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Un présent lourd d’interrogations

Dans le document Villageois sans agriculture ! (Page 99-110)

Dans les campagnes françaises, l’emploi ne suit donc pas les popu- lations. Ce constat nous ramène au processus de différenciation des économies et des sociétés rurales en marche en France comme ailleurs, lequel imprime à la Révolution rurale un rythme variable sui- vant les situations de référence.

La différenciation des économies et des sociétés rurales

La mutation des économies accélère la mutation des sociétés, et lorsque la dynamique de l’emploi n’est pas au rendez-vous, il en résulte des évolutions à plusieurs vitesses ; les situations les plus dramatiques, dues aux licenciements de masse effectués alentour, conduisent à la dépendance de la société (allocations chômage ou RM.I.), ou au suicide (difficile à chiffrer précisément).

. L’obligation faite aux municipalités de se doter de logements sociaux est sou- vent contournée.

Les Français adaptent à leur façon le « modèle » américain (années 1980)

Des « réserves » paysannes en France ?

Le secteur agricole enregistre de puissants déséquilibres. La rétrac- tation de la fonction agricole a provoqué l’effondrement des effectifs d’exploitants au profit des plus compétitifs d’entre eux, bénéficiaires du marché international. Les experts ont estimé dès les années , nous l’avons dit, que trois cent cinquante mille actifs suffiraient à l’entretien de l’agriculture nationale. Bon nombre d’agriculteurs alors productifs ne seraient pas remplacés dans les années à venir. Les den- sités agricoles les plus fortes sont liées à la pratique de cultures spé- cialisées ; elles caractérisent la lisière côtière du nord de la Bretagne, le Val-de-Loire, la région bordelaise, le Roussillon, la pointe méridionale de la vallée du Rhône, la façade côtière de la Région Alpes-Provence- Côte-d’Azur. Mais la contraction de la population agricole ne s’accom- pagne pas pour autant d’un rajeunissement des exploitants. À l’excep- tion du pourtour méditerranéen, la proportion de célibataires n’en continue pas moins à progresser : dans la Sarthe, la Creuse, ou encore la Lozère, la déprise agricole exerce les plus sévères ravages démogra- phiques.

Certes, d’aucuns placent quelques espoirs, au ministère de l’Envi- ronnement notamment, dans la multiplication sur le terrain des « jar- diniers de l’espace », des « gardiens de réserve » pour veiller sur la faune et la flore, perpétuer le souvenir des activités ancestrales, offrir des gîtes d’étapes aux intéressés. Une façon de confondre « espace rural » et « nature » qui gagne du terraindepuis les décennies où l’or-

ganisation des parcs nationaux a transformé les moyennes et hautes montagnes en espaces protégés. L’idée de faire coïncider l’espace rural avec l’espace naturel à protéger intègre, ici et là, un « patri- moine culturel » jugé digne de préservation, à l’instar de la faune et de la flore. Dans le parc national des Cévennes, de « vrais faux agriculteurs » entretiennent déjà, depuis des années et moyennant salaires, les « escaliers de la montagne » que sont les petites murettes en pierre chargées de retenir, au fil des siècles, la terre et les cultures ;

. Marcel Jollivet, Pour une science sociale à travers champs. Paysannerie, rura-

lité, capitalisme (France,XX esiècle), Paris, Arguments, , p.  : « Penser environ-

nement, c’est donc penser rural, et c’est penser le rural en tant que nature. C’est sur cette base que l’on peut dire que la référence à l’environnement redonne sens, redonne un sens nouveau, au rural ».

d’autres promènent des troupeaux de moutons, harnachés et pom- ponnés, sous le regard ébahi de touristes en quête de racines.

Les considérations relatives à la sauvegarde de l’environnement poussent les législateurs à œuvrer pour le développement d’une « agri- culture environnementale » définie comme « activité de production qui contribue à l’entretien de l’espace naturel environnemental».

Engagée dans le même sens, l’Union européenne ne lésine pas sur les primes accordées à tout effort de substitution de terrains aux dépens de l’agriculture, et au profit de loisirs (camping, jeux divers).

Autant d’encouragements à faire coexister deux économies et deux sociétés agricoles, l’une capitaliste et parfaitement adaptée au grand marché international, l’autre jardinière, destinée à la maintenance de l’environnement. Le tout regroupant quelque , % de la population active globale.

De déstructurations en restructurations, la marche s’annonce chao- tique ; chaque fermeture d’usine, chacun des plans de licenciement constituent autant d’électrochocs dans des têtes enclines à considé- rer le travail comme activité régulière tout au long d’une vie : ainsi le concevait la sagesse populaire.

La bataille pour l’emploi en attente de victoires décisives

Les économies rurales avaient hérité du passé un tissu d’activi- tés artisanales voire industrielles, à la densité régionale inégale. À l’exception des aires de concentration, caractéristiques de la Révolu- tion industrielle, ce tissu s’était progressivement étiolé en Norman- die comme en Languedoc, dans les Pyrénées comme dans les Alpes. Mais, là où il avait maintenu ses résistances, bon nombre de petits et moyens établissements ont pu persévérer malgré les difficultés conjoncturelles. Quelques études de cas ont été présentées au col- loque de l’Association des ruralistes Français (A.R.F.), à Lyon, en  : celui de la nébuleuse industrielle de la Vendée cholétaise ou du Vimieu en Picardie, deux nébuleuses hier artisanales, aujourd’hui

industrielles, la première fondée sur les meubles, la confection et les

. Règlement du  juin . Les Contrats territoriaux d’exploitation iront dans ce sens.

. Association des ruralistes français, « Campagnes de l’Europe, nouvelles don- nées, nouvelles frontières », Lyon, , diffusion de résumés.

Les Français adaptent à leur façon le « modèle » américain (années 1980)

plastiques, la seconde la robinetterie, le décolletage et le traitement de surface (polissage, chromage).

Bilan non général, loin s’en faut. Pour preuve, la crise des éco- nomies rurales intégrées dans les régions industrielles en voie de déstructuration. Ainsi, dans les campagnes du Nord et du Nord-Est, la crise industrielle laisse-t-elle des traces béantes ; à travers la Lor- raine, la Champagne, les Ardennes, la plaine du Nord, la Picardie, s’ouvre une vaste zone de déclin, avec de lourdes pertes d’emplois ; de même dans les départements de la Loire et du Rhône, et dans tout tissu industriel hier spécialisé dans les activités aujourd’hui réces- sives (charbon, sidérurgie, textile). Partout, l’emploi lié à l’artisanat vétuste suit la spirale du déclin.

Parallèlement, un redéploiement d’activités liées à de nouveaux facteurs de localisation semble en cours de réalisation : la valorisa- tion sur place de certains produits agricoles favorise le renforcement de l’industrie agroalimentaire ; la Basse-Normandie, la Bretagne, les Pays-de-Loire, le Poitou, les Charentes, le Centre, le Sud-Auvergne, les régions Aquitaine et Midi-Pyrénées — soit l’écharpe restée profondé- ment agricole à l’heure de la première révolution industrielle — pour- raient en bénéficier à large échelle, à condition que l’emploi suive. Les activités liées à la construction et au bâtiment dépendent des rythmes conjoncturels, selon l’adage « quand le bâtiment va, tout va ». La diver- sification industrielle semble maintenir ses fonctions à l’Est : Alsace, Moselle, Franche-Comté, Vallée-du-Rhône.

Plus spectaculaire, le gonflement des emplois tertiaires retient l’at- tention de nombreux observateurs, à tel point que certains n’hésitent pas à parler de « tertiarisation de l’économie rurale ». De  à , le rythme d’accroissement des emplois tertiaires a atteint, dans les zones rurales, le taux de , % (il est de , % dans les villes) ; outre le retard à rattraper et des bases de calculs relativement faibles, il ne faut pas négliger le rôle de certains secteurs d’entraînement : tourisme, commerce, transport... D’autres études démontrent que le taux est resté vif dans les années suivantes. Encore faut-il préciser que le gon- flement global de l’emploi tertiaire en zone rurale ne doit pas cacher la disparition de bon nombre de services dans les villages les plus reculés. Ce n’est que dans les zones rurales les plus dynamiques que la pluriactivité offre des possibilités de reconversion professionnelle sur

place, évitant par là même l’exode définitif vers la ville, ralenti depuis une décennie par la régression généralisée de l’emploi.

Au total, une restructuration socioprofessionnelle liée à la redis- tribution des emplois, se profile parallèlement à la restructuration socioprofessionnelle liée à la résidence, sans que l’une influe vérita- blement sur l’autre. La dissociation résidence-travail l’emporte large- ment chez les nouveaux-venus, tandis que les anciens tentent, sur place lorsqu’ils le peuvent, la reconversion professionnelle. Celle-ci se fait souvent au détriment des catégories indépendantes (agriculteurs, artisans, petits commerçants), et en faveur des services marchands ou sociaux. Les emplois liés aux services affichent des résultats encou- rageants dans les secteurs de la santé ou de l’aide aux personnes âgées ; ceci dit, les possibilités de reconversion professionnelle res- tent réduites en période de difficultés économiques faute d’une dyna- mique et d’une diversification de l’emploi suffisantes.

S’annoncent donc, à l’horizon du troisième millénaire, des sociétés rurales à plusieurs vitesses, juxtaposées plus qu’intégrées. La coha- bitation de populations ex-urbaines d’une part, et anciennement rurales d’autre part, s’exerce avec plus ou moins de rivalités entre les groupes. Ainsi, au sein d’une communauté alsacienne de la mou- vance strasbourgeoise, de nouveaux résidents venus renforcer les populations autochtones ont, dans un premier temps, permis le main- tien de l’école publique. Très vite, des heurts ont éclaté, au sujet de l’instituteur local jugé trop traditionaliste par les nouveaux-venus, et défendu par les parents d’élèves autochtones. Lutte sans merci, lar- gement rapportée par la presse locale et qui a sonné le glas des cou- tumes scolaires alsaciennes. Parfois, c’est au cœur des municipalités

qu’éclatent d’âpres conflits ; dans les cas les plus extrêmes, se défient, au cours des périodes électorales, les listes des nouveaux-venus et celle des anciens.

Une population agricole laminée, une population non agricole plus généralement résidente qu’employée au village, la France de la fin du vingtième siècle a bel et bien troqué son caractère de paysan beso- gneux contre un caractère d’employé résidant. C’est vrai que les cols blancs et autres ronds de cuir avaient autrefois fait rêver les labou- reurs qui gagnaient le pain à la sueur de leur front.

Les Français adaptent à leur façon le « modèle » américain (années 1980)

En marche pour une nouvelle exception française ?

Dans les années , en l’absence d’une dynamique économique rurale locale, la situation française diffère profondément de l’évolu- tion américaine où l’emploi s’est mieux diffusé dans un tissu rural plus étendu : des entreprises industrielles de taille souvent modeste, des petits centres commerciaux, mais aussi de multiples centres de services bancaires, culturels (liés à l’instruction et aux loisirs), médi- caux constituent d’importants moteurs économiques pour les aires rurales situées à l’écart des aires métropolitaines. En conséquence, les populations américaines entretiennent sur place l’emploi et la consommation ; elles ne dissocient pas systématiquement lieu de résidence et lieu d’exercice professionnel. En France, le travail, qu’il soit secondaire ou tertiaire, ne s’éloigne guère du périurbain.

Un avenir incertain

La distribution des grands centres nerveux de l’économie française (grandes villes, vallées, côtes) et leur concentration sur de faibles portions du territoire limitent les possibilités d’expansion des acti- vités rurales non agricoles, à l’exception du tourisme (or blanc des montagnes, or bleu du littoral, or vert des lieux dotés d’un patri- moine exceptionnel). Les opérations de télématique, télétravail et autres innovations technologiques neutralisent certes les distances, sans pour autant fournir des chances égales de réussite à toutes les régions : la Margeride a beau être branchée sur le même terminal que la tour Montparnasse, cela ne suffit pas à la rendre compéti- tive aux yeux des professionnels. L’expérience tentée en  près de Ganges (Hérault) où une équipe de rédaction centralise par télétravail les informations fournies par les commissaires-priseurs en vue de la publication d’une revue, semble bien ponctuelle. De telles initiatives ne laissent pas encore augurer d’une véritable décentralisation du tra- vail.

Par-delà la similitude du mouvement d’ensemble — installation de populations rurales non agricoles —, le cas français se détache nette- ment du cas américain : ici, le déploiement de l’exode urbain est plus régulier, notamment sur les territoires métropolitains ; là, la redistri- bution des activités rencontre davantage de difficultés. En l’état des

choses, les éléments d’une nouvelle hiérarchie des campagnes fran- çaises se mettent en place :

– celles qui, en forte proportion démographique, avoisinent les métropoles ;

– celles qui portent une activité agricole compétitive ou qui concentrent les grandes exploitations ;

– celles qui, loin des villes et en proie à une activité insuffisante, qu’elle soit agricole ou non agricole, restent en marge du dyna- misme encourageant remarqué ailleurs ;

Celles qui relèvent du rural le plus profond et qui ne savent pas encore comment elles échapperont à l’abandon qui les menace. La réduction du nombre des actifs agricoles n’y est pas compensée par la progression du nombre des actifs non agricoles employés sur place ; les petits patrons du commerce et de l’industrie continuent à fermer leurs boutiques ; employés et cadres moyens leur succèdent rarement sur le terrain en dehors des périodes estivales. Les récentes mesures prises en faveur du maintien des services publics (écoles, postes) et des petits commerces arrivent bien tard, quant aux décisions relatives à la protection des petits commerces, elles n’ont freiné que de façon éphémère la progression des grandes surfaces.

Une forte ambiguïté pèse donc encore sur l’avenir des campagnes françaises : celles-ci sont-elles prêtes à faire du passé table rase, ou bien s’appliqueront-t-elles à préserver ce qui a survécu à la muta- tion sans précédent qui les a précipitées dans la modernité ? Assurent- elles cette préservation pour entretenir le souvenir d’un passé révolu, ou pour doter le présent des richesses tirées de la mémoire et du patri- moine ? Les pouvoirs publics ont pris conscience du formidable enjeu que représentent, pour l’aménagement du territoire, les campagnes délestées de leurs populations usagères (droits collectifs, biens com- munaux), et gestionnaires (entretien des cours d’eau, des talus). La multiplication de Plans d’aménagement rural (P.A.R.), dès , a bien stimulé ici ou là quelque programme de développement ; l’associa- tion de cantons ruraux, via des Contrats de pays, diversifia certaines activités locales. La répartition des responsabilités établie en -  par les lois de décentralisation, laissant aux collectivités un vaste champ d’action, serait-elle plus efficace ?

Les Français adaptent à leur façon le « modèle » américain (années 1980)

Les effets de la décentralisation

Il est aisé de faire ressortir les effets de la tendance multiséculaire française à la centralisation des pouvoirs et des richesses. Puisqu’une partie de la province a été affaiblie au profit de Paris, aujourd’hui ne faut-il pas admettre que les métropoles aspirent les hommes et les activités ? En somme, après « Paris et le désert français » Montpellier et le désert languedocien, Bordeaux et le désert aquitain...

L’hypothèse n’est pas convaincante. Car les villes ont, plus que les campagnes encore, leur part d’exclus. Bien que la dégradation du mar- ché de l’emploi fasse enfler le chômage, qu’il soit rural ou urbain, lais- sons de côté le pessimisme qui conduirait à penser que la situation est irrémédiablement perdue ; les initiatives privées et collectives ne sont pas encore toutes taries ; c’est sur elles que repose le sort de la société de demain.

La décentralisation, opérée dans les années , a tracé les champs de compétences respectives de chacune des collectivités : l’État conserve un rôle important en amont et en aval ; les collectivités locales disposent d’une marge d’initiatives importante. Des procé- dures contractuelles se sont instaurées entre les secteurs public et privé, les entreprises et les collectivités ; l’approche globale et inter- sectorielle des problèmes s’est généralisée. Elle n’a pas encore porté tous ses fruits.

Parallèlement aux acteurs privés, les maires ruraux et les conseillers généraux sont donc face à leurs responsabilités d’acteur de premier plan du développement rural ; par le jeu des subventions, ils sont à même de favoriser tel ou tel gisement d’emplois ; par celui du financement, ils deviennent en mesure de prendre en charge un bon nombre de personnes en difficultés ; voire en situation de précarité. Les attributions du Revenu Minimum d’Insertion (R.M.I., ) ont fort alourdi les dépenses départementales, mais le devoir d’assistance ne saurait annihiler la volonté de développement, afin de rendre aux populations leurs droits au travail et à la liberté. Et celles-ci ont leur mot à dire par le biais des chefs d’entreprise, des services de proximité, des acteurs de solidarité villageoise et intervillageoise, des associations syndicales, mutualistes ou caritatives. L’aide à la petite

toire ; les communes ont désormais la possibilité de signer des chartes intercommu- nales de développement et d’aménagement.

enfance, aux personnes en difficulté, aux petits commerces asphyxiés constitue peut-être les premiers pas d’une prise de conscience effi- cace de la part des populations concernées. Il serait dommage d’at- tendre que la désertification ait exercé ses ravages définitifs pour mettre en œuvre une politique de dynamique territoriale. A condi- tion toutefois que celle-ci ne se traduise pas par la séparation de l’ho- rizontal (l’espace avec ses sociétés locales) et du vertical (la produc- tion avec les filières agricoles et alimentaires) ; car, au bout du compte, la seule estimation des nouveaux besoins des sociétés locales aurait pour seul effet de cerner les nouveaux créneaux de développement pour le capitalisme. Le « rural » n’a pas vocation à se réduire à un « ter- ritoire » de consommation.

Les exemples ne manquent pas pour témoigner de la volonté de vivre au village. La chaîne TF consacre régulièrement la fin de son journal de  heures, à des initiatives pertinentes ; la presse locale se fait l’écho de réussites à encourager : chartes intercommunales de défense et d’action (Saint-Mathieu de Tréviers dans l’Hérault), facili- tés offertes aux jeunes ménages récemment installés au village. Nom- breuses sont, en effet, les municipalités héraultaises (telles Saint-Jean de la Blaquière) à fournir gratuitement des locaux aux épiciers, bou- chers, boulangers, qui choisissent d’ouvrir boutique dans leurs com- munes. D’autres dans l’Ouest et le Centre de la France vendent un franc symbolique le mètre carré les terrains constructibles de leur territoire, suivant l’exemple donné par la municipalité de Remingol (Morbihan). Le rôle des associations à vocation agricole et ruraleest

de réveiller la conscience personnelle, sociale de leurs membres, de les inciter à participer à la vie politique locale, en lien avec les collec- tivités décentralisées, et en vue d’initiatives efficaces.

La pluriactivité pourrait constituer l’une des forces du développe- ment rural ; faut-il rappeler que les paysans français et leurs familles avaient toujours su se montrer aptes à la diversification des occupa- tions, à l’opposé de l’agriculteur spécialisé, figure de proue de la Révo- lution agricole. Fort répandue par le passé, la pluriactivité a cessé d’être fustigée comme elle le fut dans les années - pour cause

. Le Comité d’étude et de liaison des associations à vocation agricole et rurale, devenu interlocuteur légitime des ministères depuis , ne saurait trouver là sa seule fonction.

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de productivité agricole insuffisante ; il reste encore à la faire bénéfi- cier d’une efficace politique de soutien.

Deux handicaps d’importance se dressent cependant sur la route du développement rural : la société française, elle-même en mal de cohésion, pourra-t-elle redonner vie et dynamisme à son tissu rural ? La France, dont le sort est lié à celui des autres puissances mon- diales, disposera-t-elle d’une marge d’initiative apte à remettre ses campagnes en selle ?

Autant de caractères qui confèrent au cas français sa spécificité : la réduction du nombre des actifs agricoles n’y est plus compensée par la progression du nombre des actifs non agricoles lorsqu’on s’éloigne

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