour l’introduction de béliers améliorateurs tient à deux facteurs : 1) l’aide au financement d’un bélier améliorateur lors de l’adoption de la technique en alley cropping ; 2) l’organisation par le projet ICARDA/INRAT d’une foire où sont primés les plus animaux. La création de cet événement social stimule l’adoption de la technologie. Par contre, il faut noter qu’aujourd’hui l’utilisation de blocs alimentaires dans l’alimentaire animale est quasiment nul et ceci est lié en partie à l’absence de marché. A côté, la sensibilité de la vesce aux conditions climatiques rend difficile sa culture dans ces zones.

Tableau 1: développement de technologies dans les trois communautés étudiées.